• Aucun résultat trouvé

Chapitre 1 : Dynamique de l’érosion des côtes rocheuses à falaise et cadre

3. Conclusion et élaboration de la stratégie d’étude des côtes rocheuses PACA

rocheuses PACA.

Comme nous l’avons souligné dans la première partie de ce chapitre (cf. 1) l’érosion des systèmes côtiers est le résultat du rapport de force entre les sollicitations météo-marines et la résistance mécanique des milieux rocheux. Au regard des variations météo-climatiques, l’intensité et la fréquence des forçages d’érosion varie dans le temps depuis l’échelle annuelle jusqu’au Quaternaire. Le recul des falaises à l’origine des plateformes marines n’est donc pas forcément continu dans le temps : la magnitude et les temps de récurrence constituent les

principales inconnues. De même, les paramètres litho-structuraux apparaissent comme

déterminant dans le façonnement des côtes depuis le simple découpage d’un bloc jusqu’à la morphologie générale.

La compréhension des processus d’érosion nécessite donc de considérer la dynamique érosive dans sa globalité, c’est à dire selon sa composante temporelle (de l’année jusqu’au Quaternaire) et spatiale (du bloc érodé à la morphologie régionale). Pour cette raison notre travail s’articule autour de deux questions principales :

 quelle est l’ampleur relative des occurrences de l’érosion en fonction de la variabilité temporelle des forçages ?

 quelle est la part de contrôle du cadre géologique dans le façonnement de la

côte ?

Or les réponses à ces questions dépendent inévitablement du contexte ‘‘géo-climatique’’ de la côte étudiée. Dans notre cas la région Provence-Alpes-Côte d’Azur offre un territoire favorable autant par sa diversité litho-structurale (Figure 45-a) que par le fait que sa dynamique multi- temporelle n’est pas aussi bien contrainte que les environnements macrotidaux81 (cf. 2). C’est donc la contribution des forçages méditerranéens qui constitue l’axe majeur de la compréhension des modelés côtiers (Figure 45-b). On peut se demander si le comportement de l’érosion est similaire ou différent des environnements macrotidaux.

92 Figure 45. Planification de la stratégie d’étude permettant de caractériser différents modes d’érosion en fonction de l’expression temporelle des forçages méditerranéens. a- Synthèse du contexte de l’étude. b- Synthèse de l’expression des forçages méditerranéens (depuis l’année jusqu’au Quaternaire). c- Echelles spatio-temporelles abordées dans la thèse au travers des différentes méthodes d’études (LiDAR, Orthophotos, Datation et Morphométrie). d- Objectifs visant à proposer différents modèles d’érosion.

93 L’articulation de ce travail devra permettre de caractériser les modes d’érosion associés à la nature continue, chronique ou catastrophique82 des forçages méditerranéens (Figure 45-

d). Pour cela nous proposons de tester l’apport de la combinaison de plusieurs méthodes sur la mesure multi-temporelle de l’érosion. Cette approche exploratoire permettra de focaliser les observations aux échelles annuelles, séculaires, millénaires et quaternaires (Figure 45-c).

(1) Echelle annuelle (cf. Chapitre 2) :

L’objectif de ce premier maillon temporel sera de déterminer si les forçages annuels sont suffisamment intenses pour éroder les falaises. Pour cela, nous proposons de quantifier les volumes et la morphologie de l’érosion des falaises de Carry-le-Rouet (Figure 45 ▲) à partir de plusieurs levés LiDAR. Cette étude se déroulera sur une période de 17 mois et permettra de caractériser l’action potentielle des précipitations automnales et des tempêtes hivernales. Les observations seront effectuées avec une résolution centimétrique sur plus 3,5 km de linéaire côtier.

(2) Echelle séculaire (cf. Chapitre 3) :

Bien que les forçages météo-marins agissent périodiquement selon les saisons, leur intensité varie au cours du siècle (une dizaine d’épisodes de tempêtes et de précipitations intenses). Dans ce cas la problématique de l’érosion devra être abordée selon la nature chronique des effondrements.

Pour cette raison, la tendance du recul des falaises régionales sera déterminée à partir de la comparaison de plusieurs orthophotographies aériennes et diachroniques à l’échelle du

siècle. Cette étude sera établie sur une fenêtre temporelle d’environ λ0 ans et permettra une appréciation de l’érosion avec une résolution métrique sur l’ensemble régional (ex. au travers des six unités litho-structurales Figure 45

*

).

(3) Echelle millénaire à Quaternaire (cf. Chapitre 4) :

Au regard des variations climatiques de l’Holocène, certains événements exceptionnels pourraient influencer la dynamique de l’érosion de manière plus catastrophique. Par exemple la dernière transgression de la mer aurait pu initier les systèmes ‘‘plateforme/falaise’’, tout comme les crises de précipitations plus extrêmes (période 0-4 ka) auraient pu engendrer une accélération du recul des falaises. L’objectif sera donc de déterminer si les plateformes

82 Pour rappel, les terminologies ‘‘continus’’, ‘‘chroniques’’ et ‘‘catastrophiques’’ sont empruntées aux concepts géomorphologiques proposés par Tricart (1965) dans son ouvrage ‘‘Principes et Méthodes de la Géomorphologie’’.

94

régionales sont contemporaines ou héritées des anciens cycles eustatiques et quel est l’impact de ces épisodes catastrophiques sur la progression des plateformes (développement constant ou selon plusieurs ‘‘pulses’’ ?)

Dans ce cas nous proposons d’étudier les modes de mise en place des plateformes du massif de la Nerthe (Figure 45 □) au travers d’une campagne de datations absolues des surfaces d’érosion (méthode des cosmo nucléides 36Cl). Cette étude permettra de considérer les temps

pluri-millénaires propres à l’Holocène avec une résolution décamétrique sur une distance kilométrique.

(4) Echelle Quaternaire (cf. Chapitre 5) :

Cette dernière échelle temporelle vise à intégrer l’influence des variations eustatiques sur la morphologie générale du littoral (période minimum de 450 ka). En effet les périodes de régression favoriseraient une érosion continentale propre aux formations primaires. L’objectif sera donc de déterminer si l’action marine est suffisamment intense pour développer une côte selon le modèle des formations secondaires (pendant les maxima marins).

Cette étude sera effectuée à partir d’une analyse morphométrique du trait de côte régional avec une résolution décamétrique sur l’ensemble des six unités litho-structurales

97

Documents relatifs