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1. Introduction

4.1 A propos des résultats

4.1.2 Concernant les critères de jugement secondaires

4.1.2.1 Concernant les caractéristiques du sommeil des deux groupes

Au vu des anomalies du sommeil du sujet diabétique de type 2 décrites dans la littérature (7,112) et dans l’introduction de ce travail, il nous semblait intéressant de comparer les principales caractéristiques du sommeil mesurées par la polysomnographie entre le groupe contrôle et le groupe diabétique.

Le groupe diabétique a un temps d’éveil plus important (121,4±14,6 contre 85,8±10,1 minutes, p=0,04), il s’agit du seul paramètre significativement différent entre les deux groupes. Néanmoins, d’autres paramètres sont proches de la significativité, notamment pour le groupe diabétique, une fréquence supérieure de SAOS modéré (34,4% contre 12,9%, p=0,07), une durée de sommeil plus courte (357,1±15,8 contre 392,8±19,7 minutes, p=0,17), une efficacité du sommeil moindre (74,5±3,5% contre 80,2 ±2,8%, p=0,17), un temps de sommeil paradoxal plus court (45,1±4,7 contre 56,6± 6,6 minutes, p=0,17). Le temps de sommeil lent profond tend aussi à être plus court dans le groupe diabétique. Même si ce résultat est non significatif, il concorde avec la réduction du temps de sommeil lent profond qui avait été constatée dans une étude évaluant l’architecture du sommeil des diabétiques (112), il peut aussi s’expliquer par l’âge plus élevé de notre groupe diabétique par rapport au groupe contrôle puisque le temps de sommeil N3 se raccourcit avec l’âge(42). Même en l’absence de significativité, ces résultats sont en accord avec ce qui a pu être décrit dans la littérature, à savoir que les diabétiques ont une qualité du sommeil altérée(7,94), sont plus à risque de SAOS(10) et ont un temps de sommeil paradoxal réduit(113). Le temps de sommeil lent profond n’est pas significativement différent même s’il était plus faible en moyenne dans le groupe diabétique (p=0,37), tendance également retrouvée dans la littérature(112).

La latence d’endormissement plus courte chez les diabétiques (19,3±3,4 contre 36,6±12,4 minutes, p=0,19) n’a pas été décrite, elle n’est pas non plus classique des troubles du sommeil. En effet, d’après l’étude de Budhiraja et al., le diabète est corrélé à l’insomnie(95). Ce résultat, bien que non significatif, est donc surprenant et nécessiterait d’autres investigations pour être confirmé. L’hypothèse serait que l’altération chronique de la qualité du sommeil entraine une fatigue chronique importante qui conduit à une latence d’endormissement plus courte même si, pour le reste de la nuit le nombre d’éveil, le temps d’éveil est plus important.

Le faible échantillon, l’enregistrement sur une seule nuit, l’environnement de sommeil différent pourraient avoir biaisé ces résultats et expliquer l’absence de significativité retrouvée. De plus, le fait que le groupe contrôle soit composé, certes de sujets non diabétiques, mais de sujets chez qui un trouble du sommeil était suspecté pourrait également minorer la différence entre les deux groupes. Analyser les caractéristiques du sommeil des deux groupes n’était d’ailleurs pas un de nos objectifs, le design de l’étude n’étant pas adapté pour cela. Une étude en ambulatoire sur plusieurs nuits chez des sujets diabétiques et des sujets contrôles serait plus adaptée pour évaluer les paramètres du sommeil du sujet diabétique de façon objective. La difficulté serait le choix de l’outil de mesure, du fait des limites du SWA dans l’évaluation du temps de sommeil et de l’efficacité du sommeil en cas de mauvaise qualité du sommeil.

4.1.2.2 Fiabilité du SWA pour l’évaluation de la latence d’endormissement

Comme pour les mesures du temps de sommeil et de l’efficacité du sommeil, la moyenne des latences d’endormissement mesurée par le SWA n’était pas significativement différente de celle mesurée par la polysomnographie. Néanmoins, nous avons retrouvé une variabilité individuelle des différences entre les outils et une sous-estimation de la latence d’endormissement lorsque le temps total de sommeil était court, l’efficacité du sommeil faible, la latence d’endormissement longue et le temps d’éveil long. Cette sous- estimation de la latence d’endormissement avait également été retrouvée chez les enfants (149), chez les adultes en bonne santé à 17° et 22°C de température ambiante (150). La fiabilité du SWA dans la mesure de

la latence d’endormissement n’avait pas été évaluée dans les deux études réalisées chez des sujets avec SAOS(151,152).

En pratique, pouvoir évaluer la latence d’endormissement n’est pas sans intérêt puisque qu’elle reflète un des troubles du sommeil les plus fréquents chez les diabétiques : l’insomnie(95), nous y reviendrons.

4.1.2.3 Fiabilité du SWA pour l’évaluation de l’architecture du sommeil

Les moyennes du temps de sommeil paradoxal mesuré par le SWA et la PSG n’étaient pas significativement différentes. Néanmoins, comme pour les autres paramètres du sommeil, nous avons retrouvé une variabilité individuelle des différences entre les outils et un intervalle de confiance des différences élevé ]-83,9 ; 95,0 [. A l’inverse des paramètres précédemment décrits, c’est lorsque le temps total de sommeil est long, l’efficacité du sommeil bonne, le temps d’éveil court et la latence d’endormissement courte que le temps de sommeil paradoxal est sous-estimé.

Le sommeil paradoxal est une phase de sommeil qui se différencie des autres par la présence de mouvements oculaires rapides mais aussi par une accélération de la fréquence cardiaque, de la fréquence respiratoire, une labilité de la tension artérielle, une érection et surtout une abolition complète du tonus musculaire, une absence de thermorégulation(46), autant de paramètres qui font que le SWA semble plus à même de différencier cette phase du sommeil des autres. Cette phase est souvent altérée, réduite dans le SAOS(124,125) et chez les diabétiques(113). De plus, selon une étude, en cas de restriction de temps de sommeil paradoxal, les taux de GLP-1 diminuent (87), il convient donc de s’y intéresser.

Le SWA estimait mal le temps de sommeil léger, avec une surestimation significative moyenne de 72,1±95,9 minutes. Comme déjà expliqué, le SWA différencie mal le sommeil avec léger du temps d’éveil à l’origine d’une surestimation du sommeil léger et d’une sous-estimation du temps d’éveil.

La phase de sommeil profond qui correspond à la phase de sommeil N3 en polysomnographie est mal estimée par le SWA. Ce résultat est décevant puisque comme l’a montré Tasali et al.(79), c’est la phase la plus impliquée dans le métabolisme glucidique, c’est également la phase de sommeil la plus réparatrice (45) et donc celle qui présente le plus d’intérêt en pratique clinique.

Le SWA ne permet donc pas une évaluation fiable des différentes phases du sommeil excepté pour le sommeil paradoxal. A notre connaissance, aucune étude dans la littérature n’a évalué la fiabilité du SWA dans l’évaluation des différentes phases du sommeil. Cependant, Van de Water, dans sa méta-analyse sur les méthodes d’évaluation ambulatoire du sommeil datant de 2011 constate que les actigraphes en général ne permettait pas de détecter les différentes phases du sommeil(16). D’autres outils le permettent, le watch

pat(16) notamment, mais ce sont des outils dédiés à l’évaluation de l’architecture du sommeil uniquement,

relevant d’une utilisation spécialisée et sans le double intérêt du SWA qui évalue en plus du sommeil, la dépense énergétique et l’activité physique(158). L’évaluation objective du comportement des sujets diabétiques de type 2 est importante car ils sont connus pour avoir une faible activité physique(159) et qu’elle constitue une des mesures hygiéno-diététiques majeures de la prise en charge du diabète de type 2(11).

4.1.2.4 Concernant les caractéristiques cliniques des deux groupes

Le groupe diabétique est significativement plus âgé et plus hypertendu que le groupe non diabétique. Ceci reflète simplement la prévalence plus importante du diabète chez les sujets âgés(19) et son association fréquente avec l’hypertension artérielle puisque ces deux pathologies sont toutes les deux des éléments du syndrome métabolique(160).