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3. Concepts

3.2 Modèle de promotion de la santé – Nola Pender - The Health Promotion Model

3.2.1 Nos concepts en lien avec ceux du modèle

L’éducation thérapeutique est en lien direct avec la promotion et la

prévention de la santé car elle en découle (OMS, 1986). Il est également

possible de faire un lien avec l’empowerment qui souligne que chaque

personne a ses propres buts de promotion de la santé (Aujoulat, d’Hoore &

Deccache, 2007) et fait ressortir le sous-concept du sentiment d’efficacité

personnelle (Bandura, 1977).

L’adolescence est une période durant laquelle la personne cherche à

se construire une identité (Dessez & al., 2007), d’où l’importance de faire de

la promotion et de la prévention pour la santé, avec le soutien des parents,

afin que le jeune adopte des comportements de vie sains. Ce modèle est

d’autant plus adapté à l’adolescent, car il ne prend pas appui sur la peur ou

la menace pour motiver le changement. Selon Pender & al. (2011),

l’adolescent ne se sent pas vulnérable et donc peu réceptif à la peur.

La maladie chronique n’empêche pas la personne d’avoir besoin de

conseils en promotion et prévention de la santé afin qu’elle puisse maintenir

un style de vie sain et prévenir de futures complications en lien avec sa

pathologie.

3.2.1.2 Comportements antérieurs - Prior related behavior

L’éducation thérapeutique permet de s’appuyer sur les expériences

antérieures de la personne afin de mettre en évidence les bénéfices et les

barrières du nouveau comportement à adopter (Pender & al., 2011).

La maladie chronique provoque automatiquement une cascade de

nouvelles expériences et de nouveaux comportements à adopter (Lorig,

Holman, Sobel, Laurent, Gonzalez & Minor, 2008) ; la personne peut alors en

déduire d’elle-même les bénéfices et les obstacles au maintien de sa santé.

L’adolescence est une période durant laquelle le jeune va faire de

nombreuses expériences en lien avec sa santé, ce qui peut le conduire à

apprendre de son comportement (Dessez & al., 2007).

3.2.1.3 Facteurs personnels ; biologiques, psychologiques

et socioculturels - Personal factors ; biological,

psychological and socio-cultural

L’éducation thérapeutique doit tenir compte de l’influence des facteurs

personnels sur l’adoption d’un nouveau comportement de santé ; valeurs,

croyances, estime de soi, âge, évolution pubertaire… (Pender & al., 2011)

La maladie chronique a également de nombreux impacts sur les

facteurs personnels (Lorig & al., 2008) et donc une influence sur l’adoption

des nouveaux comportements (Pender & al., 2011).

L’adolescence, au vu des bouleversements qu’elle provoque au niveau

des facteurs personnels, a un effet non-volontaire sur la motivation à adopter

un nouveau comportement (Le Breton, 2007).

3.2.1.4 Bénéfices perçus de l’action - Perceived benefits of

action

Lors d’un changement, la personne perçoit des bénéfices qui lui

permettent de mieux s’engager dans celui-ci. Ces bénéfices perçus sont des

représentations mentales et des conséquences positives. Elles donnent à la

personne une motivation pour le changement de comportement. Ils peuvent

être tirés d’une expérience personnelle ou alors ils ont été observés chez un

autre individu ; il s’agit alors d’expériences vicariantes. Il est important qu’ils

figurent dans le changement pour que celui-ci soit maintenu (Pender & al.,

2011).

Dans le cadre des concepts retenus dans notre travail, les bénéfices

perçus permettront à l’adolescent atteint de maladie chronique d’adopter des

nouvelles stratégies afin d’opérer des changements et de les maintenir.

L’éducation thérapeutique et l’empowerment peuvent favoriser le

changement en donnant à l’individu des ressources et des connaissances qui

pourront améliorer sa qualité de vie. Chez un adolescent atteint de maladie

chronique, les bénéfices de l’action sont souvent apportés par le soignant ou

par ses proches. Ils influenceront positivement l’individu dans ses choix et

dans ses comportements de santé.

3.2.1.5 Obstacles perçus à l’action - Perceived barriers to

action

Les obstacles perçus à l’action sont les antagonistes des bénéfices. Ce

sont des perceptions et des représentations négatives de l’action. Ils peuvent

être réels ou imaginés. Cela correspond aux inconvénients, aux coûts

engendrés, aux difficultés du changement, au temps ou encore à la difficulté

de la nature du changement. Ces facteurs vont rendre le changement de

comportement plus difficile. Anticiper les obstacles est un moyen pour

faciliter le changement (Pender & al., 2011).

Les grands changements qu’un adolescent vit durant cette phase de

son existence peuvent être un obstacle. Il peut être difficile pour lui

d’adopter de nouveaux comportements, alors qu’il est en quête d’identité.

Les conséquences et les différentes contraintes qu’engendre la maladie

chronique peuvent également être un élément difficile pour l’adolescent.

L’éducation thérapeutique et l’empowerment permettent d’anticiper ces

obstacles et de trouver des stratégies pour mieux les traverser.

3.2.1.6 Affects liés à l’activité - Activity-related affect

Chaque comportement conduit à la réalisation d’une ou plusieurs

activités. La réalisation de celles-ci vont provoquer des ressentis qui seront

alors déterminés par trois facteurs : l’état émotionnel qu’induit l’action,

l’influence de l’activité sur l’ego de la personne et l’environnement dans

lequel l’activité se déroule. Le ressenti affectif produit par la réalisation de

l’activité déterminera la disposition de la personne à répéter l’activité ou non.

Toutes les activités liées à un ressenti agréable disposeront la personne à

recommencer ou, au contraire, toutes les activités liées à un ressenti

désagréable pousseront l’individu à les éviter. Ce ressenti est en lien direct

avec le sentiment d’efficacité personnelle (Pender & al., 2011).

Il s’agit donc pour l’adolescent, avec l’aide de l’infirmière et de ses

parents, de comprendre pourquoi il maintient ces comportements, qu’ils

soient positifs ou négatifs. Il est en effet possible que l’adolescent ait un

ressenti agréable suite à un comportement contradictoire avec la gestion de

son diabète. C’est à ce moment-là que le rôle de l’infirmière dans l’éducation

thérapeutique prend tout son sens. Elle peut en effet, en réfléchissant avec

l’adolescent, trouver de nouvelles alternatives aux comportements négatifs et

ainsi provoquer de nouveaux comportements chez le jeune.

3.2.1.7 Le sentiment d’efficacité personnelle -

Self-Efficacy

Cela correspond au jugement qu’a la personne de ses propres

capacités à exécuter une tâche ou une action. Ce ressenti est dépendant des

expériences directes ou indirectes, positives ou négatives qu’elle a pu vivre

ou percevoir en lien avec la réalisation de cette tâche ou action. Plus la

personne se sent capable d’exécuter cette action, plus elle sera disposée à la

réaliser (Pender & al., 2011).

Dans le cadre de l’éducation thérapeutique d’un adolescent atteint de

diabète, il serait alors important pour l’infirmière de déterminer les

expériences déjà vécue par l’adolescent et de définir avec lui son sentiment

d’efficacité personnelle face à ces différentes expériences. Si la gestion du

diabète n’est pas tout à fait adaptée et qu’il faudrait faire quelques

changements dans la prise en charge, il pourrait alors être judicieux de la

part de l’infirmière de se baser sur les expériences positives de l’adolescent,

celles qui ont justement renforcé son sentiment d’efficacité personnelle.

3.2.1.8 Influences interpersonnelles - Interpersonal

influences

Les influences interpersonnelles sont des connaissances qui impliquent

les comportements, les croyances ou les attitudes des autres. La famille, les

pairs ou les professionnels de soins sont les principales sources d’influences

interpersonnelles. Elles comprennent les normes, qui sont les attentes

importantes des autres, le soutien social et la modélisation, qui représente

l’apprentissage vicariant. Les normes sociales fixent un standard sur la

performance que les individus peuvent adopter ou rejeter. Le soutien social

comprend le maintien des ressources offert par les autres. La modélisation

est l’apprentissage par l’observation des autres à faire tel ou tel

comportement et à le reproduire. Ainsi, il s’agit d’une stratégie importante

pour le changement de comportement. Les individus sont susceptibles

d’adopter des comportements qui seront renforcés socialement. La sensibilité

face à l’influence des autres peut être particulièrement évidente à

l’adolescence (Pender et al., 2011).

Dans l’éducation thérapeutique d’un adolescent atteint de maladie

chronique, il est notable de tenir compte des influences interpersonnelles car

elles auront une très grande importance dans l’adoption d’un nouveau

comportement pour le maintien de sa santé. Ses parents peuvent avoir une

influence positive et il important de les intégrer au programme de soin. Mais

il faut également prendre en compte l’influence de ses pairs car à cet âge, ils

ont une place centrale et peuvent considérablement entraîner l’adolescent

dans l’adoption d’un nouveau comportement.

3.2.1.9 Influences situationnelles - Situational influences

Les influences situationnelles sont les perceptions personnelles et les

connaissances de toutes situations qui facilitent ou entravent un

comportement. Elles comprennent les perceptions des options disponibles,

les caractéristiques de la demande et les caractéristiques esthétiques de

l’environnement dans lequel un comportement donné est susceptible d’avoir

lieu. Les individus sont incités et développent davantage leurs capacités dans

des situations environnementales dans lesquelles ils se sentent compatibles,

connexes, sûrs et sécurisés. Les influences situationnelles peuvent être une

clé importante pour élaborer de nouvelles stratégies plus efficaces et ainsi

faciliter l’acquisition et le maintien de comportements favorables à la santé

(Pender et al., 2011).

Pour un adolescent atteint de maladie chronique, il peut être

intéressant de prendre en compte une situation dans laquelle le jeune se

sent sûr et en sécurité, car cela pourrait lui permettre de faciliter l’acquisition

d’un nouveau comportement qui sera bénéfique à sa santé. En éducation

thérapeutique, le soignant devra être attentif aux caractéristiques de la

demande du jeune, mais il devra également mettre en avant son savoir

esthétique afin de créer un environnement favorable dans l’adoption d’un

nouveau comportement.

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