• Aucun résultat trouvé

Chapitre 1 : Concepts et méthodes utilisées

1. Concepts

Chapitre 2 : Les enquêtes techniques et économiques sur les

systèmes d’élevage et la céréaliculture dans la steppe

algérienne

Chapitre 3 : Les besoins fourragers fournis par les parcours

selon les circonstances bioclimatiques de l’année et le prix

des céréales

Introduction

Les recherches bibliographiques portant sur l’histoire ancienne et récente de l’agriculture et de l’élevage en Algérie, et plus particulièrement celles portant sur l’élevage pastoral dans la steppe algérienne, nous ont permis de mesurer l’importance de cette activité et de ce mode de vie si particuliers. Elles ont permis aussi de retracer les transformations récentes et d’appréhender les graves difficultés écologiques (dégradation de la steppe), économiques et sociales (appauvrissement) auxquelles se heurte le développement de cette activité dans cette région.

Parallèlement, dans tous les documents que nous avons pu consulter, nous n’avons pas trouvé d’études concrètes, basées sur des enquêtes assez nombreuses et assez circonstanciées, portant sur les systèmes de production aujourd’hui pratiqués dans les exploitations (les unités) d’élevage de la steppe. Faute de quoi, il est de surcroit difficile de préciser dans quelle mesure le système d’élevage ovin-caprin a évolué ? Dans quelle mesure les éleveurs, les bergers et leurs familles participent aux activités d’élevage ? Quelle est leur situation économique ? Et quels sont les mécanismes d’adaptation aux changements ?

Telles sont les raisons pour lesquelles, nous avons décidé de réaliser par voie d’enquêtes auprès des éleveurs, des bergers et d’autres personnes compétentes dans le domaine, une étude (technique et économique) des systèmes de production pratiqués dans une centaine d’unités de production.

L’objet de cette seconde partie de notre thèse est de rendre compte (i) des concepts et des méthodes utilisées dans cette étude, (ii) du déroulement de l’étude, (iii) des résultats obtenus et (iv) des enseignements que nous en avons tirés.

Chapitre 1 : Concepts et méthodes utilisées

Ce chapitre a pour objet de présenter et de définir les concepts relatifs aux activités de

culture et d’élevage (système de production, système agraire et système d’élevage), les

méthodes d’enquête (enquêtes préliminaires, enquêtes approfondies) que nous avons utilisées,

ainsi que le choix de la zone d’étude et les objectifs que nous cherchons à atteindre. 1. Concepts

1.1 Système de production

On peut observer, analyser et caractériser la manière de pratiquer la culture des plantes et l’élevage des animaux en un lieu et à un moment donnés à deux niveaux : soit au niveau de l’unité de production (ou exploitation), soit au niveau de la localité ou de la région considérée (cours Mazoyer, 2006, U Paris XI).

Selon Mazoyer et Roudart (1997), « Le système de production d’une exploitation agricole se définit par la combinaison (la nature et les proportions) de ses activités productives et de ses moyens de production ». Cette combinaison complexe de moyens et d’activités de culture et/ou d’élevage, satisfaisant au mieux les objectifs de l’exploitation, constitue le système de production de l’exploitation considérée (Mazoyer, 2002).

Deux exploitations voisines cultivant et/ou élevant les même espèces, mais n’ayant pas les mêmes moyens ni les mêmes objectifs auront des systèmes de productions différents. Le système de production de la plus petite exploitation d’un village de Mayenne (en France) est un système de production céréalier et oléo protéagineux (maïs, orge, colza) pratiqué sur une superficie de 60 ha par un agriculteur travaillant seul avec un tracteur de 60 chevaux, récoltés par une entreprise, avec un rendement moyen à l’hectare de 7 tonnes de céréales et 3 tonnes de colza. Alors que celui de la plus grande des exploitations de cette même localité est un système de production céréalier et protéagineux (Maïs, orge, blé, colza) pratiqué sur une superficie de 500 hectares par un exploitant travaillant avec un salarié, des tracteurs de 200

chevaux et une moissonneuse-batteuse, avec un rendement moyen à l’hectare de 8 tonnes de céréales et 4 tonnes de colza53.

D’une manière analogue ; le système de production de la plus petite unité d’élevage de la région de Djelfa, est un système de production ovin-caprin agropastoral, non transhumant, pratiqué par un éleveur-berger faisant lui-même pâturer son troupeau de 40 brebis et 10 chèvres sur les parcours environnants, achetant des céréales pour compléter l’alimentation de ses animaux et produisant en moyenne 44 agneaux et 14 chevreaux par an. Alors que le système de production de la plus grande unité d’élevage de cette même région est un système de production ovin-caprin agropastoral, transhumant à l’occasion, pratiqué par un éleveur, possédant plusieurs troupeaux, dont chaque troupeau de 240 reproductrices (environ) est conduit par un berger salarié possédant lui-même quelques brebis et chèvres, faisant pâturer ces troupeaux dans la steppe, et occasionnellement dans le Tell et dans le Sahara. Cet éleveur fait cultiver et récolter chaque année quelques dizaines d’hectares d’orge pour complémenter l’alimentation de son troupeau, et fait transporter par camions, achetés ou loués, son bétail en cas de transhumance.

1.2 Système agraire et système d’élevage

Naturellement, on peut considérer de manière plus générale à l’échelle de la région un système d’élevage comme étant « un ensemble d’éléments en interaction dynamique organisé par l’homme en vue de valoriser des ressources par l’intermédiaire d’animaux domestiques pour en obtenir des productions variées (lait, viande, cuirs et peaux, travail, fumure, etc.) ou pour répondre à d’autres objectifs » (Landais, 1992), ou comme un ensemble de relations

entre trois pôles : l’éleveur, le troupeau et le territoire. Entre ces trois pôles, sont définies des relations comme : les pratiques entre éleveur et troupeaux, les flux de matières organiques entre territoire et troupeaux, l’organisation foncière, la gestion des pâturages et la stratégie de déplacement entre éleveur et territoire (Lhoste, 1984).

Toute la question maintenant, est de savoir comment caractériser précisément le système d’élevage et de culture pratiqué en un lieu donné (localité ou région) à un moment donné (de nos jours par exemple).

53Stage sur les méthodes d’enquêtes et la présentation des comptes des exploitations agricoles. Effectué en 2006

en Mayenne (région du Mans en France) dans le cadre du master 2 : développement agricole durable (DAD), sous la direction du professeur Mazoyer.

Selon Mazoyer54, au sens strict, le système agraire (le système agricole ou le système

d’élevage), pratiqué dans une localité ou une région donnée est la combinaison des systèmes de production pratiqués par l’ensemble des unités de production ou exploitations (de culture et/ou d’élevage) qui concourent à exploiter le territoire de cette localité. Ce qui est relativement aisé à identifier quand ces systèmes de production sont semblables, mais beaucoup plus difficile, quand ces systèmes sont différents, non seulement par leurs dimensions, mais encore par la nature de leurs équipements et de leurs activités et par le mode de vie des exploitants et de la main d’œuvre. Il faut alors identifier et classer ces systèmes selon leurs orientations de production ou type d’activité (culture céréalière, polyculture élevage, élevage bovin ou ovin lait, élevage bovin ou ovin à viande…), par leur type d’équipement (manuel, traction animale, traction motorisé…), par le mode de conduite des cultures (itinéraires techniques, rotations, cultures associées…) et le mode de conduite des élevages (en stabulation, pastoral sédentaire, pastoral transhumant, agropastoral…) et par leur dimension (petites, moyennes et grandes exploitations familiales, grandes exploitations à salariés…).