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Annexe 2 : Compte rendu des auditions

3.   Compte rendu de l’audition de M. Pascal Wild

Titre : Épidémiologiste. Consultant indépendant.

Date de l’audition: 22/10/2010 Lieu : Siege de l’Anses

Participants :

Experts membres du GT:

‐ Mme Marie-Annick Billon-Galland

‐ Mme Marie-Claude Jaurand

‐ Mme Chantal Dion

‐ M. Pascal Dumortier

‐ M. Jean Bernard Henrotin

‐ M. Patrick Brochard

‐ M. Horacio Herrera

‐ M. Jacques Vendel

Expert invité par le GT

‐ M. Guy Perrault Personnel Anses

‐ M. Christophe Rousselle

‐ M. Mohamed Lounis

Préparation de l’audition

L’audition de M. Wild par le GT a été préparée par des échanges de mail et par téléphone entre lui et l’Agence. En particulier, les attentes du GT pour cette audition sont résumées dans un mail que lui a adressé l’Agence le 29 septembre 2010.

M. Wild a transmis le 11 octobre à l’attention du GT l'ensemble des rapports et projets de publication liés à ses études sur le talc. Il s’agit de :

‐ Deux projets de publications qui avaient été fusionnés pour donner la publication de l'étude de mortalité.

‐ D'un rapport détaillé sur la cohorte française qui a servi à cette étude (rapport TMT 2000)

‐ Trois rapports concernant l'étude de morbidité respiratoire non maligne :

‐ sur la radiologie (TMB 055)

‐ sur la validation des données respiratoires (TMB 094)

‐ sur l'évaluation de l'exposition (TMB 078)

Compte rendu de l’audition :

M. Lounis ouvre la séance en remerciant au nom de l’Agence M. P. Wild pour avoir accepté d’être auditionné par le Groupe de Travail chargé de l’instruction de l’expertise sur les effets sanitaires du

talc. Par la suite, les membres du GT se présentent en indiquant leur profession et leur organisme d’origine.

M. Wild se présente. Il a été chercheur au département « Épidémiologie » de l’INRS. Il exerce actuellement comme consultant indépendant. Il est l’auteur de plusieurs publications sur le talc.

M. Lounis expose le contenu de la saisine sur le talc et les objectifs fixés pour le GT. Une copie de la saisine et du contrat de saisine sur le talc sont remis à M. Wild

L’audition se déroule sous forme d’une discussion libre. Les participants posent des questions ou font des commentaires au fur et à meure du déroulement de l’audition. Ce compte rendu est fait en regroupant les interventions par thème.

Concernant la fiabilité et la qualité des données d’exposition, P Wild confirme que pour les mesures effectuées, Il qu’il s’agit bien des valeurs dites de CIP 10 dans les 2 pays : France et Autriche. (Le CIP, Capteur Individuel de Poussières, est un appareil destiné aux prélèvements de poussières en vue d’en évaluer les teneurs susceptibles d’être inhalées par l’homme évoluant à son poste de travail). Il précise que celles-ci sont plus faibles pour les sites autrichiens.

Par ailleurs, il précise que la composition des talcs est assez différente entre les sites de France et d’Autriche et que les co-expositions à d’autres substances, notamment à la silice cristalline, n’y ont pas la même importance. Celle-ci est importante sur un des sites autrichiens, et est nettement plus faible sur le site de Luzenac. A la question de M.A. Billon-Galland relative aux données sur la nature minérale du talc étudié et sur les fibres contaminantes, il répond qu’elles sont très limitées.

Concernant la caractérisation des images de plaques pleurales (PP), P. Wild indique que toutes les radiographies sont de type standard et qu’il n’y a pas eu de scanners systématiques des travailleurs concernés. Ceux-ci n’ont été réalisés que sur les travailleurs actifs aussi bien en Autriche qu’en France. Ainsi, 3 cas d’anomalies pleurales visualisées par radiographie ont été invalidés après vérification par scanner. P. Brochard indique qu’en général on admet que 20 % seulement des PP sont visibles en radiographie standard, et le reste par scanner. Or, il semble que l’essentiel des images dans ces études ont été réalisées par des radiographies standard. P.

Wild précise que les 30 sujets toujours actifs en Autriche ont été examinés par scanner. Aucun d’entre eux ne montrait de PP. Par ailleurs, il ajoute que les sujets concernés (actifs et non actifs) n’ont pas tous fait l’objet de contrôles par scanner.

-Concernant les lectures radiologiques, P. Wild explique qu’elles ont été faites par le même panel de trois médecins pour les 2 pays lors d'une même session de codage. Il ajoute que l’excès d’anomalies pleurales lues sur les radiographies, constaté chez les travailleurs d’Autriche par rapport à ceux de France, pourrait s’expliquer par des artefacts des images dus aux tissus adipeux. Par ailleurs, il ajoute que la mine autrichienne était à l’origine souterraine, puis est devenue aérienne, alors que la mine de Luzenac a toujours été aérienne.

-Concernant la détermination des causes des décès et exposition à la silice, J.B. Henrotin indique qu’on devrait s’attendre à plus de cas de cancer que les valeurs recensées à cause de la co-exposition à la silice. P. Wild indique que les causes de décès ont été déterminées à partir du codage CIM 9.

-G. Perrault indique, que pour ce qui est du Canada, il y une différence importante entre le nombre de cas de mésothéliomes et de cancers du poumon enregistré par les organismes de réparation de la sécurité sociale et ceux des registres de cancer (le rapport peut être de 1 à 4).

-P. Brochard se renseigne par téléphone si la base des cas de cancer d’Aquitaine, qui recense tous les cas de mésothéliomes avec reconstitution des carrières, contient des cas de Luzenac.

Renseignements pris, il informe que la réponse est négative. Cependant, il faut tenir compte du fait

que cette base n’intègre pas forcément les cas de la région des Pyrénées. P. Wild explique qu’on retrouve des excès de cancer du poumon dans la publication.

Population exposée et périodes d’exposition.

-P. Wild indique que concernant le site de Luzenac, l’étude concerne les actifs depuis 1945. Pour lui, la population était massivement exposée dans le passé selon les témoins de l’époque. A ce sujet, il précise que les périodes des expositions prises en compte sont les années 1945-1995 pour le site de Luzenac et les années 1972-1995 pour le site autrichien. Il précise que les études de mortalité sont basées sur les dates d’embauche et de sortie à partir desquelles on a pu calculer les durées d’exposition. A ce sujet, il précise qu’il y a certaines valeurs de SMR qui sont données en fonction de la durée d’emploi dans l’étude de cohorte (pages 28-29)

-G. Perrault pense qu’il y a un manque de données pour caractériser les expositions du passé, et que pour les expositions récentes, il y a une amélioration des données au plan quantitatif (précision des valeurs mesurées), mais non qualitative (nature des polluants). P. Wild indique que prés de 70 % des cas et des témoins de l’étude sont recrutés avant 1960.

-J.B. Henrotin demande quelle est la part des mineurs et celle des broyeurs dans les données sur le site de Luzenac. P. Wild répond que cela concerne surtout les broyeurs car les mineurs sont surtout des saisonniers et parfois des immigrés (surtout du Maroc et d’Espagne) qui ne reviennent pas toujours sur le site d’une année sur l’autre, et qui n’ont pas été pris en compte. Les travailleurs saisonniers sont en général les plus exposés, mais ils n’ont pas été suivis, et on n’a pas de données sur eux. Les fortes expositions étaient plutôt prédominantes jusqu’au milieu des années 1980 (jusqu’à 50 à 60 mg/mPP3PP), puis elles ont beaucoup baissé avec la substitution des sacs en jute et l’installation de capteurs de poussière à la source. Pour les sites d’Autriche et d’Italie, la population exposée est plus faible.