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La compression élastique pour le sportif : niveaux et profils de pression

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 164-167)

5.1. La compression élastique

5.1.2. La compression élastique pour le sportif : niveaux et profils de pression

est depuis quelques années également utilisée pendant l’effort, pour prévenir certains effets de l’exercice et améliorer la performance subséquente. Nous verrons que les niveaux et profils de pression diffèrent selon l’activité.

5.1.2.1. En période de récupération

Dans des conditions de repos, le gradient de pression entre la cheville et le mollet (dégressif) mais également la compression du mollet (suffisamment importante)

et la présence d’une compression autour du pied sont des éléments déterminants dans l’amélioration du retour veineux (Horner et al. 1980; Sparrow et al. 1995). Ces dernières années, un gradient de pression progressif entre la cheville et le mollet a été proposé en se basant sur l’hypothèse que le volume maximal de sang veineux est contenu dans le mollet et non au niveau de la cheville. Ce gradient inversé est à ce jour très discuté (Horner et al. 1980; Sparrow et al. 1995; Mosti and Partsch 2011). Une étude montre par exemple que des bas appliquant une pression plus importante au mollet qu’en cheville (gradient progressif) ne diminuent pas la pression veineuse ambulatoire, tandis que d’autres appliquant une pression plus importante en cheville qu’en mollet (gradient dégressif) la diminuent (Horner et al. 1980). A l’inverse, une étude met en avant qu’un bas appliquant un gradient progressif augmente davantage la fraction d’éjection (reflétant la pompe veineuse du mollet) qu’un bas appliquant un gradient dégressif (Mosti and Partsch 2011). Ces auteurs mettent également en évidence une réduction de l’œdème plus prononcé avec des bas progressifs (Mosti and Partsch 2013). Toutefois à chaque fois les niveaux de pression et les gradients moyens appliqués par ces deux types de bas n’étaient pas identiques.

Figure 34. Pression appliquée par les bas de compression dégressifs (GECS) et progressifs (PECS) dans les positions allongé et debout. B1: pression en cheville et C: pression au mollet (Mosti and Partsch 2013).

Dans l’étude de 2013, on observe par exemple sur la figure ci-dessus une pression moyenne de 22 mmHg en cheville et 19 mmHg au mollet soit 20,5 mmHg en moyenne et un différentiel (cheville-mollet) de 3 mmHg pour le bas « dégressif », et ≈18,5 mmHg à la

cheville et ≈29 mmHg au mollet soit 23,75 mmHg en moyenne et un différentiel (mollet-cheville) de 9,5 mmHg pour le bas « progressif ». Ces différences rendent difficile l’interprétation des résultats. Est-ce le sens du gradient de pression ou le niveau de pression lui-même qui est à l’origine de l’augmentation du retour veineux plus prononcée ? Finalement, il semblerait que ce soit surtout niveau de pression appliqué (et notamment au mollet) qui est déterminant dans l’amélioration du retour veineux ou la réduction de l’œdème, plus que le gradient de pression entre la cheville et le mollet (Sparrow et al. 1995). En effet, toujours Mosti et Partsch ont montré qu’un niveau de pression moyen plus élevé diminuait davantage les reflux et augmentait davantage la fraction d’éjection (Mosti and Partsch 2010).

Figure 35. Fraction d’éjection et reflux en fonction de différents niveaux de pression appliqués par des bas de compression (Mosti and Partsch 2010).

En conclusion, si le principal avantage des bas progressifs est la facilité relative avec laquelle on les revêt (Couzan et al. 2009), il ne semble pas suffisant pour remettre en question le principe de dégressivité (Haute Autorité de Santé, 2010). Si ce type de bas pourra toutefois être utilisé en période de récupération dans certaines conditions (c.-à-d. positions passives non prolongées), le gradient dégressif et la présence d’une compression autour du pied sont des recommandations absolues en cas de positions passives prolongées (au décours d’une course, lors d’un voyage en train ou en avion par exemple) (Haute Autorité de Santé, 2010). Les résultats précédents (Partsch and Partsch 2005; Bringard et al. 2007; Mosti and Partsch 2011) font état d’un niveau de pression minimum au niveau du mollet (c.-à-d. 25-30 mmHg) pour induire des effets positifs de la compression élastiques (c.-à-d. amélioration du retour veineux, diminution de la stase, etc.). Un bas englobant la cuisse par rapport à un bas s’arrêtant au genou, n’a que peu

d’intérêt pour augmenter davantage le retour veineux (Horner et al. 1980). L’utilisation d’un bas-cuisse ou d’un manchon de cuisse peut cependant trouver d’autres intérêts, notamment dans la réduction des courbatures.

5.1.2.2. A l’effort

En activité, de nombreux bas de compression présentent un gradient progressif, même ceux présentant un gradient dégressif au repos (Horner et al. 1980). En effet pendant l’effort, l’augmentation de circonférence du mollet est bien supérieure à celle de la cheville à l’effort (Stick et al. 1992), et l’élasticité limitée des bas de compression (Lee et al. 2006), peut augmenter davantage l’effet de compression sur le mollet que sur la cheville. Le gradient de pression dégressif observé au repos peut donc s’inverser et devenir progressif à l’effort. Par ailleurs, il n’existe pas véritablement de consensus concernant le sens du gradient de pression à l’effort, ni même sur la nécessité d’une compression autour du pied (manchon). En effet, l’utilisation du port de bas de compression à l’effort chez un sportif sain n’est pas tant liée à une problématique vasculaire (Murthy et al. 1994). Nous aborderons ce point dans la discussion (section 8.2.2). Pendant l’effort, la compression devra être suffisante pour maintenir (éviter l’oscillation) les masses musculaires volumineuses (en particulier le mollet) (section 4.1.3.3). La compression des cuisses peut aussi être utile pour réduire l’oscillation musculaire, notamment lors d’efforts prolongés à dominante excentrique (Borràs et al.

2011). Il est nécessaire toutefois de ne pas dépasser un certain niveau de pression (de l’ordre de 30-35 mmHg), sans quoi le port de bas de compression à l’effort pourrait induire une altération de la circulation sous-cutanée (Thorsson et al. 1987; Sperlich et al.

2013). Une étude présente par exemple des résultats négatifs du port de bas de compression appliquant une pression de plus de 40 mmHg, au cours d’un 5000 m (Chatard et al. 1998).

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