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Dans ce chapitre sont exposés quelques résultats concernant les relations physiologiques entre composantes de la production, qui constituent, comme nous avons pu le constater, un domaine ayant été peu étudié.

Pour un cacaoyer isolé, une ligne ou une parcelle de cacaoyers, la production de fèves fraîches s'exprime par les 2 formules :

PF = N . P (1, p 28)

et :

PF = N . n.

p

(2, p 28)

avec : PF = poids total de fèves fraîches,

N = nombre total de cabosses récoltées,

P = poids moyen de fèves fraîches par cabosse. n = nombre moyen de fèves par cabosse,

p

= poids moyen d'une fève fraîche

Nous avons donc étudié dans un certain nombre de situations les relations entre les paramètres pris deux à deux, à l'intérieur d'un matériel de même type génétique, clone ou descendance hybride.

3-1 Relation entre le nombre total de cabosses (N) et le poids moyen de fèves fraîches par cabosse (P).

Même dans le cas d'utilisation d'un matériel homogène, il est important de savoir dans quelles limites le poids moyen de fèves fraîches par cabosse peut être considéré comme constant. Il arrive en effet d'observer parfois des arbres fortement chargés de cabosses d'une taille inférieure à celle des arbres voisins pourtant de même type génétique.

Cependant, pour étudier la relation entre le nombre total de cabosses et le poids moyen de fèves fraîches par cabosse, il faut pouvoir faire varier de façon importante le premier paramètre, tout en restant en

conditions naturelles pour permettre des comparaisons valides. La technique qui nous a semblé la plus efficace est le recours aux éclaircies, qui modifient la densité et les écartements, et donc la physiologie des arbres. Dans certains cas il est ainsi possible de multiplier la productivité (nombre de cabosses / arbre) par 5 (IRCC, 1983).

Nous avons donc étudié deux descendances hybrides, représentées par 10 arbres du même âge, dans 3 dispositifs de plantation différents et pendant 3 campagnes successives. Les dispositifs étaient les suivants

- A : 6 m x 2,5 m, soit 666 arbres / Ha, - B : (3 m + 9 m) x 2,5 m, même densité, - T : 3 m x 2,5 m, témoin à 1333 arbres / Ha.

Les traitements A et B sont des dispositifs en haies résultant d'éclaircies à raison d'une ligne sur 2 (A) ou de 2 sur 4 (B).

Les résultats bruts sont présentés dans le Tableau 6A. Les coefficients de corrélation linéaire sont les suivants :

cabosses saines cabosses totales - poids moyen - poids moyen UPA 409 X SNK 109 - 0,53 - 0,30 ICF 705 X IFC 5 0,39 0,39 (le seuil de signification à 5 % vaut 0,67)

Les densités et écartements étant très différents, donc les conditions physiologiques, et les niveaux de production compris entre 17 et 78 cabosses par arbre, on doit donc en déduire que la régulation hypothétique évoquée par HUTCHEON (1976, b ; 1981) ne serait effective que pour des productivités très élevées.

3-2 Relation entre le nombre total de cabosses (N) et le nombre moyen

de graines par cabosse (n).

Pour les mêmes raisons que précédemment, nous avons utilisé les dispositifs en haies. Le matériel végétal étudié est la descendance hybride IFC 705 x IFC 5, pendant 3 récoltes principales.

Les résultats sont donnés dans le Tableau 7A. Leur analyse ne montre pas de corrélation significative entre les 2 paramètres puisque r vaut - 0,41 pour un seuil à 5 % de 0,67.

3-3 Relation entre le nombre moyen de graines par cabosse (n) et le

poids moyen d'une fève (

p

).

Nous avons étudié cette relation chez le clone UPA 409, sur 501 cabosses récoltées en un même passage.

Le coefficient de corrélation entre n et

p

est hautement significatif (- 0,229 pour un seuil à 1 % de 0,11) mais le coefficient de détermination r2 est très faible (0,052).

De même, chez le clone SCA 6, on note une régression linéaire (avec r négatif) entre le nombre de fèves et le poids moyen d'une fève : sur un effectif de 48 cabosses, r est hautement significatif (- 0,44), mais la valeur explicative de la régression reste faible (0,19) (cf chapitre VI, 6-1-2).

Si, dans la récolte du clone UPA 409, on regroupe les cabosses par classes de nombres de fèves, on peut mettre en évidence une corrélation négative hautement significative (r = - 0,88) entre les valeurs moyennes de n et

p

(Tableau 8). Dans ce cas r2 est beaucoup plus élevé (0,77) mais cependant, la compensation qui résulte de cette corrélation est largement insuffisante puisque le poids moyen de fèves fraîches par cabosse (P) est corrélé avec n de façon parfaite (r = 0,99, r2 = 0,99) : on peut donc, en pratique, considérer

p

constant chez un même clone, quel que soit le nombre moyen de fèves. ┌────────────┬──────────────────────┬─────────────────────┐

│ │ n

p

│ │ Effectif │ Nombre moyen de fèves│ poids moyen d'une │ │ (cabosses) │ par cabosse │ fève (g) │ ├────────────┼──────────────────────┼─────────────────────┤ │ 50 │ 13,26 │ 2,95 │ │ 50 │ 17,38 │ 2,86 │ │ 50 │ 20,28 │ 2,81 │ │ 50 │ 23,82 │ 2,76 │ │ 50 │ 28,18 │ 2,83 │ │ 50 │ 32,26 │ 2,78 │ │ 50 │ 37,12 │ 2,73 │ │ 50 │ 41,82 │ 2,65 │ │ 50 │ 45,08 │ 2,74 │ │ 51 │ 51,57 │ 2,67 │ └────────────┴──────────────────────┴─────────────────────┘

Tableau 8 : Valeurs de n et

p

pour le clone UPA 409. Classes de 50 cabosses (Ci1 DIVO, 03/87).

3-4 Conclusions.

On peut déduire des résultats précédents qu'ils impliquent une absence de corrélation linéaire entre N et

p

.

En effet, si une telle relation existait entre ces deux paramètres, nous aurions : N = a

p

+ b,

comme

p

= a1 n + b1 (cf 3-3)

Cela impliquerait : N = aa1 n + ab1 + b ce qui est égal à : N = a2 n + b2

or nous avons vu (3-2) que ce n'est pas le cas.

Nos résultats confirment donc les quelques données bibliographiques sur le sujet, exposées en 1-2 (RUINARD, 1961 ; ESKES et al., 1977) : la seule corrélation mise en évidence est celle entre le nombre moyen de fèves par cabosse et le poids moyen d'une fève. Quoique toujours significative chez les clones que nous avons étudiés, sa valeur explicative (r2) reste toutefois faible et sans importance pratique. La relation mise en évidence entre n et

p

ne joue donc aucun rôle compensateur.

Nous conclurons donc que les corrélations physiologiques entre les trois composantes de la production, qui existent chez le cacaoyer comme chez toute plante (VILAIN, 1987), sont négligeables dans nos conditions et au niveau de rendement de nos expériences.

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CHAPITRE IV

LES FACTEURS LIES A LA PRODUCTION EN NOMBRE DE