ρp ×(ιF+ v )v∈Sp :Xρ¯p×Tbp,L−→Xρ¯p×Tbp,L. Théorème 3.20. L’immersion Xp(¯ρ)−→Spf(R∞)rig×Tbp,L 'Xρ¯p×Xρ¯p×Ug×Tbp,L
induit un isomorphisme d’espaces analytiques rigides entre Xp(¯ρ) et une union de com-posantes irréductibles du sous-espace analytique fermé ι(X
tri(¯ρp))×X
¯
ρp×Ug muni de sa structure de sous-espace analytique fermé réduit.
Démonstration. Nous allons prouver que le sous-espace analytique fermé de l’espace rigide
X ¯
ρp×X ¯
ρp×Ug×Tbp,Lsous-jacent àXp(¯ρ) est en réalité contenu dansι(X
tri(¯ρp))×X
¯
ρp×Ug. Comme ces deux espaces sont équidimensionnels de même dimension et que Xp(¯ρ) est réduit, on en conclut que Xp(¯ρ) s’identifie bien en tant qu’espace analytique rigide à une union de composantes irréductibles deι(X
tri(¯ρp))×X
¯
ρp×Ug, cette union étant munie de sa structure réduite de sous-espace analytique fermé.
Par définition de ι et des variétésXp(¯ρ) etXtri(¯ρp), les points très classiques deXp(¯ρ) appartiennent aussi à ι(X
tri(¯ρp))×X
¯
ρp×Ug. D’après le Théorème 3.18, ils forment une partie dense au sens de Zariski de Xp(¯ρ). Comme ι(Xtri(¯ρp))×Xρ¯p ×Ug est une partie analytique fermée de Xρ¯p×Xρ¯p ×Ug ×Tbp,L, on obtient bien l’inclusion recherchée.
Une composante irréductible de l’espace ι(X
tri(¯ρp))×X
¯
ρp ×Ug est un produit de la forme ι(X) ×Xp × Ug, où X est une composante irréductible de X
tri(¯ρp) et Xp une
composante irréductible de X ¯
ρp. Il nous paraît raisonnable de conjecturer qu’à Xp fixée, les composantes irréductibles X de Xp(¯ρ) de la forme ι(X)× Xp × Ug ne dépendent pas des choix globaux que nous avons faits, c’est-à-dire de G, de Up et du système de Taylor-Wiles intervenant dans la construction de Π∞.
Définition 3.21. SoitXp une composante irréductible de X ¯
ρp. On dit qu’une composante irréductible X de Xtri(¯ρp) est Xp-automorphe si ι(X)× Xp × Ug est une composante irréductible de Xp(¯ρ).
Conjecture 3.22. Une composante irréductible X de X
tri(¯ρp) est Xp-automorphe si et seulement si X∩U
tri(¯ρp)reg contient un point cristallin.
Remarque 3.23. (i) Si S\Sp ={v1}, où v1 est une place de F+ comme en [15, § 2.3], et Up est choisi comme dans loc. cit., alors X
¯
ρp est lisse et irréductible.
(ii) Il résulte du Théorème 3.18 (cf. la fin de la preuve) qu’une composante irréductibleXp -automorphe de X
tri(¯ρp) contient toujours un tel point cristallin. La Conjecture 3.22 peut donc se reformuler comme suit : les composantes irréductibles de Xp(¯ρ) sont exactement les composantes ι(X)×Xp×Ug où Xp est une composante irréductible de X
¯
ρp et X une composante irréductible de X
tri(¯ρp) telle que X∩U
tri(¯ρp)reg contient un point cristallin de poids de Hodge-Tate deux-à-deux distincts.
Dans ce qui suit, si λ ∈ (Zn)Hom(Fv+,L), on note σ(λ) la représentation algébrique de GLn,F+
v de plus haut poids λ, et on note de même sa restriction à GLn(OF+
v ). Fixons un poids k∈Q
v∈Sp(Zn)Hom(Fv+,L) strictement dominant. On définit alors une représentation σk de Kp =Q v∈SpG(F+ v ) en posant σk= O v∈Sp σ((kτ,i+i−1)τ∈Hom(F+ v,L),1≤i≤n). 33
La conjecture suivante apparaît essentiellement dans l’article [29]. Conjecture 3.24. SoitXp une composante irréductible deXρ¯p. Soitk∈Q
v∈Sp(Zn)[Fv+:Qp]
strictement dominant, l’espace Spf(Rρ¯p,k−cr)rig×Xp ×Ug est contenu dans le support du
R∞-module HomKp(σk,Π∞)0.
Remarque 3.25. En fait lorsque S =Sp t {v1} où v1 est une place de F+ vérifiant les conditions de [29, §5.3], d’après [29, Thm. 5.5.2], la Conjecture 3.24 est équivalente à la Conjecture de Breuil-Mézard raffinée dans les cas cristallins énoncée en [29, Conj. 4.1.6].
Proposition 3.26. La conjecture 3.24 implique la conjecture 3.22.
Démonstration. SoitUp l’ensemble des points lisses deXp. CommeXp est réduit, il s’agit d’un ouvert de Zariski, Zariski-dense dans Xp par la Proposition 2.3. Soit X une com-posante irréductible de X
tri(¯ρp). Supposons que X ∩U
tri(¯ρp)reg contienne un point x cristallin. Son image ω(x) ∈Tb0
p,L est donc un caractère algébrique. D’après le Théorème 2.6, l’application ω est lisse au point x. Il existe donc un voisinage affinoïde connexe U ⊂ Utri(¯ρp)reg ∩X de x dont l’image par ω est un ouvert affinoïde de Tbp,L0 . En effet, d’après [1, Prop. 6.4.22], l’applicationω est plate enx. Quitte à se restreindre à des voi-sinages affinoïdes de x et ω(x), on peut voir ω comme l’analytifié d’un morphisme plat entre schémas formels X → Y. D’après [1, Prop. 5.10.14], un tel morphisme se factorise enX −→ Ug −→ Yj oùj est une immersion ouverte etg est fidèlement plate, on conclut alors en observant qu’une application fidèlement plate est surjective (on peut aussi appliquer [36, Prop. 1.7.8]).
Comme de plus l’ensemble des caractères algébriques strictement dominants dansTbp,L0
s’accumule en l’ensemble des caractères algébriques, il existe k strictement dominant tel que δk ∈ ω(U). Fixons un tel k. D’après [35, Cor. 2.7], on peut choisir le point y= (y1, y2)∈U×Up tel queω(y1) = δk ety1 ∈Xkρ¯p−cr. Soitpun ideal maximal de R∞[1p] dont l’intersection avec Rloc[1p] soit l’idéal du point y.
La Conjecture 3.24 implique alors que HomKp(σk,Π∞[p])6= 0. On déduit alors de [15, Lemma 4.16], dont la preuve s’étend verbatim à notre situation, que l’on a un isomor-phisme
HomKp(σk,Π∞[p])'HomGp(σk⊗Lπ(p),Π∞[p])
oùπ(p) désigne la représentation lisse irréductible deGp, de la série principale, telle que π(p)⊗ |det|1−2n corresponde au point p∩Rρ¯p,k−cr par la correspondance de Langlands locale (i.e. par la correspondance de Langlands locale appliquée en chaque placevdivisant p). On déduit de ceci et du calcul du module de Jacquet deσk⊗Lπ(p) que tous les points de {(ι(y1), y2)} ×Ug sont dans le support de M∞. Comme {y} ×Ug est un ensemble irréductible de points lisses deX
tri(¯ρp)×X
¯
ρp×Ug, il est inclus dans une unique composante irréductible de cet espace. Comme d’après le Théorème 3.20 le support de M∞ est une union de composantes irréductibles, on en déduit que l’image par ι de cette composante irréductible est incluse dans Xp(¯ρ). Remarquons à présent que l’ouvert U est connexe, donc cette composante irréductible contient également le point x de depart. Comme x est également un point lisse de Xtri(¯ρp)×Xρ¯p×Ug, l’ensemble X×Xp×Ug est l’unique composante irréductible contenant ce point, on a donc au finalι(X)×Xp×Ug ⊂Xp(¯ρ).
Proposition 3.27. La conjecture 3.22 implique la conjecture 3.24.
Démonstration. SoitXp une composante irréductible deXρ¯p etδkun caractère algébrique strictement dominant deTp. SoitXp une composante irréductible de Xρ¯p,k−cr. D’après [19, Lem. 4.4], on peut choisir
xp = (xv)v∈Sp ∈Xp ⊂Xρ¯p,k−cr' Y
v∈Sp
X,kv−cr ¯
ρv˜
tel que la représentation cristalline de GFv˜ associée à xv soit générique pour tout v ∈Sp au sens de la Définition 2.8. Soit δ le caractère δkη de Tp où η est le caractère lisse non ramifié de la forme Q
v∈Spηv avec ηv l’unique caractère lisse non ramifié de Tv envoyant (x1, . . . , xn) surQn
i=1ϕv(xi)
i où (ϕ1, . . . , ϕn) est une suite de valeurs propres du Frobenius cristallin de xv. Le Lemme 2.11 implique en particulier que le point (xp, δ) appartient à U
tri(¯r)reg. Sous la Conjecture 3.22, on a donc {(xp, δ)} × Xp ×Ug ⊂ Xp(¯ρ). Notons temporairement
FGp
Bp(δ) :=FGp
Bp(U(gL)⊗U(b
L)(−λ), ηδB−1p),
oùλ= (kτ,i+i−1)τ∈Hom(F+
v,L),1≤i≤n. Fixons x∈ {(xp, δ)} ×Xp×Ug. Comme x∈Xp(¯ρ), il existe un morphisme non trivial deFGp
Bp(δ) vers Π∞[px]an. Pour prouver que le point y, image de x dans Spf(R∞)rig est dans le support de HomKp(σδ,Π∞)0, il suffit de prouver que ce morphisme se factorise par le quotient localement algébrique de FGp
Bp(δ). Or si ce n’était pas le cas, la description des facteurs de Jordan-Hölder de FGp
Bp(δ) (cf. [11, Cor. 4.6]) implique qu’il existerait un caractère localement algébrique non dominant dans le socle de laTp-représentationJBp(Π∞[px]an) et donc un point deXp(¯ρ) dont la projection dans Xtri(¯ρp) est de la forme (xp, δ0) avec δ0 un caractère localement algébrique de poids
non dominant, ce qui contredit le Lemme 2.11.
4. Application aux variétés de Hecke
4.1. L’espace des représentations galoisiennes de pente finie. Rappelons que l’on a défini au §2.4 le Banach p-adiques Sb(Up, L) de niveau modéré Up.
SoitS, ¯ρetS comme aux §2.4 et §3.2, et Xρ,¯S = Spf(Rρ,¯S)rig. On désigne parY(Up,ρ¯) la sous-variété analytique rigide de Xρ,¯S ×Tbp,L support du faisceau cohérent MUp défini par JBp(Sb(Up, L)an
m). Il s’agit de la définition de la variété de Hecke ([16]) proposée dans [27]. Les méthodes de [17, §3.8] permettent de montrer qu’il s’agit d’un espace rigide analytique réduit. Notons R ¯ ρS l’algèbre Ncv∈SR ¯ ρ˜v et R¯ ¯ ρS l’algèbre cNv∈SR¯ ¯ ρv˜ et X ¯ ρS = Spf(R¯ ¯ ρS)rig. On a alors une décomposition en produit Xρ¯S 'Xρ¯p×Xρ¯p et on définit
Xtri(¯ρS) = Xtri(¯ρp)×Xρ¯p ⊂Xρ¯
S ×Tbp,L. On désigne parX
tri(¯ρS)aut le sous-espace analytique rigide fermé deX
tri(¯ρp)×X
¯
ρp union des composantes irréductibles X ×Xp, où X parcourt l’ensemble des composantes ir-réductibles Xp-automorphes (cf. Déf. 3.21) et Xp parcourt l’ensemble des composantes irréductibles de X
¯
ρp. L’espace X
tri(¯ρS)aut dépend donc des choix faits dans le Théorème 3.4.
Ce même choix donne lieu à un morphisme local de OL-algèbres locales Rρ¯¯S → Rρ,¯S
obtenu par composition de l’inclusion naturelle Rρ¯¯S ,→ R∞ avec le morphisme surjectif
R∞ Rρ,¯S du Théorème 3.4. Passant aux espaces analytiques rigides associés, on obtient une application Xρ,¯S →Xρ¯S.
Le but de cette partie est de comparer les espaces Y(Up,ρ¯) et X(¯ρ)fs :=ι(Xtri(¯ρS))×X
¯
ρS Xρ,¯S.
Ce dernier espace est introduit dans [33] (avec fs pour « finite slope »). Remarque 4.1. On a Rρ,¯S =Rρ,S¯ ⊗bR ¯ ρSR¯ ¯ ρS. En particulier on a Xρ,¯S = Spf(Rρ,S¯ )rig×Spf(R ¯ ρS)rig Spf(Rρ¯¯S)rig. Chaque R¯ ¯
ρ˜v est le plus grand quotient réduit et sans p-torsion de R ¯
ρv˜. On déduit alors de la preuve de [43, Lem. 3.4.12] que R¯
¯
ρS est le plus grand quotient réduit et sans p-torsion de R ¯ ρS. Ainsi Spf(R ¯ ρS)rig etSpf(R¯ ¯
ρS)rig ont même espace sous-jacent, et donc les espaces analytiques rigides Spf(Rρ,S¯ )rig et Xρ,¯S ont même espace sous-jacent.
Nous aurons également besoin des notations suivantes. L’espace analytique rigideXρ¯p, étant un produit d’espaces analytiques rigides réduits, est réduit. L’ensemble de ses points lisses forme donc un ouvert au sens de Zariski qui est non vide et Zariski-dense. Notons
Xρ¯p,reg cet ouvert. Soit
X(¯ρ)regfs =Xρ,¯S×X
¯
ρp×X
¯
ρp (ι(Utri(¯ρp)reg)×Xρ¯p,reg).
Il s’agit d’un ouvert au sens de Zariski de X(¯ρ)fs. On définit alors Y(Up,ρ¯)reg le sous-espace analytique ouvert (au sens de Zariski) de Y(Up,ρ¯) dont l’espace sous-jacent est donné par Y(Up,ρ¯)∩X(¯ρ)regfs et muni de la structure d’espace analytique rigide induite par celle de Y(Up,ρ¯).
Remarquons que comme X
tri(¯ρS) est un sous-espace analytique fermé de X ¯
ρS ×Tbp,L, l’espaceX(¯ρ)fs est un sous-espace analytique fermé de Xρ,¯S×Tbp,L.
Théorème 4.2. Dans Xρ,¯S × Tbp,L, on a une égalité d’ensembles fermés analytiques Y(Up,ρ¯) =Xρ,¯S×X
¯
ρS ι(X
tri(¯ρS)aut).
Démonstration. L’isomorphismeRρ,¯S 'R∞/ase traduit, en termes d’espaces analytiques rigides par un isomorphisme Xρ,¯S ' Sp(L)×Spf(S∞)rig (X
¯
ρS ×Ug), l’application Sp(L)→
Spf(S∞)rig provenant de la spécialisation yi 7→ 0, ce qui nous permet d’identifier Xρ,¯S
à un sous-espace analytique rigide fermé de X∞ × Tbp,L. Par exactitude à gauche du foncteur JBp ainsi que du foncteur de passage aux vecteurs localement analytiques, on a JBp(ΠR∞−an
∞ )[a] ' JBp(Π∞[a]an). L’isomorphisme (3.4) montre alors que le faisceau cohérentMUp surXρ,¯S×Tb0
p,Lest l’image inverse du faisceau cohérentM∞surX∞×Tb0
p,L. On en conclut que le support de MUp en tant que partie fermée analytique coïncide avec l’image inverse du support de M∞, c’est-à-dire est le fermé analytique sous-jacent à Sp(L)×Spf(S∞)rigXp(¯ρ). Il suffit à présent de remarquer queXp(¯ρ) = ι(Xtri(¯ρS)aut)×Ug
par le Théorème 3.20 et que
Sp(L)×Spf(S∞)rig(ι(Xtri(¯ρS)aut)×Ug)'Sp(L)×Spf(S∞)rigXρ¯S×X
¯ ρS (ι(Xtri(¯ρS)aut)×Ug) '(Sp(L)×Spf(S∞)rigX∞)×X ¯ ρS ι(Xtri(¯ρS)aut) 'Xρ,¯S ×X ¯ ρS ι(Xtri(¯ρS)aut). 36
Corollaire 4.3. La conjecture 4.16 de [33] est vraie lorsque ρ¯vérifie les hypothèses des