• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Etude expérimentale

IV. Analyses des résultats

IV.2. Catégories de comportements

IV.2.9. Comportements par rapport à l’environnement

• Réactions par rapport à l’environnement :

Il n’y a pas d’effet significatif du fond sonore sur les réactions liées aux conditions environnementales. Les valeurs sont proches entre elles : de 22,99 ± 2,94 % pour le silence à 26,56 ± 3,14 % pour les bruits de la nature. Ces comportements sont un peu moins marqués quand aucun fond sonore n’est diffusé et un peu plus en présence de bruits de la nature, mais de façon non significative.

La nature entraînerait plus de réaction par rapport à l’environnement, hypothèse facilement expliquée par une vigilance plus importante en présence de bruits du milieu sauvage. L’absence de fond sonore diminuant l’activité des singes, c’est aussi normal qu’il réagissent moins par rapport à l’environnement. D’après ces évolutions, les bruits naturels seraient plus adaptés pour stimuler les animaux et favoriser les comportements naturels.

La présence de fenêtre lors des deux dernières phases de l’étude pourrait éventuellement jouer un rôle sur l’intérêt des singes pour leur environnement. Ce rôle est probablement très minime s’il existe.

Photo 19 : M.fascicularis, observation de l’extérieur par la fenêtre. Elodie Moureaux,

avec l’aimable autorisation de BioPRIM.

Il est de plus tout à fait intéressant de noter que le fond sonore naturel est le seul pour lequel les singes ont montré des réactions directement liées aux sons diffusés : à la diffusion de certains bruits, essentiellement des bruits d’eau (bruit de pluie, de cascade), les singes prêtaient clairement attention au fond sonore (arrêt de leur activité, petite réaction de fuite,…).

• Réactions de fuite :

L’étude plus précise des comportements de fuite, qui traduisent un stress environnemental certain, ne révèle aucun effet significatif du fond sonore sur ce comportement. Les réactions de fuite sont légèrement plus fréquentes avec la musique classique (1,75 ± 0,38 %) et légèrement moindres en l’absence de fond sonore (0,715 ± 0,18 %). Il peut sembler étonnant de constater moins de réactions de fuite sans fond sonore dans la mesure où l’absence d’effet masquant des bruits extérieurs pourrait rendre les singes plus réactifs. Cela peut s’expliquer par la prostration plus importante qui rend les singes moins réactifs ; on retrouve là l’évolution observée pour les comportements liés à l’environnement en général.

La musique classique et la radio entraînent un peu plus de réactions de fuite que les autres fonds sonores. Ces fonds sonores moins naturels seraient plus stressants et

mettraient les singes plus sur leur garde. Il ne semble pas qu’un effet masquant moindre de ces deux fonds sonores soit en jeu puisque le comportement de fuite est le moins marqué en “silence”. L’effet habituation de l’environnement n’est pas non plus en jeu ici puisque les évolutions ne suivent pas du tout l’ordre de diffusion des fonds sonores.

Nous aurions tendance à expliquer un dérangement plus important des singes avec le fond sonore classique par le fait que ce genre de musique présente des niveaux sonores très variables en raison de l’importance des nuances apportées tout au long d’un morceau classique. Comme nous avons fixé le niveau sonore selon un niveau moyen, des pics sonores surviennent par moment (jusqu’à 80 dB pendant quelques secondes) qui peuvent rendre les animaux plus stressés. Ceci reste hypothétique puisqu’aucun effet significatif n’a été observé dans ce sens et l’observateur n’a pas constaté de réactions nettes (fuite générale,..) lors de ces pics sonores.

La présence de fenêtre ne semble pas entrer en jeu. Les réactions de fuite sont les plus élevées en présence de musique classique (1,75 ± 0,38 %) et diminuent lors de la diffusion des bruits naturels (1,05 ± 0,26 %). Des réactions de fuite supplémentaires envers le milieu extérieur, observé par la fenêtre, ont été notées mais ne semblent pas influer sur les résultats.

Ces analyses restent toujours des hypothèses dans la mesure où aucune variation observée n’est significative.

• Observation en direction de la vitre :

Sans pour autant avoir d’évolution significative, le temps passé à observer en direction de la vitre sans tain est moins important lors du silence (9,90 ± 2,73 %) que lors de la diffusion des trois autres fonds sonores (entre 12,35 ± 1,65 % pour la musique classique et 13,01 ± 2,67 % pour les bruits naturels). On aurait pu s’attendre, à l’inverse, à plus de vigilance envers le couloir extérieur en l’absence de fond sonore masquant.

Bien que très proche de ceux des autres fonds sonores, le taux d’observation est plus élevé pour les bruits de la nature. La réactivité des singes par rapport au fond sonore lui- même (bruits d’eau) pourrait expliquer ces variations car le haut-parleur est situé au niveau de la vitre sans tain et donc les singes observent peut-être un peu plus dans cette direction en raison de bruits qui les rendent plus vigilants.

Conclusion des comportements rapportés à l’environnement :

Il n’y a pas d’effet significatif des fonds sonores sur les comportements liés à l’environnement. Il est donc difficile de pouvoir conclure clairement quelque chose. Cependant la diminution constante de ces comportements en l’absence de fond sonore fait penser que les singes sont moins attentifs à leur environnement dans ces conditions. Pourtant, les résultats précédemment présentés, notamment l’activité exploratoire, maximale avec cette condition environnementale, font penser le contraire et de façon significative.

Les résultats obtenus avec les bruits naturels (comportement lié à l’environnement le plus marqué, avec un taux de fuite qui n’est pas le plus élevé observé) montrent l’utilité possible (bien que non significatif ici) d’un tel fond sonore pour favoriser l’intérêt des singes envers leur environnement.

La musique classique et la radio ont des résultats assez proches. Cela favorise l’hypothèse d’effets similaires de fonds sonores artificiels, à savoir une réaction de fuite plus marquée qu’avec les autres conditions sonores et des comportements d’observation de l’environnement intermédiaires.

V. Discussion

V.1. Bilan

Radio Silence Musique classique Nature

Comportement alimentaire -- -- +/- ++ dont Fourrager - - + + Manger -- -- ++ Comportements sociaux positifs + + - - dont Toilettage + + - +/- Jeu -- +/- ++ +/- Comportement agonistique -- ++ + - Comportement auto-dirigé ++ + -- -- exploration +/- ++ -- +/- Locomotion - - + + Repos - +/- +/- + Comportement lié à l’environnement +/- - +/- + dont Fuite +/- - + +/- Observation vitre +/- - +/- +

++ : significativement favorable + plutôt favorable mais pas significatif --: significativement défavorable - plutôt défavorable mais pas significatif

Tableau 29 : Bilan des effets des différents fonds sonores.