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Comportement rhéologique des systèmes micellaires à 3mM

La comparaison des courbes rhéologiques à une concentration donnée permet de se fo-caliser sur l'inuence de la longueur de la chaîne du tensioactif sur le phénomène de rhéoépaississement.

Une attention particulière est donnée à la concentration de 3mM pour les raisons sui-vantes :

Cette concentration présente un compromis, sa valeur est à la fois supérieure à la concen-tration micellaire critique (CMC) et égale où légèrement inférieure à la concenconcen-tration d'enchevêtrement (Φ).

Les solutions à 3mM montrent une amplitude du rhéoépaississement importante (gures 3.2.2, 3.2.3 et 3.2.4).

L'amplitude du rhéoépaississement est comparable pour les trois systèmes (gure 3.2.8). En écoulement permanent, les solutions de surfactants sont soumises à deux modes d'écoulements diérents que sont le cisaillement imposé et la contrainte imposée.

3.3.1 Écoulement permanent à cisaillement imposé

La contrainte d'écoulement τ et la viscosité apparenteη sont tracées en fonction du taux de cisaillement γ˙. Le paramètre variable dans ces courbes est la longueur de la chaîne du surfactant (gure 3.3.1).

Nous allons détailler l'évolution de la viscosité dans les trois régions mentionnées dans la section 3.2.

Domaine I (écoulement précédant le rhéoépaississement) : aux faibles taux de cisaille-ment (γ˙<γ˙c), le système C14TAB a un comportement newtonien et ache une viscosité de l'ordre de 1.2 fois celle du solvant (eau distillée). Les solutions C18TAB et C16TAB sont rhéouidiantes. Ceci est une première diérence et démontre la nature viscoélas-tique de ces solutions.

Domaine II (transition de rhéoépaississement) : une fois le taux de cisaillement critique (γ˙c) atteint, la viscosité des systèmes micellaires croît continuellement vers un maxi-mum, sur des intervalles de cisaillement diérents. L'amplitude du rhéoépaississement est sensiblement la même pour le C16TAB et C14TAB, mais moindre pour C18TAB. Il se peut que la rhéouidication très marquée du C18TAB dans le domaine I, dûe au désenchevêtrement des micelles atténue l'amplitude du rhéoépaississement ; cette hypo-thèse reste une question ouverte.

Nous avons trouvé des valeurs de taux de cisaillement critiques de l'ordre de 1, 6 et 36.9 s−1 pour C18TAB, C16TAB et C14TAB. Le résultat établit clairement que l'al-longement de la longueur de la chaîne du tensioactif a pour eet de diminuer le taux de cisaillement critique. Nous précisons que les micelles formées par les longs surfac-tants ont besoin de moins d'énergie devant celles forméesé de courts surfacsurfac-tants pour se maintenir orientées dans le sens de l'écoulement, sachant que le processus d'orientation précède le rhéoépaississement.

Domaine III (écoulement rhéouidiant) : la rhéouidication apparaît dans la dernière partie des courbes d'écoulement. La viscosité décroît selon le gradient de vitesse avec la même pente pour les trois tensioactifs C18TAB, C16TAB et C14TAB. Ceci démontre que le comportement dans cette zone est indépendant de la longueur de la chaîne. Nous

soulignons aussi qu'aucun signe de détérioration (bulles ou mousses) n'est à signaler, malgré les taux de cisaillement élevés. De même, l'évaporation est minimisée aux grands temps de mesure.

Remarque : dans l'interprétation des courbes d'écoulement, le système C12TAB n'a pas été cité, car il possède un comportement newtonien sur tout l'intervalle de gradient de vitesse. Dans ce cas, nous pouvons supposer que la courte chaîne n'a pas permis le déclenchement du rhéoépaississement.

Fig. 3.3.1 Eet de la longueur de la chaîne du tensioactif sur la variation de la contrainte (a) et de la viscosité apparente (b) à cisaillement imposé pour les solutions C18TAB (), C16TAB (◦), C14TAB (4) et C12TAB (O).

3.3.2 Écoulement permanent à contrainte imposée

Le rhéoépaississement se résume à des transitions structurales microscopiques, dues à l'énergie apportée par l'écoulement de cisaillement. L'aspect qualitatif des courbes d'écou-lement est habitueld'écou-lement diérent en mode de contrainte imposée.

Fig. 3.3.2 Eet de la longueur de la chaîne aliphatique sur la variation de la contrainte (a) et de la viscosité apparente (b) à contrainte imposée pour les solutions C18TAB (), C16TAB (◦), C14TAB (4) et C12TAB (5).

Les gures 3.3.2a et 3.3.2b montrent la variation de la contrainte et de la viscosité en fonction du taux de cisaillement pour les systèmes C18TAB, C16TAB, C14TAB et C12TAB à 3mM.

Pour le système C18TAB dans une gamme de contrainte d'écoulement variant de 0.1Pa à 0.5Pa, la courbe d'écoulement η( ˙γ) a une forme de S. Cette transition s'étend entre 10 et 50 s−1 (gure 3.3.2 rectangles vides). Cette courbe d'écoulement est associée habituellement à la coexistence de deux ou plusieurs bandes empilées dans la direction de la vorticité qui supportent la même contrainte [6, 11].

Le C16TAB présente une forte augmentation de la viscosité dans un étroit domaine de taux de cisaillement : la transition est quasi verticale.

Concernant le système C14TAB, la viscosité augmente nettement à proximité de 100 s−1. La viscosité sature à une valeur maximale, puis diminue brutalement à un taux de cisaillement élevé.

La viscosité est constante pour les diérentes contraintes d'écoulement de C12TAB.

3.3.3 Comparaison des deux modes d'écoulements

Nous comparons entre les données provenant des deux modes d'écoulement (cisaillement et contrainte imposés) sur la gure 3.4.2, où les courbes de contrainte et celles de viscosité sont tracées.

La principale diérence par rapport au mode de cisaillement imposé apparaît dans le domaine de la transition rhéoépaississante. Dans les deux modes, la solution n'est pas perturbée de la même façon, ce qui peut avoir une inuence sur le mécanisme de la tran-sition.

Cette comparaison montre que le rhéoépaississement s'étend sur un court intervalle de taux de cisaillement à contrainte imposée par rapport à l'écoulement de cisaillement im-posé. Les autres régions ont la même évolution pour les deux modes d'écoulement. En mode cisaillement imposé, le rhéoépaississement existe dans les trois systèmes micellaires étudiés. A contrainte imposée, la coexistence de phase est montrée par l'évolution en forme de S de la courbe de viscosité dans le domaine II.

La comparaison a aussi permis de conclure que dans le domaine III, toutes les courbes se superposent, montrant que l'écoulement dans cette zone est aussi indépendant du mode d'écoulement.

Fig. 3.3.3 Dépendance de la longueur de la chaîne aliphatique sur la variation de la contrainte (a) et de la viscosité apparente (b) à cisaillement imposé pour les solutions C18TAB (), C16TAB (•), C14TAB (N) et C12TAB (H), et à contrainte imposée par les solutions C18TAB (), C16TAB (◦), C14TAB (4) et C12TAB (O).

3.4 Investigation rhéo-optique à gradient de vitesse