4.2 Comportement par rapport au paramètre de stabilisation
4.3.4 Comportement quand γ → ∞
Afin de valider numériquement le théorème 3.2.4, nous nous intéressons au comportement
deη lorsqueγ → ∞. Nous avons montré théoriquement que sif est constant par maille, notre
estimateurηtend vers l’estimateurη∗défini de la manière suivante :
η∗ = 1
4µ
X
T∈Th
kf ⊗(x−xT)k20,T +J∗(u∗h,u∗h)
oùu∗hest la solution obtenue avec des éléments finis de Crouzeix-Raviart. On notera :
η∗1 = 1
4µ
X
T∈Th
kf ⊗(x−xT)k20,T.
On considère alors la solution exacte suivante :
u= 1 +x+ 2x
2+ 2y2+xy
1−y+ 2x2−1
2y2−4xy
!
, p=x−y. (4.2)
On note que des résultats similaires ont été obtenus pour d’autres solutions exactes. Dans le tableau
Tab. 4.9 nous présentons les valeurs successives deη pour un maillage donné comportant 4096
éléments. Plus précisément, on étudie le comportement du termeη1 qui devrait tendre versη1∗ et
du termeJ∗(uh,uh)qui devrait tendre vers le termeJ∗(u∗h,u∗h)lorsqueγ → ∞.
γ 10 20 30 100 1000 γ → ∞
η1 0,1687 0,1681 0,1680 0,1680 0,1680 η1∗=0,1680
J∗(uh,uh)1/2 0,1920 0,1918 0,1917 0,1917 0,1917 J∗(u∗h,u∗h)1/2=0,1917
Deuxième partie
Introduction
Dans cette partie on s’intéresse à la discrétisation du problème de Giesekus pour la simulation
numérique des écoulements de liquides polymères. L’organisation de cette partie est la suivante.
Dans un premier chapitre, nous présentons quelques comportements des liquides polymères
et nous faisons une revue brève des modèles rhéologiques, permettant d’expliquer pourquoi nous
avons choisi de considérer principalement le modèle de Giesekus. Pour ce chapitre, nous nous
sommes appuyés sur les livres [58], [69] et [68].
Dans le second chapitre, on introduit la discrétisation du modèle de Giesekus par éléments
finis non-conformes sur des maillages triangulaires et quadrangulaires. Une analyse du problème
de Stokes sous-jacent sera présentée. En outre, on présente des résultats concernant la positivité du
tenseur de conformation, et on montre que notre schéma préserve sous certaines hypothèses cette
propriété au niveau discret.
Enfin, dans le troisième chapitre, on présente des résultats numériques. Des comparaisons avec
le code commercial Polyflow®, mais aussi avec des données expérimentales, nous ont permis de
valider les schémas numériques mais aussi de mettre en évidence leur bon comportement pour des
nombres de Weissenberg élevés.
Ces travaux ont donné lieu à deux articles : le premier, intituléDiscretization of
Phan-Thien-Tanner and Giesekus fluids through contraction/expansion flows using nonconforming finite
ele-ments, est en préparation et est axé sur le cas triangulaire alors que le deuxième, intitulé
Non-conforming finite element approximation of the Giesekus model for polymer flowset soumis dans
Computers ans Fluids - Special Issue : ICFD 2010est en cours de révision et est axé sur le cas
quadrangulaire. D’autre part, ces travaux ont été présentés dans diverses conférences et workshop :
Tenth International Conference Zaragoza- Pau on Applied Mathematics and Statistics (Jaca,
Es-pagne, 2008), ICFD (Reading, Royaume-Uni, 2010), CANUM (Carcans, France, 2010),
ECCO-MAS CFD (Lisbonne, Portugal, 2010), Workshop on Mathematical Fluid Mechanics and
Appli-cations (Évora, Portugal, 2010).
Chapitre 5
Les liquides polymères
5.1 Quelques définitions
Étymologiquement, le mot polymère vient du grec «polus » qui signifie « plusieurs » et de
«meros» qui signifie « partie ». Il s’agit d’une molécule constituée de l’enchaînement répété d’un
même motif, appelé le monomère. Les polymères sont caractérisés par une masse molaire élevée,
généralement comprise entre3.104g.mol-1et106g.mol-1. Nous les qualifions de macromolécules.
À titre de comparaison, le carbone a une masse molaire de12g.mol-1.
La rhéologie désigne, par définition, l’étude des relations entre la déformation et la contrainte
d’un matériau. De par leurs structures, les polymères ont des propriétés rhéologiques particulières
que l’on détaillera par la suite.
On s’intéresse tout d’abord à la viscosité qui est la propriété la plus importante d’un liquide,
elle traduit sa résistance à l’écoulement. On rappelle que l’on distingue la viscosité dynamique
notéeη[Pa.s]1de la viscosité cinématique notéeν[m2.s-1]. Ces viscosités sont liées par la relation
suivante :
ν = η
ρ,
avecρ[kg.m-3], la masse volumique du liquide. Les liquides polymères sont caractérisés par une
viscosité dynamique importante. On présente dans le tableau Tab. 5.1, les viscosités de quelques
liquides à 20°C et à pression atmosphérique.
Considérons un écoulement laminaire (i.e. entre deux plans parallèles). L’intensité de
l’écou-lement est caractérisé par la vitesse de déformation notéeγ˙. Un liquide est alors qualifié de
new-tonien si sa viscosité est indépendante de la vitesse de déformation. Dans le cas contraire, il est
qualifié de non-newtonien. Pour ces liquides et au dessus d’une certaine vitesse de déformation
dite critique, la viscosité du liquide va :
– décroître. Le liquide est qualifié de rhéofluidifiant ou pseudoplastique. C’est le cas des
li-quides polymères.
– augmenter. Le liquide est qualifié de rhéoépaississant ou dilatant. C’est le cas du bitume.
1
ν[m2.s-1] η[Pa.s]
air 10−9 10−6
eau 10−6 10−3
huiles 10−5à10−3 10−2 à1
miel 0,01 10
polymères 0,1à100 102à105
TAB. 5.1 – Ordres de grandeurs de viscosités de quelques liquides
Dans le cas d’un liquide polymère, il est difficile de définir une viscosité car cette grandeur
varie en fonction de la vitesse de déformation. C’est pour cela qu’est définie la viscosité limite :
η0 = lim
˙
γ→∞η( ˙γ).
Il faut noter qu’en raison de la taille de leurs molécules, les liquides polymères sont sensibles
à la nature de l’écoulement. Si ces liquides ont un comportement pseudoplastique pour un
écou-lement de cisailécou-lement, ils ont un comportement de type dilatant dans le cas d’un écouécou-lement
élongationnel2. De plus, les polymères sont des liquides viscoélastiques. D’un point de vue
rhéo-logique, cela correspond à un état intermédiaire entre un liquide visqueux et un solide élastique.
On se propose maintenant de présenter quelques comportements typiques des liquides
poly-mères :
– Dans la figure Fig. 5.1, une tige en rotation est placée dans un récipient contenant un
poly-mère liquide. On observe que le liquide monte le long de la tige en rotation, ceci s’explique
par l’existence de contraintes normales. Ce phénomène est appeléeffet Weissenberg. Dans
le cas newtonien, le liquide aurait eu le comportement inverse, la surface se serait creusée
autour de la tige.
FIG. 5.1 – Effet Weissenberg
– La figure Fig.5.2, met en évidence l’effet mémoire d’un liquide polymère. En effet, le
polymèrese rappellede la forme qu’il avait dans le tube le plus large et va donc reprendre
son état initial en générant un gonflement à la sortie du tube le plus fin.
2
FIG. 5.2 – Gonflement en sortie de filière
– Dans la figure Fig. 5.3, une seringue est immergée dans un liquide polymère. En même
temps que l’on remplit la seringue, on l’éloigne du récipient. On observe que le liquide
continue à alimenter la seringue. Cet effet est nommé lesiphon sans tube. Les polymères
sont constitués de longues chaînes enchevêtrées, enchevêtrement que l’on peut assimiler à
des nœuds. Lorsque le liquide est étiré, les nœuds se figent empêchant la rupture du tube de
liquide.
FIG. 5.3 – Expérience du siphon
Dans le document
Simulation numérique des écoulements de liquides polymères
(Page 89-96)