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Marqueurs de précarité : RSA et CMU complémentaire

5. Comparaisons selon le motif d’admission

Nous avons distingué 2 autres sous-groupes de patients : ceux dont le motif d’admission était une tentative de suicide (N=53 ; 80%) versus ceux dont le motif d’admission était des idéations suicidaires (N=13 ; 20%). Cette dernière catégorie de patients ayant, pour rappel, au moins un antécédent de tentative de suicide. Il ne s’agit donc pas au sens strict d’une distinction suicidaires/suicidants, l’objectif est plutôt de s’interroger sur la différence de forme de l’accès aux

soins, après passage à l’acte ou non. On s’intéresse donc ici aux facteurs qui sont corrélés au fait d’être en situation d’admission aux urgences pour des idéations suicidaires sans être passé à l’acte cette fois-ci, c’est-à-dire en situation de mise en protection.

5.1 Analyses univariées

Aucune caractéristique générale sociodémographique ne permet de distinguer ces deux groupes sur le plan statistique.

Concernant les antécédents, le fait d’avoir uneconsommation pathologique (abus ou dépendance) (16 vs 9 ; p=0,0225), le fait d’avoir bénéficié d’un suivi psychothérapeutique(25 vs 12 ; p=0,003), et le fait d’avoir été antérieurement hospitalisé en psychiatrie(17 vs 9 ; p=0,0101) ainsi quele nombre de telles hospitalisations (p=0,003)sont associés au fait de se présenter aux urgences pour idéations suicidaires sans être passé à l’acte. Un nombre croissant de tentatives de suicide antérieures(p=0,036) est négativementassocié au fait de consulter aux urgences sous cette forme, et donc plutôt suite à un passage à l’acte. Sur le plan familial, un antécédent de tentative de suicide dans la famille(7 vs 5 ; p=0,04) et un antécédent de maladie psychiatrique dans la famille (25 vs 9 ; p=0,047) distinguent également ces deux groupes de manière statistiquement significative, en faveur des patients se présentant pour des idéations suicidaires sans être passés à l’acte cette fois ci.

Les éléments caractéristiques de la crise suicidaire ne permettent pas de distinguer les deux groupes de cet échantillon sur le plan statistique.

Concernant l’évaluation psychiatrique initiale,le fait d’avoir aux urgences une évaluation du risque suicidaire d’intensité croissante (élevé versus moyen ou faible) (p=0,0073) est corrélé au fait d’être admis aux urgences pour idéations suicidaires, c’est-à-dire sans passage à l’acte.

Les éléments d’orientations apparaissent pour autant sans distinction statistiquement significative.

Finalement, parmi les données récoltées au rappel téléphonique, ces deux sous-groupes se distinguent par le fait d’avoir bénéficié d’un traitement psychotrope au cours des 6 mois (28 vs 10 ; p=0,05) et de bénéficier encore d’un traitement psychotrope à 6 mois (18 vs 10 ; p=0,001) ; ceux venus aux urgences pour idéations suicidaires ont plus bénéficié et bénéficient encore de tels traitements, et ont tendance à être encore suivis à 6 mois (19 vs 8 ; p=0,05), comparés à ceux dont le motif d’admission était une tentative de suicide. Par ailleurs, ces mêmes patients sont

statistiquement plus en lien avec leur médecin traitant (23 vs 10 ; p=0,009), ce qui peut se comprendre à la fois par l’intensité de leur problématique les amenant à consulter ; effectivement, ce sous-groupe se distingue par le fait d’avoir au rappel téléphonique un score dimensionnellement plus élevé à la sous-échelle de dépression de la HAD (p=0,018) et le fait d’avoir à 6 mois une évaluation du risque suicidaire d’intensité croissante (p=0,0004) - et par la façon qu’ils ont d’interagir avec leur problématique ; les données d’observance ne permettent néanmoins pas de distinguer les deux groupes.

Par ailleurs aucun élément de satisfaction (de l’hospitalisation, du suivi en médecine générale ou spécialisé, du rappel téléphonique, de la prise en charge globale depuis les urgences) ne permet de distinguer statistiquement ces deux groupes.

Les principales analyses en univarié sont résumées dans le tableau V.

Tableau V : récapitulatif des résultats univariés significatifs de la comparaison selon le motif d’admission Groupe TS N=53 Groupe IDS N=13 Test statistique Consommation pathologique (abus ou dépendance) 16 9 P=0,02

(Test exact de Fisher) ATCD de suivi psychothérapeutique

25 12

P=0,003 (Chi2) ATCD d’hospitalisation en psychiatrie

17 9

P=0,01

(Test exact de Fisher) Nombre d’hospitalisations en

psychiatrie Moyenne des rangs : 28,5

Moyenne des ranges : 43,8

P=0,003

(U de Mann-Whitney) Nombre de tentatives de suicide vie-

entière Moyenne des rangs : 35,7

Moyenne des rangs : 24,3

P=0,04

(U de Mann-Whitney) ATCD de tentative de suicide dans la

famille 7 5

P=0,04

(Test exact de Fisher) ATCD psychiatrique dans la famille

25 9

P=0,05 (Chi2) Groupe de RUD élevé vs moyen et faible

(aux urgences) 9e 5e P=0,007 (Chi2) Suivi à 6 mois 19 8 P=0,05 (Chi2)

Traitement psychotrope à 6 mois 18 10

P=0,001 (Test exact de Fisher)

e = élevé ; RUD = Risque Urgence Dangerosité ; ATCD = antécédent

5.2 Régression logistique

Après sélection des variables statistiquement significatives à la fois les plus fortes statistiquement et les plus pertinentes cliniquement, la régression logistique pas-à-pas met en évidence une corrélation positive entre un antécédent d’hospitalisation en psychiatrie et le fait d’être admis aux urgences sous la forme d’idéations suicidaires sans être passé à l’acte, avec un odds ratio de 17 (p=0,0011, IC95% : 3,1-95,4) par comparaison avec ceux admis aux urgences suite à un passage à l’acte suicidaire. L’hospitalisation en psychiatrie semble ainsi être un facteur protecteur de passage à l’acte suicidaire au sein de cet échantillon.

L’analyse multivariée met également en évidence une corrélation négative entre le nombre de tentatives de suicide antérieures et le fait d’être admis aux urgences pour idéations suicidaires sans être passé à l’acte, avec un odds ratio de 0,2 (p=0,0078, IC95% : 0,06-0,7) par comparaison avec ceux admis aux urgences suite à un passage à l’acte suicidaire. Un nombre croissant de gestes suicidaires semble être un facteur de risque de nouveau passage à l’acte suicidaire au sein de cet échantillon.

Lien avec le médecin traitant 23 10

P=0,01

(Test exact de Fisher) Score de dépression

dimensionnellement élevé (HAD au rappel à 6 mois)

Moyenne des rangs : 23,6

Moyenne des rangs : 35,9

P=0,02

(U de Mann-Whitney) Groupe de RUD élevé vs moyen et faible

(au rappel à 6 mois) 4e 1e

P=0,0004 (Chi2)

Tableau VI : tableau initial de la régression logistique pas à pas

Nombre de sujets = 63 ; R² = 0,791

Tableau VII : tableau final de la régression logistique pas à pas

Nombre de sujets = 64 ; R² = 0,280

Valeur de p OR IC 95%

Nombre de tentatives de suicide (vie entière) 0,9761 5,179E-13 0-0 Antécédent d’hospitalisation en psychiatrie 0,7922 0,697 0,48-10,2 Antécédent de suivi psychothérapeutique 0,9745 2,442E24 0-0 Consommation pathologique 0,7922 0,697 0,48-10,2 Risque suicidaire : Groupe de

RUD moyen

0,9915 2,653E7 0-0

Risque suicidaire : Groupe de RUD élevé

0,9857 4,769E13 0-0

Antécédent de tentative de suicide dans la famille

0,9758 1,633E18 0-0

Valeur de p OR IC 95%

Nombre de tentatives de suicide (vie entière)

0,0078 0,2 0,06-0,7

Antécédent d’hospitalisation en psychiatrie

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