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2.8 Conclusion à propos de l’approche constructale

3.1.5 Comparaison avec la théorie constructale

Etant donné le caractère multi-échelle des solutions obtenues par le biais des automates cellulaires, une comparaison avec l’approche constructale s’impose, dans la continuité des travaux de Boichot et

al. [52]. Comme explicité au fil du chapitre 2, la forme finale des structures constructales est en-

tièrement déterminée par les caractéristiques physiques du volume élémentaire. Une comparaison avec l’approche développée dans cette section nécessite donc de sélectionner une ou plusieurs struc- tures représentatives de la théorie constructale, afin de confronter leurs performances sur la base de géométries comparables : dimensions externes et largeur du puits de chaleur.

Les deux géométries servant de référence pour la théorie constructale ont été sélectionnées sur la base de deux constats :

• Le principal résultat du chapitre précédent, en accord avec [89, 102], montre que, au-delà du premier niveau constructal, l’accroissement de complexité de la structure ne conduit pas à la diminution de la résistance thermique adimensionnée R. Ghodoossi [105] a également démontré que la diminution du taux de production d’entropie n’était pas affectée au-delà de ce niveau. • En 2007, Kuddusi et Denton [104] ont développé une formulation très aboutie de la théorie

constructale pour un volume fini générant de la chaleur, mais sans production au sein du matériau hautement conducteur (qp = 0 kW/m3). Leur formulation ne repose sur aucune prédominance de direction pour le flux de chaleur et constitue en cela l’approche la plus précise formulée à ce jour.

(a) critère externe, filtre arithmétique, nmax= 500 (b) critère interne, filtre arithmétique, nmax= 500

(c) critère externe, filtre harmonique, nmax= 2000 (d) critère interne, filtre harmonique, nmax= 500

filtre critère R (×10−2) A (×10−3) arithmétique externe 1,59 9,93 interne 1,63 10,2 harmonique externe 2.30 13,4 interne 1,74 11,1

(e) Comparaison des performances.

Figure 3.13 – Comparaison de l’influence du critère de permutation interne ou externe : 200 × 200 automates cellulaires, volumes de contrôle 200 × 200 (externe) et 400 × 400 (interne), φ = 40%, ˆ

La combinaison de ces deux remarques conduit à la sélection de deux structures constructales d’ordre 1, à partir des corrélations obtenues par Kuddusi et Denton [104]. Les deux constructions du premier ordre sont respectivement constituées de six et huit volumes élémentaires, de sorte à obtenir une porosité globale dans un intervalle acceptable (5 % ≤ φ ≤ 25 %), comme représenté sur les figures 3.14a et 3.14b. Le processus de construction est effectué à l’envers par rapport à la théorie classique [83], en calculant a posteriori quelle porosité initiale du volume élémentaire φ0 permet

d’obtenir un nombre entier de volumes élémentaires, de façon similaire à la section 2.5.3.

Kuddusi et Denton [104] explicitent le lien entre le nombre de volumes élémentaires n1 et les

différents paramètres d’ordre 0 et 1 du volume fini :

n1,opt= 2 v u u t2ˆk(φ1− φ0,opt)R0,min r0,opt (3.14)

où des corrélations précises décrivent le comportement de R0,min and r0,opt en fonction du produit ˆ

0,opt. Pour un ratio de conductivité ˆk = 400, ces corrélations sont [104] :

R0,min= −0, 0355 ln  ˆ 0,opt  + 0, 1946 (3.15) r0,opt= 1, 5443  ˆ 0,opt −0,4060 (3.16) Le lien entre le volume de premier ordre et les volumes élémentaires le constituant est effectué en optimisant φ1 par rapport à φ0, ce qui conduit à la corrélation suivante pour ˆk = 400 [104] :

φ0,opt= 0, 7711φ11,2654 (3.17)

L’inclusion des équations (3.15), (3.16) et (3.17) dans l’équation (3.14) conduit finalement à :

n21,opt = [−1028, 72 ln(400φ0,opt) + 5639, 10] φ

1,1963

0,opt

+ [837, 69 ln(400φ0,opt) − 4591, 95] φ10,4060,opt

(3.18)

Cette équation est résolue numériquement afin de déterminer φ0,opt pour n1,opt = 6 et 8, condui- sant respectivement à 4, 23% et 12, 78%. Une fois les géométries réelles construites (figures 3.14a et 3.14b), un calcul direct, et exempté des approximations mentionnées dans la section 2.4.2, permet de déterminer que leur porosité globale est φ = 9, 83% and 22, 71%. Les comparaisons établies par la suite avec les autres méthodes s’appuient essentiellement sur ces deux valeurs.

Les dimensions externes (L et H), la largeur du puits de chaleur (D) et la porosité globale (φ) de chaque structure sont indiquées dans la tableau sous la figure 3.14. Suivant les observations faites dans les sections précédentes, les automates cellulaires s’appuient sur un critère interne et un filtre arithmétique, c’est-à-dire sur la combinaison qui a la plus grande capacité à générer des structures continues. Une fois les solutions établies à partir de chaque méthode, ses performances thermiques sont évaluées à l’aide du code commercial Fluent, utilisé dans les mêmes conditions que celles décrites dans la section 2.5.4. En particulier, le maillage a été réalisé attentivement afin de respecter le critère portant sur le nombre minimum de volumes de contrôle décrivant les échelles inférieures, conduisant à des structures composées d’environ 500 000 mailles triangulaires.

Les figures 3.14c et 3.14d présentent les structures obtenues en dessous de leurs solutions construc- tales respectives. Les résultats provenant des automates cellulaires sont structurellement très diffé- rents et présentent un nombre très important de ramifications. La table 3.14 indique la valeur des pseudos-fonctions R et A évaluées à partir du solveur intégré à l’algorithme, et donc sur les bases

(a) Constructale, n1 = 6 (b) Constructale, n1= 8

(c) Attraction locale, n1= 6 (d) Attraction locale, n1= 8

n1 φ H L D Optimisation Solveur R (×10−3) A (×10−3)

- - mm mm mm - - - -

6 9,83% 100 73,50 5,85

constructale Fluent 30,1 17,3

attraction locale Fluent 44,5 20,6

intégré 22,7 13,5

8 22,71% 100 62,53 11,38

constructale Fluent 11,5 6,41

attraction locale Fluent 12,2 5,98

intégré 7,13 4,22

(e) Comparaison des performances.

Figure3.14 – Comparaison des structures constructales avec les automates cellulaires basés sur des critères de permutation interne : filtre arithmétique, ˆk = 400, qp= 0 kW/m3 et q0 = 10 kW/m3.

d’un maillage relativement grossier, et à partir de Fluent et d’un maillage beaucoup plus fin. La pre- mière remarque porte sur la différence majeure entre les valeurs des pseudo-fonctions objectifs pour une structure donnée, en fonction de leur mode d’évaluation. Pour n1 = 6, R est quasiment deux

fois plus important lorsque la performance est quantifiée à partir d’un maillage fin. Pour n1 = 8, et

donc pour une valeur plus importante de la porosité φ, cette différence s’amenuise considérablement. La raison principale de cette discordance repose sur l’aspect poreux du domaine Ωp des structures à faible φ et à l’incapacité du schéma numérique développé à traduire avec un degré de détails suffisant la topologie réelle du système en raison du nombre trop faible de mailles. Quatre volumes de contrôle de température par automate cellulaire sont insuffisants pour décrire une structure présentant un nombre important d’alternances entre les deux domaines conducteurs.

De fait, une comparaison effective ne peut être menée que en considérant les valeurs obtenues au moyen de Fluent, afin d’éviter tout biais introduit par des maillages ou des schémas numériques différents. Dans ces conditions, les automates cellulaires ne fournissent un meilleur résultat que dans un seul cas : le critère A de la structure caractérisée par n1 = 8. Comme déjà mentionné, ces

mauvaises performances s’expliquent avant tout par les discontinuités au sein du réseau kpet tendent à disparaître pour des porosités φ élevées. Les travaux de Boichot et al. [52] confirment ce constat : sur les cinq structures étudiées, celle ayant le degré de performance le moins élevé par rapport à la théorie constructale est celle possédant la plus faible porosité.

3.1.6 Conclusion

Cette première approche des automates cellulaires agencés en s’appuyant sur la norme du flux de chaleur présente deux avantages. D’une part, le mimétisme avec les structures naturelles, bien qu’uniquement appréhendable qualitativement, laisse à penser que la démarche tend spontanément vers un optimum. En considérant que l’évolution des espèces biologiques confrontées aux problèmes dits volume-to-point, tel que les espèces arboricoles, ont eu des milliers de générations pour conver- ger vers une structure optimale au sens de leurs besoins, l’étude d’un algorithme y conduisant sur un critère simple semble appropriée. D’autre part, du point de vue de l’optimisation topologique, l’utilisation d’un critère de permutation local rend la convergence de l’algorithme particulièrement rapide, surtout vu le nombre important de paramètres de contrôle impliqués.

Cependant, un désavantage majeur des solutions présentées au fil de cette section porte sur l’asy- métrie des topologies. Celle-ci ne trouve aucune justification physique quand à son optimalité et complexifie pratiquement la réalisation des structures. De plus, pour de faibles porosités globales (φ ≤ 15 %), les réseaux hautement conducteurs présentent des structures relativement poreuses, c’est-à-dire composées de façon parcellaire avec du matériau k0, et même discontinues par endroit,

posant de sérieux doutes sur leurs caractères optimaux. L’analyse menée dans le cadre de l’approche constructale confirme cette tendance, suggérant qu’il existerait une porosité globale critique sous laquelle la méthode n’est pas applicable.

Le prochain défi consiste donc à établir un algorithme générant des structures à la fois symétriques et continues, tout en conservant l’approche relative aux automates cellulaires. Pour ce faire, la section suivante propose une méthode inspirée des approches évolutionnistes en mécanique du solide, dites

Evolutionary Structural Optimization. En inversant sa philosophie initiale afin de laisser croître le

domaine Ωp au sein de Ω, par le biais d’additions successives d’automates cellulaires, il est possible de satisfaire aux critères de continuité. De plus, la démarche s’appuie explicitement sur une fonction objectif, qui est minimisée à chaque itération, dessinant un algorithme plus proche de la définition de l’optimisation au sens mathématique du terme. A contrario des automates cellulaires permutant à l’aide d’un critère local, l’implantation des automates y est explicitement guidée par une fonction objectif à satisfaire.

La section suivante est la reproduction d’une communication effectuée dans le cadre de la 7ème

International Conference on Computational Heat and Mass Transfer [117]. Les notations ont été

légèrement adaptées afin de conserver une homogénéité de forme avec celle introduite dans cette section.

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