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Comparaison avec les résultats du rapport du Conseil de politique économique (CPE)

Afin d’obtenir des éléments de comparaison, nous avons étudié les résultats du rapport du CPE relatif à l’impact du vieillissement sur les systèmes de pension publique. Dans ce rapport, les auteurs des différents pays ont élaboré des projections du poids des retraites publiques dans le PIB à l’horizon 2050 selon différentes hypothèses macroéconomiques. Nous avons pris en compte que les résultats du scénario central et non pas ceux du scénario de « Lisbonne ». Les projections démographiques du rapport sont celles d’Eurostat. Afin de comparer nos résultats, nous avons retenu les chiffres du CPE pour les dépenses de retraites publiques en 2000. Ces chiffres diffèrent fortement de ceux d’Eurostat dans les pays où la part du privé dans le système de retraite est importante. C’est le cas du Royaume-Uni où le poids des retraites publiques ne représente que 5,1 % du PIB en 2000 (Eurostat : 11,2 %) .

Notre démarche s’inscrit dans un cadre commun d’analyse et un souci d’harmonisation des hypothèses macroéconomiques pour tous les pays. Celle des auteurs de l’étude du CPE est différente : ils tiennent compte dans leurs projections de certaines particularités économiques et insti- tutionnelles propres à chaque pays, en particulier des réformes des retraites. Si cela met en exergue certaines spécificités nationales et donne un important degré de réalisme aux résultats, la contrepartie est l’absence de cohérence de certaines hypothèses macroéconomiques retenues pour chaque pays, en particulier pour les taux d’activité.

Ainsi, si l’on regarde l’évolution par pays des taux d’activité des 15- 64 ans dans le scénario central du CPE, les hypothèses faites paraissent disparates et peu homogènes. Tous les pays ont un accroissement du

niveau de taux d’activité mais les variations sont de grandeur différente. D’après les hypothèses du CPE, l’Allemagne, la France et le Royaume- Uni devraient avoir une hausse très modérée de leur taux d’activité (respectivement + 1,7, + 1,0 et + 0,5 point entre 2000 et 2050) alors même que la France a potentiellement une marge d’augmentation plus importante que les deux autres pays.

Alors que le taux d’activité suédois est nettement au-dessus de celui de ses partenaires européens en 2000, les projections du CPE anticipent une hausse importante de ce taux (+ 4,4 points). La Suède se retrouve alors avec un taux d’activité supérieur de plus de 9 points à celui du Royaume-Uni en 2050. L’Espagne dont le taux d’activité devrait être majoré de plus de 8 points dépasserait également le Royaume-Uni en 2050.

L’Italie qui a le taux d’activité le plus faible d’Europe convergerait fortement vers le noyau central, atteignant le niveau de la France en 2050. Par conséquent, les niveaux de taux d’activité apparaissent difficilement justifiables lorsque l’on compare les projections nationales.

Afin de comparer nos résultats à ceux du scénario central du CPE, nous présentons nos scénarios A et B d’évolution des retraites publiques (graphique 10). 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22

Italie France Espagne Allemagne Suède UK Valeur en 2000 Scénario B Scénario ECOFIN Scénario A +4,1 +6,2 +1,7 +4,8 +3,9 +3,4 +4,5 +8,3 +6,1 +3,2 +4,3+4,5 +2,0+1,7 +2,5 +2,8 +2,1 +0,0

10. Poids des retraites dans le PIB en 2000 et niveau maximum atteint entre 2000 et 2050 selon les trois scénarios

Lecture : Pour la France, la part des retraites publiques représente 12,1 % du PIB en 2000. Elle devrait atteindre,

d'ici à 2050, entre 15,5 % et 16,9 % selon le scénario (soit une augmentation par rapport à 2000 de 3,4 points pour le scénario A et de 4,8 points pour le scénario B). Les auteurs du rapport du CPE estiment, dans leur scénario central, que la charge des retraites atteindra en France au maximum 16 % du PIB (soit une variation de 3,9 points de PIB par rapport à 2000).

Sources : ECOFIN, calcul des auteurs.

Les résultats du CPE concordent avec nos projections pour seulement 2 pays : la France et l’Allemagne. Pour la France, nous avons estimé que la variation maximum du poids des pensions publiques serait comprise entre + 3,4 et + 4,8 points de PIB selon le scénario d’activité retenu et le rapport du CPE l’évalue à + 3,9 points. Pour l’Allemagne, la projection réalisée par le CPE (+ 4,3 points de PIB) est comprise entre nos deux scénarios (+ 3,4 et + 4,8 points de PIB).

D’après le scénario central du CPE, le poids des pensions publiques suédoises ne devrait augmenter que de 1,7 point de PIB contre 2 dans notre scénario optimiste. Cette différence peut s’expliquer, en premier lieu, par l’évolution retenue du taux d’activité des suédois âgés de 15 à 64 ans (en 2050, 83,4 % pour le CPE et 80,9 % dans notre scénario optimiste). De plus, les projections du CPE tiennent compte des réformes actuelles des systèmes de retraite. Or en Suède, la réforme de 1999 a radicalement transformé les modalités d’acquisition et de liquidation en introduisant un système de comptes notionnels individuels au sein du régime public. Cette réforme a de surcroît introduit un système de retraite mixte (90 % par répartition et 10 % par capitalisation), ce qui devrait atténuer le poids des retraites publiques. Ces trois éléments expli- quent largement que les projections suédoises du rapport du CPE aboutissent à un niveau de dépenses de retraite plus faible que nos deux scénarios.

Les véritables différences dans les résultats obtenus concernent les trois autres pays. Selon les projections du CPE, la part des retraites publiques dans le PIB devrait diminuer au Royaume-Uni dans les cinquante prochaines années. Par contre, nos projections estiment une augmen- tation des dépenses de retraite publique comprise entre 2,1 et 2,8 points de PIB selon le scénario retenu. Pour retrouver les résultats du CPE, il faut supposer que la réforme en cours du système de retraites britan- niques, en augmentant la part du privé, diminue substantiellement les pensions de retraite publique (jusqu’à plus de 2 points de PIB, soit une diminution d’un tiers des pensions de retraite publique).

Dans le cas de l’Italie, les écarts entre nos projections et celle du CPE sont nettes. En effet, alors que nous estimons que la charge des retraites devrait atteindre entre 18,3 % et 20,4 % du PIB, les auteurs du CPE l’évaluent à seulement 15,9 %. Ces projections incorporent les réformes du système de retraite italien. Comme la Suède, l’Italie a mis en place un système de comptes notionnels qui permet de fixer un taux de cotisation d’équilibre unique et stable sur très longue période. La contrepartie de la stabilité du taux de cotisation se trouve dans les varia- tions du taux de remplacement. D’après notre modèle, pour retrouver le résultat du CPE à l’horizon 2050, alors même que nous retenons le scénario optimiste d’évolution du taux d’activité italien, il faudrait une diminution de plus de 25 % du taux de remplacement net moyen.

Pour l’Espagne, le problème est inverse : les résultats de nos projec- tions sont inférieurs à ceux du CPE. Les retraites publiques espagnoles représenteraient au maximum entre 13,9 % et 15,5 % du PIB selon nos deux scénarios alors que, pour le CPE, elles atteindraient 17,7 %. Les hypothèses du CPE sur l’évolution du taux d’activité sont très proches de celles de notre scénario optimiste. Néanmoins, on constate un écart de 3,8 points de PIB entre ces deux projections. Le manque de maturité du système de retraite espagnol, non pris en compte dans nos projec- tions, pourrait expliquer cette différence. Par conséquent, d’après les résultats du CPE, la générosité du système de retraite espagnol devrait s’accroître avec les années et le taux de remplacement net moyen s’élever de plus de 30 % à l’horizon 2050.

Synthèse : quatre configurations pour la

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