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Comparaison pour la population d‟enfants

Chapitre 2 : Le modèle de l’Autorégulation des Comportements de Santé et de

1. Comparaison des résultats relatifs à l’échantillon expérimental avec ceux de

1.1. Comparaison pour la population d‟enfants

Les objectifs ayant été rappelés au début de ce chapitre, nous allons directement nous intéresser aux résultats. L‟analyse de ceux-ci révèle que les enfants atteints de cancer ou avec des antécédents oncologiques ne diffèrent pas des enfants tout-venant, tant au niveau de l‟anxiété, que des stratégies de coping ou de la qualité de vie. Pour

97 rappel, notre échantillon expérimental est essentiellement composé d‟enfants hors traitement (cinq enfants étaient encore en traitement d‟entretien). Ces résultats confortent donc notre première hypothèse, à savoir que nous n‟observerons pas de différences entre la qualité de vie des enfants de notre échantillon expérimental, ainsi que les variables relatives à leur ajustement, et à celles de la population d‟enfants tout-venant.

o Ainsi, les enfants de l‟échantillon expérimental ne seraient pas plus anxieux que les enfants de notre échantillon tout-venant.

o Ils n‟utiliseraient pas plus fréquemment de stratégies de coping pour faire face à la maladie.

o Ils présenteraient une qualité de vie similaire.

L‟analyse des données descriptives des deux échantillons nous permettra d‟apporter plus de précisions à ces premiers résultats.

1.1.1. Comparaison de l’anxiété situationnelle et des stratégies de coping

Nous constatons tout d‟abord que l’anxiété-état est faible au sein de nos deux groupes d’enfants. Ces résultats sont dans la lignée de ceux établis au sein de la littérature scientifique. En effet, Wakefield et al. (2010) ont montré que, après l‟arrêt du traitement, le niveau d‟anxiété chez l‟enfant atteint de cancer a tendance à diminuer et à se rapprocher de la norme.

En ce qui concerne les stratégies de coping, cette analyse met en évidence des similitudes entre les stratégies utilisées. En effet, les deux groupes d’enfants utilisent le plus fréquemment les stratégies de coping actif et estiment celles-ci comme étant les plus efficaces, mêmes si les différences entre ce type de stratégies et les stratégies de coping d‟évitement sont faibles. Nous constatons également que les deux groupes utilisent très peu (voire pas du tout pour l‟échantillon expérimental) de stratégies négatives. Ces résultats diffèrent de ceux obtenus par Spirito et al. (1994) selon lesquels les enfants souffrant de maladie chronique utiliseraient plus de stratégies d‟évitement (la distraction et la pensée magique) et de stratégies négatives (l‟auto-critique). Ils peuvent, par contre, être mis en parallèle avec ceux obtenus par Hildebrand et al. (2011) qui montrent que les enfants atteints de cancer utilisent plus de stratégies de coping d‟approche que de stratégies d‟évitement.

98 Une analyse item par item révèle que les enfants de l‟échantillon expérimental utilisent la régulation émotionnelle le plus fréquemment et jugent la restructuration cognitive comme étant la plus efficace, tandis que les enfants de l‟échantillon tout- venant utilisent le plus fréquemment la distraction et jugent le support social comme étant la stratégie la plus efficace, ce qui indiquent que les deux groupes d‟enfants font usage de stratégies spécifiques différentes. Notons que le statut de la stratégie de distraction reste ambigu au sein de la littérature. Elle est en effet considérée par certains comme une stratégie d‟évitement (Spirito et al., 1994) et par d‟autres comme une stratégie de coping actif (Rodgers et al., 2012). Par ailleurs, étant donné l‟absence de différences significatives entre nos échantillons et les diverses classifications de stratégies de coping définies au sein de la littérature, ces résultats restent difficiles à mettre en perspective et à interpréter.

1.1.2. Comparaison de la qualité de vie

De manière générale, les scores Ecart pour les deux groupes d’enfants est inférieur à 4 témoignant d’une qualité de vie satisfaisante. Il en résulte peu d‟incertitude dans la poursuite des buts organisés hiérarchiquement et un sentiment d‟auto-efficacité et de contrôle dans les divers domaines de vie (Missotten, 2005). Notons que les données descriptives indiquent que la qualité de vie est meilleure au sein de l‟échantillon tout-venant. Pour ce qui est de la qualité de vie mesurée par l‟AUQUEI, les scores moyens des deux groupes d‟enfants sont similaires avec un résultat légèrement supérieur pour les enfants de l‟échantillon expérimental. Ces résultats coïncident avec ceux de Maurice-Stam et al. (2009) ainsi qu‟avec ceux de McDougall et Tsonis (2009) qui mettent en évidence que la qualité de vie des survivants d‟un cancer pédiatrique est bonne, voire dans certains cas meilleure que celle de leurs pairs en bonne santé. L‟analyse des valeurs maximales au sein des données descriptives a révélé un score Ecart très élevé (indicateur d‟une qualité de vie très médiocre), ce qui suscite notre étonnement. Il s‟agit toutefois du résultat d‟un seul enfant. Curieusement, le score Ecart du père de ce même enfant est inhabituellement faible (ce qui révèle une très bonne qualité de vie). Nous ne disposons toutefois pas de données cliniques suffisantes afin d‟étayer ces résultats surprenants et contradictoires.

Les scores moyens d‟Ecart les plus faibles (indicateurs d‟une bonne qualité de vie) pour les enfants de l‟échantillon expérimental sont obtenus pour les domaines

99 relatifs aux relations avec les grands parents, aux résultats scolaires, aux vêtements, aux activités extra-scolaires non sportives et aux contacts avec les amis. Parmi ceux-ci, trois items ont obtenu des moyennes inférieures négatives. Celles-ci sont révélatrices d‟un dépassement par l‟enfant de ses propres objectifs dans les domaines concernant les relations avec les grands parents, les résultats scolaires et les vêtements. Selon Missotten et al. (2007), dans les critères de qualité de vie essentiels pour les enfants, il apparaît que les parents, les proches et la vie familiale sont importants pour les plus jeunes enfants alors que le groupe de pairs a plus d‟influence pour les plus âgés. L‟analyse de ces items révèle que, pour les enfants de notre échantillon expérimental, il s‟agit des grands-parents et puis des amis, tandis que, pour les enfants tout-venant, les relations avec maman sont celles qui ressortent.

Les scores moyens d‟Ecart les plus élevés (indicateurs d‟une mauvaise qualité de vie) pour les enfants de l‟échantillon expérimental sont obtenus pour les domaines concernant les relations avec les frères et sœurs, la tolérance à la frustration, l’apparence physique, la douleur physique et l’obéissance. Les recherches ont montré que les survivants d‟une pathologie oncologique peuvent connaître une période de transition caractérisée par des difficultés psychologiques (Eiser, 2007 ; Wakefield et al., 2010). Ils peuvent notamment être plus conscients des risques potentiels futurs pour leur santé. Notons que parmi les items du module cancer, l‟item concernant l‟anxiété relative aux traitements et/ou au suivi médical obtient un résultat très élevé, alors que la plupart des enfants n‟étaient plus en traitement. Ce résultat n‟est pas sans évoquer la peur de la rechute ou d‟être atteint d‟un second cancer qui fait partie de la détresse émotionnelle vécue par les adultes atteints de cancer après leur traitement (Wakefield et al., 2010). Cette peur pourrait donc être également importante pour l‟enfant. Par ailleurs, Eiser (2007) a mis en évidence que deux tiers de ces enfants font l‟expérience d‟effets à long terme au niveau physique et au niveau psychosocial. Ces effets peuvent apparaître dans les cinq ans après l‟annonce du diagnostic, mais également au-delà de cette limite. Même si les enfants de notre échantillon expérimental semblent en moyenne disposer d‟une bonne qualité de vie, certains d‟entre eux peuvent ressentir ces difficultés à la suite de la maladie et de son traitement. Les survivants de cancer sont aussi conscients qu‟ils sont différents de leurs pairs en bonne santé (Eiser, 2007). A la lumière de ces éléments, il semble

100 cohérent que les domaines liés à la douleur et l‟apparence physique soient liés à une moins bonne qualité de vie au sein de notre échantillon expérimental d‟enfants.

Enfin, il est intéressant de noter que les domaines pour lesquels la qualité de vie est la plus médiocre au sein de l‟échantillon expérimental semblent être similaires à ceux observés au sein de la population générale d‟enfants, en ce qui concerne l‟apparence physique, la douleur physique la tolérance à la frustration et les relations avec les frères et sœur. En effet, certains de ces domaines ont également été mis en évidence dans notre échantillon tout-venant (l‟apparence physique, la douleur physique et la tolérance à la frustration), ainsi que dans l‟étude d‟Etienne et al. (2011) au sein d‟un échantillon de 288 enfants tout-venant (la douleur physique, l‟apparence physique et les relations avec les frères et sœur). Il est intéressant de remarquer que si plusieurs études ont investigué l‟impact de la maladie chronique (Barlow & Ellard, 2006 ; Bradford, 1997), et plus spécifiquement du cancer (Houtzager et al., 2004 ; Norris, Moules, Pelletier & Culos-Reed, 2010), sur l‟ajustement et la qualité de vie des frères et sœurs, le point de vue de l‟enfant malade quant à ses relations avec ceux- ci et leur impact sur sa propre qualité de vie mériterait peut-être d‟être pris en compte.