• Aucun résultat trouvé

PARTIE 3. ÉVALUATION DES RETOMBÉES DU PQJ SUR LE CHEMINEMENT DES JEUNES

6.3. Comparaison des jeunes du PQJ avec les jeunes du groupe de référence

Avant de présenter les résultats des analyses effectuées sur le groupe de référence, il convient de rappeler certaines limites inhérentes à l’utilisation d’un groupe de référence tel que celui-ci. Premièrement il faut garder à l’esprit que l’échantillon du groupe de référence est petit et qu’un seul jeune compte pour une grande proportion du groupe (n=15). Une autre limite importante à considérer dans l’interprétation des résultats concernant les jeunes du groupe de référence est l’absence de triangulation entre les données comme ce fut le cas pour les jeunes du PQJ. Pour mener à bien le processus de

73 codification des modèles d’insertion et ultimement des trajectoires des jeunes du PQJ, la version à la fois des jeunes et des intervenants étaient utilisées et confrontées entre elles. Pour les jeunes du groupe de référence, seule leur propre version est considérée et il se peut qu’elle ne soit pas en tout point exacte. Toutefois, il a été tout de même possible de croiser les discours des jeunes du groupe de référence à la grille de sévérité du profil remplie par les éducateurs ou travailleurs sociaux des jeunes, ce qui a permis de valider certaines informations.

Également, tel que mentionné précédemment, bien que comparables en termes de sévérité du profil global, les deux groupes de jeunes présentent des caractéristiques particulières. La caractéristique propre aux jeunes du groupe de référence la plus influente sur la trajectoire d’insertion est le plus grand support parental dont ils bénéficient. Leur famille semble en effet plus présente et plus apte à s’occuper adéquatement d’eux, et par conséquent plus supportante. Précisément, elle permet dans plusieurs cas la stabilité résidentielle.

Finalement, l’attrition dans le groupe de référence entre les deux prises de mesure semble toucher les jeunes aux profils les plus sévères, ce qui n’est pas le cas chez les jeunes du PQJ, dont l’attrition est somme toute infime (6% comparativement à 42% pour le groupe de référence). Il est important de garder ces limites à l’esprit lors de l’interprétation des résultats comparatifs.

Malgré les différences entre les groupes, la comparaison sert davantage à mesurer la valeur ajoutée du PQJ en terme de processus plutôt qu’en terme de finalité. Il s’agit de mesurer le chemin parcouru et la profondeur des changements en fonction d’un point de départ plutôt qu’uniquement en fonction d’un point d’arrivée ce qui du point de vue évaluatif permet de d’illustrer certains points critiques des processus sociaux à l’étude. Les jeunes du groupe de référence se répartissent à travers les différentes trajectoires d’insertion dans des proportions similaires aux jeunes du PQJ. Le Tableau 8 montre que

les jeunes du groupe de référence se retrouvent en trajectoire constructive dans les mêmes proportions que les jeunes du PQJ.

Tableau 8. Répartition des jeunes des deux groupes selon la trajectoire d’insertion Groupe d’appartenance Trajectoire PQJ Groupe référence Total Descendante et vulnérabilisante 20 26,7% 3 20,0% 23 25,6% Stable et vulnérabilisante 13 17,3% 3 20,0% 16 17,8% Stable et constructive 6 8,0% 2 13,3% 8 8,9% Ascendante et constructive 48,0% 36 46,7% 7 47,8% 43 Total 75 100% 15 100% 90 100%

À première vue, l’intervention PQJ ne semble pas décisive sur les trajectoires des jeunes vers l’insertion dans une vie d’adulte autonome puisque les jeunes n’ayant pas bénéficié de l’intervention se retrouvent dans des proportions similaires dans des trajectoires constructives ou vulnérabilisantes. Toutefois, il est important de noter que les modèles d’insertion sont différents entre les groupes, notamment en ce qui concerne les dynamiques relationnelles prépondérantes. Parmi les jeunes en trajectoire constructive, au terme du T7, les jeunes du groupe de référence se retrouvent davantage dans une dynamique relationnelle d’indépendance alors que les jeunes du PQJ se situent davantage dans une dynamique d’interdépendance.

C’est donc dire que les jeunes du PQJ, au terme de l’intervention, sont en quelque sorte mieux nantis du point de vue relationnel. Ils ont su s’entourer de personnes vectrices et supportantes, qui seront présentes en cas de besoin. Avec l’aide de leurs soutiens, ils se sont impliqués dans l’intervention et engagés activement dans des projets. Pour les jeunes du groupe de référence qui évoluent dans un modèle d’indépendance constructive, le caractère constructif de leur trajectoire semble plus précaire. Ne s’étant pas engagés envers leurs principaux supports dans leur mise en mouvement, ils sont plus susceptibles

75 de vivre des échecs lorsqu’ils rencontrent des obstacles, de ne pas savoir comment réagir devant l’adversité. Ils se retrouvent dans un processus constructif souvent parce que les aspects vulnérabilisants de leur vie sont passés sous silence ou encore ne sont pas perçus comme tels par les jeunes. Alors que les jeunes du PQJ se retrouvent en trajectoire constructive parce qu’ils ont su surmonter les obstacles rencontrés, notamment avec l’aide de leur IPQJ et de leur réseau de soutien dont ils sont davantage conscients.

Par ailleurs, un exemple d’une trajectoire descendante et vulnérabilisante est retrouvé à trois reprises parmi les jeunes du groupe de référence (20%) et est directement lié à l’absence de support vecteur institutionnel post placement, ce qui n’a pas été recensé parmi les jeunes du PQJ. Dans ces trois cas, les jeunes avaient, au cours de leur placement, fait l’objet d’une intervention à large spectre sur l’autonomie résidentielle et sur la qualification par leurs éducateurs réguliers de centre jeunesse et leur travailleur social attitré, intervention relativement similaire à ce qui a été faite par les IPQJ. À la fin du T6, ils se retrouvent tous trois dans un modèle d’interdépendance constructive et s’impliquent activement dans leurs projets. Deux ont même quitté leur milieu de placement avant l’atteinte de la majorité puisque qu’ils étaient jugés aptes et suffisamment autonomes pour vivre un passage à la vie adulte harmonieux, sans trop de heurts. Mais dès lors qu’ils se sont retrouvés sans ce soutien institutionnel, ils n’ont su se maintenir seuls dans un processus constructif : ils ont recommencé à consommer, ont quitté l’école ou n’ont pas su se maintenir en logement autonome. Ce qui dénote toute l’importance de l’accompagnement des IPQJ après la fin de la prise en charge par les centres jeunesse pour assurer un minimum de soutien au moment où les jeunes sont les plus vulnérables.

Au terme de la présentation des trajectoires globales des jeunes participants du PQJ, il convient de présenter les résultats en fonction des différents axes d’intervention du PQJ, soit l’autonomie (résidentielle), la qualification et l’insertion sociale. Cette présentation permettra de mieux mettre en scène les différentes composantes de l’intervention dans le soutien au jeune, ainsi que les retombées directes et indirectes de l’intervention sur les trajectoires des jeunes. Elle permettra également de comprendre la nature des

changements différentiels entre les jeunes du PQJ et du groupe de référence. Mais avant d’aborder l’analyse par axes d’intervention, il convient de présenter les résultats des analyses sur l’évolution générale des jeunes issus des échelles de sévérité du profil, des dispositions personnelles et de l’ACLSA.

6.4. Analyse des scores obtenus aux échelles de sévérité du profil, de dispositions

Documents relatifs