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3. Article

4.3 Comparaison de nos résultats avec les études publiées

Tel que mentionné précédemment, dans une étude rétrospective de 258 patients caucasiens (82 % femme, âge médian 43,6 ans), Nakamura et al. ont démontré une augmentation du risque fracturaire de deux fois celui de contrôles appariés pour l’âge et le sexe provenant la population générale des États-Unis suite à un RYGB64. Les résultats de cette étude sont difficiles à comparer aux nôtres puisque le nombre de patients

ayant subi un RYGB dans notre cohorte est faible, ce qui ne nous permet pas de tirer de conclusions sur ce type de chirurgie. Nous avons cependant pu démontrer qu’une autre chirurgie de type mixte, soit la BPD, était

également associée à une augmentation du risque de fracture. Bien que les sites fracturaires soient difficilement comparables individuellement puisqu’ils ont été classifiés de différente façon, ils ont aussi observé une augmentation du risque de fracture ostéoporotique (hanche, poignet, humérus et colonne). Dans notre étude, les patients ont subi une fracture précocement par rapport à ceux de l’étude américaine, avec un temps moyen de 3,9 ans (vs. 13 ans). Cela peut être dû à un risque fracturaire initial supérieur, à un temps de suivi plus court, à différentes techniques chirurgicales et à différents protocoles de suivi per et post opératoires. Par ailleurs, Lu et al. ont démontré que le risque fracturaire, tous sites confondus, était augmenté de 1,2 fois suite à la chirurgie bariatrique chez 2 064 patients taiwanais (64 % femme, âge moyen 31,8 ans) comparativement aux 5 027 contrôles appariés selon un score de propension sur un suivi moyen de 4,8 ans. Bien que l’âge moyen de la population de cette étude soit d’environ une dizaine d’années inférieur à l’âge moyen de notre population, nos résultats sont concordants avec l’étude de Lu et al., avec un risque de fracture augmenté de 1,44 fois suite à la chirurgie bariatrique. Pour le risque fracturaire par site, ils ont cependant démontré une augmentation du risque de fractures aux sites non ostéoporotiques, soit la clavicule, la scapula, le sternum, le pied et les orteils, et n’ont pas pu mettre en évidence d’augmentation du risque de fracture aux sites ostéoporotiques. Il faut cependant noter que le nombre de fracture à ces sites était petit (n=23, soit 12 % des fractures), ce qui a pu limiter la robustesse des résultats. Il est aussi possible que l’âge de la population bariatrique dans cette étude contribue à expliquer les résultats puisqu’ils sont à leur pic de masse osseuse, atténuant possiblement l’impact de la chirurgie bariatrique sur l’incidence de fracture ostéoporotique. Dans l’étude thaï, l’augmentation du risque était valable uniquement pour les chirurgies malabsorptives (dérivation gastrique haute et gastroentérostomie) et non restrictives, ce qui est également en accord avec nos résultats. En effet, nous n’avons pu démontrer d’augmentation du risque de fracture avec les chirurgies purement restrictives telles que l’AGB et la SG. Nous avons cependant pu démontrer une augmentation du risque de fracture suite à la BPD, une chirurgie ayant une forte composante malabsorptive. Le nombre de patients ayant subi un RYGB dans notre étude n’est pas suffisant pour nous permettre d’avoir des résultats significatifs pour ce type de chirurgie.

L’étude de Yu et al. se rapproche grandement de la nôtre de par sa méthodologie et ses résultats, bien qu’elle ait évalué l’impact du RYGB seulement sur le risque fracturaire contrairement à notre étude qui elle a évalué l’impact de plusieurs types de chirurgie bariatrique. Malgré qu’ils n’aient pas inclus les fractures vertébrales et que les contrôles soient un groupe d’obèses ayant subi l’installation d’une AGB, ils ont également documenté un risque fracturaire augmenté tous sites confondus de l’ordre de 1,43 fois alors que notre étude a trouvé un risque fracturaire augmenté de 1,44 fois. Ils ont pu confirmer une augmentation du risque de fracture de la hanche et du poignet, mais pas pour l’humérus et le bassin lorsque pris individuellement. Cependant, il faut

noter que le nombre de fractures était petit pour ces sites (n=31 et n=10), ce qui ne permet pas de tirer de solides conclusions. Il est intéressant de constater que nos courbes de survie sans fracture sont pratiquement identiques pour ce qui est de l’AGB et du RYGB, avec une survie sans fracture d’environ 97 % et 88-92 %, respectivement66 (Figure 10). Il semble donc se confirmer que le RYGB est plus dommageable sur l’intégrité

osseuse que l’AGB. Il faut cependant noter que nos résultats pour ces deux types de chirurgies, bien que similaires, ne soient pas significatifs.

Figure 9 : Courbes de survie sans fracture selon les types de chirurgies bariatriques. À gauche, étude de Rousseau et al., 2016. À

droite, étude de Yu et al., 201766.

D’un autre côté, Lalmohamed et al. n’ont pas pu démontrer d’augmentation du risque chez 2 079 patients (84 % femme, âge moyen 44,6 ans) ayant subi pour la majorité (60 %) l’installation d’un AGB ou un RYGB (29 %) comparativement à 10 442 contrôles appariés pour l’âge, le sexe et l’IMC sur un suivi moyen de 2,2 ans. Néanmoins, ils rapportent une tendance à l’augmentation du risque après 3 à 5 ans. Le court temps de suivi, le faible nombre de fractures (n=39) et la prédominance des AGB, qui dans notre étude ne semblait pas augmenter le risque fracturaire et qui sont souvent pratiquées chez les individus moins obèses ayant moins de comorbidités, peuvent expliquer les différences de résultats obtenus. Néanmoins, le temps médian à la première fracture dans notre étude est de 3,9 ans, ce qui correspond à la tendance qu’ils ont obtenu concernant l’augmentation du risque de fracture entre 3 et 5 ans. De plus, bien que leurs résultats ne soient pas significatifs en lien avec un petit nombre de fracture, il y a une tendance à l’augmentation du risque de fracture avec l’augmentation du pourcentage d’excès de poids perdu, ce qui pourrait concorder avec nos résultats, sachant que la BPD est la chirurgie bariatrique induisant la plus grande perte pondérale.

Douglas et al. n’ont pas non plus été en mesure de démontrer une augmentation du risque fracturaire chez 3 882 patients bariatriques (81 % femme, âge moyen 45 ans), dont 47 % avait subi l’installation d’une AGB, 37 % avait eu un RYGB et 16 % une SG, comparativement à un nombre équivalent de contrôles appariés pour l’IMC et selon un score de propension sur un suivi moyen de 3,4 ans. Le petit nombre de fracture (n=39), le

nombre important d’AGB dans leur cohorte bariatrique ainsi que l’exclusion des patients ayant des antécédents de fracture peuvent expliquer les résultats divergents68.