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Ces valeurs peuvent être comparées aux valeurs précédemment obtenues par les missions polaires à partir d’observations visuelles. Les valeurs existantes dans la littérature sont celles des

missions polaires de Port Martin en 1950-1952 (Prud’homme and Valtat, 1957), des observations

obtenues à la station Charcot pour les années 1958-1959 (Garcia, 1961) et des observations faites à

la station Amundsen-Scott entre les années 1989 et 2001 (Mahesh et al., 2003). Les valeurs

mensuelles d’occurrence sont obtenues en divisant le nombre d’observations avec transport éolien

par le nombre d’observations totales par mois. Les observations sont faites à heures fixes et

permettent d’avoir une idée de la distribution de l’occurrence sans fournir une valeur exacte. Les

valeurs sont synthétisées dans la Figure 71.

Figure 71 : pourcentage moyen mensuel d’occurrence de transport aux SMNAs de Terre Adélie, observée visuellement à la base Port Matin, la base Charcot et la base Amundsen-Scott

La même variation intra-annuelle est observée sur toutes les stations depuis le plateau

Antarctique (la station Amundsen Scott) jusqu’à la côte (la station de Port Martin). Les endroits où

les occurrences de transport sont les plus faibles sont situés sur la côte et sur le plateau. Dans la

pente, les valeurs sont maximales à D47 et diminuent de part et d’autre.

Les événements de transport importants, c’est à dire les périodes de transport éolien de neige

avec un flux supérieur à 20 g.m

-2

.s

-1

, peuvent être déterminés aux stations où des FlowCapts seconde

génération sont installés (cf. chapitre II). La même démarche est appliquée que précédemment sauf

que le seuil de détection de transport passe de 0,001 g.m

-2

.s

-1

à 20 g.m

-2

.s

-1

pour les SMNAs D17 et

D47 (Figure 72).

Figure 72 : pourcentage mensuel d’occurrence de transports éoliens de neige importants (flux mesurés par les FlowCapt seconde génération supérieurs à 20 g.m-2.s-1) aux SMNAs D17 et D47. Les valeurs d’événementiel total présentées précédemment sont représentées en formes noires non remplies

La variation intra-annuelle est moins marquée que pour l’intégralité des transports éoliens.

Certains mois en hiver possèdent une occurrence de transport importante mais aucune variation

claire n’est distinguable. La SMNA D17 possède des valeurs inférieures à celles de D47 et les

valeurs mensuelles restent importantes.

Le transport se produit très fréquemment en Terre Adélie. Une variabilité intra-annuelle existe

avec un minimum lors des mois de novembre à janvier. Cette variabilité ne se retrouve pas dans

l’occurrence des chasse neige importants. Certains mois hivernaux peuvent avoir une occurrence de

chasse neige important de plus de 80 %. Ces derniers vont avoir une forte influence sur la

redistribution de la neige.

3.2.3.2 Détermination des évènements de chasse neige bas

(Prud’homme and Valtat, 1957) définissent la distinction entre le blizzard et le chasse neige. Elle

tient en la présence ou l’absence de précipitations. Dans le cas du blizzard, une chute de neige est

balayée par le vent alors que dans le cas du chasse neige, c’est la reprise d’anciennes particules du

manteau neigeux par le vent. Cette distinction est quasiment impossible à faire entre un fort

blizzard et un chasse neige dit « dense » comme le rappelle André Prud’homme et cela vaut encore

actuellement avec le matériel disponible en Terre Adélie. La distinction entre chasse neige faible et

chasse neige dense se fait sur la visibilité :

• si la visibilité au niveau de la tête de l’observateur n’est pas gênée, alors le transport

est considéré comme un chasse-neige faible (ou drifting snow en anglais) ;

• au contraire si la visibilité est gênée, alors le transport est considéré comme un chasse

neige dense (ou blowing snow en anglais).

Cette définition est utilisée dans les rapports des missions polaires (Leonard et al., 2011; Mahesh

et al., 2003). Météo France utilise le terme chasse neige basse et chasse neige élevé avec la même

définition et c’est celle que nous allons conserver par la suite. Cette distinction met en jeu des

notions subjectives et n’est reliée à aucune distinction physique proprement dite entre la couche de

saltation et de diffusion. Elle est par contre aisée à mettre en pratique par les observateurs sur le

terrain et elle peut également être obtenue dans une certaine mesure avec les SMNAs et permettre

une comparaison avec les anciennes données obtenues en Terre Adélie.

Le FlowCapt installé juste au-dessus de celui en contact avec le sol permet de distinguer le chasse

neige bas de celui élevé. En effet, la séparation entre les deux FlowCapts est située, selon

l’enterrement du FlowCapt inférieur, entre 0 à 1 m de hauteur.

La hauteur de séparation entre les deux FlowCapt est inférieure à la hauteur moyenne supposée

de la tête d’un observateur. Cependant elle permet toujours, par moment, de distinguer les

événements de transport faible qui se produisent uniquement dans la première dizaine de

centimètres des autres transports plus importants. Nous utiliserons donc cette définition : le chasse

neige bas ne se produit que dans les premières dizaines de centimètres et le chasse neige élevé se

produit au moins à cinquante centimètres et peut diffuser plus haut. Pour cela, nous n’utiliserons

que les données où la séparation des FlowCapts au contact du sol et celui placé juste au-dessus est

situé entre 0,5 m et 1 m de hauteur. Le nombre de chasse neige bas est divisé par le nombre de

chasse neige total pour obtenir le pourcentage d’occurrence de chasse neige bas par rapport à tous

les événements de transport sur les années 2010 et 2011 au SMNAs de D3 et de D47 (Table 13).

Table 13 : occurrence de chasse neige bas par rapport à tous les événements de transport lors des années 2010 et 2011 aux SMNAs D3 et D47 et occurrence des chasse neige dont la hauteur maximale est inférieurs à 4,5m à la SMNA D17 pour

2010

Période de mesures Occurrence de chasse neige bas

Occurrence de chasse neige inférieurs à

4,5m SMNA D3 SMNA D47 SMNA D17

2010-2011 6,7 % 6,8 % -

L’occurrence de transport de chasse neige bas est de l’ordre de 7% aux deux stations où cette

comparaison peut être faite. Cette valeur est proche de celle de 5% déduite à Amundsen-Scott par

des observations visuelles (Mahesh et al., 2003). Ces deux valeurs sont plus basses que celles

obtenues par les Expéditions Polaires Françaises (EPF) dont les mesures fournissent une

occurrence de 58% à Port Martin pour les années 1950 à 1952 et de 28% à la station Charcot pour

les années 1958-1959. La différence provient sans doute de la définition de chasse neige bas et

élevé. Pour les EPF, la définition du chasse neige bas et élevé varie suivant les observateurs et

aucune définition claire n’est précisée si ce n’est que la visibilité « horizontale ou verticale » lors de

chasse neige élevé « est relativement importante » (Prud’homme and Valtat, 1957). Cette définition

laisse à penser que la distinction entre les chasse neige bas et élevés se situe à une hauteur plus

importante que 1 à 2 m. La SMNA tour peut nous renseigner dans ce cas. La hauteur de séparation

entre les deux FlowCapts se situe entre 4,5 et 6 m sur l’année 2010. L’occurrence de transport dans

les seules couches inférieures entre 4,5 et 6 m de hauteur (suivant la hauteur inférieure du FlowCapt

supérieur de la SMNA tour) est de 17 % ce qui est plus proche des valeurs des EPF et confirme

l’hypothèse d’une séparation faite par les observateurs à une hauteur plus importante.

La valeur d’occurrence de chasse neige bas n’est pas constante et varie au cours de l’année. Un

maximum d’événements de chasse neige bas par rapport aux chasse neige élevés est présent durant

les mois de novembre-décembre-janvier-février qui sont également les mois où la durée du

transport est la plus courte par rapport aux autres mois.

Figure 73 : occurrence mensuelle de chasse neige bas par rapport à l'ensemble des épisodes de chasse neige (à gauche) pour les SMNAs D3 et D47 lors des années 2010 et 2011 obtenue à l’aide des observations visuelles à Port Martin pour les années 1950 et 1951 et à la station Charcot pour l’année 1959 (à droite)

3.2.4 Evènementiel et vitesse des vents

L’occurrence du transport pour une vitesse de vent donné peut renseigner sur la capacité de ce

vent à générer du transport (Mann et al., 2000). La vitesse mensuelle moyenne des vents peut dans

un premier temps être comparée à l’occurrence de transport mensuel. L’ensemble des transports est

pris en compte, qu’il s’agisse de chasse neige bas ou élevés. Pour que la comparaison ait un sens, les

vitesses des vents à 2 m de hauteur pour toutes les stations vont être comparées avec l’occurrence

de transport. La vitesse moyenne des vents est calculée en supposant un profil logarithmique de

l’atmosphère et en supposant la hauteur de rugosité égale à 1.9 10

-3

m. L’occurrence de transport

peut ainsi être comparée à la vitesse des vents à 2 m de hauteur lorsque l’on dispose de la donnée

de hauteur (Figure 74).

Figure 74 : occurrence mensuelle de transport en fonction de la vitesse mensuelle des vents à 2 m de hauteur pour les SMNAs D3, D17 et D47. Tous les épisodes de transport sont considérés. La SMNA D17 ne comprend qu’une année de mesures, l’année 2011 n’ayant pas de référence de hauteur

L’occurrence est proportionnelle à la vitesse mensuelle jusqu’à une valeur de 12 m.s

-1

. Passée

cette valeur, la fréquence est maximale et oscille entre 90 et 100%.

Si nous revenons aux valeurs demi-horaires, à chaque vitesse de vent, la présence ou l’absence

de transport est déterminée pour une vitesse donnée. Le rapport entre le nombre de pas de temps

avec transport sur le nombre de pas de temps total de cette vitesse de vent permet de déterminer

l’occurrence de transport.

Comme pour les vitesses de frottement seuil, nous allons enlever les périodes où les valeurs de

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