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Communication tactile interspécifique

PARTIE 3 : Une communication homme-chien efficace

E. Communication tactile interspécifique

Les contacts physiques sont très importants dans la communication homme-chien : les caresses et les massages renforcent le lien entre le maître et son chien et peuvent être utilisés comme récompense lors de l’apprentissage.

Par ailleurs, les éducateurs de chiens d’assistance pour handicapés moteurs ont trouvé un intérêt à masser leurs chiens avant, pendant et après le travail par des mouvements doux et lents sur le dos, la tête et le ventre. Ils ont remarqué que ces massages permettaient de calmer les chiots afin de les rendre plus attentifs et concentrés sur le travail qui leur est demandé ensuite. Ils permettent également de relaxer les chiens trop stressés. [77] Il serait possible de s’inspirer de cette méthode en agility en procédant à ces massages au moment des séances d’éducation et d’entraînement, et même avant et pendant les compétitions.

La communication tactile peut aussi être liée à la communication olfactive : quand le chien se frotte contre son maître, il recherche un contact physique, mais il l’imprègne également de son odeur.

III. La hiérarchie dans les groupes homme-chien

De nos jours, la plupart des personnes interrogées dans les enquêtes qualifient le chien de

« membre de la famille », « ami »… [3] Ces qualificatifs sont le reflet de l’affection que les propriétaires portent à leur chien et du rôle de chien de compagnie qui lui est dévolu dans la plupart des cas (95 % des chiens tiennent ce rôle en France selon un récent sondage [19]).

Cependant, ces qualificatifs indiquent parfois que certaines personnes considèrent leur chien comme l’égal d’un être humain, voire comme un enfant [12]. Elles tiennent alors le rôle de

« parents » et souvent anthropomorphisent leur chien.

Par ailleurs, certains propriétaires essaient de placer leur chien au même niveau qu’eux au lieu de s’inscrire dans le système de groupe hiérarchisé tel que nous l’avons présenté précédemment et qui est la seule organisation du groupe que le chien peut comprendre. La famille humaine est pour le chien l’équivalent d’une meute dans laquelle il doit s’intégrer. A la puberté, le chien va chercher sa place dans l’ordre hiérarchique établi dans la « meute » familiale.

Plusieurs situations peuvent se produire :

- Le chien prend la place de dominant qui avait été laissée vacante ou qui était tenue par un humain trop laxiste. Le chien dominant orchestre la vie de la famille : il décide des déplacements du groupe (il gratte à la porte ou aboie quand il veut sortir, il peut aboyer ou s’interposer si un membre de sa meute tente de sortir sans lui), il organise les préséances alimentaires, il gère également les interactions entre les membres de sa meute (il s’interpose lors des contacts physiques entre dominés ou s’approche pour participer). En fait, il est à l’initiative de tous les évènements de la vie quotidienne. [78]

- Le chien est dominé par tous les membres de la famille. Il se plie aux décisions de ses maîtres et ne se permet que peu d’initiatives.

- Le chien occupe une position ambiguë car certains privilèges de dominant lui sont accordés, mais par ailleurs il doit obéir aux « dominés » humains dans d’autres circonstances (sorties en laisse par exemple). Sa position n’est pas cohérente et il risque de développer une anxiété ou de manifester des troubles comportementaux : conflits hiérarchiques et agressions des maîtres, destructions en leur absence, malpropreté. Ces anomalies comportementales sont appelées les troubles liés à la hiérarchie ou sociopathie.

La situation la plus acceptable est donc celle où le chien est entièrement dominé, ainsi la famille continue de décider de ses faits et gestes et le chien occupe une position cohérente à ses yeux.

La position dominante du maître est par ailleurs indispensable pour éduquer correctement le chien et se faire obéir. Le chien doit impérativement être correctement hiérarchisé dès la puberté pour aborder l’éducation ou un sport canin tel que l’agility. [57]

Voyons comment appliquer les critères de dominance à une famille humaine afin de positionner le chien comme dominé : [22, 78]

- Le dominant mange en premier, et en public. Il prend son temps et laisse ses restes pour les dominés, qui mangent rapidement et à l’écart. Ceci reste parfaitement valable dans une famille humaine. Les maîtres doivent manger en premier. Le chien peut assister à leur repas mais il ne doit rien obtenir à table. A la fin du repas des maîtres, le chien peut avoir sa ration, mais il doit la manger en un temps limité et dans un endroit isolé, hors de la présence des dominants. Après 10 à 15 minutes, il faut retirer la gamelle, qu’elle soit vide ou pleine.

- Le dominant occupe une position stratégique, souvent en hauteur qui lui permet d’assurer la sécurité de sa meute, de contrôler les entrées et sorties du territoire et de surveiller les mouvements des membres de sa meute. Dans la famille, le lieu de couchage du chien doit donc se trouver dans une pièce à l’écart des chambres des maîtres, loin des zones de passage comme les couloirs, les escaliers ou des issues comme la porte d’entrée. Les canapés, fauteuils et places en hauteur lui sont interdits. En revanche, le chien même dominé ne devra pas être dérangé sur son lieu de couchage. Lorsque le chien se trouve dans le passage que le maître veut emprunter, c’est le chien qui doit se déplacer pour laisser le chemin libre au dominant, ce n’est pas au maître de le contourner ou de l’enjamber. [22]

- Le dominant est également celui qui guide la meute. Ainsi, si le maître et le chien doivent passer dans un passage étroit comme une embrasure de porte, c’est le maître qui devra ouvrir la marche. De la même façon, le maître ne doit pas accepter de se faire « remorquer » en promenade. Il doit décider du trajet à emprunter et travailler la marche en laisse au pied.

[22]

- Le dominant dispose des membres de sa meute et gère les interactions entre eux. Les maîtres doivent donc être à l’origine de toutes les interactions avec le chien notamment les jeux et les caresses. Il faudra repousser le chien et le renvoyer dans son panier quand il vient réclamer un câlin ou poser une patte sur le genou de son maître (ce qui est un signe de dominance et non d’affection). Les maîtres pourront appeler le chien aussi souvent qu’ils le désirent pour une caresse ou un jeu, mais le renverront dans son panier dès qu’ils en ont assez, de façon à être à l’origine de la fin de l’interaction. A la fin d’un jeu, l’individu qui reste en possession de l’objet convoité est le dominant : le maître devra donc le plus souvent

« gagner » la partie, et rester en possession du jouet lorsqu’il met fin au jeu.

- Le dominant est le seul à avoir accès à la reproduction. Aucune manifestation sexuelle sur des personnes ou sur des objets ne devra être tolérée en présence des maîtres.

- A l’occasion des câlins, les maîtres n’hésiteront pas à prodiguer des caresses appuyées sur la tête, le cou et les épaules de leur chien, à la façon d’un chien dominant qui pose sa patte sur le dos du dominé. En revanche, ils ne laisseront pas leur chien se coucher ou s’asseoir sur leurs pieds aux cours d’éducation ni à la maison, car il peut s’agir d’un signe de dominance [49].

Par ailleurs, le dominant s’affirme par ses postures lors des interactions avec ses partenaires sociaux notamment lors de conflits. Les signes posturaux de dominance appliqués aux humains sont ceux que nous avons vus précédemment. Un humain dominant peut également soulever le chien, le prendre dans ses bras, le prendre par la peau du cou ou du dos et le secouer, le forcer à s’asseoir ou se coucher, le forcer à se coucher sur le dos, le caresser, le brosser, toucher sa face ou ses membres, mettre et enlever le collier et la laisse, tenir son museau fermé, lui mettre une muselière, prendre la nourriture ou un objet qui a de la valeur pour le chien (jouet, os, coussin), pousser ou repousser le chien, le tirer par la laisse, le tirer par une partie du corps, l’emmener vers un lieu où sa liberté est restreinte (cage, garage, cave), l’empêcher de se déplacer, le réprimander ou commander avec une voix grave et autoritaire, crier, gronder. [37, 38, 39]

La mise en place de cette hiérarchie est indispensable car elle est intimement liée au concept d’autorité. Dans une situation de dressage, pour rendre son ordre « acceptable » pour le chien, c'est-à-dire conforme aux règles et aux codes de son espèce, le maître doit absolument jouir d’une position dominante sur celui-ci afin de pouvoir lui imposer sa volonté.

Sur les bases d’une communication homme-chien efficace, nous allons maintenant présenter les méthodes d’apprentissages utilisables, et leur utilisation pour l’éducation du chien d’agility.

PARTIE 4 : Présentation des