• Aucun résultat trouvé

Partie 3 Analyse de l’état des lieux et de l’avenir du bâti en terre

3. Inventaire du bâti sur deux zones géographiques : de Saint-Georges-de-Rouelley au Teilleul et de Saint-Loup

3.2. Actions à mener pour préserver et valoriser le patrimoine bâti

3.2.1. Communication, participation, sensibilisation et aide

La communication est un élément central de la réussite de projet. Elle permet de faire participer un ensemble d’acteurs, de les concerner et de les impliquer. Il est important d’intégrer tous les acteurs à toutes les étapes du processus dès les prémices du projet. Ils peuvent être nombreux, il est important de ne pas les négliger, qu’il s’agisse :

 des services de l’État, de la région, du département, notamment l’Unité Départementale d’Architecture et du Patrimoine (UDAP) et de l’intercommunalité ;

 du Parc Naturel Régional Normandie-Maine ;

 du Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement de la Manche (CAUE) ;  des Établissements Publics Fonciers (EPF) ;

127

 des Architectes des bâtiments de France (ABF) ;  des bureaux d’études pluridisciplinaires ;  des agences immobilières et notariales ;  des propriétaires ;

 des locataires ;  des artisans ;  des commerçants ;

 des laboratoires et écoles (CRAterre et ENSAG) ;  des associations (Enerterre, AsTerre, ARPE).

Leur participation est nécessaire mais demande aussi du temps d’organisation ainsi que des compétences de communication pour transmettre les enjeux, les contraintes, les limites, les attentes. Pour s’assurer de l’adhésion de la majorité, il est primordial de les laisser tous s’exprimer. La communication doit intervenir à chaque étape et pour chaque action menée en faveur de la préservation et de la valorisation du bâti en terre crue. Elle devra être en adéquation avec les objectifs et débuter à très court-terme dès le lancement du projet. Selon les besoins, il pourra s’agir de réunions publiques, de conférences de presse, d’articles de journaux ou du site Internet de la Communauté d’Agglomération du Mont Saint-Michel Normandie, de la « Manche Libre » ou encore une chronique patrimoniale dans le Grand Format (journal local de la CA du Mont Saint-Michel). La sensibilisation et la participation au projet devra concerner tous les citoyens mais devra également s’assurer de toucher particulièrement les agriculteurs, définis comme des acteurs privilégiés du projet. L’objectif est de lancer une campagne de revalorisation du matériau terre afin de lutter contre les préjugés qu’il subit. En effet, la terre crue ne doit plus être perçue comme un matériau « pauvre » mais bien comme une opportunité écologique, sociale et économique. Pour cela de nombreuses actions peuvent être évoquées avec parfois l’application d’aides pour faciliter leur concrétisation.

Ainsi construire un bâtiment en terre crue utilisant les 3 types de construction pourrait servir d’exemple et de vitrine au patrimoine rural afin de crédibiliser et de démocratiser cette architecture à l’ensemble des acteurs. Le CAUE de la Manche pourra servir de relais pour sensibiliser les citoyens sur les possibilités architecturales liées à la construction et à la rénovation en terre crue. En plus de l’accompagnement technique, le CAUE pourra proposer des formations, des fiches techniques et des fiches architecturales, pour encourager les pratiques liées à ce matériau. À noter que le CAUE et les agents territoriaux devront prioriser les acheteurs de bâtiments en terre qui seront invités à les consulter afin de conseiller ce public sur les règles de l’art à respecter pour garder l’authenticité architecturale locale. Les propriétaires pourraient aussi recevoir par mail ou courrier l’étude de leur bâti, ce qui leur apporterait un sentiment de fierté et de reconnaissance et ainsi inciter d’autres propriétaires à sauvegarder leur bien également. Reconnaître et récompenser les meilleures interventions de réhabilitation seraient un moyen efficace également d’entraîner d’autres propriétaires par l’effet « boule de neige ». En effet, le sentiment de participation et de fierté régionale est important dans ce genre de projet, c’est pourquoi à l’instar du site breton, Kartenn, un portail d’inventaire du patrimoine pourra être mis en ligne afin de permettre à tous les citoyens de contribuer au référencement des bâtis en terre. Cet inventaire participatif est aussi un bon outil pédagogique permettant de créer du lien social.

L’intercommunalité à la possibilité de mettre en place des aides en faveur du patrimoine bâti en terre. Ces aides peuvent se présenter sous plusieurs formes et être combinées pour avoir un impact positif important sur tout le territoire. Par exemple, lors de la fête communale de Montigny à Isigny- le-Buat, tous les 2 ans, une cabane en torchis est construite et mise aux enchères. Cette simple initiative est suffisante pour faire connaître ce type de construction sur l’ensemble de la région et au- delà. Un réseau plus complexe de communication et d’aides de diverses natures pourra donc avoir un

128

impact bien plus fort sur une majorité d’habitants de l’intercommunalité du Mont Saint-Michel Normandie. Ces accompagnements pourront être réalisés par les agents territoriaux ou le CAUE afin de réaliser des démarches et des demandes pour les citoyens auprès de l’intercommunalité par exemple. Les outils d’accompagnement peuvent se présenter sous diverses formes que ce soit en faveur de la création ou de la rénovation de bâti en terre. Il peut s’agir par exemple d’aides financières sous la forme de réduction d’impôts ou encore d’aides techniques, avec la création de guides techniques, mettant en évidence les détails architecturaux comme c’est le cas pour le PNR des Marais du Cotentin et du Bessin. À noter que l’aide technologique, en développant une filière terre crue, par exemple, est importante pour permettre de réduire les coûts de rénovation et de construction de ce type de bâti. Outre l’aspect économique, la filière est un bon moyen d’associer les bienfaits sociaux et environnementaux de la terre crue à l’économie locale.

Tous ces éléments de communication et d’aide permettront de sensibiliser l’ensemble de la population aux bienfaits de l’architecture en terre en tenant compte aussi des aspects esthétiques, de la mémoire collective et de l’identité culturelle. En plus de la communication auprès des citoyens, d’autres actions doivent être mises en place pour développer l’agrotourisme et l’accueil de nouveaux arrivants.