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La communication : outil de la relation de soins ?

4.4 Analyse globale des entretiens

4.4.1 La communication : outil de la relation de soins ?

Concernant le premier thème de mes entretiens qui relate de la prise en charge du patient dément, plusieurs éléments communs ressortent. Le premier est la communication, toutes les infirmières interrogées évoquent cet élément car il est nécessaire à chaque étape de la prise en charge du patient et plus particulièrement celle du patient dément. Il est vrai que la communication avec un sujet dément est bien plus délicate que celle avec un patient lambda.

En communiquant avec le patient les infirmières vont donc s'adapter à celui-ci. De même que, communiquer permet de rechercher la congruence aux soins et donc d'obtenir le consentement

du patient. Tenter de prendre en charge un patient sans essayer de communiquer correctement n'aboutira à rien. C'est avec cette communication qu'elles vont pouvoir rassurer le patient avant un soin et entrer en contact avec celui-ci. Au final, les infirmières recherchent le consentement du patient au travers de cette communication :

« [...] on va plus aller vers... beaucoup d'empathie vis-à-vis d'elle, l'élocution est très importante, parler dis-tinc-te-ment (saccade le mot), ne pas hausser la voix, des phrases courtes. Le positionnement du soignant est très important aussi, ne pas se mettre sur le côté mais face au patient quand on lui parle et prononcer des phrases courtes et bien audibles. » (Danielle, l.16-20, Annexe IV).

« D'abord, tu expliques le geste que tu vas faire, par exemple quand tu vas faire une prise de sang tu vas dire "bah voila il faut qu'on vous fasses une prise de sang" et cetera. Après, c'est plus ou moins compris par le patient. » (Alice, l.14-17, Annexe IV).

Le choix des mots jouent un grand rôle, ainsi que l'intonation prise, l'articulation et la communication infra verbale, qui est corporelle, gestuelle.

Les entretiens montrent d'autres similitudes concernant la prise en charge du patient. Béatrice, Capucine, Danielle et Élisa relèvent la particularité de cette prise en charge qui est bien différente de celle du patient non dément. Elle demande plus de temps, d'empathie et un grand sens du relationnel. Dans chacun de ces entretiens, on note qu'une prise en charge spécifique de la personne démente a été instauré. Pour Capucine et Béatrice c'est la formation

"humanitude" qui a été mise en place :

« [...] il y a une formation qui s'appelle humanitude [...] » (Capucine, l.8, Annexe IV).

« C'est une prise en charge un peu différente de ce que l'on a l'habitude de faire. » (Capucine, l.12-13, Annexe IV).

L'humanitude est une philosophie du soin qui rejoint la démarche de bientraitance adoptée par les services et établissements médico-sociaux. Elle fait l’objet de formations dans les établissements, et plus particulièrement dans les EHPAD, afin de sensibiliser les soignants au respect de l’humanitude des résidents/patients. Ces formations considèrent le patient dans sa globalité et peuvent rappeler l'approche centrée sur la personne (ACP) de Rogers (2001). Ce

sont donc des formations concernant le soin relationnel. Effectivement, savoir mettre en place un soin relationnel est capitale pour mener à bien toute prise en charge avec le patient. Pour Danielle et Élisa, c'est la mise en place de la luminothérapie qui a été instauré : « [...]

actuellement on essaie des thérapies non médicamenteuses, ce qui est très intéressant. Alors, en ce moment on a mis en place la luminothérapie. » (Danielle, l.61-63, Annexe IV). Ces prises en charge demandent de prendre du "temps" comme le mentionnent les infirmières à l'exception d'Alice :

« C'est pas réalisé en systématique. [...] elles n'ont pas le temps [...] C'est un peu compliqué. » (Capucine, l.31-32, 34-35, Annexe IV).

« Il faut beaucoup de temps ! » (Danielle, l.27, Annexe IV).

La prise en charge d'un patient dément demande une prise de temps non négligeable sur le court terme. Cela dit, c'est ce temps consacré aux patients qui leur permettront de développer ou conserver une meilleure autonomie. Grâce à cela, les patients seront moins anxieux et réticents quant à leur prise en charge, les soins à réaliser seront donc nettement moins appréhendés et il y aura finalement un gain de temps sur le long terme. Le plus important dans tout cela est que ce temps permettra de rendre les échanges humains et améliorera le vécu des patients. Effectivement, cela leur donnera la possibilité de vivre leur prise en charge et non de la subir, car ils se sentiront pris en considération. Cela nous rappelle que la relation avec le patient est singulière, d'ailleurs les trois modes de prise en charge instaurés dans chacun des entretiens rappellent les écrits de Phaneuf où « La personne est donc au cœur des soins » (Phaneuf, 1998, p.1), mais également l'approche holistique dans laquelle la personne est considérée dans sa globalité, ainsi que l'approche basée sur la stimulation et le soutien qui met en avant la communication et qui est également citée par Phaneuf (1998). Concernant la capacité d'adaptation au patient, les rôles de l'infirmière de Jeanne Rader sont nécessaires à évoquer car ils rappellent que l'infirmière s'adapte constamment aux patients. Elle se met à la place du patient pour le comprendre, donner parfois un sens à ses paroles, pour changer sa perception de lui-même, pour communiquer avec lui pour lui apporter une richesse, et cetera.

C'est finalement grâce à ce type de prise en charge, qui rappelle les "5 C" de Gauvreau et Gendron (1994), que l'installation d'une relation de confiance entre le patient et le soignant deviendra possible.