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Ensuite, elle leur demande d’indiquer des horaires, de dire ce que la salariée fait à chaque moment de la journée. Toutes les stagiaires interviennent et essayent de se mettre d’accord sur un emploi du temps.

Quand la discussion se termine, la formatrice a rempli la grille puis, à côté elle note une liste de tâches que l’employée de maison serait censée réaliser dans la journée. Cette liste reprend chronologiquement des descripteurs du plan de séquences de l’IFEF.

Si je reprends mon analyse, je pourrais dire que l’objectif est atteint, des vraies interactions se sont produites. Au départ, la situation est forcée, les stagiaires ne répondent pas à la consigne, elles ne se sentent pas intégrées à la simulation. La formatrice veut les faire parler et non pas communiquer. Alors, elle tente la stratégie de faire parler la stagiaire qui parle mieux français et elle répond à la question mais, en vérité, l’interaction n’a pas lieu en situation réelle.

La formatrice ne tient pas compte de l’hétérogénéité du groupe, non seulement au niveau de la langue mais également des compétences professionnelles et des compétences dans d’autres langues (le fait du plurilinguisme). Mais, les réactions d’autres stagiaires deviennent par la suite le déclencheur d’interactions d’autant plus pertinentes. La simulation que la formatrice a voulu moduler n’a pas fonctionné cependant, elle a profité des interactions pour revenir à l’objectif qu’elle avait visé. Cela a donné lieu à une véritable mise en situation puisque les stagiaires ont échangé autour d’un contexte de fait qu’elles ont reconnu. La situation est devenue à elle-même l’objet et le moyen des interactions.

A côté de ces observations de terrain, j’ai effectué des entretiens entre février et mars 2010 pour établir un état des lieux des expérimentions auprès des référents des onze OF ayant participé activement ou non aux expérimentations. A la fin de l’expérimentation, un bilan118 a permis à toutes les équipes d’établir de nouveaux constats, cette fois-ci pour considérer les freins et les leviers puis, les avancées pouvant donner suite au projet FCP.

Adriana DAVANTURE – mémoire Master DCIO – La formation à la langue pour un métier fait de paroles.

Le Francais compétence professionnelle dans le secteur des services à la famille

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Tableau n° 20 - Etat des lieux de l’expérimentation FCP (25-06-2010) à l’issue des entretiens effectués auprès de 11 OF

CONSTATS AVANCEES FREINS

- La carte n’est pas un outil linéaire car les compétences et le métier ne le sont pas. Les outils ne sont donc pas statiques, ils sont évolutifs, les stagiaires le sont aussi.

- Il persiste la nécessité d’établir un langage commun au delà de la rigueur du vocabulaire de la branche, de s’adapter aux véritables interactions dans le travail

- Face aux difficultés de l’écrit, chez les stagiaires, on fait appel à toutes les ressources disponibles car on est en situation : on appel à l’aide d’autres collègues, on prend recours aux images, aux

décryptages, aux vrais documents professionnels. Pour les interactions écrites incontournables il est nécessaire de créer des documents, d’adapter à partir de ce qui existe et qui est réel dans les métiers -On crée une charpente commune de formation, mais la démarche demande de réajustements en permanence sur les faits, en action, chaque groupe et différent, chaque personne l’est aussi

- On constate la vraie difficulté des stagiaires à négocier avec leur employeur, non seulement le besoin/droit à la formation mais l’activité professionnelle : le contrat, les conditions de travail, les limites…

- La langue, l’objet langagier arrive ou n’arrive pas dans la formation, on ne peut pas la programmer, on est en situation, ça répond à la demande, aux besoins de stagiaires, il faut s’adapter - On reprend les plans de séquences IFEF et on fait le lien avec l’objet langagier à travers des repères, la transposition. On travail sur ce qu’on connaît ou ce qu’on est en train de fabriquer

- On sait que les solutions proposées en formation ne sont pas adaptées donc la volonté de changement est présente, il faut aller vers le FCP car il y a besoin de passerelles durables vers l’emploi, vers l’évolution des métiers - On connait mieux nos publics, on les identifie mieux à travers leurs besoins : salariés en difficulté d’exercer leur métier, difficulté d’accès à la certification,

éloignement de l’emploi, public en grande difficulté

- Il faut envisager la mise en application de la démarche fCP dans les ateliers des savoirs de base et les ateliers savoirs fondamentaux - La proposition répond vraiment aux attentes des publics, ils ont besoin d’opportunités d’évolution, de reconnaissance, de valorisation - on visualise déjà la possibilité de transférer la démarche, de l’élargir à partir de l’expérimentation vers d’autres terrains dans la branche. Il y a des perspectives de diffusion du projet auprès de la région, du réseau, le projet FCP pourrait devenir un projet pilote

- Une participation collective a conduit à la construction puis à la validation de la carte des

compétences de l’employé familial mais il n’y a pas encore eu lieu à l’appropriation des outils sur le terrain d’expérimentation

- Les difficultés de compréhension de la carte persistent en dehors de son utilisation comme outil d’évaluation. On craint de calquer sur le bilan de compétences IFEF, on n’arrive pas à la visualiser dans la progression à l’intérieur de la formation. L’incompréhension de la notion de transversalité est latente, on n’imagine pas comment traverser les pôles. On éprouve encore la difficulté à cerner les frontières métier/langue -Il y a encore des problèmes d’adhésion des équipes hors projet FCP, la représentation vis-à-vis des formations linguistiques classiques persiste car l’approche langagière est différente de l’approche linguistique, on prend compte de la dimension interculturelle dans la pratique du métier, c’est difficile à expliquer si on n’est pas dans l’expérimentation

- La difficulté est de se situer entre le métier et la langue, c’est le transfert de l’agir professionnel vers la langue et vice-versa, c’est une circulation permanente - Dans le travail collectif, dans l’apport de compétences, il y a un clivage qui persiste entre les formateurs « langue » et les formateurs « métier »

-Il s’avère nécessaire de définir le profil des formateurs, il faut analyser leurs besoins lors des expérimentations. Il faut constituer des équipes pluridisciplinaires : un référent, des formateurs

connaisseurs de la problématique pour former à la démarche, pour former les formateurs

Adriana DAVANTURE – mémoire Master DCIO – La formation à la langue pour un métier fait de paroles.

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