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nancés, parmi les notables de la cité d’Aphrodite et parmi les grandes dynasties familiales de l’Asie Mineure, comme celle des Vedii25.

4.3 Le combattant grec devenu romain

Les gladiateurs dans la majeure partie de l’empire avaient le statut d’es- claves et devaient se conformer aux instructions de leur maître, achetant peu à peu (s’ils le désiraient), leur liberté à chaque combat dans l’arène. Dans le monde hellénistique des cités d’Asie Mineure, on ne connaît pas vraiment l’origine sociale des combattants. Les conquêtes territoriales de l’empire de- venaient moins nombreuses durant l’instauration de la gladiature en Orient, faisant en sorte que beaucoup des combattants grecs n’étaient pas des prison- niers de guerre, mais plutôt des volontaires libres, des condamnés à l’école de gladiateurs ou de simples esclaves26. Dans le cas d’Aphrodisias, deux men-

tions sont faites par rapport à ce sujet. Ces deux inscriptions (No2 et 3)

spécifient qu’il existait des prisonniers parmi la troupe appartenant à ces deux grands-prêtres. Nous connaissons le statut social de ces derniers, mais rien ne nous indique celui des combattants. Par contre, on utilise les termes δο�λος et �λεύθερος pour distinguer les hommes libres des esclaves. De plus, le terme technique �πογραφεύς, provenant du monde de l’athlétisme grec, était utilisé pour désigner un gladiateur qui était enregistré par la signature d’un contrat.

25. Pont, 2008, p. 226-238, fait longuement état des actions évergétiques, des postes ad- ministratifs et des liens entre la famille des Carminii d’Attouda et des Flavii d’Aphrodisias.

Voilà un signe très clair d’une hellénisation de ce divertissement typiquement romain, mais surtout un signe du statut social libre que pouvaient avoir les combattants27.

4.3.1 Symboles : palme et couronne

Également, il est question d’éléments hellénistiques autant dans la symbo- lique que dans la titulature, particulièrement sur les stèles, épitaphes et reliefs funéraires retrouvés dans la ville d’Aphrodisias. Deux reliefs (No14 et 70)

montrent des hommes à la suite d’une victoire dans l’arène, casque retiré et bouclier déposé au sol, avec un rameau de palmier bien en vue pour exposer à tous les spectateurs la victoire glorieuse que le combattant a méritée. Un troi- sième relief (No22) montre un homme en combat ainsi que, semblerait-il, un

rameau de palmier à la droite. Selon Michael Carter, il était peu commun en Asie Mineure d’attester ses victoires avec des couronnes et des rameaux, mais plus fréquent de les signaler à l’aide d’un chiffre précis dans l’inscription28.

Cette affirmation semble douteuse puisque les inscriptions et reliefs trouvés à ce jour proposent un symbole de la victoire (rameau et couronne) plutôt qu’une mention dans le texte. On a également retrouvé, dans la cité d’Aphrodisias, deux reliefs où l’on honore des grands-prêtres de la cité, au courant du IIeet

du IIIesiècle, à l’aide de plusieurs représentations de la Victoire ailée tenant

un rameau de palmier (No1 et 29).

27. N’oublions surtout pas que cette liberté était toutefois liée sous contrat, engageant le combattant à des traitements similaires aux autres gladiateurs et qu’ils étaient tout autant accablés de l’infamia. Voir la section 2.5.2. Cf. Ville, 1981, p. 339-345.

28. Carter, 1999, p. 101 ; Lafaye, 1896, p. 1597 explique que la tendance à utiliser la couronne comme symbole de victoire parmi les gladiateurs, en opposition au rameau de palmier, est un phénomène proprement grec.

4.3. COMBATTANT DEVENU ROMAIN 85

4.3.2 Titulature, noms grecs particuliers et mythologie

En ce qui concerne la titulature retrouvée sur les épitaphes des combat- tants grecs, la culture hellénistique est encore omniprésente. En effet, on a retrouvé de nombreuses épitaphes mentionnant des noms grecs, souvent re- liés à sa culture et à sa mythologie. Il y a tout d’abord un gladiateur nommé Menandros, combattant contre des bêtes, pointant vers le qualificatif de l’ar- deur, mais également vers un des généraux d’Alexandre le Grand (No4). Une

autre épitaphe rapporte Skirtos (No10), proposant ainsi un qualificatif d’agi-

lité et d’habilité qui est vraiment approprié pour un rétiaire qui doit, armé simplement d’une dague, d’un trident et d’un filet, confronter le gladiateur lourd muni d’un grand bouclier ou bien se sauver de ceux qui pouvaient lui lancer un filet. On a aussi trouvé une inscription funéraire surnommant un combattant « Fortis » (No18). Étant un terme pouvant autant désigner la

force, la robustesse, le courage ou la vertu, celui-ci est emprunté du latin. Se- lon Michael Carter, les termes latins étaient utilisés en grand nombre dans la gladiature grecque et par ce fait même demeuraient tolérés par la popu- lation en général29. C’est avec des arguments comme celui-ci que l’on peut

apporter un contrepoids aux idées véhiculées par les auteurs anciens, comme il en a été question précédemment dans la section 1.3.1. Plusieurs termes latins (notamment les types de gladiateurs comme le rétiaire, etc.) ont été simple- ment empruntés et convertis en grec pour être utilisés à travers les inscriptions en Asie Mineure. Un autre était nommé « Aniketos », signifiant « invaincu »

ou « invincible »(No19). Ce genre de nom paraît spécial — surtout lorsqu’il

est trouvé sur une épitaphe — mais probablement que ce combattant ait es- suyé une ou plusieurs défaites durant sa carrière. Or, on peut effectivement comprendre le besoin d’avoir un surnom qui évoque une image particulière pour l’adversaire devant soi et surtout, pour la foule de spectateurs acclamant l’homme qui entre dans l’arène. Une autre qui présente un nom latin a été trou- vée à Aphrodisias (No22). La chose frappante, dans ce cas-ci, demeure que le

surnom « Secundos » signifie « second », ou peut-être, de façon plus plausible, « propice » ou « favorable ». Il pourrait peut-être également faire partie du sys- tème de rang établi dans une école de gladiateurs ou parmi les combattants participant aux jeux. Surprenamment, celui-ci aurait été « deuxième », mais le relief funéraire porterait (incertain) la gravure d’un rameau de palmier, un signe de victoire et, en quelque sorte, de primauté. Une inscription funéraire d’« Eirenion » a été érigée par sa femme (No70). Il est quand même étonnant

de voir un nom provenant d’un qualificatif d’amour plutôt que du courage, de l’agilité ou de la force, mais il semblerait autant approprié si l’on considère le contexte spectaculaire et divertissant des jeux. Ces combattants se devaient d’une part de gagner leur combat, mais avaient besoin également de « gagner la foule » pour recevoir ses bonnes grâces.

Allons maintenant du côté mythologique des noms grecs. Un rétiaire, sur- nommé Xanthos (No6), peut faire référence soit au dieu des rivières, qui avait

également combattu, tel un gladiateur en combat singulier, le dieu Héphaïs- tos30, ou bien ce pourrait être possiblement une référence à un des chevaux

4.4. LIEU DES COMBATS 87

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