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Coloniser Mars, du mythe à la réalité

Dans le document De la fiction à l innovation (Page 75-193)

Installer des colonies sur Mars à moyen terme et terraformer cette planète désertique à long terme est l’objectif ambitieux du milliardaire américain Elon Musk. Le créateur de PayPal, Tesla, Neuralink et Space X envisage l’envoi d’un million d’humains d’ici la fin du siècle sur la planète rouge, où il souhaite créer une véritable ville. Le prototype du vaisseau qui enverra les premiers hommes sur Mars est en cours d’élaboration, et Musk prévoit une mission au milieu des années 2020. Puis, il souhaite envoyer des centaines de vaisseaux, emmenant des colons et du matériel, pour installer durablement l’humanité sur Mars. Ses motivations sont multiples, et il justifie notamment la colonisation de Mars par la nécessité de créer une civilisation multiplanétaire en cas de disparition de la vie sur Terre à cause d’une catastrophe naturelle ou d’une Troisième Guerre mondiale. Son plan prévoit aussi dans le futur de larguer des bombes nucléaires sur les pôles de la planète dans le but d’entamer un processus de terraformation qui permettra de créer les conditions

d’habitabilité de Mars, de création d’écosystèmes qui ont d’ailleurs peut-être existé dans un lointain passé sur cette planète.

Le discours d’Elon Musk provoque des réactions ambivalentes dans la communauté scientifique, certains le considérant comme un utopiste dont il faut suivre la vision, alors que d’autres le prennent pour un fou dangereux susceptible d’engager des vies humaines et des milliards de dollars dans une quête vaine, pouvant de surcroît mener à la pollution de l’environnement martien. Il n’en reste pas moins que son discours accompagne le développement de Space X, dont un grand nombre d’innovations et de missions sont couronnées de succès. La NASA a passé de nombreux contrats avec cette entreprise, pour des vols habités vers l’ISS, mais aussi pour la prochaine mission vers la Lune. Space X monte en puissance, et pourrait révolutionner le secteur spatial à moyen terme. Il s’agit de la première grande entreprise du New Space, cette nouvelle économie impliquant l’engagement d’acteurs privés dans la conquête spatiale. Jeff Bezos, patron d’Amazon et créateur de Blue Origin, est le concurrent de Musk pour l’accès à l’espace et la conquête de la Lune, mais ne nourrit pas encore de telles ambitions pour la planète Mars35. Musk s’apprête à réaliser le rêve de nombreux visionnaires du secteur spatial, dont celui d’envoyer des hommes sur Mars était jusqu’alors relayé par la Mars Society, créée par Robert Zubrin36, qui popularisa dans les années 1990-2000 l’idée de colonies, puis d’une terraformation de Mars37.

35 davenPort Christian, The Space Barons : Elon Musk, Jeff Bezos, and the Quest to Colonize the Cosmos, PublicAffairs, 2018

36 zuBrin Robert, The Case for Space : How the Revolution in Spaceflight Opens Up a Future of Limitless Possibility, Prometheus Books, 2019

37 zuBrin Robert, The Case for Mars : The Plan to Settle the Red Planet and Why We Must, Free Press, 2011

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Cette idée fut initialement imaginée par la science-fiction, et en particulier par la Trilogie martienne de Kim Stanley Robinson, qui devint un véritable mythe sectoriel dans les années 1990. Grâce à cet auteur américain, la colonisation de Mars se popularisa et mobilisa l’attention d’un grand nombre d’acteurs. Dans Mars la rouge (1992), il envisageait une première expédition vers Mars en 2026 et l’implantation de colonies dans le but de terraformer la planète. L’ouvrage décrit une révolution en 2061, opposant notamment les pros et antiterraformation. Les ouvrages de Robinson soulèvent en effet des questions éthiques sur le projet de terraformation, certains personnages étant favorables à la création d’une deuxième Terre, ce qui est considéré comme un projet progressiste, alors que d’autres dénoncent l’illégitimité de l’humanité à transformer de la sorte une planète alors qu’elle n’a pas réussi à sauvegarder les écosystèmes terrestres. Dans Mars la verte (1993), la terraformation permet l’apparition de plantes. Dans le même temps, sur Terre, une éruption de volcans sous l’Antarctique provoque la fonte des glaces et une montée catastrophique du niveau des mers. Dans Mars la bleue (1996), de l’eau apparaît sur Mars, permettant la création de rivières et de mers. Le roman se déroule sur plus d’un siècle, marquant la réalisation du rêve des premiers colons de créer une deuxième Terre.

L’idée de terraformer Mars apparaît au début du vingtième siècle, dans le roman d’Edgar Rice Burroughs, Une princesse de Mars (1912), mentionnant la création d’une atmosphère artificiellement pour rendre Mars habitable. Dès 1910, Octave Béliard évoquait la possibilité de doter la Lune d’une atmosphère et d’une végétation pour y établir une réserve naturelle avant sa colonisation par l’humanité dans La journée d’un Parisien au xxie siècle. L’idée fut aussi mentionnée en 1930 par Olaf Stapledon dans son roman Les Derniers et les premiers, l’électrolyse de l’eau des océans devant rendre habitable

Vénus. Le terme « terraforming » fut introduit par Jack Williamson dans Collision Orbit en 1941.

Le concept de terraformation ne fut repris que dans les années 1960 par l’exobiologiste Carl Sagan, qui envisageait un tel processus sur Vénus. Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que la terraformation de Mars fut prise au sérieux par les astrobiologistes Chris McKay38, James Kasting et Carl Sagan.

La volonté de coloniser et de terraformer Mars est un projet de grande ampleur qui est pris de plus en plus au sérieux depuis qu’Elon Musk envisage d’entamer ce processus en envoyant la première mission habitée vers cette planète.

L’entrepreneur américain semble mû par la volonté de réaliser la science-fiction, aussi bien dans le registre des voitures autonomes, que des neurotechnologies ou même dans son projet de créer un Jurassic Park. Le mythe de la terraformation, formalisé et popularisé par Kim Stanley Robinson, serait en voie d’être réalisé par Musk et probablement des centaines d’entrepreneurs qui s’associeront et se lanceront dans la conquête de Mars, comme les colons européens se sont lancés à la conquête de l’Ouest américain aux dix-septième et dix-huitième siècles. Conquérir Mars réactive le mythe de la frontière, et pourrait bien constituer un récit viral, au sens de Shiller dans Narrative Economics. How Stories Go Viral and Drive Major Economic Events (2019), où il estime que les cycles et crises économiques sont liés à des systèmes narratifs, souvent connectés à des croyances populaires influençant la réalisation de technologies ou l’affirmation ou le déclin de certains secteurs économiques. La science-fiction constitue une culture populaire qui génère régulièrement des visions du futur particulièrement influentes sur la sphère économique et politique. Il est probable que la colonisation de Mars, bien qu’encore techniquement incertaine, fasse l’objet d’une

38 Mckay C., Kasting J.s and Toon 0., “Making Mars Habitable”, Nature, 352:489-496, 1991

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attention accrue dans les prochaines années, sitôt qu’il sera possible d’y établir des villes et de générer une économie, par exemple minière avec les colonies. Nous nommons l’idéologie qui émane de cet imaginaire le marsisme39. Elle vise la colonisation, puis la terraformation de Mars, la création d’une deuxième planète habitable, modèle précurseur de l’établissement de l’humanité sur d’autres exoplanètes dans un lointain futur. Les auteurs de science-fiction sont des visionnaires, qui inspirent des entrepreneurs audacieux comme Elon Musk, cherchant à justifier leurs investissements par un récit et une vision stratégique susceptibles de capter l’attention d’un grand public qui croit de plus en plus aux représentations du futur d’une science-fiction érigée en mythologie des sociétés technopolitiques. Science, science-fiction et management de l’industrie spatiale sont en interaction permanente dans un secteur où l’imaginaire joue un rôle moteur et fédérateur. Le mythe de la terraformation pourrait être une croyance majeure des prochaines décennies.

Notons toutefois que Kim Stanley Robinson lui-même n’estime pas ce projet souhaitable et considère avec beaucoup de scepticisme les discours d’Elon Musk. Il est probable que le mythe échappe à la volonté de son créateur et nourrisse un capitalisme avide de ce type de récits pour alimenter la dynamique de son processus d’innovation.

L’apparition de l’idée de civilisation martienne

En 1898, l’astronome américain Garrett P. Serviss a publié le roman Edison’s conquest of Mars. Il s’agissait d’une suite de Fighters from Mars, une adaptation non autorisée du livre d’H.

G. Wells, La Guerre des mondes (1898), une des premières œuvres à décrire la confrontation de l’humanité avec des extraterrestres, en l’occurrence des Martiens. Dans son

39 Michaud Thomas, Le Marsisme, Éditions Memoriae, Paris, 2008

roman, Serviss40 anticipe un retour des Martiens sur Terre, alors qu’ils en ont été chassés par un virus dans l’œuvre de Wells. Il propose donc d’attaquer et de coloniser Mars grâce aux prototypes inventés par Thomas Edison d’une arme à feu et d’un vaisseau spatial capables d’abattre les Martiens.

Après avoir reçu des dons de la communauté internationale, Edison construit une armada de navires permettant d’envahir Mars. Le livre a introduit plusieurs thèmes qui devinrent récurrents dans l’imaginaire populaire. L’enlèvement par des extraterrestres apparaît dans ce livre, puisque les Martiens kidnappent des humains pendant leur première visite sur la planète Terre et leurs descendants vivent toujours sur Mars.

De plus, la croyance dans les Anciens Astronautes41 trouve son origine dans ce roman. Dans l’histoire, les extraterrestres ont construit les pyramides et le Sphynx est une statue de leur empereur. Si cette idée est apparue dans un roman de science-fiction, elle devint une croyance très répandue, faisant quasiment l’objet d’un culte religieux au vingtième siècle. Par ailleurs, le livre aborde le sujet de l’exploitation minière des astéroïdes. Les Martiens recherchent en effet de l’or dans l’espace. Ce livre fut un des premiers à décrire une invasion de Mars par les Terriens. À l’époque, l’hypothèse de l’existence de Martiens était plausible42, et avec l’apparition de l’aviation,

40 Dans A Columbus Space (1909), il décrivait le voyage spatial grâce à l’énergie « inter-atomique », devenant un précurseur dans ce domaine.

41 La théorie des Anciens Astronautes repose sur la croyance selon laquelle des civilisations du passé auraient été en contact avec des extraterrestres leur ayant permis de réaliser des prouesses scientifiques ou technologiques. Erich Von Däniken a popularisé cette vision de l’histoire en 1968.

42 Notons toutefois que la croyance dans les extraterrestres ne date pas du dix-neuvième siècle, Lucien de Samosate évoquant des Sélénites et des Héliotes dans les Histoires vraies au IIe siècle av. J.-C. L’idée de civilisation lunaire était même introduite en 1824 par l’astronome allemand Franz von Gruithuisen. Il pensait avoir découvert une Wallwerk, cité lunaire de 25 kilomètres au nord du cratère Schröter sur les rives du Sinus Medii. En

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les auteurs de science-fiction comme Wells envisagèrent un risque de conflit interplanétaire. Bien avant de penser à visiter Mars pacifiquement, c’est la possibilité d’une guerre qui attisa l’imaginaire humain. Cela peut s’expliquer par la symbolique guerrière de cette planète depuis l’Antiquité, Nirgal étant le nom de la planète Mars en babylonien, issu du dieu mésopotamien éponyme, et Mars étant le dieu de la guerre chez les Romains. La possibilité de l’habitabilité des mondes extraterrestres fut popularisée par Camille Flammarion, astronome français passionné par la planète Mars. En 1884, il publia Les Terres du ciel, dans lequel il critiqua les « romanciers » qui refusaient d’accepter que d’autres planètes soient habitées, défendant la thèse de l’essence divine de l’humanité. Flammarion préférait la thèse de la présence sur Mars d’une vie intelligente ayant créé un immense réseau de canaux d’irrigation observable depuis la Terre. Cette idée fut inspirée par l’observation de l’astronome italien Giovanni Schiaparelli de « canali » sur Mars en 1877. En italien, le terme canale designe aussi bien un canal artificiel qu’un chenal naturel. La référence à des canaux artificiels eut un impact très fort sur l’imaginaire collectif à l’époque de la construction des canaux de Panama et Suez. Dès lors, la croyance dans une civilisation martienne se propagea, ce qui peut expliquer

fait, il s’agissait d’une illusion d’optique liée à des chaines de montagnes se coupant à angle droit. L’hypothèse de l’habitabilité d’autres planètes est défendue par certains savants depuis le dix-septième siècle, suite au développement de l’héliocentrisme. Giordano Bruno et Fontenelle furent précurseurs de cette thématique. Les autorités religieuses ne voyaient pas ce point de vue d’un très bon œil. Pourtant, cette idée devint un élément central de la science-fiction, l’extraterrestre étant un archétype central de l’imaginaire des sociétés industrielles. Réactualisation des figures de l’ange et du démon des religions traditionnelles, les extraterrestres apparaissent le plus souvent comme des dangers pour l’humanité. Ils sont parfois pré-sentés comme des « petits hommes verts » dans l’imaginaire populaire depuis les années 1950, consécutivement à l’observation de nombreuses soucoupes volantes. Cette formule remonte au moins au XIIe siècle avec l’histoire des enfants verts de Woolpit de l’Angleterre médiévale.

l’apparition du thème de la guerre interplanétaire dans la littérature de science-fiction. Cette découverte astronomique sensationnelle fut popularisée par Percival Lowell43, qui diffusa l’idée que Mars était habitée par des personnes qui luttaient contre la sécheresse en irriguant des terres grâce à un réseau de canaux puisant l’eau des calottes glaciaires pour les acheminer jusqu’aux régions équatoriales. Il dressa des cartes des canaux qu’il publia massivement dans les journaux et magazines. Lowell répertoria 400 canaux, et publia ses découvertes dans trois ouvrages, Mars (1895), Mars and Its Canals (1906) et Mars As the Abode of Life (1908). Le mythe des canaux ne résista toutefois pas longtemps à l’observation de plusieurs astronomes comme Edward Barnard. En 1907, Alfred Russel Wallace effectua des analyses spectroscopiques

43 Percival Lawrence Lowell (1855-1916) est un homme d’affaires, mathématicien et astronome amateur américain. Il s’est passionné pour l’étude de Mars après avoir lu La Planète Mars de Camille Flammarion.

Il est aussi à l’origine de la découverte de la planète naine Pluton. Il est aussi considéré comme un des pères fondateurs de la science-fiction martienne, initiée par Wells et Serviss. Il est flagrant de constater qu’une théorie scientifique erronée peut générer des rêves, cauchemars et fan-tasmes particulièrement influents et persistants dans la culture populaire.

L’hypothèse d’une civilisation martienne s’est effondrée en 1965, mais les représentations de civilisations extraterrestres n’ont pas pour autant disparu de la science-fiction. Les œuvres montrant des planètes habitées, par des monstres, des êtres intelligents, parfois supérieurs technologique-ment à l’humanité, sont fréquentes. La science-fiction contribua forte-ment à populariser l’idée de la pluralité des mondes habités de Bruno et Fontenelle. Cette thèse ne sera toutefois validée que lorsqu’une civi-lisation extraterrestre sera découverte. La science-fiction joue un rôle de stimulateur de l’intérêt collectif pour cette idée, et incite donc au fi-nancement de recherches d’intelligences extraterrestres dans l’univers.

La quête des exoplanètes motive ainsi de nombreux chercheurs dans le monde. La science-fiction est à l’origine de nombreuses vocations chez les astronomes, dont l’influence est importante dans la création de nou-velles théories scientifiques. Les découvertes astronomiques et les récits de science-fiction contribuent à créer les représentations collectives de l’univers, nécessaires à l’unité d’une société.

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ne montrant aucune vapeur d’eau qui lui permirent de conclure que Mars n’était ni habitée ni habitable. En 1909, Eugène Antoniadi démentit formellement l’existence de canaux artificiels. Toutefois, ces études n’eurent que peu d’impact auprès du grand public et les cartes américaines de Mars demeurèrent celles de Lowell jusqu’en 1965, année du survol de Mars par la sonde Mariner 4 qui confirma l’aridité de la planète et l’absence de canaux artificiels. Cette prouesse technologique marqua une rupture dans les représentations des astronomes et du grand public de la planète Mars. Les Martiens n’existaient finalement pas et aucune civilisation ne menaçait la Terre.

Le Mystère des XV, et la conquête militaire de Mars Le Mystère des XV (1911) est un roman de Jean de la Hire44. Il narre le projet d’une organisation secrète, les XV, d’enlever quinze jeunes femmes à Paris, dans le but de les emmener sur une planète Mars qu’elle souhaite conquérir. Le héros est Léo Sainte-Claire le Nyctalope. Sa fiancée fait partie des femmes kidnappées et il doit partir pour la planète rouge affronter l’organisation des XV et les Martiens. Les personnages utilisent des radioplanes pour se rendre sur Mars. En plus de libérer les prisonnières, le Nyctalope envisage une conquête de la planète Mars par l’armée française. En 1911, la France était en pleine période coloniale, et l’invasion d’une planète apparaissait comme

44 Jean de La Hire est le nom de plume d’Adolphe d’Espie (1878-1956), un écrivain, éditeur et homme politique français. Il était particulièrement populaire avant la Deuxième Guerre mondiale, mais son activité de collaborateur pendant le conflit condamna son œuvre à l’oubli. Il créa en 1911 le Nyctalope, un personnage qui a reçu un cœur artificiel après une tentative d’assassinat et doté d’une vision nocturne qui lui confère des superpouvoirs. Bien que moins connu qu’Arsène Lupin ou Fantômas, il rencontra toutefois un certain succès commercial dans plusieurs ouvrages.

Il est un des premiers superhéros de la littérature populaire.

une option viable afin de ne pas laisser ce territoire lointain sous le contrôle d’organisations potentiellement hostiles aux intérêts nationaux. Après des aventures rocambolesques, un contingent de trois mille hommes arrive sur Mars, et l’armée française prend rapidement le contrôle de la ville de Cosmopolis. Lorsqu’une guerre entre deux grandes nations éclate, les Terriens participent à un conflit interplanétaire.

Dans la lignée de La Guerre des mondes de Wells, Jean de la Hire décrit un conflit opposant les Humains aux Martiens. Cette fois-ci les combats ont lieu sur Mars. L’organisation des XV terrifie la Terre depuis vingt-cinq ans et envisage de coloniser Mars, avant d’être défaite par le Nyctalope, tirant son nom de son superpouvoir lui permettant de voir la nuit. Les XV sont dirigés par Oxus, qui se repent finalement et obtient le droit de diriger la colonie martienne au nom du gouvernement français. Oxus présente la conquête de Mars comme la réponse à l’invasion de la Terre par les Martiens quelques années auparavant. Le récit d’H.G. Wells est décrit comme une œuvre d’historien, établissant que les évènements qu’il mentionne dans La Guerre des mondes ont bien eu lieu et que les Humains doivent en retour envisager une invasion de Mars pour venger l’affront. L’idée de conquête de Mars est donc chez Jean de la Hire et Serviss une réponse à l’invasion wellsienne. Les premiers projets de colonies humaines sur Mars avaient toutefois un aspect différent. Chez Jean de la Hire, la méthode était plus proche des pratiques de guerre coloniale auxquelles était habituée l’armée française au dix-neuvième et au début du vingtième siècle. La France disposait à l’époque d’un des plus vastes empires coloniaux du monde, et il n’est pas surprenant qu’un projet de colonie extraterrestre ait germé chez un auteur français. Notons toutefois que La Guerre des mondes est parfois perçue comme une satire du colonialisme. On peut aussi voir chez le Martien une métaphore de l’Allemand, constituant à l’époque une menace pour l’armée victorienne. En assurant la synthèse des

Dans le document De la fiction à l innovation (Page 75-193)

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