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Les collectivités territoriales en France se sont engagées depuis les années

Chapitre III : Vers un urbanisme culturel ?

p 46 Les collectivités territoriales en France se sont engagées depuis les années

80 dans l’organisation de grands évènements tel Lille 2004 capitale européenne de la

culture. Les deux chapitres de mon discours permettent de dire que la politique culturelle

à Lille est dictée principalement par des intérêts extra-culturels, pour servir le rayonne- ment de la ville, et son attractivité. Les pouvoirs publics ne cachent même plus dans leur discours l’importance qu’ils accordent aux objectifs économiques de leur politique culturelle. Aujourd’hui il est commun de penser qu’un concert de musique ou autre mani- festation culturelle profite aux commerces et attire des touristes.

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Projet d’entreprises ?

A Lille en 2004, les entreprises ont eu la capacité d’orienter, voire de maîtriser les politiques publiques. On pourrait se questionner sur la limite entre sponsoring et mécénat ? Lille 3000 et Lille 2004 illustrent ce propos. Ce n’est plus seulement les repré- sentants du peuple qui gèrent l’évènement, mais un partenariat dans lequel se mêlent la finance internationale et quelques figures politiques locales aux ambitions parfois dou- teuses. Dans ce partenariat public – privé, les financiers n’ont pas le petit rôle. Pour le programme Lille 3000, ils financent plus de la moitié de l’évènement et composent une bonne partie du conseil d’administration de l’association qui gère l’évènement. Les associations, les structures culturelles ou les collectifs de quartier qui ne veulent pas participer à la politique culturelle choisie sont tout simplement exclus des mécanismes de préparation de Lille 3000. Au-delà de la question de la qualité réelle de certaines presta- tions proposées pas Lille 3000 et Lille 2004, il s’agit de voir que c’est tout un ensemble d’acteurs locaux à qui l’on impose une manière de faire. Une manière en grande partie dictée par des logiques d’entreprise. Faut-il accepter que la vie culturelle, artistique et sociale soit rendue conforme à l’idéal que l’entreprise défend ?

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Pouvoir des politiques

A travers Lille 2004, Martine Aubry a mis en scène sa centralité. Elle fut forte- ment associée à l’évènement dans les comptes rendus médiatiques de Lille 2004 capi-

tale européenne de la culture. Rémi Lefebvre, chercheur à l’université de Lille analyse

les différences entre le discours officiel et la réalisation concrète du projet Lille 2004. Ainsi, le principal objectif du projet reste bien la constitution d’un leadership local pour Martine Aubry ; autrement dit : construire une « légitimité territoriale pour la maire de Lille ». Les politiques de la ville délogent, sous prétexte d’insalubrité les habitants de Wazemmes, pour les remplacer par des « touristes »; la maison folie de Wazemmes a amplifié la situation avec de nouvelles constructions et alors un inévitable transfert de population. Une fois de plus, l’évènement laisse des traces.

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Or, la culture c’est avant tout des gens qui vivent au quotidien avec leurs prin- cipes, leurs modes de vie, leurs visions du monde et leurs moyens d’expression : c’est donc ce qui leur appartient, ce qu’ils peuvent définir et ce sur quoi ils peuvent agir. Le programme Lille 3000 a une influence considérable sur la vie à Lille mais cet évènement n’appartient qu’à une petite minorité de politiques et de financiers qui s’y intéressent pour des questions d’argent, de pouvoir et de carrière en excluant quelque peu les principaux destinataires : les habitants.

3.3 Une stratégie de développement de Lille : l’urbanisme

culturel

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Définition de l’urbanisme culturel

L’urbanisme culturel est une notion que j’utilise pour définir une tendance actuelle des politiques de la ville contemporaine. L’urbanisme culturel peut être défini comme le fait d’utiliser une stratégie de développement de la ville qui s’appuie sur des évènements culturels de différentes ampleurs pour promouvoir la ville, la faire exister, et inciter à la pratiquer. L’urbanisme culturel est sous un autre terme un processus qui consiste à utiliser un évènement culturel éphémère pour renforcer un développement de la ville contemporaine. Majoritairement, l’urbanisme culturel participe à l’identifica- tion d’un territoire. L’urbanisme culturel contribue à la régénération urbaine, en relançant l’économie d’un territoire, et en réalisant des équipements structurants pérennes. L’urba- nisme culturel provoque des bouleversements sociaux. Le rapprochement de l’évène- ment culturel des médias contribue à forger une image de la ville. L’évènement n’est donc pas un simple épisode mais un outil opérationnel pour la transformation urbaine.

A travers l’exemple de Lille 2004 je vais étayer cette définition et préciser chaque aspect de l’urbanisme culturel lié au label capitale européenne de la culture.

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les aspects de l’urbanisme culturel à Lille

L’urbanisme culturel participe à l’identification d’un territoire. Dans cet exemple il permet aussi de placer Lille dans la compétition des grandes métropoles européennes. Actuellement, il y a différents types de compétition entre les villes en Europe. Première- ment on relève la compétition entre les villes françaises pour l’obtention du label. Puisque l’ordre des pays pour représenter l’Europe est préétabli, la compétition se situe à l’inté- rieur même du pays pour savoir dans quelle ville l’attention se portera. Cette compétition interne met en jeu des territoires français bien déterminés pour lesquels le choix de l’état sera décisif. Le soutien financier apporté par l’état permettra la mise en avant de ce territoire.

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