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La cohabitions et la structure familiales en Algérie :

Demande en matière de logement :

3. La cohabitions et la structure familiales en Algérie :

Le modèle familial où les parents cohabitent avec les enfants mariés est très fréquent en Algérie. Le tableau suivant décrit l'évolution, au fil des promotions de mariages, de la cohabitation des nouveaux époux avec les beaux-parents après le mariage. D'une part, la cohabitation avec les beaux-beaux-parents est toujours plus importante en milieu rural. D'autre part, quel que soit le milieu de résidence, après une légère baisse enregistrée à la fin des années 1960, la majorité des nouveaux couples vit de plus en plus avec les beaux-parents, notamment ceux qui se sont mariées dans les années 1990, à cause du manque de logement d'une part et des difficultés économiques d'autre part.

Tableau. Femmes ayant corésidé avec la belle-famille suivant la promotion de mariage et le milieu de résidence (en %)

périodes Urbain Rural Total

avant 1960 69,2 79,5 74,3 1960-1969 67,9 75,9 71,7 1970-1979 72,0 82,6 77,3 1980-1989 72,0 80,5 76,2 1990 et après 78,2 88,1 82,9 Ensemble 71,6 80,9 76,1

Source : exploitation de l‟enquête papchild, Algérie 1992

Cette extension du ménage des parents à la suite du mariage de leurs enfants et de la cohabitation qui s'en suit a eu pour conséquence le maintien d‟une taille élevée des ménages durant les trois dernières décennies et la progression timide de la nucléarisation en dépit d‟une urbanisation accélérée et soutenue.

En effet, après son indépendance en 1962, l‟Algérie a connu un fort accroissement de sa population urbaine qui est passée de 18% en 1954 à 58% en 1998.Cette urbanisation intense a été induite par plusieurs facteurs : l‟accroissement naturel de la population, la création de nouveaux centres urbains, l‟extension des périmètres urbains et l‟exode rural. Ce passage de la société rurale traditionnelle à la société urbaine industrielle, est supposé favoriser la disparition de la famille étendue et son remplacement par la famille moderne nucléaire (Kouaouci, 1992). Or, cette forte urbanisation a été accompagnée d'une crise de logement continue et dans ce contexte, l‟urbanisation ne conduit pas nécessairement à la destruction de la famille étendue, elle serait parfois même à l'origine du maintien des structures familiales traditionnelles (Guetta, Mégdiche, 1990).

Il faut noter toutefois que ces structures familiales traditionnelles maintenues pendant un certain temps, n'ont pas constitué un obstacle au déclin rapide de la fécondité qui est passée de plus de 8 enfants par femme dans les années 1970 à moins de 3 dans les années 1990 (Ouadah-Bédidi, Vallin 2000). La nucléarisation de la famille, n‟a pas conditionné la baisse de la fécondité en Algérie faisant ainsi exception à la théorie classique de la transition démographique, nommée également théorie de la modernisation des structures socio-économiques où la nucléarisation de la famille est une des conditions de la baisse de la fécondité.

Le processus de nucléarisation de la famille Algérienne est assez lent : de 59% en 1966 et 1977, la proportion de ménages à une seule famille 1est passée à 67% en 1987 puis à 71% en 1998.

Durant les trente dernières années, la taille moyenne des ménages a augmenté légèrement, passant de 5,9 personnes en 1966 à 6,6 en 1998. Il en est de même pour un Ménage à une seule famille c‟est un ménage composée d‟une famille sans personnes hors famille. La famille est de type : couple avec enfants ou couple sans enfant ou famille monoparentale.

Taux d‟occupation des logements qui est passé de 6,1 personnes en 1966 à 7,1 en 1998. Cependant derrière cette stabilité de la taille des ménages et de la promiscuité, on assiste à des mutations dans les compositions familiales3. Et si le modèle de la famille élargie reste encore important dans la pratique, les aspirations des jeunes couples à vivre en famille nucléaire sont prédominantes et tout porte à croire qu‟en l‟absence de la « crise de logement » dont souffrent les Algériens depuis des dizaines d‟années, le modèle de la famille élargie aurait rencontré moins de succès.

Les statistiques de recensements nous donnent les mesures quantitatives des différents types de ménages existants mais ne renseignent pas du tout sur la composition interne de ces ménages et surtout elles ne permettent pas de faire des analyses fines sur les stratégies de cohabitation comme moyens d'ajustements aux différentes difficultés que rencontrent les jeunes couples à s'installer mais aussi comme alternative à la prise en charge de vieux parents dans un système qui n'est pas encore adapté à cette fin.

Au recensement de 1998, le parc de logements habités est estimé à 4 102 064 alors que le nombre de ménages est de 4 446 394 soit 1.09 ménages par logement. La notion de ménage repose sur celle de l'unicité d'habitation et celle de la préparation et de la consommation des principaux repas.

Si, la taille des ménages et celle des logements n'a pas beaucoup changé en dépit de la très forte baisse de la fécondité, c'est la composition interne qui n'est vraisemblablement plus la même, et le ménage élargi d'aujourd'hui est surtout constitué de multiples unités nucléaires qui dans un contexte de crise de logement et de crise économique vivent dans un même logement tout en préparant et en prenant les repas séparément.

Ainsi un couple habitant au 1er étage d'une maison regroupant au rez-de-chaussée la belle-mère et ses enfants célibataires et aux différents étages les autres couples mariés, sera déclaré au recensement comme constituant un ménage nucléaire à part si leur repas est pris séparément. Or sur le plan des relations et des liens sociaux avec la belle-famille, on peut supposer que la femme n'aura probablement pas les mêmes conditions d'indépendance au niveau du couple ou même au niveau de la famille élargie qu'une autre femme qui habiterait une maison séparée de celle de ses beaux- parents.

La demande réelle en matière de logement se configure par les nouvelles familles ainsi que par les ménages vivent les bidonvilles et autres habitation qui ne sert pas à une vie digne.

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