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Codification de l’entretien de Jean-Claude Zumwald

Extrait de l’entretien Codification

Maturité scientifique en l’occurrence, sans intérêt pour les branches scientifiques, un peu par hasard, pour faire comme les copains.

Passage par le gymnase

Donc j’entreprends au terme de mon gymnase des études de psychologie sans avoir vraiment une discipline qui m’intéresse plus que les autres. Peut-être la psychopédagogie.

Université en psychologie

Par contre, mon amie de l’époque, qui est devenue ma femme, a fait une formation d’enseignante et en parle très positivement.

Influence de sa femme enseignante

J’arrête les études de psychologie et je fais une formation d’enseignant à l’école normale de Neuchâtel avec plaisir et intérêt.

École normale

Beaucoup de plaisir et la conscience du fait que je ne vais pas faire ma vie durant ce métier.

Envie d’évolution professionnelle

L’observation de mes collègues ainés me montre des exemples qui sont très enviables et d’autres moins. Je me dis qu’il serait bien d’avoir tout de même une alternative.

Il faut une alternative

Je termine ma licence en psychologie du travail tout en conservant mon emploi dans l’enseignement.

psychologie c’était l’absence d’application concrète, l’absence de travail sur le terrain.

C’était probablement quatre cinquièmes de femmes et un cinquième d’hommes.

Davantage de femmes à l’école normale

C’était exclusivement des femmes pour ma volée. Ensuite ce qu’on appelait le degré moyen, quatrième et cinquième année, était paritaire entre hommes et femmes. Puis venait le degré mettant l’accent sur les degrés préprofessionnels, spécialité neuchâteloise. Là se trouvait une quasi-unanimité d’hommes avec une ou deux femmes tout de même.

Différence de fréquentation selon les degrés

Ce qu’il faut constater c’est que les représentations que nous avons des métiers sont très dépendantes du milieu social duquel nous sommes issus.

Les représentations du métier d’enseignant sont dépendantes du milieu social

Je crois que dans les milieux populaires, ce qui est mon cas, l’enseignement est un métier noble. Ce qui est loin d’être le cas, probablement, dans les familles de juristes ou les familles de médecins.

Dans les milieux populaires, le métier d’enseignant est noble

Il me semble qu’à l’époque, ceux qui avaient une conscience sociale ou politique parlaient davantage d’inégalité de chance de formation.

Challenges éducatifs ; inégalité de chance de formation et outils culturels basiques

Du coup, nous avons enrichi (et j’aime bien utiliser ce terme positif) la mission de l’école en y adjoignant effectivement cette tâche de dispenser la connaissance de codes, d’éduquer un certain nombre de civilités qui ne sont pas donnés à chacun par le jeu, notamment, de la méconnaissance de ces principes par les

parents peu, mal ou néo-intégrés.

Je n’ai jamais perçu mon statut d’homme comme un problème.

Le statut d’homme n’est pas un problème

Je ne crois pas que l’absence de compétition, ou l’absence de valeurs traditionnellement qualifiées de masculines, aient joué un rôle.

L’absence de valeurs traditionnellement masculines ne dérange pas

Plus fondamentalement, il y a passablement de respect pour ce métier.

Le prestige n’a pas régressé

Je crois qu’il y a un discours que je qualifierais de « cantine » dans lequel les enseignants sont des planqués, le salaire est assez élevé par rapport aux horaires et aux jours de vacances.

Plus fondamentalement, il y a passablement de respect pour ce métier. En particulier, en rapport aux défis qu’il y a dans ce métier.

Double discours ; critique ou respectueux

Je ne pense pas que la féminisation du corps enseignant soit un problème éducatif. Sociologique, oui.

La féminisation du métier

À partir du moment où ces hommes ont un rapport serein avec l’autre sexe, sans jeu de pouvoir, il n’y a aucun impact sur la personnalité des enfants.

Bonne identité = aucun impact négatif

Tant mieux si la parité existe à l’école mais si elle n’est pas présente, il y a suffisamment d’autres modèles identificatoires du sexe qui ne serait pas représenté à l’école.

Société contacts sociaux multiples

rôle.

Et là, il y a un petit risque que si les garçons ont peu de modèles d’enseignants « homme », on risque d’accroître le phénomène.

Peu d’hommes enseignants = accroissement du phénomène

Cette représentation du métier comme étant davantage concerné par des qualités qui soient traditionnellement vues comme féminines peut jouer un rôle dans l’orientation professionnelle de certains hommes.

Métier de médiation, empathique, patience, amour ; qualités qualifiées féminines

À titre personnel, cela ne me semble pas être un facteur déterminant.

Le salaire n’a pas d’impact

Par contre, ce qui me paraît plus déterminant, et c’est en lien indirect avec le salaire, c’est qu’on ne fasse pas carrière dans l’enseignement.

On ne fait pas carrière dans l’enseignement

Or, il y a une représentation sociale assez forte de l’homme faisant carrière. Quelque part, si je suis un homme adapté à certaines valeurs sociales, professionnellement j’ai un statut supérieur à trente ans qu’à vingt.

Représentation sociale = l’homme doit faire carrière

Ce n’est pas l’aspect proprement financier mais le fait de gravir des échelons. Cela touche à la question de la reconnaissance.

Statut stagne = peu valorisant

Dans l’enseignement, il n’y a pas de reconnaissance qui s’accroisse par un statut évolutif au travers du temps.

Pas de reconnaissance par un statut évolutif

Par contre, j’aurais tendance à dire qu’actuellement, il y a davantage d’hommes qui sont sensibles à une reconnaissance

Hommes plus sensibles à une reconnaissance professionnelle

professionnelle que de femmes.

Chez les hommes, la reconnaissance d’être père et époux existe mais ce sont des domaines dans lesquels la valorisation est plus faible, ce que je regrette par ailleurs.

On valorise peu un homme époux/père

Demandez-vous quelle identité vous désirez avoir en dehors de votre identité d’enseignant. Quels autres champs de compétences vous allez investiguer pour durer avec plaisir dans ce métier-là.

Polyvalence sociale fournie d’autre source de valorisation

Codification de l’entretien de Bastian Mathez

Extrait de l’entretien Codification

Ma compagne qui elle faisait l’école normale m’a inspiré.

Travail axé social

J’ai été voir le directeur de l’école qui était directement très motivé de pouvoir former un enseignant en école enfantine.

École normale, section enfantine

Nous étions une classe nombreuse. J’étais le seul homme. C’était sympathique et particulier.

Seul homme en formation

Mes stages se sont bien déroulés mais je sentais que je gênais certaines personnes ; ce n’est pas un métier pour un homme.

Mais il y avait aussi l’effet inverse ; le fait d’être un homme c’était déjà bien. On me pardonnait beaucoup de choses, beaucoup d’erreurs.

Gêne de certains avantages pour d’autres

J’avais quand même été retenu après une postulation mais plus comme une bête rare que comme un candidat potentiel et quelqu’un autour de la table me pose la question ; êtes-vous homosexuel ?

Bête rare, connotation négative, homosexualité

Le fait d’être un homme, malgré tout dans ce milieu féminisé, était un avantage.

Postes direction homme = avantage

Cela est aussi une caractéristique qui me différencie d’autres enseignants ; je ne suis pas du tout corporatiste. À titre privé, je ne suis pas du tout dans le milieu de l’enseignement.

J’aime énormément mon métier mais j’ai plein d’autres passions. Mon cercle d’ami n’est pas dans ce milieu non plus.

Avec un peu de recul, je remarque que c’est un métier qui nous prend, qui nous mange. Il nous prend de l’énergie. Ma plus grande crainte c’est de devenir acariâtre.

Grande fatigue mentale

En une génération, je n’ai pas remarqué un gros changement. Si l’on remonte plus loin, oui. Je dirais même que le métier d’enseignant n’a plus de prestige du tout.

Le métier n’est plus prestigieux

Avec les études que vous faites, vous Anthony, vous gagnerez beaucoup moins qu’un ingénieur. Moi je gagne, après vingt ans dans l’enseignement, sept-mille francs environ allocation familiale comprise. Et c’est sûrement un des paramètres qui fait qu’il y a moins d’hommes dans l’enseignement.

Le salaire est trop faible

Donc je pense que c’est durant ces trente dernières années qu’il y a eu le plus gros changement.

Depuis les années 70, l’enseignant n’a plus de prestige

Avant, l’école était une entité de laquelle les gens s’approchaient peu. Elle était mise sur un piédestal.

Les parents s’immiscent

La grosse difficulté réside dans le fait que l’enseignement n’est pas un métier en tant que tel. L’enseignement, selon moi, est plus une passion.

besoin de se sentir bien dans ce qu’il fait. Les conditions-cadres qu’on nous offre sont très importantes.

On fait beaucoup d’étude pour être formé et dans l’inconscient collectif, l’homme est encore synonyme de soutien de famille même si ça change. Six années d’études pour un salaire tel que le nôtre, cela peut avoir une incidence sur l’absentéisme des hommes dans ce milieu.

L’homme est soutien de famille

L’enseignement c’est malgré tout une voie de garage et d’autant plus à l’école enfantine.

Enseignement = voie de garage, pas de carrière

Moi, à part enseigner à l’école enfantine, avec mon papier, je ne peux pas faire grand-chose.

Impossible de bifurquer sauf direction

L'idée de gravir les échelons comme dans le privé, de prendre un statut, de faire carrière, cela n’existe pas dans l’enseignement.

Aucun échelon, aucune évolution de statut

Mais ma priorité ce sont mes enfants, mes deux filles. Grâce à mon métier, j’ai pu leur accorder beaucoup de temps. J’ai été très présent. Et ça je vais le garder tant qu’elles en auront moins besoin.

Temps libre pour vie de famille

J’ai toujours eu un très bon contact avec les enfants. Je suis resté un grand enfant et ça c’est important. J’ai beaucoup d’imagination tout en étant très conscient de la réalité de la vie.

Contact avec les enfants, imagination

Aujourd’hui, nous avons beaucoup de famille monoparentale. Souvent, les enfants vivent avec leurs mamans. Ou alors des familles dites

ordinaires dans lesquelles le papa travaille à l’extérieur et ne voit ses enfants que le soir.

Pour les enfants, le fait d’avoir un enseignant compense peut-être le manque de présence masculine dans le cadre privé. Je pense qu’il est important d’avoir une référence masculine.

Il faut une référence masculine

Je reste persuadé que la question du salaire est un élément important dans le choix de carrière de beaucoup d’hommes.

Le salaire détermine l’orientation professionnelle des hommes

Il est vrai tout de même que nous jouissons d’une sécurité de l’emploi indéniable. Chose agréable dans une période telle que celle-ci.

Codification de l’entretien de Michael Dufour

Extrait de l’entretien Codification

En sortant du gymnase, je ne savais pas ce que je voulais faire. J’avais plutôt l’idée de continuer avec les copains du gymnase. Donc la voie facile était celle de l’université si possible dans les branches sans latin car je n’en avais pas fait à l’école secondaire.

Passage par le gymnase et l’université

J’ai donc réfléchi à une formation concrète qui m’apporterait un métier. L’enseignement s’est rapidement imposé.

Volonté de concret, d’un métier

En enfantine il n’y avait que des femmes et nous étions que quelques hommes en primaire.

Peu d’hommes à l’école normale

C’est là que j’ai réalisé que j’aimais être en relation avec des gens dans mon quotidien. Je crois que je deviendrais malheureux sans cela.

Métier relationnel

Une classe supplémentaire et la direction voulait un enseignant (homme) pour ce poste.

Avantage d’être un homme

J’ai commencé avec les petits degrés durant trois ans puis avec les plus grands.

Travaille dans les 2 cycles

Je ne pense pas qu’il faille de capacités hors du commun. Il faut évidemment un peu de patience et de prise de distance afin de pouvoir durer.

Prérequis ; patience, distance

Il est impossible d’amener tout le monde vers les mêmes objectifs avec les mêmes méthodes.

On parle beaucoup de différenciation mais il faut aussi accepter qu’il soit difficile de tout développer tant au niveau comportemental qu’au niveau cognitif.

C’est une certaine liberté. Si on arrive à s’organiser dans sa classe, on est un peu patron. S’il fait beau un jour, on peut imaginer de sortir avec les élèves. Avec une bonne gestion de classe, on peut exploiter les choses qui viennent de nous ou d’un enfant.

Avantages ; liberté, être patron, exploiter l’actuel

Je dois rendre des comptes bien sûr. Mais je n’ai pas de supérieur qui regarde par-dessus mon épaule régulièrement. D’ailleurs, je n’ai pas fait l’armée et ce n’est pas pour rien !

N’aime pas être supervisé

Je pense à la charge administrative que devient de plus en plus importante et les outils qui vont avec. Les ordinateurs ont du bon mais nos boîtes mail sont remplies et il faut beaucoup de temps pour traiter toutes ces informations.

Désavantages ; surcharge administrative

Ce métier me remplit au niveau des relations humaines. Mais ce n’est pas un métier stimulant en dehors du côté humain. Tant avec les enfants qu’avec ses collègues.

Métier rempli au niveau humain

Mais jusqu’en septième, au niveau cognitif, on fait vite le tour. Par contre, en ce qui concerne les sciences, la géographie et l’histoire, on peut toujours aller plus loin et développer ses connaissances. Mais il faut bien sûr des intérêts personnels pour se stimuler, se remplir, apprendre, échanger.

Manque de stimulation, développer des intérêts personnels

Annexes Je n’ai pas un esprit carriériste. Je ne me verrais pas dans une entreprise à commencer au bas de l’échelle et à force d’efforts, de labeurs, de temps, d’hypocrisie gravir les échelons.

Ne pas être carriériste

Mais c’est vrai que c’est un côté négatif dans la branche de l’enseignement ; une fois qu’on s’est formé, il n’est pas évident de changer de métier. En plus, avec une famille et le temps qui passe ce n’est presque pas envisageable.

Difficile de bifurquer, peu de débouchés

Il y a toujours cette étiquette ; les enseignants, les vacances. C’est un cliché qui a la vie dure et qui est en partie réel. Quand je suis en relation avec des gens qui ne sont pas de la branche, je suis plutôt sur le mode de l’humour.

Cliché de l’identité ; enseignant = vacances

Mais il est impossible de dire qu’on est enseignant en se gargarisant. C’est n’est plus le titre ronflant d’il y a peut-être quelques dizaines d’années.

Enseignant n’est pas un titre ronflant = dévalorisation

Nous ne sommes plus les seuls dépositaires de la culture, du savoir. Avec la démocratisation d’internet, l’enseignant n’est plus celui qui sait tout. Tout le monde peut s’informer.

L’enseignant n’est plus seul dépositaire du savoir

Mais dans un petit village comme le mien, j’observe que nous restons tout de même des références ou des exemples. Les enfants ont besoin aussi de cet ancrage par rapport à l’adulte, soit pour imiter soit pour s’opposer.

L’enseignant reste un exemple et un référent en société

Ce qui est drôle c’est que quand un enseignant casse un peu les pattes de son propre métier les gens changent tout de suite de posture. On

entend alors des discours comme « Je ne pourrais jamais faire votre métier, ça doit être trop difficile ». Et du coup, c’est eux qui se mettent à le valoriser.

C’est clair que si le but de la vie c’est de faire des sous, il ne faut pas choisir ce métier ! Moi je ne viens pas d’un milieu avec beaucoup de sous. Déjà avoir une paie à la fin de chaque mois c’est bien.

Il ne faut pas choisir ce métier pour l’argent

C’est payé correctement, en tout cas, on arrive à en vivre. On se situe dans la classe moyenne inférieure.

Statut social ; classe moyenne inférieure

Traditionnellement ou génétiquement, s’occuper des enfants est plutôt une tâche dévolue aux femmes. Les hommes partaient chasser. Il y a peut-être encore des restes de cela.

S’occuper des enfants est une tâche dévolue aux femmes

Avec ça vient la question du prestige, qui n’est pas très prononcé et c’est malheureux.

Peu de prestige

C’est noble. Mais ce n’est pas une force brute, une force virile. Ce n’est pas un métier « qui en jette ».

Eduquer c’est noble mais pas viril

Un prestige amoindri n’encourage pas les hommes à devenir enseignant. Ça et cette histoire d’argent, c’est clair. On n’en devient pas millionnaire. L’attrait des sous, de la consommation, du plus et encore plus va difficilement être satisfait avec un métier

Société de consommation = argent et non temps libre

Annexe 6 : Codification

Codification de l’entretien de Jean-Claude Zumwald

Extrait de l’entretien Codification

Maturité scientifique en l’occurrence, sans intérêt pour les branches scientifiques, un peu par hasard, pour faire comme les copains.

Passage par le gymnase

Donc j’entreprends au terme de mon gymnase des études de psychologie sans avoir vraiment une discipline qui m’intéresse plus que les autres. Peut-être la psychopédagogie.

Université en psychologie

Par contre, mon amie de l’époque, qui est devenue ma femme, a fait une formation d’enseignante et en parle très positivement.

Influence de sa femme enseignante

J’arrête les études de psychologie et je fais une formation d’enseignant à l’école normale de Neuchâtel avec plaisir et intérêt.

École normale

Beaucoup de plaisir et la conscience du fait que je ne vais pas faire ma vie durant ce métier. Envie d’évolution professionnelle

L’observation de mes collègues ainés me montre des exemples qui sont très enviables et d’autres moins. Je me dis qu’il serait bien d’avoir tout de même une alternative.

Ce qui me dérangeait un petit peu dans la psychologie c’était l’absence d’application concrète, l’absence de travail sur le terrain.

Besoin d’être sur le terrain

C’était probablement quatre cinquièmes de femmes et un cinquième d’hommes. Davantage de femmes à l’école normale

C’était exclusivement des femmes pour ma volée. Ensuite ce qu’on appelait le degré moyen, quatrième et cinquième année, était paritaire entre hommes et femmes. Puis venait le degré mettant l’accent sur les degrés préprofessionnels, spécialité neuchâteloise. Là se trouvait une quasi-unanimité d’hommes avec une ou deux femmes tout de même.

Différence de fréquentation selon les degrés

Ce qu’il faut constater c’est que les représentations que nous avons des métiers sont très dépendantes du milieu social duquel nous sommes issus.

Les représentations du métier d’enseignant sont dépendantes du milieu social

Je crois que dans les milieux populaires, ce qui est mon cas, l’enseignement est un métier noble. Ce qui est loin d’être le cas, probablement, dans les familles de juristes ou les familles de médecins.

Dans les milieux populaires, le métier d’enseignant est noble

Il me semble qu’à l’époque, ceux qui avaient une conscience sociale ou politique parlaient davantage d’inégalité