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Le pharmacien d'officine est un acteur important de la prise en charge des patients en ville. Professionnel de santé de proximité, ses conseils sont largement sollicités par divers type de patient, citons:

- une femme ménopausée symptomatique désirant être soulagée ;

- une femme atteinte d'un cancer du sein désirant de plus amples informations sur le traitement de sa maladie ;

- un parent se préoccupant de la croissance de son enfant ;

- une personne simplement désireuse de faire la part des choses sur les bénéfices des compléments alimentaires largement mis en avant par les campagnes publicitaires. Le pharmacien d'officine doit être en mesure, sur la base de ses connaissances, du renouvellement de son savoir selon les avancées de la science et de l'attirail thérapeutique qui concerne les compléments alimentaires, de répondre aux besoins de chaque patient. Les conseils doivent être prodigués avec vigilance: il est primordial que le pharmacien fasse une analyse critique des caractéristiques des produits existants en regard du profil physiologique et pathologique du patient. C'est ainsi que le pharmacien peut garantir la sécurité et l'efficacité du produit conseillé.

Vis-à-vis d'une alimentation riche en phyto-estrogènes ou de la prise de compléments alimentaires enrichis, les éléments rassemblés dans la présente étude conduisent à formuler les conseils suivants :

Tableau 29 : Conseils selon le profil du patient.

Patient Conseils associés

Nourrissons Les données préliminaires sur le lait de soja infantile ne permettent pas de conclure définitivement ni à une réelle toxicité, ni à une totale innocuité.

Cependant, les études mettent en lumière de possibles effets indésirables lors du développement ou pouvant se répercuter à plus long terme, comme lors de la puberté.

Le fait que les nourrissons soient sensibles aux produits exogènes et l'absence de preuves pour les bienfaits m'amènent à cette conclusion :

Il serait judicieux à ce stade des connaissances de déconseiller les laits infantiles à base de soja et leurs préférer le lait maternel, les laits infantiles à base de lait de vache ou sans lactose, nombreux sur le marché aujourd'hui.

Enfant en croissance

Les enfants intolérants ou allergiques au lactose, ou de parents végétariens/végétaliens, peuvent facilement être exposés à des doses

La consommation de soja n'est pas à proscrire, mais le conseil serait de ne pas excéder une dose de 1 mg/kg/jour, afin d'éviter d'atteindre une dose bioactive pouvant engendrer des effets encore mal connus sur le développement de l'enfant.

Femme en âge de procréer

Certaines données se veulent rassurantes quant à la consommation passée/actuelle d'isoflavones de soja et le risque de cancer du sein.

Néanmoins, il est conseillé d'éviter le soja s'il y a présence d'antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein, et autres cancers hormonodépendants.

Femme enceinte

Nous savons que :

- les phyto-est og es passe t la a i e fœto-placentaire ;

- les mécanismes de ces derniers sur le développement in utero sont encore mal compris et potentiellement néfastes (risque de mort-né).

Il est judicieux de conseiller d'éviter le soja tout au long de la grossesse afin de prévenir de potentiels effets indésirables sur le développement in utero du fœtus et de potentielles répercussions sur le développement plus tardif de l'enfant.

Femme atteinte d'un cancer du sein

Cancer du sein hormonodépendant :

Le soja est vivement déconseillé (ainsi que les autres plantes contenant des phyto-estrogènes) sous forme de complément alimentaire, ou via l'alimentation (risque de potentialisation de la tumorogenèse).

Traitée par tamoxifène : nous avons trop peu de données rassurantes sur le lien phyto-estrogènes/tamoxifène, beaucoup plus d'inconnues, avec des éléments histologiques tels que le GPER non pris en compte.

Par mesure de précaution :

Les phyto-estrogènes sont déconseillés (que ce soit via l'alimentation ou les compléments alimentaires).

Par mesure de précaution, toutes les femmes atteintes d'un cancer du sein devraient éviter le soja et tout produit contenant des phyto- estrogènes.

Les études se veulent rassurantes en ce qui concerne les consommations passée et actuelle et le risque de cancer du sein. De nombreux facteurs entrent en jeux dans le processus complexes de cancérogenèse.

Mais lorsque le cancer est présent, il est conseillé de ne consommer aucun phyto-estrogène, que ce soit via l'alimentation ou les compléments alimentaires, car ils pourraient participer à la croissance exponentielle des tumeurs. Il est important de prendre en compte les facteurs de risque

modifiables des pathologies, même si les phyto-estrogènes ne sont malheureusement pas encore considérés comme tel officiellement.

Femme ménopausée

Au vue des faibles preuves d'efficacité et l'absence de données puissantes sur les effets au long court :

- la prise sur le long terme de compléments alimentaires contenant des isoflavones n'est pas conseillée ;

- selon le profil physiologique/pathologique de la femme (absence de CI, qui sont les mêmes que pour les THM) : consommation de compléments alimentaires possible, à la plus faible dose possible et pendant la durée la plus courte possible ;

- l'efficacité et la tolérance des compléments alimentaires doivent être évaluées régulièrement et nécessite un suivi médical selon le profil de la patiente ;

- si les symptômes accompagnant la ménopause ne sont pas invalidants, conseiller plutôt des compléments alimentaires sans phyto-estrogènes.

Homme Le risque d'une altération de la qualité du sperme et donc de la fertilité masculine ne peut être écarté. De ce fait :

La consommation de soja n'est pas à proscrire, mais une consommation excessive est à déconseiller. La dose de 1mg/kg/jour nous permet, selon les connaissances actuelles, d'éviter le plus possbile des effets néfastes à plus ou moins long terme

Dans l'alimentation générale, il est conseillé pour l'ensemble de la population, de consommer du soja (et autres aliments contenant des facteurs antinutritionnels, des phyto- estrogènes) tous les 2-3 jours, sans dépasser une dose de 1mg/kg/jour.

En effet, cela permet :

- d'assurer une élimination complète des phyto-estrogènes (la demi-vie étant de 24h) ; - d'éviter d'atteindre des concentrations sériques importantes bioactives, limitant ainsi de potentiels effets négatifs à plus ou moins long terme ;

- et de pouvoir profiter des valeurs nutritionnelles que nous apportent cette légumineuse.

"Tout est poison, rien n'est poison : c'est la dose qui fait le poison"

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