• Aucun résultat trouvé

Concessions non définitionnelles

5.3 CND portant sur la fiction

FICTION / OPINION : 2 CND

OPINION / FICTION : 1 CND

Table 5.4 – Liste des CND portant sur la fiction en fran¸cais

En observant ces CND, on constate qu’il existe une hiérarchie des portées. En effet, dans les CND portant sur fiction/ fiction, les deux fictions sont sur le même plan. Il en va de même pour les cas de figures fiction/ opinion et opinion/ fiction où l’opinion et la fiction sont sur un pied d’égalité. Par contre, par rapport au fait, la fiction peut être considérée comme un sous-ensemble. Les exemples ci-dessous l’illustreront.

Ex 100 : ML : effectivement on peut trouver une solution comme ¸casauf quederrière y a aussi il faut faire attention au signal qu’on peut envoyer (GB_24_01_13)

Cette concession porte sur fiction/ fiction. Le fait de limiter un petit peu les sanctions et de faire des peines alternatives peut être une solution pour éviter la surpopulation carcérale et l’obligation de faire attention au signale qu’on peut envoyer devront inter-venir parallèlement. De même pour l’exemple 50 où la fiction on va peut-être créer cent cinquante emplois là et l’opinion je préférerais qu’on fasse des efforts ailleurs auprès des petites entreprises qui sont actuellement en difficulté pour leur donner des marchés pour qu’ils puissent faire des travaux dans le cadre du GPV qu’ils puissent avoir des clauses d’insertion de travailler sur l’hôpital sur les grands chantiers de l’AgglO et cetera sont sur le même plan.

Mais l’exemple 63 ne fonctionne pas de la même manière : face à la réalité qu’on sait pas [. . . ] ce qu’il y a dans cette étude comme ¸ca, on peut avoir deux réactions : soit

celle exprimée dans la proposition portant sur la fiction : les gens qui nous écoutent les auditeurs quand on leur balance un chiffre comme ¸ca de cent mille euros pour une étude ils peuvent trouver ¸ca très cher, soit l’inverse : il y a des gens qui ne le trouvent pas. C’est pour cela qu’on considère que la fiction est une alternative et un sous-ensemble du fait.

Récapitulatif des caractéristiques des fictions dans les CND :

À travers les tableaux récapitulatifs, on constate que les propositions marquant une fiction dans les CND contiennent cinq caractéristiques principales :

— les pronoms on etje,

— les verbes modaux (falloir, vouloir, devoir, pouvoir),

— les verbes d’hypothèse (essayer, faire mine, considérer, supposer, penser à) — les temps du futur (le futur proche et le futur simple),

— la condition avecsi

5.3.1 Pronoms

Parmi les 22 CND portant sur la fiction, le pronom on apparaˆıt 15 fois dans les propositions exprimant une fiction. La présence nombreuse de ce pronom montre qu’il est une des propriétés de ce cas de figure. La fiction n’est pas une situation imaginaire mais une situation qui n’est pas encore réalisée au moment où on parle et pour construire une fiction, il faut une convention (sur le sujet, sur la situation, etc.). Prenons un exemple :

Ex 103 : SD : j’allais dire qu’on soit Rolex ou Flamby le combat est le même pour gouverner et parvenir à ses fins il faut avoir les bons outils (ex. 103 - GB_01_02_13)

La proposition qu’on soit Rolex ou Flamby exprime une fiction qui veut direquoiqu’on soit de droite ou de gauche, pour gouverner et parvenir à ses fins il faut avoir les bons outils. Mais l’interprétation de cet énoncé nécessite des connaissances sur la politique fran¸caise, sur les caractéristiques des chefs de chaque parti, sur l’origine de le figure de rhétorique et peut-être sur le style du locuteur : il ne dit pasde droite ou de gauche, Nicolas Sarkozy ou Fran¸cois Hollande, Sarkozy ou Hollande, l’ancien Président et le Président, maisRolex ou Flamby. L’ensemble de ces connaissances relève de la convention que partage un groupe de personnes sans laquelle le message ne peut pas être transmis.

Bref, la fiction implique un ensemble de conventions qu’on partage. C’est pour cela que le pronom on est surreprésenté dans ce cas de figure même si on signifieils (comme dans les exemples 84, 103, 100 (première proposition), 45 (les deux occurrences) et 50).

Le je est moins présent dans les fictions que dans les opinions et dans la plupart des fictions, il apparaˆıt dans la proposition introductive commej’allais dire (ex. 103),je pense que (ex. 110, ex. 86 et ex. 70), moi je veux bien comprendre que (ex. 63), je dirais j’ai tendance à dire que (ex. 120) sauf dans l’exemple 74 où je concourt à la formulation de la concession mais sous forme d’une hypothèse (considérons que moi je vois des tas de jeunes font des conneries).

5.3.2 Verbes modaux

A la différence des opinons des CND, les fictions recourent beaucoup aux verbes mo-daux. On y trouve les quatre formes de cette catégorie : falloir, vouloir, devoir, pouvoir

avec vingt occurrences.

Le verbefalloirapparaˆıt cinq fois et les cinq occurrences sont conjuguées au présent de l’indicatif. La formeil faut exprime une obligation, une alternative : face à une situation donnée, on a plusieurs alternatives mais le locuteur en avance une.

Parmi ces cinq occurrences, une se trouve dans la CND portant sur fait / fiction (ex. 84), les quatre autres dans les CND portant sur fiction / fiction.

Le verbevouloir ne participe pas à la formulation de la concession (63) mais il contri-bue à marquer que la proposition aprèsje veux bien comprendre que est une fiction.

Le verbe devoir connaˆıt deux occurrences dans les CND fiction / fait (ex. 77 et 110) mais elles n’expriment pas une obligation mais une hypothèse. En (110),devoir est conju-gué à l’imparfait dans la condition avecsi mais il s’agit d’une erreur à l’oral du locuteur, en fait, ce dernier veut dire «si cette situation doit durer ». En (77), l’idée hypothétique s’exprime para dˆu et la formule introductriceon peut supposer que qui marque à la fois une possibilité (parpeut) et une supposition (par le verbe supposer).

Dans ce cas de figure de CND portant sur la fiction, le verbe pouvoir est le plus usité (dix occurrences dont neuf avec on dans on peut). Toutes les occurrences de on peut

expriment l’éventualité et non la capacité. Le plus remarquable est la corrélation avec des verbes d’hypothèse comme essayer de (ex. 55),faire mine de (ex. 56),supposer que (ex. 77) afin de signaler qu’il s’agit d’une hypothèse.

Deux autres occurrences de on peut se trouvent dans une construction hypothétique avec si (ex 120) etmême si (ex 94).

La seule occurrence de pouvoir avec un autre sujet queon se trouve dans l’exemple 58 :

une entreprise qui fait des bénéfices pourra licencier des enfin faire des licenciements déguisés ou baisser la masse salariale ou des salaires en disant qu’elle n’est pas compé-titive.

Mais cette fois-ci, pouvoir est conjugué au futur. La situation ne s’étant pas encore produite au moment où on parle, il s’agit d’une forme de fiction.

5.3.3 Verbes d’hypothèse

En (55), avec de pouvoir et essayer, le fait de s’étonner n’apparaˆıt plus comme une réaction naturelle. Son caractère forcé, artificiel, l’oriente vers une interprétation fiction-nelle. De même pour l’exemple 56 oùfaire mine fait du verbes’étonner une action inten-tionnelle plutôt que réelle.

Considérons que en (74) est synonyme de supposons que qui introduit une situation hypothétique.

Le verbe penser dans on peut légitimement penser à une remontée sur le plan sportif

5.3.4 Temps du futur

Dans les vingt-deux concessions portant sur la fiction, c’est le futur, employé dix fois (dont neuf pour le futur périphrastique et une pour le futur simple), qui donne cette valeur à l’énoncé.

5.3.5 Condition avec si

La condition avecsi est utilisée cinq fois. Le temps utilisé aprèssi est le présent dans les concessions 42, 86, 94, 120, ce qui veut dire que les situations décrites sont susceptibles de réalisation. En (110), en utilisant l’imparfait au lieu du présent dans la proposition avec si, le locuteur a commis une erreur car dans la principale, il a utilisé le futur simple.

5.4 CND portant sur le fait

Cette partie est consacrée à l’étude des CND portant sur le fait. On reprend le tableau 5.1 en relevant les CND qui ne portent pas sur le fait :

Table 5.6 – Nombre de CND portant sur le fait en fran¸cais

On s’intéresse particulièrement aux CND portant sur les faits dans les deux proposi-tions qui sont surreprésentée dans le corpus (52/84 CND) car les autres cas de figure ont été étudiés supra. Voici la liste de ces concessions non définitionnelles portant sur {fait / fait}.

On examinera les propriétés de ce cas de figure. Comme il représente la plupart des concessions non définitionnelles, il mérite d’être étudié de fa¸con approfondie selon la même démarche d’analyse que celle adoptée pour les concessions définitionnelles. S’il implique les mêmes marqueurs que pour les CD, on s’interrogera sur leur quantité et leur emploi pour voir s’il y a des ressemblances et des divergences entre les deux types de concessions. Il faut préciser aussi que dans les analyses ci-dessous, on revient de temps en temps sur les CND portant sur l’opinion et la fiction si elle apporte des indices significatifs des CND en général.

Pour commencer, on traitera les pronoms sujets dans les CND portant sur les faits.

5.4.1 Pronoms sujets

Vingt concessions de ce cas de figure contiennent le pronomje ouon en position sujet. Le je sujet apparaˆıt dans les concessions 51, 73, 82, 112, 119. Tous les faits décrits dans ces concessions relèvent de l’expérience personnelle, du vécu du locuteur. L’exemple 51 illustrera ce constat :

Ex 51 : JH : j’ai un discours catastrophiste mais je fais pas exprès (GB_19_03_13)

Dans cet énoncé, le locuteur exprime une concession sur ce qu’il vient de dire : avoir

un discours catastrophiste et son attitude :ne pas faire exprès.

Dans l’énoncé 73,mes amis camerounais j’ai fait des projets à Cuba [je suis peut-être pas / PP : ah non non dites dites / MV :] avec les prisonniers mais c’était sympa comme tout au Cameroun, le locuteur a parlé de son expérience : avoir fait des projets à Cuba avec des prisonniers et son sentiment : c’était sympa comme tout.

Le pronom on se trouve dans quinze concessions portant sur les faits, dont le {on = nous} en 72, 65, 66, 68, 87, 96, 98, 109, 116, 117, 121 et le {on = ils} en 43, 46, 76, 113. Dans les cas où on = nous, le locuteur est plus ou moins engagé dans la situation qu’il décrit (en 65, 66, 68, 87, 121 où on désigne un nous collectif), il a une position neutre en 98 et 109 où on est un nous indéfini et hostile en 72, 96, 116, 117 où on désigne tout le monde. Dans tous les cas où on = ils, le locuteur exprime son désaccord avec l’action réalisée

33/52 concession de cette catégorie n’utilisent nijenion, ce qui est différent des CND portant sur la fiction et l’opinion et des CD. Par contre, elles recourent assez souvent à la

deixisneutre¸caen position sujet des propositions. On en compte huit dans six concessions 54, 67, 78, 88 (deux fois), 92 et 95.

Le pronomceen position initiale de proposition apparaˆıt vingt fois dans les présentatifs des CND sous différentes formes :

— c’est : 15 fois dans les exemples 41, 85, 88, 89, 87, 109 (quatre occurrences), 92, 95, 124

— ce n’est pas en (46) — ce sont en (47)

— c’était : 3 fois dans les concessions 73, 82, 43

Au début de proposition, ce joue le même rôle que¸ca sauf que ce est suivi du verbe être tandis que¸cafonctionne avec les autres verbes.Ce est donc un équivalent de ladeixis ¸

ca qui requiert le recours à la situation de communication.

La fréquence de ces deux pronoms neutres (vingt-huit fois dans trente-deux concessions sans je nion) montre qu’ils sont un marqueur des CND portant sur les faits.

5.4.2 Présentatif

En plus des vingt occurrences du présentatif c’est (et ses variables), on trouve aussi deux occurrences de ¸ca qui est en fait ce dans les exemples 78 et 88. En 78, ¸ca sera extrêmement difficile est une forme plus familière dece sera extrêmement difficile. En 88,

¸

ca va être difficile estc’est difficile conjugué au futur proche.

De surcroˆıt, dans la partie traitant les pronoms sujets, une occurrence de c’est n’a pas été prise en compte parce qu’il ne fonctionne pas comme une déixis : c’est la forme d’emphase en (41) : y a une question politique aussi c’est que c’est l’AgglO quiva payer

orArdon ne fait pas partie de l’AgglO.

On a donc au total vingt-trois occurrences du présentatifc’est dans les CND portant sur les faits. La plupart d’entre elles sont conjuguées au présent ; seules trois au passé et deux au futur.

Une autre forme du présentatif est il y a qui est représenté vingt-deux fois dans ces CND. Seize occurrences sont au présent (ex. 44, 61, 85, 87 (deux fois), 79, 80, 81, 83, 89, 90, 91, 92 (deux fois), 93, 101), quatre au passé (y a eu en 85, 96 et 121,y avait en 43), deux au futur (il y aura en 64,il va y avoir en 69).

Ainsi, les formes du présentatif apparaissent quarante-cinq fois dans les cinquante-deux CND portant sur les faits et soixante-six fois dans les quatre-vingt-quatre CND en général, ce qui signifie que le présentatif est aussi une marque des CND tout comme des CD (ce chiffre est de cinquante-neuf fois dans les quarante-quatre CD). Mais à la différence des CD, les présentatifs dans les CND portant sur les faits ne sont pas suivis de hyperonyme.

5.4.3 Négation

5.4.3.1 Concession comme négation partielle

Dans un débat, un locuteur peut donner une information, livrer un constat ou fournir une opinion.

Exemples :

(1) Il est 14h.

(2) Je vois qu’il est 14h.

(3) Je n’ai pas de montre mais il doit être 14h.

(1) est une information avec une construction impersonnelle.

(2) est un constat qui implique une part de subjectivité du locuteur avec l’emploi du pronomje.

(3) est une opinion avec l’emploi du verbedevoir qui peut être interprété commeselon moi, à mon avis.

Si on ajoute une négation dans ces trois énoncés, on obtiendra :

(1’) Iln’estpas14h.

(2’) soit : Jenevois pasqu’il est 14h. soit : Je vois qu’iln’estpas14h.

(3’) Je n’ai pas de montre mais ilnedoitpas être 14h.

Ainsi, la négation peut se trouver dans la proposition principale ou subordonnée dans la phrase complexe comme en (2’). Mais dans les trois énoncés ci-dessus, on est en présence d’une négation totale. Pourtant, dans un débat, face à une information, un constat ou une opinion, le locuteur peut exprimer quatre réactions : soit une négation totale, soit une négation partielle, soit une affirmation, soit une nouvelle question.

Si le locuteur dit : «C’est le gouvernement qui est responsable.». L’interlocuteur peut donner une négation partielle

— soit en réaffirmant en premier lieu ce propos en le faisant suivre par : « C’est le gouvernement qui est responsable bien qu’il n’ait pas voulu les grèves.»

— soit en niant ce propos pour affirmer un autre fait après : « Ce n’est pas le gou-vernement qui est responsablebien qu’il ait proposé une loi qui déclenche les grèves.».

Si la négation totale veut dire que « c’est faux », que l’affirmation signifie que « c’est vrai », la négation partielle se situe entre ces deux oppositions pour dire que « c’est faux/vrai mais pas dans tous les cas » ou « c’est faux/vrai mais pas dans tous les sens du mot ». Ce dernier décrit le fonctionnement de la concession définitionnelle et le premier celui de la concession non définitionnelle. On peut schématiser ces trois réactions de la fa¸con suivante :

Figure 5.2 – La concession comme une négation partielle

On analysera un exemple de la concession non définitionnelle pour illustrer cette idée.

Ex 101 : [FG : mais ce décalage avec la Grande-Bretagne avec la société britannique c’est d’autant plus étonnant que le projet de loi était porté par le Premier Ministre conservateur ?

PR-M : oui ceci étant dit il faut savoir que au niveau des conservateurs ils sont loin d’être unanimes au niveau de ce projet la moitié des conservateurs a refusé de siéger et de participer au vote par contre effectivement les libéraux de leur côté eux effectivement y étaient favorables donc actuellement on a au niveau de l’Assemblée fran¸caise on a la gauche qui parle d’une seule voix d’ailleurs je suis tout à fait étonné J-PM : je sais même pas y a des clivages le clivage il passe pas par là]

PR-M : quand non le clivage ne passe pas par là il n’en reste pas moins vrai qu’au niveau du vote y a un vote absolument bloqué de l’ensemble de la gauche (GB_06_02_13)

Le locuteur a repris le propos de son interlocuteur «le clivage ne passe pas par là » pour exprimer son accord sur le fait qu’il n’y a pas de clivage dans l’Assemblée Nationale à propos du projet de loi sur le mariage pour tous mais il le dément aussitôt après en disant que l’ensemble de la gauche a voté ce projet de loi tandis que la droite s’est montrée partagée. Cela signifie que le locuteur a nié partiellement l’opinion de l’interlocuteur en commen¸cant son constat avec la locution figée contenant la négation il n’en reste pas moins vrai que.

Mais en réalité, la concession ne fonctionne toujours de cette fa¸con, c’est-à-dire qu’il n’y a pas toujours un locuteur qui lance en premier information et un autre l’affirme ou

la rejette ensuite. L’information affirmée ou rejetée peut être une hypothèse. Examinons un exemple.

Ex. 98 : cette étude va coˆuter cent mille eurosalors qu’on ne sait toujours pas si au final IKEA viendra

La négation totale se trouve en q « on ne sait toujours pas si au final IKEA viendra

» mais q n’est pas une négation du propos de l’autrui qui dit « on sait au final IKEA viendra » mais de l’hypothèse qu’on devrait le savoir.

La fréquence de la négation dans les concessions est frappante même si on ne prend en compte que des négations syntaxiques. Sur les 124 concessions du corpus, il y a 84 conces-sions avec négation et 40 sans négation, soit 67,74% et 32,26%. En prenant GB_05_03_13 comme exemple, on relève 115 phrases avec négation sur un total de 413 phrases, soit 27,85%, très loin des 67,18% dans les concessions. On peut dire que la négation est deux fois et demie plus fréquente dans les concessions que dans les conversations ordinaires. On peut conclure que la négation est une caractéristique typique des concessions à l’oral quel que soit leur type (concessions définitionnelles ou non définitionnelles).

Figure 5.3 – Négation dans les concessions

La négation apparaˆıt ainsi comme un phénomène intrinsèquement lié à la concession. Mais comment expliquer un tel pourcentage ? D’abord, parce que la concession relève de l’argumentation : c’est en argumentant qu’on formule des concessions. Mais on recourt aux concessions non seulement pour exprimer son accord avec un fait ou le point de vue d’autrui mais encore pour montrer sa divergence d’opinion. C’est pour cela qu’on recourt souvent à la négation. Cette caractéristique de la concession nécessite une analyse. On examinera ci-après la portée de la négation.

Figure 5.4 – Négation dans le corpus GB_05_03_13 5.4.3.2 Portée de la négation

La portée de la négation joue un rôle crucial dans l’interprétation de l’énoncé. Par exemple, selon [Chomsky 1970], la phrase « Pierre n’aime pas Marie » peut avoir des significations suivantes :

— Pierre aime Marie + transformation négative

— Pierre n’aime pas Marie (il aime Suzanne)

— Pierre n’aimepas Marie (il l’adore) ;

— Pierre n’aime pas Marie (c’est Hector qui aime Marie).

Sont mis en gras les éléments concernés par la négation. Ainsi, dans la première inter-prétation, on a une négation totale où toute la phrase est niée. Dans les autres cas, soit le complément, soit le verbe en lui-même, soit le sujet est nié, la signification de l’énoncé