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Les classifications (DEGRANGE ; 2005)

- Les propriétés des matériaux de restauration dentaire doivent se rapprocher de celles de ces tissus minéralisés

1.3 Les systèmes adhésifs amélo-dentinaires

1.3.2 Les classifications (DEGRANGE ; 2005)

1.3.2.1 L’approche historique

Les adhésifs dentinaires de première génération, introduits dans les années 60, ne développaient qu’un faible collage chimique avec le calcium de la partie inorganique de la dentine. Basé sur le NPG-GMA de Bowen (N-phenylglycine glycididil méthacrylate), leur force d’adhésion limitée à 2.5 Mpa s’est révélée insuffisante pour annuler la force de contraction due à la polymérisation, évaluée à 17-20 Mpa.

Les adhésifs de deuxième génération (au début des années 80) agissaient sur une dentine pré-traitée à l’aide de l’EDTA à 0.22 % (Tubulicid®), et réalisaient un collage, toujours chimique, avec les deux parties (organique et inorganique) de la dentine.

Les valeurs de la force d’adhésion devenaient faibles (1-10 Mpa), car la liaison s’effectuait principalement avec la « smear layer » : la solution acide, trop faible, n’éliminait que la partie la plus superficielle de la « smear layer » sans atteindre la surface dentinaire sous-jacente.

A la fin des années 80, les adhésifs de troisième génération ouvrent la voie du collage véritable à la dentine, à la fois chimique et micromécanique. Le mordançage était effectué avec des acides à faible concentration (l’acide maléique à 2.5%, du Scotchbond 2-3M® et EDTA à 17%, du Gluma-Bayer®). Ces acides furent choisis pour ôter la « smear layer » en faisant subsister le bouchon et la dentine péricanalaire, toujours dans le but d’éviter des liaisons pulpaires, susceptibles d’être induites par des solutions d’acide trop concentrées. Dans ces systèmes, la présence d’un primaire d’adhésion, constitué de HEMA (2 hydroxethyl-métacrylate), permettait d’augmenter la mouillabilité du substrat dentinaire et, simultanément, de faciliter la pénétration de la résine adhésive (presque toujours du Bis-GMA).

Avec ces adhésifs on parvient à obtenir des valeurs d’adhésion à la dentine de 8 à 11 Mpa, bien supérieures aux valeurs obtenues avec les adhésifs des deux premières générations, mais encore insuffisantes pour s’opposer aux forces de contraction.

La quatrième génération d’adhésifs, avec le mordançage total de l’émail et de la dentine (« total etch ») permit finalement d’obtenir des valeurs d’adhésion capables de résister aux forces de contraction de la résine. Ce pré-traitement dentinaire implique l’élimination totale de la boue dentinaire (smear layer et smear plug) et la modification de la couche superficielle de dentine, pour créer un collage micromécanique, ainsi que chimique. Les acides employés autant pour l’émail que pour la dentine, étaient principalement :

- l’acide maléique à 10%

- l’acide orthophosphorique, d’abord à 10%, ensuite à 32-37%, - l’acide citrique à 10%

Le promoteur d’adhésion est devenu hydrophile, grâce à la présence d’un solvant volatil (alcool ou acétone) afin d’assurer une meilleure pénétration de la résine dans les canalicules dentinaires.

Au milieu des années 90, des systèmes adhésifs plus simples sont introduits sur le marché dentaire (cinquième génération). Ils regroupent en un seul flacon, ce qui était présenté dans les systèmes précédents dans deux conditionnements différents : le primaire et la résine adhésive. Ils nécessitent toujours un mordançage préalable à l’acide phosphorique. Le concept fondamental du collage à la dentine reste inchangé. S’ils sont plus rapides et apparemment plus simples d’emploi, leur pénétration requiert que la surface de dentine déminéralisée présente une certaine humidité résiduelle pour être suffisamment perméable. Ils contiennent tous des monomères hydrophiles, et renferment des solvants organiques et parfois un peu d’eau. Solvants et monomères hydrophiles contribuent à améliorer l’infiltration de l’adhésif.

Une autre révolution est conduite en parallèle à la précédente. C’est celle des adhésifs auto-mordançants (sixième génération) développés principalement par l’industrie japonaise. Le premier système de cette catégorie est Clearfil Liner Bond 2® (kuraray). Dans cette classe, ce sont les deux premières étapes du collage qui sont réunies en une seule : le mordançage et le primaire. L’agent de mordançage n’est plus un simple acide minéral ou organique classique. On exploite l’acidité de certains monomères qui sont aptes à déminéraliser et infiltrer simultanément les tissus dentaires calcifiés. L’emploi de ces primaires acides n’est pas suivi de rinçage, puisque ce sont les monomères qu’ils contiennent qui vont secondairement contribuer à la copolymérisation. Leur application est suivie par celle d’une résine adhésive classique à caractère plus hydrophobe capable d’assurer un bon degré de copolymérisation avec le composite.

En 2000, les adhésifs «tout en un » font leur apparition (septième génération), ces produits regroupent en un seul conditionnement ou un seul mélange les 3 étapes du collage. Ils sont théoriquement susceptibles de mordancer et d’infiltrer émail et dentine, tout en formant une couche de résine apte à s’unir au composite par photo-polymérisation. Ce sont des mélanges complexes qui contiennent des monomères hydrophiles à caractère acide, avec suffisamment d’eau pour permettre leur ionisation. Ils renferment aussi des monomères hydrophobes qui sont indispensables pour obtenir une bonne réaction de polymérisation avec les matrices des composites. Ils ont également des solvants organiques comme autres constituants.

Par ailleurs, la notion de génération ne prend pas en compte les principes d’action des adhésifs, ni leurs performances et il n’apparaît pas évident que chaque génération présente un apport thérapeutique par rapport à la précédente.

1.3.2.2 L’approche fonctionnelle

Suivant une approche fonctionnelle qui est basée sur les principes d’action des différents systèmes adhésifs et sur le nombre de séquences d’applications (VAN MEERBEEK ; 2003) ; on distinguera deux grandes classes d’adhésifs :

- celles des produits qui requièrent un mordançage suivi d’un rinçage, en préalable à leur emploi (les systèmes M&R),

- celles des produits que l’on applique directement sur les surfaces dentaires minéralisées sans aucun traitement préliminaire. Cette classe regroupe tous les systèmes auto-mordançants (SAM).

On peut distinguer dans chacune de ces classes, deux sub-divisions selon le nombre de séquences de mise en œuvre :

- 2 ou 3 temps, pour les adhésifs classiques nécessitant un pré-mordançage,

- 1 ou 2 étapes pour les adhésifs auto-mordançants.

Ce classement simple permet d’intégrer toutes les variétés de produits actuellement commercialisés dans quatre catégories : M&R III, M&R II, SAM II et SAM I (fig.14).

Fig.14. Tableau actualisé des différents systèmes adhésifs amélo-dentinaires classés selon le type d’adhésif et la société commerciale

1.3.3

Le système adhésif « idéal » pour le collage des