CHAPITRE 4. APPLICATIONS A DES SYSTEMES PLUS COMPLEXES
4.2. MULTISOL
4.2.3. Classification et identification des équipements
Afin d’arriver à mettre en œuvre les algorithmes de contrôle/commande, une étape de
classification et d’identification des dispositifs est obligatoire. Cette étape aura une influence
importante sur l’élaboration des architectures, à la fois matérielle et logicielle, du système.
Dans un premier temps, nous faisons une classification des appareils en fonction :
de leur observabilité, c'est-à-dire des mesures et des informations que le système
MULTISOL peut obtenir de ces équipements, la connaissance du comportement à venir.
des moyens d’action que MULTISOL peut avoir pour piloter ces équipements.
Ces deux critères se déclinent en fonction de leur caractère : réactif ou anticipatif. En
appliquant ces critères, 7 types de dispositifs ont été identifiés, présentés dans le Tableau 4.1.
Observabilité Pilotage
Réactif Anticipatif Réactif Anticipatif
Type 0 --- --- --- ---
Type 1 •••• --- --- ---
Type 2 --- •••• --- ---
Type 3 •••• --- ---
Type 4 •••• --- •••• ---
Type 5 •••• •••• •••• ---
Type 6 •••• •••• •••• ••••
Tableau 4.1 Typologie générale des équipements
Type 0 : Equipement de type « fantôme ». Nous n’avons aucune information et aucune
action sur le dispositif, il peut être branché sur n’importe quelle prise à n’importe
quel instant (Exemple : La bouilloire, qu’on peut mettre soit dans la cuisine, dans
le séjour ou dans le bureau).
Type 1 : Equipement qui peut être observé en réactif, c'est-à-dire avoir des mesures en temps
réel de sa consommation/production énergétique (Exemple : courant absorbé par
un téléviseur) et d’autres paramètres essentiels (Exemple : indication « mise en
veille »). Aucun moyen de pilotage n’est disponible.
Type 2 : On peut avoir des informations prévisionnelles à court, moyen ou long terme de sa
consommation/production, mais pas de mesures en temps réel. Toujours aucun
moyen d’action.
Type 3 : On dispose des deux catégories d’informations mesures en temps réel et prévisions
à court, moyen ou long terme de sa consommation/production. Toujours aucun
moyen d’action.
Type 4 : L’équipement est observable et pilotable en réactif, c'est-à-dire que l’on dispose des
ses mesures en temps réel et des moyens d’action sur son comportement (Exemple :
interruption de l’alimentation).
Type 5 : En plus, par rapport au type 3 (mesures en temps réel et prévisions), nous disposons
aussi des informations avec caractère anticipatif. On n’a pas la possibilité de le
piloter en anticipatif. Exemple : le réfrigérateur, dans l’hypothèse où nous n’avons
pas d’accès au thermostat interne :
- nous pouvons mesurer sa consommation de courant
- nous pouvons connaître son inertie thermique donc l’observer en anticipatif
- nous pouvons arrêter son alimentation si nous voulons réduire un pic de
consommation, en réactif
- par contre nous ne pouvons pas le refroidir plus que nécessaire afin de
« stocker » de l’énergie (du froid en fait)
Type 6 : L’équipement « idéal », nous disposons de toutes les informations en temps réel ou
prévisionnels, et en plus, nous pouvons le contrôler en réactif et anticipatif.
Exemple : Le lave-linge :
- nous pouvons mesurer sa consommation instantanée
- nous pouvons connaître son comportement (programmes à venir) avec
l’estimation de sa consommation prévisionnelle
- nous pouvons arrêter son alimentation si nous voulons réduire un pic de
consommation en réactif ou passer une situation d’urgence
- nous pouvons décaler son démarrage à un instant de temps déterminé de
manière optimale – pilotage en anticipatif
En plus de cette typologie, nous pouvons faire une classification des charges en
fonction de leur pilotabilité en régime normal de fonctionnement et en régime d’urgence :
charges pilotables :
charges décalables (Exemple : lave-linge, lave-vaisselle…)
charges modulables (Exemple : chauffage, chauffe-eau…)
charges délestables (Exemple : four…)
Une autre notion importante dans la classification des charges en vue de leur pilotage
est la priorité. En effet pour chaque charge il est nécessaire de connaître son niveau de
priorité face aux autres consommateurs, cet indicateur ayant un rôle primordial en situations
d’urgence. Néanmoins, il est possible que le niveau de priorité d’un équipement donné soit
variable. Un exemple d’une telle situation peut être le cas du réfrigérateur. Ainsi, en raison de
son inertie thermique, en situation d’urgence (par exemple perte de réseau), sa priorité peut
être plus basse que celle de l’ordinateur ou de l’éclairage. Par contre, au moment où sa
température interne dépasse une certaine valeur critique, le réfrigérateur deviendra le plus
prioritaire.
Pour une bonne identification d’un dispositif, des mesures nécessaires à la supervision
de son comportement et des moyens d’actions qu’on pourrait avoir sur lui, nous pouvons
commencer à construire son diagramme d’état. Comme montré sur la Figure 4.5 en prenant
comme exemple le réfrigérateur, un tel diagramme comporte plusieurs états, le passage entre
ceux-ci se faisant par des transitions. Néanmoins, ces transitions sont conditionnées par une
ou plusieurs contraintes.
Figure 4.5.Diagramme d’état réfrigérateur
Dans le cas de notre exemple (Figure 4.5), nous avons deux états : compresseur arrêté
et compresseur en fonctionnement. Nous considérons le cas d’un réfrigérateur avec un seul
compresseur, et les autres consommations internes ont été négligées (comme par exemple
l’éclairage intérieur). Pour passer de l’arrêt au fonctionnement (transition en haut de la
figure), trois conditions doivent être simultanément satisfaites :
une contrainte fonctionnelle impose que le compresseur soit arrêté un intervalle de temps
minimal avant d’être relancé ;
la commande propre de l’équipement, qui démarre le compresseur lorsque la température
interne dépasse un certain seuil (θ > θ
cons+ ε) – fonction thermostat ;
la présence de l’alimentation.
En mode analogue, le passage dans le sens inverse peut être effectué soit par la coupure
provoquée par le thermostat, soit par la coupure de l’alimentation.
En regardant la Figure 4.5, nous pouvons déjà apercevoir les façons dont MULTISOL
pourrait agir sur cet équipement. Il est évident que la contrainte fonctionnelle (temps minimal
de repos du compresseur) ne peut pas être modifiée. Le moyen le plus facile de pilotage du
réfrigérateur est l’action sur son alimentation. Par l’ajout d’un interrupteur télécommandable,
MULTISOL peut agir et gérer dans une certaine mesure le fonctionnement de l’équipement.
Néanmoins, afin d’éviter que les aliments soient dégradés, une mesure de température sera
nécessaire à l’intérieur du réfrigérateur.
Nous pourrions donc couper l’alimentation, ce qui aura comme conséquence
l’élévation de la température interne mais, du fait de la présence d’un thermostat interne au
réfrigérateur, nous ne pourrons pas passer sous un certain seuil de température. Dés que la
température aura baissé en dessous d’un seuil, le compresseur sera arrêté et ne pourra pas être
redémarré via une action extérieure. Toutefois, le stockage du froid pourrait être aussi
envisagé si l’utilisateur met le thermostat au minimum et laisse MULTISOL gérer cette
fonction de réglage de la température.
Ayant établi la classification des équipements et partant des diagrammes d’état, nous
pouvons maintenant réaliser une fiche d’identité pour chaque dispositif (Figure 4.6).
Figure 4.6.Fiche d’identité générique pour un équipement
• Nom de l’équipement • Description de l’équipement o Caractéristiques Type (v. Tableau 4.1) Niveau de priorité Etat i (v. Figure 4.5) • Nom • Durée de l’état
• Durée minimum de l’état
• Durée maximum de l’état
• Durée cumulée maximum d’interruption
• Puissance active Transitions (v. Figure 4.5) • Contraintes fonctionnelles o Données brutes Mesures • Réactif • Anticipatif Actions • Réactif • Anticipatif
Cette fiche, contiendra les informations essentielles sur l’équipement et servira comme
base à l’élaboration des modèles comportementaux afférents. Une autre fonctionnalité de ces
fiches peut être l’adaptation des modèles déjà existants par rapport aux équipements réels (v.
§4.2.6.3). Dans ce dernier cas, la fiche pourrait être demandé aux constructeurs ou complétée
par le système MULTISOL lui-même, suite à une étape d’auto-apprentissage.
Il peut y avoir plusieurs types de fiches d’identité : comportementales, électriques,
thermiques, etc.
Dans le document
Modélisation, Commande et Simulation Temps-Réel Hybride des Systèmes de Génération Non Conventionnels
(Page 95-99)