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Il est clair d’après cette définition que si Y est une autre variable aléatoire ayant même loi queX(donc mêmes probabilités d’appartenance aux intervalles),

Dans le document Outils mathématiques pour les sciences (Page 70-73)

Variables aléatoires réelles

Remarque 4.15. Il est clair d’après cette définition que si Y est une autre variable aléatoire ayant même loi queX(donc mêmes probabilités d’appartenance aux intervalles),

elle a aussi la densité f. D’autre part, il n’y a pas unicité de la densité d’une variable aléatoire. Par exemple g11r0,1s et g21s0,1r sont deux densités de probabilité qui donnent les mêmes intégrales :şabg1ptqdtşabg2ptqdtpour toute paire de réels aetb. Ces deux fonctions peuvent chacune être prise comme densité de la loi uniforme surr0,1s.

L’exemple ci-dessus montre qu’il ne suffit pas de vérifier que deux variables aléatoires ont des densités qui diffèrent en un point pour en déduire qu’elles n’ont pas même loi. Nous admettrons le lemme suivant qui donne une condition suffisante pratique pour que deux variables à densité n’aient pas même loi.

Lemme 4.16. Soient X et Y deux variables aléatoires admettant respectivement pour densité les fonctionsf et g. On suppose qu’il existe un réelt0 tel que fpt0q ‰gpt0qet que de plus,f et g sont toutes deux continues au point t0. Alors X et Y n’ont pas même loi. Examinons maintenant les relations entre la densité d’une variable aléatoire,lorsqu’elle existe, et sa fonction de répartition, qui elle, existe toujours, .

Proposition 4.17. Si la variable aléatoire X a pour densité f, sa fonction de répartition

F vérifie :

a) @xP R, Fpxq “ş´8x fptqdt; b) F est continue sur R;

c) si f est continue au point x0, alors F est dérivable en ce point et F1

px0q “fpx0q. Corollaire 4.18. Si la variable aléatoire X a pour densité f, les égalités suivantes sont vérifiées pour tous a, bP R tels que a ăb :

PpaăX ăbq “PpaăX ďbq “PpaďX ăbq “PpaďX ďbq “ żb a fptqdt, PpX ăaq “ Ppxďaq “ ża ´8 fptqdt, PpX ąbq “PpX ěbq “ ż`8 b fptqdt.

Preuve de la proposition 4.17 et du corollaire 4.18.

4. On peut démontrer que l’ensemble des points de discontinuité d’une f.d.r. quelconque est au plus dénombrable.

4.2. Généralités 69 Preuve de a). Puisque X a pour densité f, on a pour tous réels aăb,

PpX P sa, bsq “Fpbq ´Fpaq “

żb a

fptqdt. (4.19) Il suffit d’appliquer (4.19) avec bx fixé et a “ ´n pour chaque n P N tel que ´n ăx. La suite d’évènements

An:“ tX P s ´n, xsu, n ą ´x,

est croissante pour l’inclusion et a pour réunion A “ tX P s ´ 8, xsu. Par continuité monotone séquentielle (cf. proposition 2.4), on a PpAnq ÒPpAq, d’où

Fpxq “PpAq “ lim nÑ`8PpX P s ´n, xsq “ lim nÑ`8 żx ´n fptqdt“ żx ´8 fptqdt,

en notant que l’intégrale généralisée de la densité f converge en ´8.

Preuve de b). Fixonsx0 P Rquelconque. On sait déjà queF est continue à droite en tout point commetoute fonction de répartition. Il suffit donc de montrer la continuité à gauche en x0. D’après le point b) de la définition 4.12, il existe a ă x0 tel que f soit définie et Riemann intégrable sur tout intervalle ra, xs Ă ra, x0r. On a alors

lim xÒx0 żx a fptqdt “ żx0 a fptqdt,

où la deuxième intégrale est soit une intégrale de Riemann ordinaire soit une intégrale généralisée convergente. Cette relation peut aussi s’écrire à l’aide de F :

lim

xÒx0

`

Fpxq ´Fpaq˘Fpx0q ´Fpaq.

On en déduit par addition de Fpaq que Fpxq tend vers Fpx0q quand x tend vers x0 par valeurs inférieures.

Preuve de c). Puisque f est continue en x0, elle est définie sur un voisinage dex0 et donc sur un intervalle sa, br contenant x0. La continuité de f enx0 peut alors s’écrire :

@εą0,D sx0´δ, x0`δr Ă sa, br; @t P sx0´δ, x0`δr, |fptq ´fpx0q| ăε. (4.20) Pour tout h tel que 0ă |h| ăδ, on a alors Fpx0 `hq ´Fpx0q “ şxx0`h

0 fptqdt d’où |Fpx0`hq ´Fpx0q ´hfpx0q| “ ˇ ˇ ˇ ˇ żx0`h x0 ´ fptq ´fpx0q ¯ dt ˇ ˇ ˇ ˇď |h|ε.

En divisant parh, puis en faisant tendre h vers 0, on voit queF a bien une dérivée enx0

et que celle-ci vaut fpx0q.

La proposition 4.17 est maintenant complètement démontrée. Pour vérifier le corol-laire 4.18, il suffit de combiner les relations générales (4.7)–(4.14) avec (4.18) et les points a) et b) de la proposition 4.17.

Remarques 4.19.

1. D’après b) toute variable aléatoire à densité a une fonction de répartition continue. La réciproque est fausse : il existe des lois à fonction de répartition continue sans densité.

2. Par ailleurs si X a une densité, sa fonction de répartition n’est pas forcément déri-vable en tout point. Par exemple la densitéf2ci-dessus a pour fonction de répartition associée F2pxq “?x1s0,1spxq `1s1,`8rpxq(cette écriture condensée signifie queF2pxq est nul sur R´, vaut ?x entre 0 et 1 et reste constant égal à 1 sur s1,`8r). F2 est dérivable en tout point sauf en 0 et en 1.

La proposition suivante donne une règle pratique permettant de trouver la densité (lorsqu’elle existe !) à partir de la fonction de répartition dans les cas les plus courants. Proposition 4.20.On suppose que la fonction de répartitionF deX estC1 par morceaux au sens suivant : F est continue sur R et dérivable sur R privé (éventuellement) d’un ensemble fini de points a1 ă . . . ă an. Sur chacun des intervalles ouverts s ´ 8, a1r, sai, ai`1r (1ďiăn),san,`8r, la dérivée f de F est continue. AlorsX a pour densité f. Preuve. Il est commode de poser a0 :“ ´8 et an`1 “ `8. Sur chacun des intervalles ouvertsI découpés par les ai, F est dérivable et sa dérivée f est continue. On sait alors quef a une infinité de primitives sur I et que si l’on fixe un α dans I, toute primitive H

def surI est de la forme Hpxq “ şxαfptqdt`C, avecC constante. CommeF est l’une des primitives def surI, en prenant HF et en faisant xα, on voit que la constante C

vautFpαq. On a donc pour α et xquelconques dans I, Fpxq ´Fpαq “ şxαfptqdt. Fixons

α et prenons x ě α. Faisons tendre x vers la borne supérieure ai de I. Comme F est continue (ou dans le cas ai “ `8, F a une limite 1), l’intégrale généralisée şai

α fptqdt

converge et vautFpaiq ´Fpαq(ou 1´Fpαqquand ai “ `8). De même en faisant tendre

αversa1 on voit que l’intégrale généraliséeşai

ai´1fptqdt converge et vautFpaiq ´Fpa1q

(ou Fpaiqquand ai´1 “ ´8). Finalement soient a etbąa quelconques dansR. Si a etb

sont dans le même intervalle I on a directement Fpbq ´Fpaq “ şbafptqdt. Sinon on note paiqi0ďiďi1 l’ensemble de tous les ai qui sont dansra, bs et on écrit

Fpbq ´Fpaq “Fpai0q ´Fpaq ` i1´1 ÿ i“i0 ` Fpai`1q ´Fpaiq˘`Fpbq ´Fpai1q “ żb a fptqdt,

en utilisant la relation de Chasles pour les intégrales généralisées. On a donc toujours

PpX P sa, bsq “Fpbq ´Fpaq “şabfptqdt, ce qui montre que X a pour densité f.

4.3 Lois discrètes classiques

Dans toute la suite du chapitre, on fixe un espace probabilisép,F, Pq, on désigne par

X une variable aléatoire sur pΩ,Fq et par PX sa loi sous P. Cette clause sera implicite chaque fois que nous écrirons dans les définitions « La variable aléatoire X suit la loi . . . si . . . ». Pour X de loi discrète, nous utiliserons la notation :

XPpΩq:“ txPR; PpXxq ą 0u. (4.21) Bien sûr, XPpΩq est toujours inclus dans l’ensemble des valeurs « possibles » XpΩq et dans la plupart des situations pratiques d’utilisation des variables aléatoires, ces deux ensembles sont égaux5.

5. Ce distinguo entre XpΩq et XPpΩq, à ignorer en première lecture, vient du fait que la loi d’une variable aléatoire réelleX,sous une certaine probabilitéP, peut être discrète sans queX elle-même soit discrète au sens de la définition 4.3.

4.3. Lois discrètes classiques 71

4.3.1 Lois de Bernoulli

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