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Chronique du livre

Dans le document Organisations et territoires (Page 161-165)

Desaulniers, É. (2013). Vache à lait : Dix mythes de l’industrie laitière, Montréal, Stanké, 192 p.

L’ouvrage a fait la une de la section « Livres » du Devoir au printemps dernier. Il s’agit du second ouvrage de celle qui a su attirer l’attention deux ans plus tôt avec son Je mange avec ma tête, chez le même éditeur. Après avoir travaillé plus de dix ans en recherche et marketing, entre autres, pour Air France, Élise Desaulniers s’est convertie il y a quelques années au végétalisme (aucun produit d’origine animale) tout en concentrant son attention à l’éthique alimentaire, ou dit autrement : envers les animaux à travers les choix alimen- taires. Alors que l’ouvrage précédent traitait de tous les produits d’origine animale susceptibles de se retrouver dans tout supermarché, cette fois l’auteure tire à boulets rouges sur un des dérivés d’une des plus importantes productions agricoles du Québec : le lait. Pourquoi? Tout d’abord, parce que non seulement le lait n’est pas nécessaire à la santé, mais peut, selon une documentation très fouillée, lui être nuisible. Hey oui, ceux de ma génération, qui, à l’école primaire, pour 0,05 $, pouvaient se payer un berlingot, distraction mise à part, ils auraient pu s’en passer sans subir aucun préjudice. Les Québécois font partie des 25 % de la population de la planète qui peuvent assimiler le lait. Il faut donc admettre selon l’auteure, que quoiqu’en pense la puissante Fédération des producteurs laitiers du Québec, - qui ne manque pas d’en faire la promotion à coûts de millions $ - la consommation que nous en faisons relève davantage d’un phénomène culturel que d’une nécessité dont notre santé serait tributaire. En conséquence, les Québécois, en 2010, ont soutiré de leur portefeuille plus de 2 milliards $ pour se procurer des produits laitiers frais.

Une telle consommation ne peut se voir attribuée à la seule publicité style « Un verre de lait c’est bien, deux c’est mieux » orchestrée par la Fédération ci-haut mentionnée, car Desaulniers précise qu’Agropur, Permalait et Saputo à eux trois investissent en publicité 42 % de toutes les dépenses encourues pour promouvoir la vente des

produits laitiers. Nonobstant les présumés effets néfastes du lait sur la santé, une question se pose et est souvent soulevée par les chroniqueurs des pages économiques : le consommateur trouve-t-il un avantage du fait que la responsabilité du prix du lait incombe depuis 1938 à la Régie des marchés agricoles et alimentaires? On sait que le lait fait partie depuis la fin des années 50 des cinq produits placés sous la gouverne de la gestion de l’offre lesquels représentent en tout 20 % de la production agricole d’un océan à l’autre. Est-il nécessaire de signaler que cette « anomalie » aux yeux des partisans chevronnés du libre-échange fait partie des obstacles qui se posent actuellement en vue d’un accord de libre-commerce avec l’Union Européenne. Mais, ce n’est pas la tasse de thé de notre auteure. À mon avis, l’intérêt principal du volume se rapporte à l’éthique animale, à savoir le sort réservé à celles qui autrefois se plaisaient à regarder passer les trains ou, sous d’autres cieux : les coureurs du Tour de France. Pour l’auteure, ces images d’Épinal ne reflètent plus la réalité d’aujourd’hui.

En effet, le lecteur apprend que 92 % des 382 000 vaches des quelques 6 300 fermes laitières au Québec passent leur vie entière attachée pour ensuite se voir transformées en viande pour hamburgers. Je me rappellerai toujours la surprise affichée par les participants à l’Université rurale 2005 en Outaouais qui, en visitant une ferme laitière, ont pu apprendre que durant les 4 ans de sa vie active les vaches étaient enchaînées 24 h/24 sans voir la couleur du ciel. Un état de fait que dénonce Desaulniers en reconnaissant qu’il est plus payant de transformer un pré en champs de maïs que d’y laisser paître des vaches dont le rendement est inférieur à celui offert en étant internées à vie n’ayant rien d’autre à faire que de manger au lieu de brouter et de ruminer à l’ombre d’un érable ou d’un frêne. Ce qui a pour conséquence, selon un juriste américain, qu’il y aurait probablement plus de souffrances dans un verre de lait ou dans une crème glacée molle de

Dairy Queen que dans un steak fourni par tous les J.J. Steakhouse de ce monde.

En effet, elle souffre la vache qui se voit séparée de son veau dès sa naissance et que l’on insémine rapido pour qu’elle produise un autre veau et fournir ce lait qui ira dans le bulk tank. Quant au veau, à défaut d’être une génisse, après avoir été engraissé pendant quelques mois, c’est en escalope milanaise qu’il se retrouvera. Faut bien utiliser ce sous-produit de l’industrie laitière. Mince consolation, selon certains, la viande de veau n’est pas suffisamment rouge pour faire partie de ce que l’on ne devrait pas manger plus d’une fois par semaine. Pour en revenir à sa mère, une fois totalement épuisée, c’est à l’abattoir qu’elle se retrouve pour y connaître parfois, malgré les tentatives d’adoucir sa fin, une agonie indigne de notre soi-disant civilisation. Oui, le bilan est lourd. C’est pourquoi il importe de s’intéresser à l’éthique animale.

Qu’en est-il? Il s’agit de cette partie de l’éthique qui nous oblige à considérer nos obligations envers les animaux. Le tout s’appuie sur cette réalité : les vertébrés sont des êtres conscients et en conséquence peuvent ressentir la douleur. De cet état de fait, l’auteure dégage que l’on ne peut les considérer comme de simples choses ou de purs moyens au service de nos fins. Alors, à ses yeux, au lieu de parler d’une vie de chien pour faire allusion à un sort malheureux, il serait davantage pertinent de parler d’une vie de vache…

Peut-on ne pas y penser en allant chez son fromager en vue d’acheter de la Tomme de Grosse-Île, de la Fleur de Weedon ou autres Louis-D’or? Je ne pourrais pas me passer de

fromage, c’est l’intitulé du 10e et dernier chapitre du volume. On apprend que le fromage contiendrait différents composés de la famille de la morphine. Faut-il alors se surprendre de l’engouement des enfants pour un bon « grill cheese »? Oui, l’auteure parle ici de dépendance dont on peut apprendre à s’en passer. Mais, en a-t- on envie quand on pense à l’immense progrès en qualité que connaissent nos fromages, aussi nombreux qu’en France, depuis à peine 15 ans? De Gaulle se demandait comment gouverner un pays qui produit plus de 300 fromages? Doit-on y voir les difficultés d’une gouvernance publique au Québec? Passons! Mais, tenons compte que si les ventes de lait et de crème glacée (changements

climatiques obligent?) déclinent, l’auteure nous informe que la consommation de fromage augmente en proportion avec sa qualité déjà évoquée. Que faire pour inverser cette tendance? Pas facile, mais possible. Le tout se termine par des conseils sur la façon de changer nos habitudes. Oui, si des néo-musulmans au monent d’écrire ces lignes, pratiquent le ramadan sans voir leur vie mise en péril, il est sûrement possible d’éviter de mettre du lait dans ses céréales le matin et de ne pas accompagner son vin rouge le soir d’un bleu de Warwick. Mais, si la foi des nouveaux convertis aide à s’abstenir de boire le jour en plein juillet, acquérir une foi équivalente pour se priver de produits laitiers, je l’avoue, je crains de ne pas y arriver. Tout au plus, comme pour les gaz à effet de serre, s’il est possible de les réduire un tant soit peu en y prêtant attention, il en va de même avec la consommation doit il est question dans cet intéressant ouvrage qui fait dire : jamais deux sans trois, vivement le prochain de cette auteure.

André Joyal

Chercheur rattaché au Centre de

développement territorial (CRDT)

Julien, J. (sous dir. 2012). La gestion intégrée des ressources en eau en Afrique subsaharienne : Paradigme occidental, pratiques africaines, PUQ, 276 p.

Cet ouvrage propose une réflexion originale sur la problématique de la gestion intégrée des res- sources en eau (GIRE) dans une région du monde qui accuse un retard en matière de développement humain : l’Afrique subsaharienne. Il aborde les questions d’eau à travers ses dimensions socio- économiques et environnementales.

L’urgence pour l’Afrique subsaharienne d’adopter ces modes de gouvernance et de gestion de l’eau, susceptibles de favoriser le développement se pose comme un impératif absolu. Toutefois, il ressort que pour la réduction de la pauvreté, l’approche GIRE a été au plan national et international reconnue axiomatique ces deux dernières dé- cennies. En ce sens qu’elle permet de relever les défis spécifiques du développement par l’opti- misation du rôle de l’eau dans l’atteinte d’objectifs socio-économiques et environnementaux.

Cependant, force est de constater que le paradigme GIRE n’a pas été élaboré dans le but très précis de résoudre des problèmes de sous-développement en Afrique ou ailleurs. Paradigme essentiellement occidental, sa montée coïncide avec l’aboutis- sement d’une prise de conscience par les sociétés les plus riches, du caractère non durable de leur propre (sur)développement hydraulique. La GIRE a, alors, été promue en tant qu’approche à vocation universelle, capable de garantir l’usage rationnel d’une ressource en raréfaction. Pour ce faire, cet ouvrage aborde la question de la transférabilité de la GIRE à l’Afrique subsa- harienne, son objet de prédilection, plutôt que de supporter sa pertinence pour ensuite évaluer l’étendue de son application, ainsi que les moyens d’en favoriser la diffusion.

En revanche, bien que le livre se veuille critique, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille rejeter à l’avance le paradigme GIRE. L’objectif étant de cerner quels types d’évidences, de familiarités, de modes de pensée acquis et non réfléchis repose le paradigme GIRE. La réponse à une crise mondiale ne eau couvre quatre (4) problématique : l’accès déficient à l’eau potable et à l’assainissement, l’insécurité alimentaire, la dégradation des écosystèmes aquatiques et l’instabilité politique nationale ou internationale.

Enfin, deux études de cas sur l’application au plan national et transnational de la GIRE ont été analysées par les auteurs : celle de l’Afrique du Sud d’après apartheid et de l’Afrique Australe. En effet, l’Afrique du Sud possède une longue tradition de savoir-faire en ce qui a trait à la gestion de l’eau. De ce point de vue, elle reste un terreau fertile à la mise en œuvre de la GIRE. Cette expérience partagée à l’échelle régionale qui conduit à la problématique de : Quelle GIRE pour l’Afrique Australe? Pour les auteurs, sur un continent africain où les cours d’eau transfrontaliers d’importance sont nombreux, l’exigence de gestion au niveau du bassin versant de la GIRE implique une coopération interétatique. Subséquemment, cette tentative de considérer les bassins transfrontaliers dans leur ensemble se heurte à la difficile conciliation des principes d’intégration et de souveraineté.

En somme, pris globalement, cet ouvrage invite à la prudence dans l’exportation du paradigme de la GIRE. Car, « le mieux, ennemi du bien : pour une GIRE pragmatique ». Issu de contextes sociaux et écologiques particuliers, rien ne garantit que le paradigme de la GIRE, dans sa version idéalisée du moins, ait un caractère universel. Le danger, c’est alors, de confondre inspiration et imitation.

Mahamoudou Kiemtore

Doctorant en management de projets Université du Québec à Chicoutimi

Programme court

de 3

e

cycle en

management de

projets

Former des experts, des intervenants de haut niveau, en mesure d’enrichir les connaissances sur le plan théorique et sur le plan du renouvellement des pratiques professionnelles en management de pro- jets.

Diplôme de maîtrise ou l’équivalent en ges- tion ou en génie avec une moyenne cumu- lative d’au moins 3,2 sur 4,3. Un candidat détenteur d’un diplôme de maîtrise spécia- lisée en gestion, en génie ou l’équivalent dans une discipline connexe pourra être admis. La direction du programme se ré- serve le droit de lui imposer de réussir des cours d’appoint pour un maximum de 9 crédits.

Pour toute information concernant l’admis- sion, veuillez faire parvenir un courriel à pcs_management-doctorat@uqac.ca.

L’admission des étudiants se fera au tri- mestre d’hiver seulement (10 places dispo- nibles).

Le programme est offert à temps complet et à temps partiel.

Objectifs

Conditions d’admission

Productivité

Entrevue avec Monsieur Takeshi Fujita, Deputy Director au Japan Productivity Center

Dans le document Organisations et territoires (Page 161-165)