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VI. Résultats

VI. 4. Choix et analyse des moments remarquables

Pour choisir les moments remarquables à analyser, nous pouvions nous intéresser à la topogenèse lors de chaque moment, aux stéréotypes masculins ou féminins débattus, à certains élèves ou bien au contenu en termes de Genre. Nous avons décidé de sélectionner les moments où la question du Genre est plus particulièrement présente dans l’action didactique conjointe. Six stéréotypes féminins sont débattus et le Genre se manifeste dans cinq d’entre eux tandis que cinq stéréotypes masculins sont débattus et le Genre se manifeste dans l’un d’entre eux. Nous constatons alors que le Genre émerge plutôt lors des débats autour des stéréotypes féminins. Les quatre premiers moments choisis (pleurer, être pompier, aimer le rose, cuisiner) ont en commun le premier jeu didactique décrit ci-avant (sélection d’étiquette et arguments pour conclure que c’est pour les deux). Les deux derniers moments choisis (porter un serre-tête et mettre du vernis) ont en commun le dernier jeu didactique décrit ci- avant (choses interdites pour les filles ou pour les garçons).

Nous présentons ici rapidement les moments non-analysés pour pouvoir mettre les moments remarquables en contexte dans cette séance.

Lors du moment nommé « rappel de la séance précédente », l’enseignante institutionnalise le savoir en jeu dans la séance 1, soit que des élèves trouvaient que certaines choses sont plutôt pour les filles ou plutôt pour les garçons, que certains garçons peuvent aimer une chose et d’autres pas, mais que finalement « tout le monde aime toutes les choses ».

L’enseignante définit ensuite ce qui va être fait lors de la séance : « on va regarder ce que vous aviez mis pour voir si tout le monde est d’accord ».

Le moment « donner le biberon » sert à mettre en place le jeu didactique. L’enseignante choisit une étiquette classée sur une affiche et demande si la colonne choisie est justifiée ou pas, ce qui engendre des réponses « oui » ou « non » et quelques arguments de la part des élèves. Lors de ce moment, les élèves avaient compris « prendre le biberon » au lieu de « donner le biberon », donc l’enseignante a redéfini l’activité choisie.

Le moment « faire de la moto » est assez intéressant car quelques élèves ne croient vraiment pas que les femmes peuvent faire de la moto. Pourtant, des élèves font avancer le savoir en apportant des contre-exemples : « Moi un jour et ben j’ai vu une… Une fille seule sur une moto », ou encore par un sondage à main levée engendré par l’enseignante. Mais les élèves résistants essaient de négocier en concédant qu’une femme peut monter sur une moto… Avec un homme, ou bien sur un scooter, qui est défini plus petit qu’une moto par les élèves. L’enseignante tente alors de convaincre tout le monde en faisant appel à un argument d’autorité extérieur : la photographie d’une femme seule sur une grosse moto. Certains élèves se rendent compte qui finalement, ça peut exister, mais les plus résistants ne croient même pas la photo réelle : « Non non non c’est pas une fille c’est pas une fille c’est un garçon ! ».

Lors du moment « avoir un doudou », la topogenèse est du côté de l’enseignante, probablement à cause de la gestion de classe qui devient difficile car les élèves s’agitent. Elle garde la main sur le savoir et l’avancée du savoir dans le temps didactique. Elle demande à un élève si le fait qu’il n’aime pas les doudous est généralisable à tous les garçons, prend appui sur un sondage à main levée pour montrer qu’il y a beaucoup de garçons qui aiment les doudous et conclut rapidement « Bon bah les doudous c’est pour les deux ! ».

Le jeu didactique du moment « bleu, jaune et autres couleurs » change, puisque l’enseignante demande aux élèves de lever la main s’ils pensent que ce qu’elle dit n’est que pour les filles ou que pour les garçons. L’analyse didactique montre qu’elle cherche à faire avancer la séance en éliminant les dernières résistances pour arriver à la conclusion, mais cette consigne est mal appropriée par les élèves comme nous l’avons expliqué ci-avant. La topogenèse reste plutôt du côté de l’enseignante car elle formule les conclusions sous forme de questions et les élèves lui répondent « OUIII ! » en chœur. Sa modification du milieu didactique n’a pas fonctionné et elle revient ensuite au jeu didactique initial.

La gestion de classe redevient difficile lors du moment « jouer au ballon » donc l’enseignante utilise des sondages à main levée pour voir qu’il y a des filles et des garçons qui jouent au foot et conclut rapidement que « jouer au ballon c’est pour tout le monde ». La topogenèse reste ainsi du côté de l’enseignante.

Lors du moment « jouer aux jeux vidéo », l’enseignante fait appel à un sondage à main levée pour montrer à un élève très résistant que les filles aussi jouent aux jeux vidéo. Ce moment a été marquant car l’élève semblait réellement faire une découverte éberluante. Cela rejoint ce que nous allons décrire lors de l’analyse du moment « cuisiner », dans le sens où ce sondage ouvre des possibles pour cet élève au positionnement assez stéréotypé.

Il y a une évolution dans la mésogenèse car le milieu didactique est modifié par l’enseignante lors de la « conclusion de la séance ». Elle cherche une fois de plus à mettre au jour les dernières résistances des élèves pour les faire disparaître et pouvoir conclure. Elle demande « Qu’est-ce qu’on n’a pas le droit de faire quand on est une fille », ce à quoi les élèves répondent « faire sonner l’alarme », « Fumer des cigarettes », « donner des coups de pied et des coups de poing ». L’enseignante fait émerger des contre-exemples de la part des élèves, mais cela reste confus pour certains et rappelle la règle concernant la violence. Elle pose ensuite la même question pour les garçons et le tabac et la violence ressortent. L’enseignante conclut que « c’est les mêmes règles pour tout le monde. Y’a pas de règles qui sont que pour les filles et y’a pas de règles qui sont que pour les garçons ».

Après avoir résumé ces moments, nous analysons les moments remarquables au regard des descripteurs de l’action conjointe et de l’action du professeur.

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