2.1 Introduction
2.4.2 Choix des axes de recherche
2.4.2.1 Point de départ des recherches
La clef de voûte du pré-alignement actif du CLIC se situe au niveau du
recouvrement des références d’alignement qui constituent le réseau
métrolo-gique de référence. A proprement parler, le recouvrement est un enjeu majeur
du pré-alignement au sens où s’il n’est pas faisable, le pré-alignement ne peut
atteindre les spécifications.
Du point de vue des accroissements de l’émittance du faisceau de
par-ticules, les erreurs d’alignements peuvent être dissociées en fonction de leur
longueur d’onde [Schulte, 2009b]. Sur les courtes distances, de l’ordre du
mètre, les accroissements d’émittance sont dus essentiellement à
l’incerti-tude du réseau de pré-alignement des supports et à celle de la
fiducialisa-tion [Schulte, 2009b]. Or ces accroissements peuvent être traités
indépen-damment, module par module, pour peu que le caractère linéaire du linac du
CLIC soit suffisamment bon [Schulte, 2009b], autrement dit si le réseau
mé-trologique de référence est suffisamment précis pour définir une ligne droite
à10µmsur200 m.
Or plusieurs questions relatives au fonctionnement du réseau
métrolo-gique de référence restaient en suspend à l’issue des recherches antérieures à
cette thèse (lire le paragraphe2.3.3). Ce réseau est composé de fils tendus,
modélisés en vertical par des réseaux hydrostatiques, qui se succèdent les
uns aux autres avec recouvrement et redondance. Dans ce cadre, comment
associer les lectures d’un capteur WPS mesurant un point d’un fil à celles
du capteur voisin qui mesure un autre fil ? Comment utiliser les informations
2.4 La chaîne métrologique du MRN
des réseaux hydrostatiques, mesurés par des capteurs HLS, pour modéliser
les flèches et les dénivelées des fils tendus ?
L’un des premiers apports des recherches de ce doctorat a été
d’appro-fondir le concept de plaque métrologique, c’est-à-dire un objet supposé
in-déformable sur lequel sont fixés deux capteurs WPS et un pot HLS (voir
la figure 2.28). Si la métrologie de cet objet est parfaitement connue (soit
par des tolérances d’usinage extrêmement fines ou par des mesures précises),
alors il est possible d’associer les lectures des WPS et du HLS fixés sur cet
objet si et seulement si les mesures de chacun de ces capteurs sont définies
par rapport à leur fixation.
2.4.2.2 Analyse de la chaîne métrologique
Qu’il s’agisse d’un inclinomètre, du WPS ou d’un HLS, chacun de ces
types de capteurs mesure un angle ou une distance par rapport à un
ré-férentiel qui lui est propre. Ce réré-férentiel est défini par le constructeur du
capteur par rapport à des références externes. L’incertitude de la définition
de ce référentiel correspond alors à la précision dite « absolue » du capteur,
c’est-à-dire à sa justesse [JCGM, 2008c].
Par la suite, le capteur est fixé à un support qui, lui-même, est solidaire
d’une plaque métrologique. Si la plaque en question comporte des alésages
pour deux WPS, un HLS et un inclinomètre, chaque support de capteur doit
être défini au mieux par rapport à ses voisins pour être en mesure, d’une part
de se servir des dénivelées HLS pour compenser les flèches et les dénivelées
des fils associés aux deux WPS, et d’autre part d’assurer la propagation des
fils. Il est alors plus aisé de définir chaque support par rapport à la plaque
métrologique. Cela permet de s’affranchir des permutations sans répétitions
d’un support à l’autre.
De ce fait, la chaîne métrologique permettant d’effectuer le passage d’un
fil à l’autre, au niveau des capteurs WPS d’une même plaque, est similaire
aux liaisons mécaniques (voir la figure 2.35) :
– Il faut définir chaque support de capteur par rapport à la plaque sur
laquelle il est fixé.
– Il est nécessaire d’exprimer les lectures des capteurs par rapport à leurs
supports associés, ce qui revient à estimer la justesse de ces différents
systèmes de mesures par rapport à leurs alésages.
2.4.2.3 Définition des axes de recherches
Avant de réfléchir aux méthodes métrologiques permettant de définir les
supports des capteurs sur les plaques métrologiques, il fallait s’atteler à la
jus-tesse de ces derniers. Était-elle suffisante ? La résolution des capteurs WPS et
HLS est donnée à0.2µmtandis que leur précision est de1µm[Herty, 2009].
La justesse, quant à elle, est de50µm. Elle correspond à une tolérance
d’as-semblage des composants de ces capteurs [Herty, 2009].
Fig.2.36 – Surface de référence d’un capteur WPS
Le centre du capteur WPS est défini à 23.5 mm de deux surfaces de
céramique orthogonales [Herty, 2009] (voir la figure 2.36). Les alésages de
capteurs utilisés jusqu’alors au CERN consistait à mettre en contact ces
2.4 La chaîne métrologique du MRN
surfaces de céramiques contre des goupilles. Si la justesse est nettement en
dehors des spécifications du CLIC, la répétabilité de la mise en place des
capteurs n’était pas non plus satisfaisante, du fait que le serrage, s’il se veut
optimal, doit appliquer la même force aux deux surfaces de céramique.
Le premier axe de recherche a naturellement consisté au développement
d’un système de centrage des WPS de manière à obtenir une justesse de
5µm. Dans ce cadre, pour optimiser les liaisons entre les capteurs d’une
même plaque, il fallait que ces systèmes de centrage soient mesurables de
la manière la plus simple, la plus répétable et la plus pérenne possible. La
solution proposée consiste à définir les centres de sphères de précision à l’aide
d’une CMM en laboratoire de métrologie.
Le second axe de recherche concerne les méthodes de calcul permettant
de traiter rigoureusement les données en provenance de la métrologie et des
capteurs. La réflexion sur la chaîne métrologique, du capteur à la plaque, met
en évidence des incertitudes qui interviennent au sein du capteur lui-même,
du capteur à son support, et enfin du support à la plaque métrologique.
Cha-cun de ces objets dispose d’une orientation spécifique qui doit être définie.
La méthode adoptée consiste alors à définir des repères orthonormés pour
chaque capteur, pour chaque système de centrage et chaque plaque, puis de
calculer les transformations entre tous ces objets sous la forme de matrices
de translations et de rotations.
Le dernier axe de recherche traite de la modélisation des références
d’ali-gnement, à savoir les inclinomètres, les fils tendus et les réseaux
hydrosta-tiques. En effet, la dernière transformation, pour aller du repère des plaques
métrologiques au repère général, se fait en compensant les points issus des
mesures WPS et HLS, qui appartiennent par définition à des fils tendus ou
des surfaces d’eau, et les mesures inclinométriques qui fournissent le roulis
de la plaque.
Dans le document
Proposition d'une méthode d'alignement de l'accélérateur linéaire CLIC : des réseaux de géodésie au pré-alignement actif
(Page 55-58)