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CHASSEZ LA NATURE, ELLE REVIENT AU GRAND GALOP

Vous allez vous dire que je fais encore de la psychologie à deux balles, mais que voulez-vous, c’est dans ma nature. Et là, je voulais justement vous parler de la nature de mes filles. En fait, deux natures totalement opposées.

Chloé, c’est une sacrée nature, un caractère fort comme on dit ! Souvent je peste pour tout ce qui peut en découler, c'est-à-dire : sa ténacité quand elle a une idée en tête, sa façon à elle de ne pas se laisser marcher sur les pieds par quiconque, son culot de répondre à son père ou à moi quand elle n’est pas d’accord avec nous…Oui, tout ça peut m’exaspérer, mais en même temps, m’épater. Oui, je l’admire, ce fameux caractère, parce que j’en ai souvent rêvé. Le mien est exactement son contraire, et si j’ai réussi aujourd’hui à l’apprivoiser et le modeler à ma convenance, mon enfance a vraiment souffert de mon petit caractère discret et si peu sûr de lui.

Camille, elle, est un peu plus timide, mais c’est une fille très à l’aise dans ses baskets. Mais ce que j’adore chez elle, c’est qu’elle est très obéissante.

Ça va de petits riens :

- Tu veux vraiment acheter ce tee-shirt ?

- Non pour rien, mais le noir était plus joli. C’est presque le même que je me suis achetée la semaine passée. Oui, prends le noir, je l’adore.

A des moyens riens :

- Tu es sûre que tu veux fraise chocolat ? Fraise vanille moi je préfère. A de grands riens :

- Et si tu faisais fleuriste ? Moi ça m’aurait plu quand j’étais jeune. -Bof !

- Oh mais non, fais hôtesse de l’air, ça c’est la classe. Si j’avais été bonne en langues comme toi….

- Ah oui, ça c’est cool ! Je vais faire ça.

Oui je sais, c’est très mal d’influencer ma fille comme ça, mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est dans ma nature.

Mais il y a quand même des sujets où ça ne prend pas, don un en particulier, et ce n’est pourtant pas faute d’essayer.

Le sujet qui fâche : les garçons.

Le sujet est même carrément tabou. Vu qu’elle poussait presque des hurlements chaque fois que je lui demandais si il n’y avait pas un garçon qui lui plaisait, j’en étais arrivée à lui demander si il n’y avait pas une fille qui lui plaisait (il faut vivre avec son temps !), et là, elle avait vraiment hurlé. Jusqu’à ce que Chloé (qui a dû avoir pitié de moi, ou qui s’était disputée

avec sa sœur), m’apprenne que Camille était amoureuse d’un garçon à l’école, depuis deux ans.

Alors là, j’ai foncé dans sa chambre !

Effet de surprise passé (« Chloé, j’vais te tuer ! »), elle s’est calmée (« j’vais raconter à maman ce que t’as fait avec Juliette »).

- Oui j’étais amoureuse de lui, mais plus maintenant.

- Mais non maman, on n’est jamais sorti ensemble, il sait même pas que je l’aimais.

- Mais enfin Camille, pourquoi tu ne lui as pas fait comprendre ? Moi, quand j’avais ton âge et qu’un garçon me plaisait, je lui écrivais un petit mot, ou j’envoyais une de mes copines le lui dire par exemple.

- Non mais ça va pas maman, j’allais pas lui dire quand même, c’est pas les filles qui doivent faire le premier pas !

- Oui mais tu dois l’encourager, si tu ne lui montres pas qu’il t’intéresse….Et si tu l’invitais à la maison ? (J’aimerais bien le voir moi !)

- Tu rigoles où quoi ? Puis je te dis qu’il me plaît plus ! - D’accord, mais y en a pas un autre qui te plaît ? - NON NON NON !!!

Alors maintenant, chaque fois qu’on se promène, qu’on fait les courses, qu’on sort tout simplement, j’essaie de l’intéresser un peu plus au sujet :

- Houaaa ! T’as vu ce beau gars !

- Et regardes celui là ! Tu ne trouves pas que celui là ressemble à Johnny Deep ? (rusée la maman !)

C’est chouette de partager ça avec ma fille, parce que avant, je me faisais ce genre de réflexion toute seule, dans ma petite tête. Là, je me rends compte que ma fille devient une femme.

Mais à ce petit jeu, je me rends surtout très vite compte que les gars en question, qu’ils aient la vingtaine ou la trentaine, ils ne me jettent plus un seul coup d’œil, mais ils reluquent méchamment Camille.

Vous savez, la nature est vraiment bien faite, parce que depuis que Camille a aussi remarqué que les garçons la reluquaient, elle a pris dix centimètres. C'est-à-dire qu’elle a redressé la tête, a bombé la poitrine en avant, les fesses en arrière (si si, à seize ans c’est encore possible de bomber les deux en même temps, et sans avoir l’air idiote ou se faire un lumbago en plus !), et maintenant voilà qu’elle met des talons !

Je peux même plus en placer une, elle est sans arrêt en train de me dire : - Te retournes pas ! T’as vu le beau mec derrière, il arrête pas de me regarder !

Quand vous avez comme moi dix-huit ans de mariage, et que vous avez juré fidélité, juré c’est juré, il ne reste plus que le plaisir de se faire reluquer. C’est vrai quoi, soyons honnête, la femme à la quarantaine veut encore se sentir désirée (et pas seulement par un seul homme, le sien en plus !) :

Alors à la Camille j’avais envie de lui dire « mais t’as pas de copines pour aller faire du shopping, pourquoi tu viens toujours avec moi ? »

Mais je me suis ravisée. Il faut que je lui trouve un petit copain, attentionné mais avec un petit côté rebelle, blouson de cuir, grand, brun, cheveux mi-long, le teint hâlé, sportif…Ah, je m’y vois déjà…

Je regardais l’autre jour l’émission de Delarue « ça se dispute ». Le thème du jour était « les mères qui vivent leur vie par procuration, à travers celle de leur fille ».

Ces pauvres vieilles mères aigries qui essaient de revivre leur lointaine jeunesse. Elles s’habillent comme leur fille, sortent avec leur fille, revivent leurs amourettes à travers leur fille….

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