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Anne Roumy, chargée de mission pour la scolarisation des élèves allophones – Direction des services départementaux de l’Education Nationale – Rhône

Après avoir exercé dans différentes académies en tant que professeur de français ou de Français langue étrangère et de scolarisation dans deux DOM, elle obtient ce poste lors de sa création en 2012. Il consiste en l’accueil des élèves étrangers, migrants et allophones.

Les MIE sont souvent des élèves allophones, ne maîtrisant pas du tout ou insuffisamment le français pour entrer dans un cursus scolaire ordinaire.

L’accueil du jeune dans le système scolaire débute par un premier test effectué dans le but de diagnostiquer leur niveau scolaire et linguistique.

Projection de la bande annonce du documentaire « La cour de Babel », de Julie BERTUCCELLI, 2013

Ce film, avec ses témoignages des enfants, dévoile la diversité de l’accueil d’élèves migrants allophones, notamment en ce qui concerne leur phase d’accueil et de scolarisation. Il est important de réaliser que les choses évoluent, que de nouvelles problématiques apparaissent.

 Constats :

L’Education nationale s’est forgée comme terre d’accueil au travers de l’UPE2A dont la porte d’entrée

pour les élèves est la maîtrise insuffisante du français. Il peut s’agir d’enfants ayant eu un parcours scolaire chaotique et n’étant pas en mesure d’être autonomes face à la scolarité classique.

Les élèves nouvellement arrivés sont donc testés. Ces tests varient en fonction de l’âge. Ils sont réalisés dans leur langue d’origine, ou du moins dans leur langue de scolarisation. Une partie de ce test détermine leur niveau de scolarisation dans leur langue. On y retrouve également des tests mathématiques. Plus les élèves sont âgés, plus ils sont testés sur leur niveau d’anglais, puisque le système scolaire français requiert de plus en plus la maîtrise de cette langue étrangère.

Toutefois, les classes ne sont pas constituées exclusivement de MIE. Au sein de cette structure, les enseignants connaissent le parcours de vie des enfants accueillis.

« Les autres nous prennent pour des pauvres et eux se prennent pour des stars. »

Extrait du film « La cour de Babel », Julie BERTUCCELLI, 2013.

Le regard des autres est très important dans les classes. Les MIE aspirent à devenir des élèves comme

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les autres. Ce regard des autres est aussi très encombrant. Les enfants ne sont pas angéliques. Des conflits existent entre les élèves à l’intérieur et à l’extérieur de la classe. Ainsi, les élèves sont très différents : certains vont recevoir des compliments, et au contraire, d’autres vont éprouver des difficultés face au système scolaire, voire même s’approcher de l’échec scolaire. Ce fait est bien compris par les enseignants des classes d’accueil spécialisées (UPE2A). Ils ont conscience que les élèves ne sont pas toujours disponibles et libres pour les apprentissages.

La classe est un lieu de larmes mais aussi de rires, de satisfactions collectives. Dans le documentaire, les élèves reçoivent le prix du film court – film qu’ils ont réalisé en classe. Ces projets dans les classes UPE2A parfois transcendent autant l’expérience scolaire de l’élève que la mission de l’enseignant. Ces dispositifs sont souvent des lieux d’épanouissement, des lieux provisoires soit, mais des lieux permettant aussi aux conflits de s’exprimer.

La limite de ce documentaire réside dans le fait que seuls les élèves ayant voulu transmettre quelque chose ont été filmés ; effectivement, certains sont plongés dans le mutisme.

Présentation de l’éventail des dispositifs d’accueil possibles des élèves dans le Rhône (10-16 ans particulièrement)

Lyon est une terre d’accueil privilégiée. Au niveau éducatif, l’Académie de Lyon est située au troisième rang national en termes de volume d’accueil des élèves. « EANA » est l’acronyme utilisé dans l’institution pour désigner les Elèves Allophones Nouvellement Arrivés.

Les moyens pour accueillir le public étranger, migrant et allophone, au niveau du Rhône sont en croissance.

Sur les 110 collèges présents dans le Rhône, 37 bénéficient de l’accompagnement spécifique. Cet accueil se décline en un enseignement spécifique de la langue française comme langue de scolarisation dont le volume horaire peut varier au départ entre 15 et 18 heures hebdomadaires, tout en initiant une inclusion progressive dans les classes ordinaires. Cinq de ces 37 dispositifs sont dédiés aux élèves ayant montré des aptitudes très rudimentaires lors des tests, ces élèves sont orientés vers des dispositifs particuliers avec des cours d’alphabétisation (UPE2A-NSA).

Depuis peu, des structures apparaissent également dans les lycées, avec des dispositifs pouvant prendre en charge des élèves allophones avec un profil de lycéen en LP (Lycée Professionnel) ou LGT (Lycée Général et Technologique).

D’autre part, le Rhône bénéficie de deux enseignants médiateurs pouvant se déplacer dans des bidonvilles, pour des élèves essentiellement Roms ne faisant facilement pas la démarche d’aller à l’école.

Le nombre d’élèves à accueillir est en constante croissance. Chaque année, l’Education Nationale tente d’augmenter le nombre de postes mais il reste malgré tout toujours un temps de retard. Les élèves sont donc parfois un temps sur liste d’attente.

Les documents à transmettre lors d’une démarche d’inscription divergent selon l’âge de l’enfant : il faut d’abord se présenter au collège de secteur. Mais pour les plus de 16 ans la démarche est différente. Le site infogouv.net reprend cette démarche d’accès à

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la scolarité, qui est un enjeu majeur de l’accueil des MIE.

Echanges avec la salle

Les dispositifs de prise en charge du public allophone peuvent varier d’un établissement à l’autre et d’un département à l’autre. Il faut parfois adapter les dispositifs lorsque les élèves font une heure de trajet pour rejoindre l’établissement scolaire.

Une relation privilégiée se crée dans ces dispositifs puisque les enseignants y sont présents entre 15 et 18 heures. Une relation de confiance s’installe donc entre l’enseignant et l’élève.

Il y a généralement des problèmes concernant la disponibilité des places dans les collèges et lycées.

Cependant, dans le Rhône, l’accueil des élèves se fait dans de bonnes conditions. Ils sont pris en charge de 15 à 18 heures hebdomadaires, sachant qu’un élève ordinaire est à l’école entre 20 et 22 heures.

L’intégration dans une classe traditionnelle engage une démarche qui demande un fort engagement de la part de l’élève, la mise en place d’un dispositif complémentaire au bout d’une année de prise en charge paraît parfois nécessaire dans ce processus.

Lorsqu’un MIE est adressé à une structure scolaire, qu’elle soit spécifique ou non, la situation est considérée comme urgente puisque le premier statut qu’il peut obtenir sans condition est justement scolaire. Ce fait est su par tous mais pas forcément explicité clairement. C’est un travail de communication entre les différents acteurs, les structures sociales et d’accueil.

Il n’existe pas de statistiques nationales concernant le nombre de MIE allophones pris en charge à l’Education Nationale, la catégorie de MIE n’existant pas dans cette institution.

Mission de Lutte Contre le Décrochage Scolaire (MLDS) spécialisée sur le public allophone,