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Divers.

I. Un placard'de Calvin en 1539. — I I . Instruction pour les simples. — I I I . Caricatures calvinistes contre les calvinistes. — IV. Un vitrail de Bois-le-Duc. — V. Le tryptique de la cathédrale d'Anvers. — VI. La caricature de Soest en Westphalie. — VII. Une fausse attribution. — VIII. Divers.

I

Un placard de Calvin (?) en iS}9- — Un des plus vieux pamphlets calvinistes est sans doute l'Imago prophetœ (l'image du prophète). Un homme avec une très longue barbe, avec une grande tunique, qui ne le revêt qu'à moitié, tient à la main une croix et crie : Poenitentiam agite (faites pénitence). C'est le portrait d'un prétendu saint, âgé de 60 ans, et résidant, pour le moment, à Montbéliard. Il disait la messe et faisait des miracles. L'image, dessinée par les catholiques, se vendait à Paris, et on s'en servait comme d'un moyen de propagande contre les protestants. Ceux-ci s'en emparèrent et la publièrent à leur tour, en 1539, avec un texte allemand signé : Calvin. Ce texte rétablissait les faits, et insistait sur les fautes du prétendu prophète contre la sainteté et même contre la moralité. On sait que Calvin ignorait l'allemand. Mais on avait pu traduire un texte latin composé par lui1.

II

Instruction pour les simples. — A la Bibliothèque du protestantisme français se trouve une estampe (1,87/0,65) divisée en quatre parties, exécutée en Hollande vers 1600, et signée Me Anglais, inventor. Le texte est en français. — C'est une satire, une allégorie représentant la religion papistique et la religion chrétienne. T. Müller (Die nederlandische Geschiedenis in platen, I, p. 66) en parle ainsi: « Tableau ou instruction pour les simples, représentant deux différentes religions, l'une, la religion papale, qui est fausse, et dans laquelle se trouve la voie large qui conduit à la damnation, et il faut s'éloigner; l'autre est la religion chrétienne qui est vraie et possède la voie étroite conduisant à la Jérusalem céleste, et dans laquelle on doit entrer et persé-vérer jusqu'à la fin2. »

i. Voir Opera, Xb, p. 442-444. — 2. Voir Bulletin, XXXVII, p. 444.

III

Caricatures calvinistes contre les calvinistes. — En Hollande il y eut des caricatures que l'on peut presque appeler inter-calvinistes.

Le diable tire un canon Perfidia, d'où sortent les mots : schisme, sectes, Arius, Luther, Calvin, etc. Le canon est dirigé contre une église chancelante d'où s'enfuit un moine. Vieille et grossière gravure sur bois. (Musée d'Amsterdam, H. 0,06, L. 0,21.)

Une autre, imprimée à Delft en 1579, et à Dordrecht 1580, et signée : Ant. van der Does sctilpsit, cite Esaïe I, v, 18. Quatre pages ouvertes, remplies d'inscriptions, sont intitulées, deux : la Vieille Bible, et deux : la Nouvelle Bible. Au-dessus, entre deux « paysans flamands », on voit Jean Calvin et un Nouveau predicant réformé. De la bouche de l'un et de l'autre sort cette même phrase : « Nous avons la pure parole de Dieu. » Et tout en haut on lit : « Paraître sans être. » (H. 0,15e, L. 0,27. Coll. Maillart-Gosse.)

Une troisième gravure plus curieuse ' a pour titre : « Het Moderamen der Dordtsche Synode ».

(Le bureau du Synode de Dordrecht.)

Elle est due à Cornells Saftleven, jeune dessinateur de 19 ans (né en 1608), qui en avait reçu la commande d'un Remontrant, Peter Scryver, savant hollandais, historien, poète (1575-1660).

En soumettant son projet (lettre datée de Rotterdam, le 16 avril 1621), à son Mécène, Saftleven lui-même explique le sens de sa gravure, dans laquelle les principaux personnages du Synode de Dordrecht sont représentés par des animaux. Le modérateur, Hans of Haan Bogerman, est représenté par un coq, (haan en hollandais), perché sur le dossier d'une chaise et criant : Révolte et Persécution. Les secrétaires sont à côté de lui, sous forme de hiboux ; au mur, est pendu le portrait de Calvin, soit une tête de veau (Calv-yn, Kalf, c'est-à-dire veau), etc. 2.

IV

Un vitrail de Bois-le-Duc. — M. le pasteur A. Pynacker Hordyle, de Nimègue, a bien voulu me signaler un vitrail de la cathédrale de Bois-le-Duc (Pays-Bas), dans la chapelle Saint-Antoine. Ce vitrail représente une dispute de Saint-Antoine de Padoue avec les Manichéens. On y voit deux figures de grandeur naturelle et un âne à genoux devant l'hostie. Une inscription latine en caractères gothiques dit : « Pourquoi penses-tu, Calvin, être trompé par une ombre vaine, et nies-tu que Christ est sous l'espèce du pain ? Voici la foi romaine, qui est prouvée par un âne. Si tu ne crois pas au Christ, crois à l'âne. »

V

Le tryplique de la cathédrale d'Anvers. — On voit, dans la cathédrale, un tryptique peint en 1587 par François Francken le vieux (peintre flamand, 1544-1616). Le tryptique a été exécuté pour la Chapelle des maîtres d'école, dans la même église. Le panneau central représente, — avec

i. L'original, qui n'a peut-être pas été reproduit, se trouve au Musée d'Amsterdam.

2. Voir dans Oud Holland, 1897, p. 121-123, un article du Dr C. Hofstede de Groot, intitulé : « Een Spotteçkening van Cprnelis Saftleven op de Dordtsche Synpcfe »,

2 2 0 REPRODUCTION ET DESCRIPTION DE QUELQUES CARICATURES

à-propos, — Jésus au milieu des docteurs. Jésus est assis au sommet d'un escalier (à peu près comme dans la peinture d'Ingres). Il est entouré et presque pressé de tous côtés par une sorte de foule qu'il domine, une foule de personnages, les uns droits, à sa droite et à sa gauche, les autres assis, au bas de l'escalier. La Vierge Marie est à sa droite, venant le chercher.

Parmi les docteurs on reconnaît très bien Luther, et à côté de lui sans doute Calvin (dont la figure ressemble un peu à celle peinte par Diinz, seulement avec une grande barbe blanche). Les autres personnages ont aussi des figures qui semblent être des portraits. Mais de qui ? — Sur les volets du tryptique, on voit saint Ambroise, le patron des maîtres d'école, baptisant saint Augustin, et le prophète Elie opérant le miracle de la veuve de Sarepta.

L'intention des maîtres d'école et du peintre est évidente. Ils placent les Réformateurs parmi les Pharisiens et les Scribes, pour montrer qu'ils ne comprennent pas le Christ, qu'ils sont au nombre de ceux dont le Christ a combattu les doctrines. — Mais les portraits sont traités fort respectueusement et ne sont pas des caricatures proprement dites.

Ce procédé paraît avoir été employé plus d'une fois.

On lit dans Trinacria, Promenades et impressions, par A. Dry, Paris, 1903, p. 25 : « Actuelle-ment la cathédrale de Messine est surtout très grande.... Elle ne m'a laissé qu'une sensation con-fuse,... malgré sa chaire en marbre blanc, où les têtes de Mahomet, de Calvin, de Zwingle et de Luther sont sculptées sur le chapiteau, comme pour mieux entendre la prédication. »

Enfin, M. Max Rooses, le conservateur du Museum Plantin-Moretus, à Anvers, qui a bien voulu me renseigner sur le tryptique de Fraucken, a eu l'obligeance de me donner deux notes prises par lui au Louvre, devant deux tableaux de Jac. Jordaens, le peintre anversois, qui se con-vertit au catholicisme dans la seconde partie de sa vie. « Dans le Jugement dernier, daté de 1658, on voit au milieu des damnés précipités en enfer, un homme portant une robe noire, des hauts-de-chausses rouges et des bas blancs. Il a des livres sous le bras. Ce personnage paraît être Calvin. Dans le Christ chassant les marchands du temple, le personnage qui est au milieu, et tombé à la renverse, semble aussi être Calvin. »

M. Max Rooses me priait de faire vérifier ses deux notes. (Les tableaux sont, placés de telle manière qu'il n'est pas possible à un simple visiteur de faire lui-même la vérification nécessaire.)

M. André Michel, conservateur au Louvre, a bien voulu se livrer à l'examen que je lui ai demandé, et voici sa réponse :

« Il est possible que le personnage que vous me signalez dans le Jugement dernier de Jordaens, veuille représenter Calvin. Il est le seul qui soit vêtu, et d'un costume moderne, au milieu des damnés. Le livre qu'il tient sous le bras et qui ressemble à une Bible, ou plutôt à une Institution chrétienne, commence à flamber : c'est l'objet damnable. Enfin, sans être un portrait de Calvin, la figure du personnage n'est pas sans en évoquer la ressemblance. — En revanche, dans les Vendeurs du temple, je ne vois pas d'analogie saisissable : tout au plus pourrait-on supposer que le gros mar-chand, représenté au fond, ressemble au type traditionnel de Luther. »

VI

La caricature de Soest en Westphalie. — Dans l'ancienne église de Saint-Thomas (aujour-d'hui église réformée), à Soest, on voit un tableau qui date de 1668, Voici ce que l'on en raconte;

« Ce tableau, reproduit dans un ouvrage de A. Ludorff4, offre dans sa partie inférieure une représentation de l'institution de la sainte cène. Les apôtres y ont des figures historiques connues, Luther, Mélanchthon, Zwingle qui se détourne, Calvin qui a les traits de Judas. Le pasteur luthérien du temps est aussi peint sur cette toile, qui caractérise ainsi les anciens rapports entre luthériens et réformés. »

Or, d'après le pasteur actuel de l'église de Saint-Thomas, M. le pasteur Rothert, qui a bien voulu répondre à mes questions par l'envoi d'une brochure et par une lettre, voici ce qu'il en est exactement2 :

« Le tableau date de 1667, après la guerre de trente ans. Il est en effet reproduit dans Ludorff, mais dans de trop petites proportions pour que l'on puisse distinguer les personnages.

Il faut voir le tableau lui-même. En haut est le groupe de la crucifixion. On reconnaît très bien le portrait du patron Christ. Arndes, au milieu d'une multitude peinte d'imagination. — Dans le groupe d'en bas, on reconnaît, à côté du Sauveur, le Dr Luther et le pasteur de l'époque, Mag.

Joh. Solms. Mais les autres personnes sont seulement des figures d'imagination. Il n'y a pas d'autre portrait. De plus, en 1668, régnait le grand Electeur Frédéric-Guillaume, qui était lui-même réformé, et, sous son gouvernement, une communauté n'aurait pas osé dresser une pareille caricature de Calvin dans son église. »

L'honorable pasteur nous indique du reste la source de la légende actuelle, un récit fait avec trop d'imagination.

VII

Une fausse attribution. — Le Catalogue Hennin3, au N° 1845, porte [1617]: «Le pape et Calvin pendent à un des bras de la croix ; quatre moines sont également pendus à une tra-verse soutenue par deux colonnes : gravure à l'eau forte, anonyme, accompagnée d'une légende en allemand. »

Mais un examen plus attentif montre qu'il s'agit d'une gravure papistique et non anti-calviniste. En effet, le pendu, vis-à-vis du pape, est non pas Calvin, mais un diable, Bélial. Et les quatre « moines » sont Judas, Tetzel, Bellarmin et un évêque. Dans la légende on lit la célèbre parodie de Notre Père : « Notre père le pape, qui es à Rome, déshonoré soit ton nom, etc. »

La caricature est fort grossière et rappelle celle du couvent de Plainpalais, à Genève, avant la Réformation, et celle de Cranach, dont nous avons parlé.

VIII

Naturellement il y a bien d'autres caricatures pour ou contre l'Eglise catholique ou l'Eglise protestante, mais nous nous sommes bornés à celles qui mettent directement en cause Calvin et le calvinisme.

Parmi les caricatures où Calvin lui-même ne joue pas de rôle spécial, il y aurait lieu de citer toute une collection intitulée * : « Les horribles forfaits perpétrés en France par les huguenots

i. A. Ludorff, Bau- und Kunstdenkmäler von Westphalen, Kreis Soest,, 1905 (Taf. 117).

2. H. Rothert, Pfarrer zu S' Thomae, Das Kirchspiel von Sl Thomas %u Soest, 1887, p. 10.

3, Collection Hennin, XX, p. 75. — 4, Ibid., X,

222 REPRODUCTION ET DESCRIPTION DE QUELQUES CARICATURES

(horribilia scelera, etc.), » et, comme pendant plus véridique : « Le miroir des tourments exercés contre ceux de la religion réformée en France. » C'est une grande gravure, entourée de douze petites, avec texte en hollandais et en français *.

Et encore : « La tour de vive foy, sappée en vain par les suppôts de l'antechrist. » On y voit la tour sur un rocher, et « une horrible vermine de gris cafars qui en sont les mineurs 2. »

Je termine en signalant une caricature qui, au. dix-septième siècle, illustre d'une manière saisissante le fameux aphorisme moderne : la force prime le droit. C'est un dessin à la main, dont voici le titre : « Nouveaux missionères », copié exactement d'après un dessin original, fait en 1686. Une sorte de cosaque menace, avec son mousquet, un huguenot, à genoux. Sur le mousquet on lit : « Raison invincible ». Du mousquet sort en guise de projectile « une croix ».

A côté on lit : « La force passe la raison. »

i. Collection Hennin, LXII, p. 74- — 2. Ibid., X, p. 33.

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