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MAI

L’Hiver fut cette année une semaine de la Passion Et le Mai rouge s’unit à la Pâque de sang. Mais ce printemps-là il n’y eut pas de Résurrection.98

98 Maksimilian Volochine, La Pâque Rouge, 1920, cité par Georges Nivat in

Russie-Europe – La fin

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La Crise de la fin avril abouti en ce début de mois de mai à la démission de deux grandes figures politiques révolutionnaires Pavel N. Milioukov du parti K.-D., fervent opposant de la monarchie, et Alexandre I. Goutchkov octobriste qui avait été envoyé recevoir l’abdication du tsar. Ces démissions symboliques entrainent la création d’un gouvernement de coalition. Alexandre F. Kerenski devient ministre de la Guerre et de la Marine.

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Le numéro 16 du Noviy Satirikon inaugure le mois de mai par un nouveau slogan tamponné en vert dans le coin supérieur gauche de l’image : « Vive la république démocratique ». La révolution semble avoir franchi un cap politique et la république instaurée depuis deux mois est qualifiée pour la première fois de démocratique. Cependant, la couverture signé Radakov ne semble pas renvoyer à un changement radical de mœurs et de lutte des classes, puisqu’effectivement nous pouvons voir un opulent bourgeois très richement vêtu d’un manteau au col et aux manches de fourrures, avec un imposant fume-cigare. La main dans la poche et avec une certaine désinvolture, il devise un homme à sa face, petit maigre et l’air bien plus que modeste, vêtu de haillons et baissant la tête en écoutant la leçon que lui fait ce grand bourgeois, leçon que nous retranscrit la légende sous forme d’un court monologue : « Pourquoi toi, frangin, penses-tu avoir besoin de huit heures libres ? Tu n’es pas encore suffisamment cultivé pour savoir occuper de façon assez instructive ton temps libre comme moi... » Ainsi, le sort des ouvriers n’a pas encore vraiment changé, et leurs préoccupations ne sont pas assez dignes pour qu’on leur donne plus de temps libre. C’est avec beaucoup de cynisme donc que le caricaturiste expose le progrès social en Russie, et si elle entame son deuxième mois d’existence, la situation est toujours la même quoi que l’on se félicite de la république-démocratique.

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La quatrième de couverture signée Re-mi, se nourrie elle aussi de revendications sociales, mais d’une manière toute autre. Ayant pour titre : « Traité :

De la Bourgeoise ou Tout dans ce monde est relatif », la composition est divisée en quatre cases qui s’articulent entre-elles chacune reprenant l’un des deux personnages de la précédente. Ainsi dans la première nous voyons un homme richement vêtu d’un costume noir à gilet blanc, coiffé d’un haut-de-forme, avec une canne sous le bras. À côté de lui légèrement en retrait, un homme est vêtu beaucoup plus humblement, un chapeau à larges bords sans forme, ainsi qu’un ample manteau, lui aussi sans forme et usagé, il tance du regard le premier homme en croisant les bras, et l’homme vêtu bourgeoisement baisse les yeux, honteux. La légende relate : « Petrov à Semenov : – Un chapeau haut de forme ? Une chaîne ? Une pochette ? Bourgeois ! »

La seconde case reprend le même personnage Petrov qui adopte à son tour la pose de Semenov, tête baissée, les mains dans les poches, à côté de lui se trouve un ouvrier très modestement vêtu d’une casquette vissée sur la tête et cachant ses yeux, un maillot rayé et une veste en loque, il a les deux mains dans ses poches déformés et par sa moue l’on comprend qu’il méprise Petrov, la légende rapporte : « Karpov à Petrov : – Encore toi... En manteau et en cravate ? Petite âme bourgeoise. »

La troisième case reprend donc Karpov qui à son tour adopte l’attitude confuse du précédent. Un homme très maigre et presque nu – il a une sorte de

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serviette autour de la taille et un chapeau déchiré – une main sur la hanche, il lève son bras gauche et tend son index vers le ciel et semble rudoyer son interlocuteur : « Goudilov à Karpov : – T’as bien vissé ta casquette ? Tu portes un veston, p**** de diable ?! Maudit bourgeois ! »

La quatrième et dernière case présente donc le même Goudilov devant un homme visiblement choqué et complètement nu désignant de ses mains la serviette de Goudilov et son chapeau : « Outkine à Goudilov : – Alors enfin te voilà... Tu fanfaronnes avec ta serviette ?! Malheureux bourgeois ! »

Les noms de ces quatre personnages sont pour les deux premiers très communs en Russie, Petrov vient du prénom Pierre et Karpov de la « carpe », Goudilov est un nom plus fantasque qui évoque le « sonneur de cor » et enfin Outkine renvoie au « canard ». Si dans la première de couverture les bourgeois tenaient la tête haute devant les ouvriers, ici il se passe complétement l’inverse et l’on arrive à un surenchérissement qui tourne au ridicule où le moindre bout de tissu sur soit fût-il une guenille serait une preuve d’appartenance à la bourgeoise. La « haine » du bourgeois semble à son comble, tout peut prétexter à se voir accuser d’être un bourgeois et les insultes ne manquent pas pour les qualifier. Ainsi, tout le monde ne pouvant accéder à la richesse, un nivellement se fait par le bas pour atteindre finalement la nudité. Le caricaturiste montre ainsi en grossissant naturellement le trait jusqu’où pourrait aller la dialectique révolutionnaire de la lutte

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des classes jusqu’au-boutiste, comme s’ils avaient pris au mot les « sans-culottes » révolutionnaires français.

La revue Pougatch dans son numéro 3 daté de mai, présente d’une manière fort pertinente la redistribution des cartes, puisque nous pouvons voir sur la couverture signée G. Mootse, des cartes à jouer disposées en cercle, des « figures » sur lesquelles est posé un as de carreau, sur les quatre coins de la composition se trouvent les quatre couleurs. Toutes les figures valet, dame, roi, sont donc représentées dans leurs quatre couleurs cœur, carreau, pique et trèfle, mais celles-ci ont la particularité de représenter en lieu et place des figures habituelles, des personnages clefs du régime tsariste. Ainsi, dans les « cœurs » nous pouvons voir le tsar Nicolas II, Alexandra Feodorovna, ainsi que le valet Manasevitch-Manouilov ; les « trèfles » sont représentés par Raspoutine, Vyroubova et le valet Badmaev ; pour les « carreaux » figurent Freedericksz, Kschessinskaïa et le valet Voeïkov- Kouvaka ; les « piques » habituels quant à eux, sont remplacés par Soukhomlinov, Maria Pavlovna et par Protopopov en guise de valet. Toutes ces cartes symboliques disposées en forme de cercle sont recouvertes par un as de carreau. Et, cet « as » revêtait dans la Russie impériale une signification bien particulière comme nous le raconte Jean Laloy, « « coller un as de carreau » à ses adversaires, c’est-à-dire (de) les

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affubler d’une épithète injurieuse dont ils ne parvenaient plus à se débarrasser99 »,

avant de préciser dans une note de bas de page que « « l’as de carreau » dans la Russie impériale était le signe distinctif des bagnards.100 » Finalement le journal jette

l’opprobre sur ces personnages, sur leurs rapports ambigus, sur leur monde en somme. Il convient toutefois pour une pleine compréhension de ce désaveu de situer les personnages incriminés et d’établir leurs relations. En effet, s’il n’est nul besoin de présenter le tsar et son épouse, de même que Raspoutine, plusieurs de ces personnes ont quelque peu été oubliés de l’histoire. Dans le sens des aiguilles d’une montre, à côté de la carte de Raspoutine – roi de trèfles, se trouve la reine Anna Aleksandrovna Vyroubova (1884-1964), dame de compagnie de la tsarine. Elle fut celle qui présenta Raspoutine à la famille impériale. A ce propos, il est intéressant de mettre en parallèle ce que relatait Maxime Gorki dans ses Pensées intempestives du 27 avril 1917 (soit quelques jours seulement avant la parution de ce numéro de

Pougatch) : « Dès les premiers jours de la révolution, quelques individus sans foi ni loi ont inondé la rue de brochures graveleuses et de récits dégoûtants sur des thèmes tirés « de la vie à la cour ». Il y est question d’« Alix la despote », de « Grishka le débauché », de Vyroubova et de diverses autres figures appartenant à

99 N. Valentinov, Mes rencontres avec Lénine, Paris, 1964, p. 249, cité par Jean Laloy dans L'établissement des relations entre la Russie et le reste du monde après 1917, in la Revue du Tiers Monde, 1968, Volume 9, № 35-36, p. 580.

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un sombre passé. »101. Ce qui corrobore donc l’acharnement dont étaient victimes

ces personnes. Le personnage suivant, le valet de trèfle est Piotr Aleksandrovitch Badmaev (1851-1920, selon certaines sources 1810-1920), médecin guérisseur (mais aussi homme d’affaire puisqu’il dirigeait une compagnie de chemin de fer devant relier la Russie à l’extrême orient), il jouissait notamment de la confiance des tsars Alexandre III puis de Nicolas II, et fut notamment chargé de soigner le tsarévitch Alexis atteint d’hémophilie, mais il fut supplanté par Raspoutine contre lequel il tint grief. La personnalité suivante, ayant pour carte celle du roi de carreau est le comte Adolf Andreas Woldemar Freedericksz (également connu sous le nom russisé de Vladimir Borissovitch Freedericksz) (1838-1927), il fut durant vingt ans au service de la cour impériale avec le titre de Chancelier et de Ministre de la Cour impériale, dignité qui le plaçait dans l’entourage familier des Romanov. La reine de carreau est la célèbre ballerine Mathilde Feliksovna Kschessinskaïa (1872-1971) dont nous avons déjà vu qu’elle était intimement liée à des membres éminents de la famille impériale ; son palais fut notamment réquisitionné après la révolution de Février puis occupé par les bolcheviks. Le valet de carreau est Vladimir Nikolaïevitch Voeïkov (1868-1947), militaire de formation, il était commandant du palais et époux de la fille de Freedericksz, donc lui aussi dans l’entourage proche de Nicolas II.

101 Maxime Gorki, Pensées intempestives, Lausanne, éd. L’Âge d’Homme, coll. « Slavica », 1975, pp.

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Au bas de la couverture se trouvent les piques, dont le roi est Vladimir Aleksandrovitch Soukhomlinov. Le rôle de reine de pique est dévolu à Maria Pavlovna (1854-1920), née Marie Elisabeth Eléonore Alexandrine de Mecklembourg-Schwerin, elle épousa le grand-duc Vladimir Aleksandrovitch, troisième fils du tsar Alexandre II. Hautaine et ambitieuse, entretenant des prétentions dynastiques pour ses fils, elle était de ce fait en mauvais terme avec la famille impériale qui peinait à avoir un héritier mâle. Le fameux valet de pique est tenu par Alexandre Dmitrievitch Protopopov (1866-1918), ayant les faveurs de l’impératrice qui était sous l’influence de Raspoutine, comme l’écrivit Pierre Pascal : « Protopopov est si puissant parce qu’il est bien vu de l’Impératrice. Celle-ci a l’oreille de l’Empereur, plus que jamais102 », ce que confirma Trotski en citant une

lettre de l’impératrice où il est question de Raspoutine : « Protopopov vénère notre Ami, et il sera béni.103 »

Du côté des cœurs, le roi et la reine sont comme l’on pouvait s’y attendre, respectivement le tsar et la tsarine, mais le personnage le plus intéressant est assurément le mystérieux valet, répondant au nom d’Ivan Feodorovitch Manasevitch-Manouilov (1871-1918), qui selon Kerenski était : « Un des membres

102 Pierre Pascal, Mon journal de Russie 1916-1918, Lausanne, éd. L’Âge d’Homme, coll. « Slavica »,

1975, p 93.

103 Trotski, Histoire de la Révolution russe 1- Février, Traduit du russe par Maurice Parijanine. Paris.

Les Éditions du Seuil, Collection Politique. 1967, p. 80. Nota, par soucis d’authenticité nous avons gardé

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les plus ténébreux de cette clique mystérieuse qui entourait Raspoutine, le téméraire aventurier Manasevitch-Manouilov, qui avait servi d'intermédiaire entre le Starets et le Premier ministre Stürmer.104 » L’ambassadeur de France Maurice Paléologue

nous dresse un portrait saisissant de ce personnage interlope, le lundi 7 février 1916 (calendrier grégorien) dans son journal, ce portrait est certes un peu long, mais nous avons cru bon de le reproduire car il met en évidence les rapports étroits qui liait ce personnage avec l’Okhrana, Raspoutine et ce que S. E. M. l’Ambassadeur appelle la

camarilla de l’impératrice : « Stürmer a choisi, comme chef de son secrétariat, Manassiéwitch Manouïlow105. Ce choix, ce qui fait scandale, est significatif. Je

connais un peu Manouïlow, ce qui désole l’honnête Sazonow (Nda. Sergueï D. Sazonov fut ministre des affaires étrangères de l’empire de 1910 à 1916). Mais ai-je le droit d’ignorer le chef du service des informations du Novoïé Vrémia, qui est le plus important journal de Russie ? D’ailleurs, nos relations sont antérieures à mon ambassade. Je l’ai entrevu jadis, vers 1900, à Paris, où il travaillait comme agent de l’Okhrana, sous les ordres du fameux chef de la police russe en France, Rachtkowsky. Le personnage est des plus curieux. D’origine juive, d’esprit vif et retors, aimant la vie large, les plaisirs et les objets d’art, dénué de toute conscience,

104 Alexandre F. Kerenski, La Vérité sur le massacre des Romanov, Paris, impr. Payot, 1936, p. 89.

Nota, le Starets est la personne la plus âgée d’un monastère, ou plus généralement un père spirituel doué de dons spéciaux, comme la guérison ou la clairvoyance, ce terme ici renvoie bien entendu à Raspoutine.

105 Nota, par soucis d’authenticité nous avons gardé l’ancienne graphie des noms russes

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il est à la fois mouchard, espion, aigrefin, escroc, tricheur, faussaire, ruffian, un mélange singulier de Panurge, de Gil Blas, de Casanova, de Robert Macaire et de Vidocq : « Au demeurant, le meilleur fils du monde. » Pendant ces dernières années, il a participé à quelques beaux exploits de l’Okhrana ; car ce forban a la passion des aventures et ne manque pas de courage. Au mois de janvier 1905, il fut, avec le pope Gapone106, un des principaux instigateurs de la manifestation ouvrière qui

offrit aux autorités le prétexte d’une exécution sanglante sur la place du Palais d’hiver. Quelques mois plus tard, on retrouve sa main dans la préparation des

pogroms qui dévastèrent les quartiers juifs de Kiew, d’Alexandrowsk et d’Odessa. Enfin, c’est lui, qui au mois d’avril 1906, se serait chargé de faire assassiner Gapone, dont les bavardages devenaient compromettant pour l’Okhrana. Depuis quelques temps, il a réussi à s’assurer les bonnes grâces de l’impératrice, en reconnaissance des nombreux services qu’il a rendus à Raspoutine. Que de titres à la confiance de Stürmer !...107 » Le personnage, en effet, est des plus intéressants, proche de la

police politique impériale et des révolutionnaires, il fut à un poste très important, en rapport direct avec le président du Conseil, Stürmer, qui était très proche de l’impératrice et donc de Raspoutine.

106 Il s’agit bien du prêtre Gueorgui A. Gapon (1870-1906), mais son nom est simplement

différemment orthographié. A son sujet, se reporter à la revue Baraban № 2, du mois d’avril.

107 Maurice Paléologue, Le Crépuscule des tsars, journal (1914-1917), Mercure de France, 2007. pp.

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Etonnante couverture qui présente ainsi en une seule composition toute une époque, révolue et vouée aux gémonies, et l’originalité de ce dessin à de surcroît l’avantage de proposer une légende inattendue : « Nouvelles cartes. Les insignes royaux de la future maison d’éducation pour les enfants illégitimes de Grigori Efimovitch Raspoutine inspirée par ses admiratrices secrètes. L’obole est la bienvenue, prière d’adresser à Mme la général Lokhtine, Selo Pokrovskoïe. » Les nouveaux insignes royaux sont donc marqués par le sceau des bagnards, sort qui semble attendre la plupart de ces personnages... Olga Vladimirovna Lokhtine était une intime de Raspoutine qui l’aurait guérit, il demeurait souvent chez elle. Le Moujik-Raspoutine est la figure centrale de cette couverture où tout semble être organisé autour de lui, il figure côte à côte avec le tsar, et la légende est dédiée à ses frasques, bien qu’il soit mort depuis plusieurs mois déjà. Tous ces personnages qui ont eu rapport avec Raspoutine, qui tous, ont subi son influence sont traités non pas en marionnettes, comme l’on pouvait s’y attendre, mais comme ses bâtards, rien moins. Raspoutine aura donc à ce point marqué la politique et les esprits, que cinq mois après sa mort il continue à faire la couverture, et son influence était si grande que son assassinat aura été l’un des déclencheur de la révolution, libérant les libéraux et l’aristocratie de son emprise néfaste sur le couple impérial. Trotski toujours rapporta ainsi les suites de la mort du Moujik : « L’assassinat joua un grand rôle, mais non point celui qu’avaient escompté les exécuteurs et les inspirateurs. Au lieu d’atténuer la crise, cet acte l’aggrava. Partout l’on parlait de ce meurtre : dans

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les palais, dans les états-majors, dans les usines et dans les isbas de paysans. Une déduction s’imposait : les grands-ducs eux-mêmes n’avaient contre la camarilla lépreuse d’autres voies que le poison et le revolver. Le poète Blok décrivit parfaitement l’importance capitale de l’assassinat de Raspoutine en ces termes : « La balle qui l’acheva atteignit en plein cœur la dynastie régnante.108 » »

La quatrième de couverture présente dans un dessin détaillé et peu caricatural, quatre des personnages figurant en couverture, il s’agit bien entendu de Raspoutine, du couple impérial et enfin de Badmaev, tous sont vêtus à l’antique. Raspoutine est au premier plan, représenté bedonnant dans une tunique jaune, il porte une peau de mouton en écharpe. Derrière lui, Badmaev est représenté coiffé de laurier, un peu en retrait, il regarde l’attitude du couple impérial ; la tsarine Alexandra, porte une longue tunique jaune comme celle de Raspoutine qu’elle semble regarder, les mains sur les hanches, une jambe dévoilée ; Nicolas II, quant à lui est représenté petit et malingre, il est coiffé d’une ridicule petite couronne, un parapluie sous le bras, il semble s’adresser à Raspoutine. Le titre de l’illustration : «

La Belle Hélène, scène comique exécutée par la troupe de la cour de Tsarskoïe-Selo ». La légende quant à elle de préciser : « Distribution des rôles – Ménélas : N. Romanov ; Hélène : Alix de Hesse ; Calchas : P. Badmaev du Tibet ; Pâris : G.

108 Trotski, Histoire de la Révolution russe 1- Février, Traduit du russe par Maurice Parijanine. Paris,

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Raspoutine. » Tous se retrouvent donc dans la peau de personnages de l’Iliade : Ménélas, roi de Sparte est le mari d’Hélène qui s’est enfuie avec le troyen Pâris ; Calchas est le devin qui aidera les grecs à prendre Troie. Dans le même registre de conspirations et de trahisons, voici encore le couple impérial déchu, retenu à Tsarskoïe-Selo, mais toujours raillé.

Le numéro 17 du Bitch (7ème après la fin de la censure) est titré : « A l’intention des bonnes gens ». Sous le dessin de Deni, dans le style d’une comptine campagnarde dans laquelle Maria Feodorovna s’adresse au lecteur : « Devenue veuve, Svetiki 109, depuis que mon mari a été foudroyé par un delirium tremens à cause

de la vodka, comptez déjà comme vingt-cinq ans… Et qu’est-ce qu’il reste de lui, de ses petits restes – de tout ça, mon aîné n’est pas sauvé… Sans avenir il est mon aîné, et voici qu’à la fin de mes années, je me retrouve sans toit… Au moins, si j’avais sollicité une pension du Trésor – En effet, Svetiki, 70 ans déjà. Est-ce qu’il reste, à une bonne femme comme moi, encore beaucoup de siècles ? ». Le cadre des

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