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III. LA DANSE

6. Les chaînes musculaires

Notre organisation posturale influence notre manière « d’être au monde », au sens phénoménologique du terme, et conditionne nos mouvements. Les chaînes musculaires sont un ensemble de muscles dont le recrutement contribue à une même action. Elles sont le support locomoteur des structures psychocorporelles. Chaque chaîne musculaire est liée également à un schème moteur fondamental, qui se relie à un mode de présence.

G. STRUYF, kinésithérapeute de formation, définit à partir de l’observation de sujets, six typologies qui correspondent à une répartition particulière des tensions et donc à la

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construction du tonus de posture. Cette répartition singulière restreint le mouvement et les coordinations dans une analogie spatiale spécifique. Elle décrit :

• 3 chaînes verticales :

La chaîne antéro-médiane (AM) : caractérisée par le schème de l’enroulement. Cette chaîne est particulièrement marquée au niveau du thorax, rapprochant ainsi le sternum de la symphyse pubienne. La typologie antéro-médiane peut être décrite par une posture orientée vers l’arrière, le sujet étant « assis » dans son bassin, suspendu aux abdominaux, en appui sur les talons, les épaules tombantes. On peut observer un allongement de la cyphose dorsale et un flexum des genoux. Cette typologie ancre le corps au sol. La sollicitation de cette chaîne invite à une expérience d’ancrage et de centration, à relier avec une disponibilité sensorielle et au poids. Elle invite également à s’abstraire de l’agitation, se ressourcer. Cependant, dans l’excès elle peut être caractéristique de l’apathie ou d’une unique réceptivité. A l’inverse, lorsqu’elle fait défaut, la fatigue ou encore l’anxiété peuvent y être associées.

La chaîne postéro-médiane (PM), caractérisée par le schème d’extension dorsale, d’arqueboutement. Les muscles postérieurs et médians sont particulièrement sollicités. La typologie postéro-médiane décrit un sujet pulsé vers l’avant, le sacrum en nutation, la nuque cassée. Le thorax en décubitus est verrouillé vers l’arrière. Ce schème posturo-médian est associé à la confrontation qui suppose une individuation, à l’excentrage, la manifestation volontaire, mais aussi à la rationalité, la décision et l’entreprise. Les sujets qui présentent une prédominance de cette chaîne musculaire sont, d’une manière un peu caricaturale, sans cesse à la recherche d’action, de maîtrise.

La chaîne postéro-antérieure (PA), caractérisée par le schème de l’extension axiale. C’est une structure médiane qui sollicite les muscles profonds de la colonne vertébrale et dont la typologie peut être définie par un alignement tête-nuque-dos. Cette dernière offre au sujet une grande disponibilité motrice et liberté respiratoire. Ce schème d’extension axiale sous-entend un effacement des courbures de la colonne vertébrale, atténuant ainsi les contraintes au niveau des vertèbres. Il est associé à l’axialité, l’intuition, la vigilance, la conscience d’être, l’intériorisation des supports, ou encore le fait de se saisir en tant que sujet.

• 2 chaînes horizontales, dites « de relation » :

La chaîne postéro-latérale (PL), caractérisée par le schème de déploiement, d’abduction- rotation externe. La typologie postéro-latérale décrit le sujet comme arqué, penché en arrière,

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le bassin projeté en avant, les pieds écartés. D’une manière globale son corps forme un arc. Le thorax et les omoplates sont très larges. Les épaules sont élevées avec une rotation externe des têtes humérales. On peut associer la prédominance de cette chaîne avec une personnalité extravertie, expressive et démonstrative, conviviale et sportive. Ce schème de déploiement est également associé à l’expansion et au contact. En revanche dans l’excès, on peut le relier à une personnalité colérique, explosive, impulsive ou invasive.

La chaîne antéro-latérale (AL), caractérisée par le schème d’adduction-rotation interne. La typologie antéro-latérale est marquée par des rotations internes au niveau des ceintures, des genoux et des hanches fermés, ainsi qu’un thorax et des épaules très étroits. Les pieds et les mains sont en introjection. La prédominance de cette chaîne musculaire renvoie au mouvement de ramener vers soi, à la préservation et à l’intériorisation, au recueillement. De plus, elle peut être reliée à une personnalité réservée ou minutieuses, hypersensible mais présentant peu d’expression émotionnelle, beaucoup de pudeur. Dans l’excès, la tristesse, l’angoisse, la fermeture, voire l’agressivité peuvent y être associées.

AL limite les excès de PL.

• 1 chaîne coordinatrice :

La chaîne antéro-postérieure (AP), caractérisée par le schème du repousser. C’est une structure régulatrice, qui peut être considérée comme un flux, installant une rythmicité dans le corps et une dynamique déséquilibre/rééquilibre. Cette chaîne, en « zig-zag » (car alterne entre la face antérieure et postérieure du corps), sollicite principalement des muscles qui traversent le corps. Elle est nécessaire au bon fonctionnement des autres chaînes. Elle fait le lien entre chacune d’entre elles. Typologiquement, cette chaîne est marquée par une accentuation des lordoses et un cou projeté en avant, les genoux déverrouillés. Le sujet, « tassé », est près à jaillir ou bondir. La sollicitation de cette chaîne peut être rattachée à la réactivité et l’expressivité mais aussi à l’impulsivité et la prise de risque. La mobilisation en excès de cette chaîne peut être le signe d’un manque d’ancrage, d’hyperkinésie ou encore d’un manque de direction.

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Les chaînes musculaires traduisent un véritable langage corporel. Elles permettent une lecture de l’organisation psychocorporelle du sujet et peuvent donc servir de véritable support à un travail thérapeutique.

Il faut cependant faire attention à ne pas tomber dans la caricature. Nous utilisons chacune de ses six chaînes musculaires. En revanche, chacun, en fonction de sa propre histoire, en sollicite une plus que les autres. Certains sujets utilisent de manière excessive une chaîne en particulier, délaissant ainsi les autres. Cela vient alors perturber leur équilibre général. Dans le cadre d’un travail thérapeutique, l’utilisation de cette lecture des chaînes musculaires nous apporte des « clés » pour amener le patient vers une structure qu’il n’utiliserait peu ou pas, ce qui influencerait son mode de présence.

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DISCUSSION

I.

Comment le groupe danse aborde-t-il la structuration

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