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Les chéilites mécaniques :

ROLE PHYSIOLOGIQUE DES LEVRES

A- Les chéilites de cause locale :

2- Les chéilites mécaniques :

Si leurs types cliniques sont étonnamment variés, leur traitement varie en fonction de l’aspect clinique et de la cause sous -jacente, laquelle peut comporter une participation psychologique plus ou moins importante [28].

2-1 Les chéilites par irritation mécanique :

La chéilophagie est une manie ou un tic des lèvres (paréiophagie) qui affecte surtout la lèvre inférieure. Ces mordillements sont à distinguer des morsures accidentelles (comme les automorsures), des morsures humaines, des morsures d’animaux ou d’insectes, ainsi que des automorsures infligées dans certains syndromes neurologiques : Syndrome de Lesch-Nyhan, syndrome d’indifférence congénitale à la douleur et occasionnellement, syndrome de Cornelia de Lange. Des chéilorragies autoinfligées sont aussi décrites dans le syndrome de Münchhausen (forme chirurgicale de la pathomimie).

En fonction de l’âge de l’individu, l’interrogatoire peut rapidement orienter le diagnostic étiologique d’une chéilite. Chez l’enfant, des tics peuvent provoquer une chéilite spongiotique. En effet, certains ne peuvent s’endormir sans sucer un coin de drap ou un autre tissu. Il s’ensuit une macération cutanée par le contact prolongé avec le textile imprégné de salive. Par ailleurs, certains enfants se lèchent le pourtour de la bouche et provoquent une gerçure des lèvres et de la partie cutanée avoisinante, dessinant sur la peau une eczématisation nette, au pourtour curviligne, véritable impression du passage de la langue sur la peau. La gerçure péribuccale est plus fréquente et banale en hiver, l’effet du climat aggravant la situation.

Le tic de léchage est fréquent chez l’enfant, d’autant qu’il existe une sécheresse labiale ou une atopie. Il peut être responsable d’un état collodionné

Figure 24 : Chéilite par tic de léchage

Les tics de mordillement ou de succion des lèvres (chéilophagie) sont fréquent chez les patients « nerveux » et anxieux et peuvent être rapprochés de l’onychophagie (fait de se ronger les ongles) et de la trichotillomanie (fait de s’arracher les cheveux). Prédominants sur la lèvre inférieure, ils sont responsables d’excoriations labiales superficielles, parfois d’ulcérations aphtoides, alternant avec des lambeaux muqueux macérés, blanchâtres à limites. Ce tic compulsif de mordillement peut s’étendre à la muqueuse jugale (zones rétrocommisurales) et/ou aux bords de la langue.

Certaines dermatoses labiales, préexistantes ou latentes, peuvent être exacerbées par des tics de mordillement ou de succion (atopie, eczéma, aphtose, lichen plan, pemphigus). Il en est de même des sujets se plaignant de paresthésies buccales psychogènes (chéilodynie, stomatodynies), ou la

Figure 25 : Chéilite irritative à la salive liée à la tétine

Des traumatismes labiaux (plaies, contusions, écrasements) peuvent aussi survenir en portant des instruments à la bouche (pipettes, instruments de musique, etc.). Chez les joueurs de trompette ou d’autres instruments à vent demandant un effort musculaire labial important, les lèvres sont volontiers irritées, sans intervention d’une réaction allergique de contact (aux métaux, bois ou matières plastiques). La déchirure de l’orbiculaire des lèvres a aussi été décrite ; c’est ce qu’il est convenu d’appeler le syndrome de Satchmo [13].

2-2 Les chéilites pseudotumorales :

Le bourrelet d’aspiration de la muqueuse de la lèvre inférieure est secondaire à un tic d’interposition labiale ou la muqueuse est « sucée » dans

Les mucocèles sont le plus souvent de faux kystes traumatiques (morsures, etc.) par extravasation salivaire, plutôt que des kystes par rétention. Secondaire à la rupture (par morsure des canines) du canal excréteur d’une glande salivaire accessoire. Ce pseudokyste apparait comme un nodule fluctuant, bleuté. La localisation labiale surtout inférieure est très fréquente ; elle est rarement labiale supérieur [figure 26].

Figure 26 : Mucocèle labial

L’hyperplasie fibreuse inflammatoire (diapneusie) réalise une saillie muqueuse, sessile ou pédiculée et se développe progressivement, surtout à la lèvre inférieure, en général en regard d’une brèche ou d’un hiatus dentaire,

Figure 27 : Diapneuse de la face interne des joues

Le granulome pyogénique est rare au niveau labial. L’inclusion traumatique de corps étrangers peut entraîner la formation d’un granulome contre corps étranger qui apparaît, surtout sur la lèvre inférieure, comme un nodule dur peu sensible. L’inclusion traumatique d’épiderme peut conduire tardivement dans la lèvre inférieure à la formation d’un kyste épidermoïde d’implantation. À signaler aussi le granulome éosinophile traumatique, qui apparaît parfois au niveau labial inférieur sous forme d’une ulcération aspécifique.

Le botryomycome, secondaire à un traumatisme minime (morsure), réalise un bourgeon charnu, rouge, mou et arrondi, séparé de la muqueuse avoisinante par un sillon [29, 30].

2-3 Les chéilites factices « exfoliatives » :

Atteignant des adolescentes ou des adultes jeunes, volontiers de sexe féminin, elles réalisent un tableau particulier par la présence de squames croûteuses grasses, blanchâtres ou brunâtres, recouvrant la demi-muqueuse des deux lèvres, pouvant atteindre une épaisseur importante et réaliser une carapace ostréacée. Ces croûtes se détachent progressivement par les bords, sont facilement arrachées, mais se reproduisent sans cesse [figure28].

Ces chéilites très disgracieuses peuvent être considérées comme des pathomimies (lésions autoentretenues), provoquées par un frottement continuel et /ou une humidification permanente des lèvres. Le profil psychique des sujets atteints est particulier : émotifs, anxieux, phobiques et parfois agressifs (n’admettant pas le caractère autoentretenu des lésions). Ils fuient les contacts sociaux, l’aspect repoussant de leurs lèvres leur servant d’alibi [14].

2-4 Les chéilites d’automutilation :

Des ulcérations labiales par automorsures peuvent s’observer dans certaines maladies avec troubles de la sensibilité (lèpre, sclérose en plaques, anesthésie du nerf dentaire inférieur), des maladies psychiatriques (schizophrénie, hystérie), certains syndromes neurologiques (syndrome de lesch-Nyhan, syndrome d’insuffisance congénitale à la douleur, syndrome de cornélia de lange) [27].

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