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135Ces choix ne sont pas sans conséquences sur la vie professionnelle de ces parents

Dans le document archigraphie 2020 (Page 137-140)

La parentalité et son impact sur la carrière des femmes

135Ces choix ne sont pas sans conséquences sur la vie professionnelle de ces parents

Globalement 18 % des parents architectes ont le sentiment d’avoir été pénalisés sur le plan professionnel à cause de leur parentalité. Toutefois ce sentiment diffère significativement entre hommes et femmes. Parmi les architectes ayant des enfants, 43 % des femmes ont le sentiment d’avoir été pénalisées professionnellement par ce choix tandis que seuls 8 % des hommes ont ce sentiment.

Graphique 97 : Pensez-vous avoir été pénalisé(e) sur le plan professionnel par le fait d’avoir eu un ou plusieurs enfants (réponses : oui)

43 %

8 %

18 %

Femmes Hommes Total

(moyenne pondérée)

50 % 45 % 40 % 35 % 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 5 % 0 %

Base : 1 697 architectes ayant des enfants

Note de lecture : 43 % des femmes architectes ayant des enfants ont le sentiment d’avoir été pénalisées sur le plan professionnel par le fait d’avoir eu un ou des enfants.

Source : Enquête CNOA-CREDOC, les entreprises d’architecture et la parité, du 8 au 20 avril 2020

Le débat historique sur la notion du plafond de verre stipule que les femmes sont souvent victimes de barrières invisibles qui freinent leur ascension aux postes à responsabilités. Des études scientifiques ont montré qu’elles sont particulièrement pénalisées pendant la période où elles sont susceptibles d’avoir des enfants et qu’elles sont moins souvent promues que les hommes.1

69 % des femmes s’estimant pénalisées sur le plan professionnel par le fait d’avoir eu des enfants déclarent n’avoir pas eu de progression de carrière du fait de ce choix. En comparaison, 42 % des hommes qui considèrent avoir été pénalisés par le fait d’avoir eu des enfants affirment qu’ils n’ont pas eu de progression de carrière. Parmi les architectes s’estimant pénalisés par leur parentalité (359 individus au total), près d’une femme sur deux estime avoir eu moins de responsabilités professionnelles, contre un homme sur 10. Enfin, 43 % des femmes considérant avoir été pénalisées par leur parentalité estiment avoir subi

1 La construction du plafond de verre, 2005, J. Laufer, epsilon.insee.fr

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une absence ou un refus de hausse de salaire lié au fait d’avoir des enfants. 29 % des hommes sont dans ce cas-là.

Graphique 98 : De quelle manière pensez-vous avoir été pénalisé(e) ? Absence ou refus de hausse de salaire ? (réponses : oui)

43 %

29%

38 %

Femmes Hommes Total

(moyenne pondérée)

50 % 45 % 40 % 35 % 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 5 % 0 %

Base : 359 architectes s’estimant avoir été pénalisés professionnellement par le fait d’avoir eu un enfant.

Note de lecture : 43 % des femmes architectes ayant le sentiment d’avoir été pénalisées professionnellement par le fait d’avoir un enfant ont subi une absence ou un refus de hausse de salaire, contre 29 % des hommes.

Source : Enquête CNOA-CREDOC, les entreprises d’architecture et la parité, du 8 au 20 avril 2020

Près de 70 % des hommes ou femmes architectes ayant perçu des pénalités dans l’exercice de leur métier, du fait d’avoir eu un ou plusieurs enfants, ont exprimé leur ressenti et leur vécu1. De ces témoignages se dégagent deux types de pénalités, les pénalités directes et indirectes, illustrées par les verbatims présentés ci-dessous.

Les pénalités directes découlent du comportement des employeurs et collaborateurs envers les architectes, elles touchent particulièrement les aspects suivants :

Les salaires non revalorisés ou l’absence de prime : « Tous les autres (hommes) architectes (arrivés après moi dans la structure) ont un salaire plus élevé que le mien. Je me suis fait flouer lorsque les salaires ont été revalorisés pendant mon 1er congé maternité. (…) » L’évolution de carrière bloquée : « Chaque enfant (…) a été une mise au placard qu’il m’a fallu à chaque fois défoncer. »

1 Sur les 359 architectes ayant répondu à cette question, 254 ont précisé les pénalités perçues en cochant la case « autres pénalités » en plus de celles proposées. Dans la majorité des cas, il s’agit de précisions sur les modalités déjà choisies.

137 La discrimination à l’embauche. « Inégalité des chances pour obtenir un emploi : lors d’un

entretien d’embauche alors que mon enfant avait 6 mois, l’employeur m’a demandé qui s’occuperait de mon enfant quand il serait malade et le week-end quand je serais à l’agence pour travailler (…) »

… ou en poste : « Incitation à démissionner de mon précédent poste de salarié de la part des gérants »

La diminution des responsabilités : « Nécessité de “refaire ses preuves” après chaque arrêt maternité avant de retrouver les responsabilités acquises juste avant. »

La diminution du nombre de chantiers : « Moins de chantiers, moins de responsabilités, moins de crédibilité… »

« Projets moins intéressants. Même charge de travail pour moins de temps de travail. » Les pénalités indirectes ou induites découlent de la condition de parent et des difficultés à concilier vie familiale et vie professionnelle. Ces pénalités touchent particulièrement la qualité et le niveau de vie des architectes :

Baisse du chiffre d’affaires et des revenus, impact sur le calcul des droits à la retraite :

« Baisse du chiffre d’affaires, donc impact sur l’accès à la commande publique les années suivantes »

« Temps partiel pour équilibrer [le] temps familial… donc moins de salaire et moins de retraite » Faible niveau d’indemnisation du congé maternité pour les femmes :

« D’abord car en tant que femmes associées le congé maternité est [quasiment] inexistant (…) . Ensuite car la fatigue est là quand on fait presque un temps plein et demi si on compte le temps de travail et le temps de prise en charge des enfants. »

Rythme et qualité de vie personnelle fortement impactés, notamment pour les femmes :

« Je travaille tous les soirs et tous les week-ends pour compenser. »

« En étant architecte libérale, je n’ai pas réussi à trouver un confrère pendant ma grossesse pour reprendre mes chantiers, j’ai travaillé jusqu’à la veille de l’accouchement et j’ai dû reprendre le travail moins de 2 mois après l’accouchement. Je trouve que les femmes architectes travaillant en libéral ont très peu de possibilités de réduire leur charge de travail. »

Une pression ou une défiance envers l’architecte. Certains ont exprimé d’importantes tensions et des pressions générées par leur direction notamment après un retour de congé parental.

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Cependant, pour certains architectes, l’impact de la parentalité n’est pas forcément perçu comme une pénalité : « Je suis profession libérale : moins de temps consacré au travail et donc développement moindre de l’agence (mais est-ce un mal ?) »

Dans le document archigraphie 2020 (Page 137-140)

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