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La Coordination latino-américaine et caribéenne des petits producteurs de commerce équitable (CLAC) 15 agit quant à elle à titre de porte-parole des acteurs du secteur en faisant la promotion le

3.2 Le commerce équitable : les enjeu

3.2.3 La certification des produits équitables

Cependant, le problème majeur soulevé par les acteurs de la conférence de Cochabamba a été celui du manque de pouvoir des producteurs qui se caractérise par des écueils en termes de certification des produits équitables. Le principal enjeu est de donner plus de pouvoir aux producteurs dans le domaine de la commercialisation. Si les producteurs les plus grands arrivent à s’en tirer sans trop de mal, les petits, eux, ont beaucoup de mal à rencontrer les critères de certification des grandes agences. En fait, ce que

décrient plusieurs individus impliqués dans le mouvement du commerce équitable, c’est que les producteurs se sentent clients des agences de commercialisation. Les relations ne sont pas égalitaires en plus de reposer sur la méfiance systématique des agences de commercialisation envers les producteurs.

Les producteurs participants à la rencontre de Cochabamba ont souvent répété que la certification est une entreprise qui sert les intérêts du Nord. Une grande partie du commerce équitable transite du Sud vers le Nord. La grande majorité de la clientèle qui se procure des produits équitables habite dans les pays du Nord et les critères de certification sont pensés et conçus par des individus représentant les intérêts des clients du Nord. En effet, pour que ces derniers aient l’assurance que les produits qu’ils achètent (souvent à des prix plus élevés que ceux en cours dans le marché traditionnel) respectent les normes du commerce équitable, la certification est nécessaire. Les petits producteurs du Sud en conviennent. Ils remarquent, par contre, que le système de certification actuel fait en sorte que les prix subissent des hausses significatives, freinant du même coup la consommation de produits équitables par un plus grand nombre de personnes à cause des prix qui sont moins accessibles, le nombre d’intermédiaires se multiplie (allant ainsi à l’encontre d’un des principes fondamentaux du commerce équitable qui exige une diminution maximale de ceux-ci) et un grand nombre de producteurs ne peut avoir accès au marché à cause de son incapacité à défrayer les coûts de la certification elle-même.

Pour contrer ce problème, la certification participative a été identifiée comme étant une solution viable aux obstacles générés par la certification des produits équitables.

Reprise dans plusieurs pays du continent latino-américain, la certification participative consiste à regrouper des producteurs et des représentants des mouvements sociaux impliqués de près ou de loin dans le commerce équitable. Meirelles (2003) la définit comme suit :

« Nous appelons certification participative le processus qui génère la crédibilité que présuppose la participation solidaire de tous les secteurs intéressés à assurer la qualité du produit final et du processus de production. Ce processus résulte d’une dynamique sociale surgie de l’intégration entre les principaux acteurs qui oeuvrent à la production, à la consommation ou à la commercialisation des produits qui seront certifiés ».

Concrètement, le processus débute par une déclaration du producteur qui certifie que ses propres produits sont équitables, qu’ils rencontrent les normes en vigueur. Ensuite, un groupe de pairs prend la relève. Sont rôle est de confirmer les dires du producteur individuel. Entre ici en scène la responsabilité

collective : tous se portent garants de la qualité des produits et biens générés par leurs collègues. Le groupe de producteurs ne peut qu’être transparent et honnête dans cette démarche : au moindre problème ou tentative de tromperie c’est tout le groupe qui est discrédité, qui perd sa crédibilité et ce qui est plus grave encore : qui perd ses possibilités d’affaires dans le secteur. Pour rendre le processus de certification participative encore plus sûr, une troisième étape suit : les produits sont examinés par un comité formé de plusieurs acteurs du secteur du commerce équitable autres que les producteurs. Nous pensons à des représentants d’ONG, de syndicats agricoles ou de groupes de consommateurs. Ces derniers ont pour mandat de confirmer le respect des normes équitables tout au long de la chaîne de production.

Ceux qui ont opté pour la certification participative ont vite fait de constater les retombées positives de ce processus. En effet, au-delà de son objectif principal de garantir aux consommateurs des produits conformes aux normes du commerce équitable, il est utile car non seulement il confère une responsabilité supplémentaire aux producteurs et empêche une hiérarchisation des acteurs, mais il permet également l’éducation des acteurs entre eux, la coordination et l’organisation des différents groupes prenant part au secteur, la participation active de tous les groupes et individus concernés. En fait, la certification participative est souvent le premier pas vers un travail en commun des organisations oeuvrant dans le secteur, une façon d’en arriver à des partenariats, un travail en réseau, à une vision commune des enjeux et défis auxquels le secteur est assujetti (Meirelles, 2003).

Or, la certification participative n’est pas une panacée à tous les problèmes et possède quelques faiblesses. Par exemple, ce processus, aussi intégrateur et constructif soit-il, n’a pas encore été reconnu légalement. Les producteurs qui y prennent part n’ont donc pas accès à certains marchés. Ainsi, pour l’instant, sans la reconnaissance des organisations de certification traditionnelles, la certification participative n’est pas suffisante pour garantir la distribution des produits dans les circuits internationaux. C’est pourquoi, présentement, la certification participative n’est utilisée que dans le contexte d’un marché local, lorsqu’il y a peu de distance entre le consommateur et le producteur. Finalement, pour Meirelles (2003), qu’il s’agisse de la certification conventionnelle ou participative, les consommateurs et les producteurs eux- mêmes ont bien du mal à se défaire de ce que l’auteur appelle la « culture du sceau de qualité » qui veut que ce dernier soit plus important que le produit ou le processus de production eux-mêmes. La certification empêcherait donc d’avoir une vision globale des activités du secteur et favoriserait le maintien d’une perception très réductrice des capacités et des retombées qu’engendre le commerce équitable, l’éloignant peu à peu de ses objectifs de départ.

3.3 Économie sociale et solidaire et commerce équitable : des expériences latino-américaines