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1.3 Structure de l’intelligence

1.3.4 Cattell et le modèle bi-factoriel de l’intelligence

Figure 2. Modèle de Thurstone (adapté de Chartier & Loarer, 2008)

1.3.3 L’approche hiérarchique de l’intelligence

C’est sur la base d’une synthèse des théories de Spearman et Thurstone que certains auteurs vont construire des modèles hierarchiques de l’intelligence. Pour ces auteurs, un facteur général d’intelligence existe bel et bien, il y a en effet un lien entre toutes les épreuves.

Mais selon eux, Thurstone a également raison, il existe également, d’autres aptitudes mentales propre aux épreuves. Ainsi, des modèles vont être créés afin de réunir le facteur « g » et ces aptitudes mentales. Ceux-ci seront appelés modèles hiérarchiques. Notons que les batteries d’intelligence qui sont utilisées aujourd’hui s’organisent autour des modèles hiérarchiques.

Les sous-chapitres suivants seront consacrés à la description de plusieurs de ces modèles.

1.3.4 Cattell et le modèle bi-factoriel de l’intelligence

Un modèle hiérarchique important est la proposition faite par Raymond Cattell et son élève John Horn. A partir d’une série d’épreuves, ils obtiennent des matrices de corrélations.

En étudiant attentivement ces matrices, ils arrivent à la conclusion que toutes les épreuves corrèlent entre elles mais qu’il ressort néanmoins 2 grands facteurs. Ils nomment ces 2 facteurs Intelligence fluide (Gf) et Intelligence cristallisée (Gc) (Brody, 2000). Afin de définir ces deux termes, ils vont analyser le matériel présenté. Ils constatent que les épreuves qui mesurent l’Intelligence fluide contiennent du matériel abstrait ou nouveau. Ils tentent alors

N

R S

V

W M

P

29 d’expliquer les processus cognitifs qui entrent en jeu pour résoudre ce genre de tâche. Ils parviennent au constat qu’il sagit du raisonnement inductif. Avec (Gf), ils trouvent en partie le facteur g de Spearman. Ainsi, par exemple, les Matrices de Raven sont interprétées en terme de g selon Spearman et de (Gf) selon Cattell et Horn. Il y a donc une grande similarité entre le g de Spearman et le (Gf) de Cattell et Horn. Selon Cattell, l’intelligence fluide repose sur des bases biologiques qui seraient à l’origine des différences individuelles. Il suppose aussi qu’il y a au travers de (Gf) une transmission génétique. Il considère donc, à tort, que l’intelligence fluide est indépendante de la culture et peut, ainsi, s’appliquer à tous les individus sur terre. En ce qui concerne la définition de l’Intelligence cristallisée, les tests de compréhension verbale ou de connaissances scolaires vont être regroupés. A savoir les connaissances qui sont acquises à travers l’éducation et la culture.

Cattell pense qu’une partie de nos compétences intellectuelles dépendent de facteurs biologiques, tel que, le fonctionnement cérébral pour l’Intelligence fluide (raisonnement). Il reconnaît néanmoins que le raisonnement est également une composante influencée par la culture et l’éducation dans les tests d’Intelligence cristallisée (Gc). Ainsi, les résultats de ces tests dépendent de la culture et du milieu socio-économique. Les résultats attendus dans ce type d’épreuves seront différents chez les enfants issus d’un milieu favorisé ou non.

Pour expliquer la relation entre (Gf) et (Gc), Cattell considère, qu’au départ, les capacités de l’enfant sont des capacités de l’Intelligence fluide donc uniquement du fonctionnement cérébral. Ce sont, ces compétences en (Gf) dans différents domaines, notamment scolaire qui vont être à l’origine de (Gc). C’est de cette explication que ces auteurs vont émettre la théorie de l’investissement dont l’illustration se trouve sur la figure 3.

Pour rappel, selon la théorie de Cattell et Horn, il existe deux grands facteurs d’intelligence (Gf) et (Gc). En termes de développement, ces deux auteurs donnent un poids différents à ces deux facteurs. Rappelons qu’à la naissance l’enfant a des structures cérébrales transmises génétiquement. Cette base biologique est à l’origine des compétences cognitives de l’individu.

Comme on le voit sur la figure 3, un facteur de 3ème ordre qui représente l’intelligence fluide au niveau le plus grand. Ces compétences biologiques vont permettre de réaliser toutes les épreuves qui s’inscrivent dans la définition de (Gf), à savoir celles nécessitant du raisonnement. Par exemple, dans les activités scolaires, l’enfant est amené à résoudre des tâches faisant appel à (Gf) (qui repose sur le patrimoine génétique), la résolution de ces tâches nécessite un facteur Gf de 2ème (Gf2) et de 3ème ordre (Gf3). Concernant (Gc) (partie droite de la figure 3), Cattell et Horn préconise que comme la base est biologique, l’éducation va se faire en fonction des capacités cognitives innées. Ainsi, comme on peut le voir sur la figure 3,

30 (Gc) découle de (Gf). Les capacités de Gc dépendent donc de Gf d’où le nom de théorie de l’investissement. En effet, les capacités en Gc résultent de l’investissement en Gf. Ainsi, dans les apprentissages scolaires, l’enfant doit investir de l’intelligence fluide pour acquérir des connaissances. Un enfant qui a de bonnes compétences en Gf, et qui les investit, suffisamment bien, aura de bonnes capacités en Gc. Lors d’analyses plus précises, il retrouve les aptitudes mentales rattachées à Gc qui sont celles découvertes par Thurstone. Dans la figure 3, on note que certaines aptitudes mentales dépendent uniquement de Gc, et d’autres de Gc et de Gf.

C’est également le cas de certaines épreuves ce qui rend difficile leur interprétation. Cela est aussi problématique d’un point de vue développemental. En effet, tout petit, l’enfant sollicite beaucoup voire totalement ses compétences en Gf, ainsi toutes les épreuves ne mesurent que ce facteur. En grandissant, l’enfant se verra administrer de plus en plus de tâches nécessitant de l’intelligence cristallisée jusqu’à n’avoir quasiment que ce type d’épreuve. Ainsi, par exemple pour l’épreuve mémoire des chiffres, l’enfant sollicitera uniquement des compétences en Gf alors que l’adulte en Gc. Ainsi, une même épreuve ne peut pas être interprétée de la même manière durant toute la vie. La lecture des résultats va être différente selon l’âge ce qui confronte les cliniciens à certaines difficultés.

Cependant, l’adéquation de la dichotomie Gf-Gc pour décrire toutes les capacités intellectuelles, a posé nombre de questions (Hoelzle, 2008). En 1971, Cattell étend son modèle bi-factoriel en un modèle triadique plus général, stipulant que l’intelligence est une interaction de capacités, de pouvoirs provinciaux, et d’agencements. Cela démontre une certaine évolution dans la conception d’un modèle de l’intelligence qui va se complexifier encore.

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Figure 3. Modèle de Cattell-Horn adapté de Cattell (2004)