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Catégorie : Prestige versus stigma

1. LES ÉLÉMENTS TRADITIONNELS DU STATUT SOCIOÉCONOMIQUE

1.4 Catégorie : Prestige versus stigma

Être quelqu’un de populaire ou au contraire de marginal va être un critère du SSE selon les adolescents, soit d’être connu de tous, avoir une présence recherchée ou alors être inconnu, rejeté ou évité. Les individus vont être soit considérés positivement soit jugés négativement dépendamment de leur statut socioéconomique. Une rappel important à faire quant à cette section est que, lors des entrevues, les adolescents étaient questionnés sur leur perception des gens en haut ou en bas de l’échelle dans la communauté en général, mais ensuite la même question leur était posée concernant leur perception des gens en haut ou en bas de l’échelle dans leur école. Ceci nous permet donc d’observer, et par le fait même de mieux comprendre, quels critères ils appliquent pour se positionner, en partant du plus précis (le groupe de pair) au plus général (la société).

En réponse à la question à la question « qu’est-ce qui fait que tu situes cette personne en haut de l’échelle? » :

« Ben quasiment toute la ville de Sherbrooke le connait là. Yé bien bien bien, très bien connu là. » (Fille, 17 ans)

Plusieurs adolescents allaient plus loin et mentionnaient plus spécifiquement la notion de respect ou de pouvoir. La quantité de pouvoir ou de respect reçu était un indicateur du statut socioéconomique de la personne.

« Interviewer : Selon toi qu’est ce que ça voudrait dire d’être en haut de l’échelle ?

Jeune : Avoir de l’argent, avoir, quand tu as de l’argent tu as du pouvoir plus sur les autres, tandis que si tu n’en a pas t’as rien, t’as pas de pouvoir sur personne. Pis heu...elle travaille beaucoup mais tsé elle a plus le respect des autres parce que …tsé elle démontre pis qu’elle a plus d’argent pis elle l’a plus facile faike les personnes vont plus vers elle la.” (Fille, 16 ans)

Par ailleurs, les individus en haut de l’échelle sont majoritairement perçus par les adolescents comme ayant un faible réseau social de soutien et des relations familiales négatives. Selon eux, les personnes en haut de l’échelle ne possèdent pas d’amitiés réelles, car les gens ne seraient avec eux que pour profiter de leur argent; les parents ne sont pas investis dans la vie de leurs enfants car ils sont matérialistes ou trop occupés à travailler. Les personnes en haut de l’échelle serait donc seules, malheureuses, mal aimées par leurs parents et par leurs ami(e)s.

Par contre, lorsque questionné sur ce que cela signifie d’être en haut de l’échelle, tous, ou presque, répondent que c’est d’être populaire. Les adolescents les décrivent comme des gens connus de tous, entourés d’un grand nombre de personnes, ayant un grand cercle social (visible par la quantité de personnes présentes dans leurs évènements sociaux), constamment sollicités et dont la présence est fortement recherchée.

“Mais en général avoir plus de expériences sociales pis de fun parce que ils sont dans le centre de plein de monde qui pourrait les inviter à aller à hmm plein d’activités ou genre y’ont un gros groupe d’amis habituellement. Faike heu, ils peuvent plus interagir avec les gens pis toute.” (Fille, 14 ans).

Les individus en haut de l’échelle seraient donc très entourés, mais entourés d’amitiés utilitaires ou encore d’individus ayant des valeurs aussi douteuses que les leurs. Le cercle social serait davantage centré sur l’apparence et le prestige que cela procure à chacun d’être associé l’un à l’autre.

En ce qui concerne les individus au bas de l’échelle, ils sont perçus majoritairement, par les adolescents, comme des personnes très humaines, en contact les uns avec les autres. Des individus ayant des relations sincères et vraies, et puisqu’ils n’ont rien à offrir du côté matériel, les personnes autour d’eux sont réellement là pour eux et non pas pour leurs possessions. Ce sont, selon les répondants, des personnes qui s’entraident, se supportent, qui ont une vie communautaire active (i.e. souper, déménagement, vie de quartier). Ils ont de grandes familles, avec beaucoup d’enfants, les relations entre les membres sont harmonieuses et empreintes d’amour. Les parents font de grands sacrifices pour leurs enfants, pour leur donner une vie meilleure que celle qu’ils ont eux-même eue.

« Interviewer : pis c’est quoi les choses qu’une personne qui est en bas de l’échelle possède? Jeune: je dirais de l’amour, beaucoup d’amour. Parce que ils se serrent les coudes entre eux… ils ont de l’amour, c’est ça qui compte là. » (Gars, 14 ans)

À l’inverse, certains adolescents décrivent les individus en bas de l’échelle comme des solitaires, des antisociaux, des personnes retirées refusant tout contact avec le monde extérieur. Ce serait des personnes constamment en conflits avec le peu d’amis qu’ils ont ou avec les membres de leur famille.

Il importe de mentionner que les perceptions des adolescents ne sont pas exemptes de jugements et de préjugés, influencés autant par la société que par l’éducation reçue dans leur famille ou par la perception de leur cercle social.

1.4.2 Thème : type de personne auquel l’individu est associé

Les adolescents évaluent la position sociale et le SSE d’un individu en observant le type de personne auquel celui-ci est associé. C’est-à-dire, si la personne est associée à la haute société, à des célébrités, à des politiciens ou des personnes d’influence. Ou si, à l’inverse, elle est associée aux personnes plus pauvres, marginales, rejetées.

« Jeune : Ah oui qui tu côtoies aussi, y faut… si tu côtoies des personnes hem, bien euh connues ou euh, hautes dans la société, ben ça c’t’un plus.

Interviewer : Hm K. Pis « connues » pour toi c’est quoi? Jeune : Euh premier ministre…

Interviewer : Ok là des personnes là des personnalités publiques.

Jeune : ouin publiques là, comme ministres, sportifs ou euh, acteurs, réalisateurs, toute. » (Fille, 17 ans)

1.4.3 Thème : Préjudice / racisme

Selon les répondants, posséder des caractéristiques pouvant porter préjudice influence le statut socioéconomique de la personne. De nombreuses caractéristiques ont été nommées par les adolescents : l’ethnie, la couleur de peau, la langue natale, le sexe, l’orientation sexuelle, un handicap physique ou un trouble du langage.

« Je pense que c’est un peu un mélange de genre heu, ton statut dans la société et aussi comment tu te fais voir par les autres. Comme, hmm, genre, un gars heu genre de race blanche puis qui n’a pas d’handicap ou rien, de genre d’orientation hétéro etcetera. Ya pas vraiment de truc que tu peux faire pour préjuger cette personne-là pis y’ont moins de chance d’être préjugé contre. Faike peut être qu’eux autres ils seraient plus en haut de l’échelle, tandis que d’autres personnes seraient un peu plus bas selon leurs caractéristiques.” (Fille, 14 ans)

2. LES ÉLÉMENTS NON-TRADITIONNELS DU STATUT