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1. Présentation et analyse

1.1 Les différents cas de figure

Le premier exercice du questionnaire initial (phrases lacunaires que les étudiants doivent compléter à l’aide d’un mot, susceptible d’être un faux-ami) révèle différents cas de figure dans les réponses proposées et nous permet d’émettre des hypothèses quant aux mécanismes psycholinguistiques à l’œuvre.

Premier cas de figure : le mot attendu est inconnu des étudiants.

Par exemple, pour la phrase « J’ai vu une annonce pour un travail de serveuse, j’aimerais envoyer une candidature pour ce travail », aucun étudiant n’a trouvé le mot candidature (0 réponse : voir graphique ci-dessous). Cette situation reprend le cas de figure cité par Newmark (1960), Singleton (1987) et Krashen (1983) selon lesquels c’est une lacune en L2 qui provoque l’interférence. Ici, les étudiants ne connaissaient pas le mot attendu, candidature. Ils se sont donc tournés vers un élément correct en L1 qui trouvait une correspondance avec un mot de L2, c’est-à-dire un faux-ami : 7 étudiants ont répondu application (traduction de candidature) et 17 étudiants ont répondu résumé (traduction de CV). 13 étudiants ont préféré se tourner vers un synonyme ou du moins une autre réponse acceptable dans ce contexte que nous appellerons « stratégie alternative » : lettre, email, réponse… 2 étudiants n’ont pas répondu et 6 étudiants ont fourni une réponse sans pertinence.

Figure 9 : Cas de figure 1 : candidature 0 5 10 15 20 25 30 emploi correct :

candidature applicationfaux-ami : synonyme pas de réponse réponse HS

Ef fe ct if d' em pl oi

Deuxième cas de figure : Le mot attendu faisait partie d’une cooccurrence.

Par exemple : « Depuis qu’elle est enceinte, elle a pris du poids ». Ici, il n’y avait pas possibilité de synonyme. Si la réponse n’est pas le verbe prendre, elle est fausse. Cela explique pourquoi 29 étudiants ont fourni une réponse non pertinente et 4 étudiants n’ont pas proposé de réponse (voir graphique ci-dessous). 2 étudiants seulement ont donné la bonne réponse et 7 étudiants ont eu recours à des faux-amis : mettre du poids (to put on weight) et gagner du poids (to gain weight).

Figure 10 : Cas de figure 2 : prendre du poids

Troisième cas de figure : certaines phrases ne permettaient pas vraiment l’emploi d’un synonyme en raison d’une grande précision lexicale.

Ces phrases ont conduit à un taux très élevé d’utilisation des faux-amis. Ce résultat est la conséquence d’une chaîne d’action : les étudiants ne trouvent pas dans leur répertoire le mot attendu, mais ont une idée précise de ce mot en langue maternelle. Ce dernier ayant un très fort degré de similarité avec un autre mot de la langue cible, les étudiants se tournent vers ce faux-ami. Par conséquent, ce cas de figure montre une forte proportion d’emploi de faux-amis comme c’est le cas de présenter (27 faux-amis) et personnage (23 faux-amis) (voir figure 11). En effet, pour la phrase « Je regarde la série Friends. Mon personnage préféré, c’est Chandler » ; 13 étudiants se sont souvenus de la bonne réponse, 23 étudiants ont utilisé un faux-ami, 5 étudiants ont utilisé une stratégie alternative (on a accepté la réponse ami par

0 5 10 15 20 25 30 35 emploi correct :

prendre du poids faux-ami : gagnerdu poids synonyme pas de réponse réponse HS

Ef fe ct if d' em pl oi

traduction de l’anglais « Chandler is my favorite Friend », qui est un emploi communément accepté en parlant de cette série télévisée) et 4 étudiants ont proposé une réponse sans pertinence. Le deuxième exemple est encore plus frappant : pour la phrase « Bonjour ! Je vais me présenter : je m’appelle David, j’ai 32 ans, j’habite à Lyon » ; deux étudiants ont répondu présenter tandis que 27 étudiants ont répondu avec le faux-ami introduire (se présenter se dit en anglais to introduce oneself). Un étudiant a utilisé une stratégie alternative (annoncer), quatre étudiants n’ont pas répondu et huit étudiants ont proposé une réponse sans pertinence.

Figure 11 : Cas de figure 3 : présenter et personnage

Quatrième cas de figure : emploi de faux-amis non attendus.

Certaines phrases ont déclenché l’apparition de nouveaux faux-amis qui n’étaient pas attendus. Par exemple, pour la phrase « Je suis allé à la pharmacie acheter des médicaments » on attendait le faux-amis médecine (de l’anglais medicine) qui est effectivement apparu, mais les étudiants ont également proposé médication (de l’anglais medication), pilules (de l’anglais pills) et drogues (de l’anglais drugs). Six étudiants ont trouvé la bonne réponse, six étudiants n’ont pas répondu et sept étudiants ont soumis une réponse non pertinente (Figure 12 : tous les faux-amis sont présentés en rouge). Il en va de même pour les mots candidature (on attendait le faux-ami application qui est effectivement apparu, mais les étudiants ont également employé résumé à la place de CV) ; économiser (on attendait sauver en raison de l’anglais to save money mais certains étudiants ont proposé faire, en raison de l’anglais to make money). 0 5 10 15 20 25 30 emploi

correct faux-ami synonyme réponsepas de réponse HS

Ef fe ct if d' em pl oi présenter personnage

Figure 12 : Cas de figure 4 : médicament Ce graphique montre un fort taux d’utilisation des faux-amis, bien que ce taux soit divisé en plusieurs faux-amis différents. Ce cas de figure nous a permis d’enrichir et de préciser notre corpus.

On voit que l’emploi des faux-amis se présente sous différentes formes, et que l’analyse minutieuse de ces différents cas de figure permet de mieux comprendre la cause de l’emploi des faux-amis.

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