• Aucun résultat trouvé

3.2 R EPRÉSENTATION CARTOGRAPHIQUE DE L ’ ÉVOLUTION DU TRAIT DES BERGES , DES ZONES INONDABLES ET

3.1.2 Cartes de synthèse régionale

Trois cartes de synthèse régionale ont été créées afin de répondre à l’objectif traitant de l’évolution des berges et de l’expansion des zones urbanisées en périphérie des centres urbains. Ces trois cartes font référence aux zones évoquées dans les sections 2.1.1 et 2.1.2. Les résultats cartographiques des sites de Dhaka, Santipur et Londa/CharKajal ont révélé que le trait de côte ne s’est que peu déplacé durant la période analysée. Seulement quelques secteurs ont été touchés. Aussi, l’analyse suggère que l’expansion des zones urbaines ne s’est pas effectuée avec la même intensité pour chacune des trois zones étudiées.

Tout d’abord, les résultats de la représentation de la région de Dhaka montrent que la superficie de cette zone urbaine s’est grandement accrue entre 2004 et 2013. La figure 8 représente la zone complète qui a été étudiée en 2004 et 2013. Ces deux mosaïques, chacune d’elle comportant huit images, englobent la ville de Dhaka avec toutes les banlieues, une zone plutôt industrielle où l’on distingue aisément des briquèteries. Les quatre cartes suivantes (figure 25, 26, 27, 28) représentent les différentes zones tracées, soit par année ou bien par thématique d’analyse, pour bien définir chaque secteur. C’est pour schématiser toutes ces informations que la figure 29 a été créée. Elle présente l’importance de la superposition des inondations de 2004 à la zone urbaine de 2013.

La zone inondable et la zone urbaine de la région de Dhaka en 2004 se distinguent bien dans la figure 25. On remarque un grand espace de liberté du cours d’eau autour du nord de la ville. Tous les secteurs situés au sud de la ville sont aménagés, dont plusieurs directement sur les berges de la rivière principale. La zone occupée par l’inondation de 2004 ne pénètre que peu en zone urbaine. C’est principalement à l’est de la carte, juste au nord du quartier résidentiel de Basundhara, que l’on remarque des secteurs inondés. Cependant, étant donné une forte densité urbaine, il est difficile, voire même impossible, de savoir si l’inondation a pénétré à l’intérieur de certains quartiers. Les zones tracées du sud-ouest de la rive mettent en évidence que les zones habitées suivent les cours d’eau secondaires, actuels ou anciens. Le reste du territoire est principalement constitué de champs.

57

La deuxième carte (figure 26) représente la situation de l’hydrologie et de la zone urbaine de la région de Dhaka en 2013. Tout d’abord, on peut remarquer que le tracé de certains cours d’eau passe relativement près de la zone urbaine au nord de la ville. Il existe cependant un espace de liberté entre la rivière et la zone bâtie, séparé par un secteur qui semble être une zone humide. Une multitude de bras de rivières entrent dans la ville sous la forme de petits chenaux. Très peu de secteurs y sont inondés. On en retrouve au nord de la ville, juste à côté de l’aéroport ou l’habitat est plutôt clairsemé. La forte densité urbaine ne permet pas de définir la zone inondable avec précision. Il est donc difficile de savoir si l’inondation a pénétré à l’intérieur de certains quartiers.

59

Figure 26: Région de Dhaka, Bangladesh, avec sa zone urbaine de 2013 et l'hydrologie de 2013 (Réalisation : Guillaume Philippe)

progression de la zone urbaine de Dhaka. Au nord du quartier de Kamrangirchar, le quartier Boshila progresse vers l’ouest. On remarque aussi que l’étalement urbain au sud de la rivière, dans l’arrondissement de Keraniganj, a progressé en 9 ans. Le secteur nord-ouest de la carte présente aussi un étalement majeur de la ville. Les zones cartographiées sont homogènes en 2013, alors qu’en 2004, elles étaient plus étalées. De tous les secteurs de la carte, c’est le sud- ouest qui a changé le moins.

61

Figure 27: Région de Dhaka, Bangladesh, avec l'évolution de la zone urbaine entre 2004 et 2013 (Réalisation: Guillaume Philippe)

rivière Dhaleswari qui passe au sud de Dhaka, on remarque l’ampleur du débordement (figure 28). Le centre-ville de Dhaka est redécoupé lors de l’inondation. Le quartier de Kamrangirchar est littéralement entouré par les eaux en 2004, alors qu’en 2013, une large bande de terre relie cette presqu’île à la berge. C’est au nord de la ville que l’on remarque une différence flagrante entre les deux zones : la zone inondée a envahi le territoire. Les multiples lacs existant en 2013 sont totalement captés par l’inondation en 2004. Aussi, le sud de la carte, nommé la région agricole de Bhawal, présente bien la présence d’un faible réseau hydrographique en 2013, tandis qu’en 2004, suite à l’inondation, une chaine de « lacs » s’était mis en place dans les dépressions présentes sur les terres agricoles.

63

Figure 28: Région de Dhaka, Bangladesh, avec son hydrologie de 2013 et la zone inondée de 2004 (Réalisation: Guillaume Philippe)

2004 et 2013 a permis de sélectionner les variables pour une représentation de l’évolution de la relation entre l’utilisation du territoire de la région de Dhaka et l’hydrographie. La figure 29 montre les secteurs urbains développés entre 2004 et 2013 qui sont vulnérables aux inondations. Comme la carte le représente, de grands secteurs urbains situés en périphérie des cours d’eau sont fréquemment inondés. On remarque que le périmètre inondable se situe surtout dans le nord de la ville dans les quartiers de Uttara et de Pallabi, mais aussi au centre, dans le quartier Boshila, à proximité du quartier de Kamrangirchar. Malgré leur densification, les quartiers de Savar, d’Ashulia et de Zirabo sont peu touchés par ce phénomène. Keraniganj, au sud de la ville de Dhaka, est aussi épargné puisque de très petites zones seulement sont affectées.

65

Figure 29: Région de Dhaka, Bangladesh, et combinaison de l'hydrologie de 2013, de la zone inondée de 2004 et de la zone urbaine de 2013 (Réalisation : Guillaume Philippe)

3.2.2.2 Région de Santipur

La représentation de la région de Santipur révèle un tout autre portrait que les deux autres régions. Peut de changements sont survenus entre 2006 et 2013, tant en ce qui a trait à l’évolution des berges que pour l’étendue et la densification de la zone urbaine. L’analyse révèle une série d’anciennes berges qu’il a été possible de relever. Il a cependant été impossible de les dater. Toutefois, on remarque que la morphologie de la rivière est très changeante au fil du temps, malgré la relative stabilité des dernières années. La mosaïque urbaine a adopté les formes fluviales des anciens méandres. Le quartier de Bandhangachi, au sud-est de Santipur et le nord de Phulla ont par exemple cette caractéristique.

En dépit de cette stabilité, c’est au nord de la carte que la morphologie des berges est la plus dynamique. Le dépôt sédimentaire au centre de la rivière s’est déplacé et l’avancée de terre, offrant sa forme au méandre, a progressé légèrement vers le sud. À l’est de Singrali, la presqu’île, qui était entourée d’eau en 2006, a été sédimentée durant la période suivante. En 2013, des habitations s’y étaient déjà développées.

Le méandre principal au sud de Santipur a été relativement stable pendant la période d’analyse. Il existe une légère érosion avant et après les méandres prononcés. On assiste à une colonisation du territoire par la zone urbaine vers la pointe du méandre. Le quartier de Phulla semble le plus exposé à l’érosion dans ce secteur puisqu’il est situé en concavité du méandre, site où les courants hélicoïdaux sont les plus importants. Il est néanmoins construit directement sur la ligne de rive. On remarque qu’au cours des années, elle s’est un peu développée vers le nord-est.

Globalement, la région de Santipur n’a pas connu d’explosion quant à la croissance (étalement et densification) de ses zones urbaines. Les villes se sont un peu densifiées, mais leur superficie n’a pas beaucoup changé, à l’exception de la région de Malikelenoy au sud du quartier de Bandhagachi. Une section de la ville de Santipur n’a pas été relevée comme étant une zone urbaine, étant donné qu’il est difficile de différencier adéquatement le début des zones de plantation d’arbres des quartiers résidentiels, tant en 2006 qu’en 2013.

67

Figure 30: Évolution du tracé de la rivière et de la zone urbaine de la région de Santipur entre 2002 et 2013 (Réalisation: Guillaume Philippe)

3.2.2.3 Région de Londa/Char Kajal

La représentation des observations des secteurs de Londa/Char Kajal est réalisée sur deux cartes distinctes pour maximiser la représentation du mouvement du trait de côte. Situées sur deux avancées de terre à la pointe du delta, ces régions sont affectées par l’érosion et l’accrétion des sédiments sur des berges. La carte de l’évolution des berges et de la zone urbaine de Londa et de ses alentours (figure 30), suggère un mouvement important du trait de côte (ou berge) entre 2013 (trait rouge) et 2002 (trait bleu) De plus, la zone urbaine s’est développée ou densifiée en plusieurs endroits de ce secteur. L’agriculture intensive domine toujours l’utilisation du territoire.

C’est au nord-est de la pointe sud que la plus grande érosion de la berge s’est faite. De grandes superficies de terre sont disparues au profit de la mer et les sédiments présents dans la rivière en 2002 ne sont plus visibles en 2013. On assiste aussi à une progression des zones habitées malgré le recul de la côte. Sur les lisières boisées, généralement associées à des chenaux de marées ou de petits canaux, plusieurs pôles d’habitation se sont développés. Le secteur ouest de Londa présente par endroits une légère accrétion des sédiments de la berge et à d’autres une légère érosion. Malgré un espace de liberté déjà restreint de la rivière, de nouvelles constructions ont progressé vers les berges. On remarque aussi que la zone urbaine ne s’est pas énormément étalée, mais plutôt densifiée.

Londa a vu sa population urbaine croître d’une manière significative entre 2002 et 2013, comme en témoignent la densification de la zone et la prise plus prononcée du territoire en 2013. Le secteur agricole, bien que toujours dominant, a perdu un peu de terrain durant cette époque. En raison de la régression de la côte à l’est de l’avancée du secteur, on assiste à un recul des zones urbaines. Le phénomène est fort différent au sud de Londa ou, malgré une régression de la berge, on remarque un développement urbain progressant vers la rive.

Il faut prendre en considération que le niveau de l’eau n’est pas connu et que, comme le territoire est très peu élevé, une élévation du niveau de l’eau entre les deux périodes peut déplacer la ligne de rivage de façon importante. Il faut comprendre qu’étant donné que les photographies aériennes ont été prises à différentes époques, il se peut qu’il y ait une variation

69

du niveau de l’eau des rivières. Ce facteur influence directement le découpage du trait de berges et crée une légère variation pour l’analyse photographique.

Figure 31: Évolution des berges et de la zone urbaine de la région de Londa entre 2002 et 2013 (Réalisation : Guillaume Philippe)

L’analyse de l’évolution des berges et de la zone urbaine de la région de Char Kajal entre 2002 et 2013 (figure 32) montre un important recul des berges à l’ouest de la zone urbaine. Le recul de la berge atteint par endroits près de 500 mètres, forçant le déplacement de la zone urbaine. Une partie de la zone observée en 2002 se retrouve en 2013 dans le périmètre de la rivière. Le développement de nouveaux secteurs urbains est tout de même sur les côtes de Char Kajal. Anciennement constitué de petits îlots d’habitation ou hameaux, c’est en 2013 un réseau plus dense de constructions qui est visible. Tout comme pour la ville de Londa, c’est le secteur agricole qui domine le paysage. Sur la rive nord de cette région, l’érosion a été beaucoup moins

importante. On remarque même que la ville s’est étalée vers la berge. Durant ces 11 années, un grand mouvement sédimentaire des petites îles au sud-ouest de la carte s’est produit. Leur morphologie a complètement changé. Encore une fois, le niveau de l’eau n’est pas connu et étant donné l’élévation faible du territoire, une élévation du niveau de l’eau entre les deux périodes peut légèrement biaiser les tracés du trait de côte.

Figure 32: Évolution des berges et de la zone urbaine de la région de Char Kajal entre 2002 et 2013 (Réalisation : Guillaume Philippe)

Les cartes produites des observations de photo-interprétation présentent un territoire fort dynamique qui pourrait sembler en forte transition. Le contexte démographique est généralement simple avec une augmentation de la population dans tous les districts de la région du Bengale. Les zones urbaines ont pour la plupart connu une expansion importante pour chacun des trois secteurs à l’étude. Ce phénomène a même poussé la région de Dhaka à se

71

développer en zone inondable. La région de Londa/Char Kajal a vu la position de sa ligne de rivage déplacée entre les périodes d’études (figure 32). Quant à Santipur, il a été intéressant de remarquer que la trame urbaine s’est développée en fonction des anciennes formes fluviales, telles les levées alluviales et les formes associées aux anciens tracés de la rivière.

Pour conclure, l’environnement très dynamique de cet environnement deltaïque rend précaire tout développement urbain. Le delta du Bengale est composé de sédiments fins, des sols composés de silt facilement érodable. En plus, ces sédiments sont facilement transportables dans une eau en mouvement, changeant constamment le tracé des berges. La région de Santipur représente la problématique de toute la région du Bengale, celle de pouvoir s’établir dans une zone qui n’est pas inondable et où les berges sont stables.

Documents relatifs