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– Carnap et Kant sur le concept de synthèse

1 Une théorie de la synthèse sans synthétique a priori

La construction logique du monde (l’Aufbau) est la première grande œuvre que Carnap a publiée dans son époque du Cercle de Vienne. Mais, à la différence des travaux ultérieurs de la même époque, l’Aufbau ne refuse pas de se déclarer comme ayant affaire à l’épistémologie (Erkenntnislehre) 110. De plus, comme Michael Friedman le fait justement remarquer, la théorie dans l’Aufbau incarne, outre la motivation empiriste souhaitant réduire toute connaissance à des données empiriques (avec l’aide de la logique), une autre motivation qui vienne de la tradition kantienne : celle désirant décrire en détail le fonctionnement du pouvoir rationnel de connaissance qui impose ses propres formes aux données empiriques111. Cette parenté avec le kantisme culminera lorsque l’auteur proclamera que sa théorie concerne, en un sens, le procédé cognitif que Kant a appelé la synthèse (Aufbau, sec.68, 69, 74, 83,100). Du fait de cet enracinement non négligeable dans la tradition kantienne, l’Aufbau constitue un texte très intéressant pour nous. Dans ce chapitre, nous allons comparer l’épistémologie de l’Aufbau avec celle de la Critique kantienne en remarquant spécifiquement les concepts de

« synthèse » qui y figurent112. Cela nous permettra d’approfondir dans une nouvelle optique le concept de synthétique a priori que nous avons esquissé dans le chapitre précédent.

La théorie carnapienne, nommée « la théorie de la constitution », envisage de présenter et illustrer l’idée d’un système dans lequel tous les objets (ou tous les concepts) se redéfiniraient comme « constitutions » logiques réductibles à certains concepts fondamentaux. Mais, en même temps, la procédure de la constitution est censée être un analogue rationnel du processus cognitif construisant effectivement divers concepts d’objet à partir des données

110 Dans la Préface de la première édition de l’Aufbau, Carnap dit : « il s’agit avant tout ici de la question de la théorie de la connaissance, par conséquent de la réduction des connaissances les unes aux autres » (p. XIII, fr. p. 53). Mais il ne tardera pas à rejeter sa préoccupation épistémologique qui retenait son « premier livre important » (Aufbau, Préface de la seconde édition) dans le voisinage de la problématique kantienne. Il refusera, dans le Logische Syntax der Sprache, d’employer le terme « théorie de la connaissance (épistémologie) » dans la crainte que sa propre tâche, baptisée maintenant « la logique de la science », soit confondue avec l’épistémologie traditionnelle (Carnap, 1934, pp. 279-280).

111 Friedman,1999, p. 125-126, pp. 140-141. Cf. aussi Richardson, 1998, p. 28. Richardson remarque que le problème et la solution dans l’épistémologie de l’Aufbau a plus d’affinité avec la philosophie kantienne qu’avec le fondationnalisme de la tradition empiriste (ainsi que de la tradition rationaliste).

112 Nous avons une fois essayé le même type d’étude (Takahashi, 2014), mais ce n’était qu’une esquisse de l’idée de base, incomplète dans ses analyses. Notre discussion dans ce chapitre consiste à approfondir la même problématique en essayant une lecture plus attentive de l’œuvre de Carnap.

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empiriques. La « constitution » est donc une expression correspondant au « traitement du donné pour former et représenter les choses, la réalité » ; ce dernier n’est autre chose que ce que les philosophes appellent depuis Kant la « synthèse cognitive » (sec, 100). Or, chose paradoxale, la théorie dans l’Aufbau refuse l’idée du synthétique a priori (sec.106, 179) alors qu’elle se déclare comme traitant de la synthèse. La théorie de la constitution est donc une théorie de la synthèse qui se dispense du synthétique a priori. Mais est-il possible d’élaborer une théorie de la synthèse en excluant le synthétique a priori ? Notre réponse à l’égard de cette question est négative. Nous croyons avec Kant qu’une théorie de la synthèse nous prescrit des règles pures de la synthèse, c’est-à-dire des règles synthétiques a priori, pour autant qu’elle soit suffisamment riche. D’un autre côté, nous croyons également que l’idée du synthétique a priori n’est pas signifiante sans être reliée à quelque théorie de la synthèse. Les deux choses sont inséparables. Si donc l’Aufbau peut exclure le synthétique a priori de son épistémologie, ce doit être, à notre avis, parce qu’il ne comporte pas en réalité la théorie de la synthèse ou parce qu’il ne le fait que dans une mesure très limitée. Nous avancerons cette lecture sur l’Aufbau.

Naturellement, il peut y avoir un autre argument contestant la « théorie de la synthèse sans synthétique a priori ». Cet argument consiste à dire que l’Aufbau ne réussit pas à se débarrasser du synthétique a priori en réalité. On sait qu’il y a des commentateurs qui avancent ce type d’observation. Certains d’entre eux s’intéressent à la partie inachevée du système carnapien et font remarquer de grands obstacles menaçant l’accomplissement du travail prévu (Friedman, 1999, pp. 161-162). Certains autres examinent la partie qui est déjà exposée en détail et concluent que le système recèle en lui un élément synthétique a priori ou un semblable malgré l’intention de l’auteur (Vuillemin, 1971, p. 276 ; Granger, 1994, p. 315, pp. 320-321). Tous ces diagnostics semblent dévoiler plus ou moins correctement l’échec de l’ambition réductionniste de l’Aufbau et avoir pour effet d’ouvrir une voie pour reprendre le synthétique a priori. Pourtant, nous ne poursuivons pas cette voie, bien que le problème des difficultés immanentes stimule toujours notre étude. Nous nous intéressons plutôt à savoir pourquoi Carnap a pu trouver possible de se passer du synthétique a priori tout en déclarant officiellement que son système a trait à la synthèse. Cette question restera signifiante même s’il s’avère que cet ouvrage conserve quelques complicités avec ce qu’il a voulu exclure. Elle concerne en effet un problème qui doit précéder ce type de diagnostic, c’est-à-dire le problème sur le sens lui-même du synthétique a priori, ce dernier étant inséparable de la théorie de la synthèse au moins chez Kant.

Il est vrai que la théorie dans l’Aufbau contient des points de vue intéressants au sujet de la

« synthèse ». Cela est liée à deux approches caractéristiques de cette théorie. Premièrement, elle choisit pour point de départ de la constitution les vécus rencontrés dans la conscience individuelle. Comme Carnap lui-même le remarque, ce choix est conforme à l’ordre du processus cognitif se déroulant effectivement (sec.64), le processus dans lequel on forme des

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connaissances en partant de ses propres sensations ou de ses propres perceptions.

Deuxièmement, la théorie dans l’Aufbau présuppose et exploite l’importance cruciale du concept de structure pour la connaissance. Elle souligne que c’est en reconnaissant des rapports structurels entre les objets et en les décrivant en termes de structures qu’on introduit la possibilité de discussion objective (intersubjective) dans des « connaissances » issues d’une conscience individuelle. Cependant, en dépit de ces approches intéressantes, il faut dire qu’il y a un fossé profond entre la théorie dans l’Aufbau et la théorie kantienne de la synthèse. En effet, c’est la reconstruction logique de la connaissance qui fait l’objet central de cet ouvrage et, de ce fait, certaines conditions essentielles de l’ordre effectif de la connaissance sont sacrifiées très souvent sans aucune hésitation. Notamment, l’Aufbau introduit des fictions très irréelles sur la compétence de notre capacité cognitive. Les fictions de ce type ne risquent-elles pas d’encourager une théorie trop singulière sur les formes de synthèse ? D’un autre côté, la théorie déclare que le concept de structure nous dispense de recourir au « sujet transcendantal » pour expliquer la rationalité de notre connaissance. Certes, le « sujet transcendantal » est une idée difficile à éclairer. Mais l’exclusion de cette idée hors de toute discussion risquera de nous faire sous-estimer le rôle du « je pense » que Kant voulait analyser par rapport à la possibilité de la connaissance. La mise en contraste de l’Aufbau et de la Critique relativement à la « synthèse » nous invitera à nous interroger sur la pertinence de ces conditions non logiques, mises de côté dans le premier mais cruciales dans la dernière.

2 La constitution comme synthèse

Voyons d’abord l’idée de base de la théorie de la constitution et le rapport de cette théorie à la question de la synthèse.

Bien que la théorie de la constitution contienne diverses problématiques et que les chercheurs soient de plus en plus conscients de ce caractère hybride (Friedman, loc.cit.), on peut légitimement dire que l’objectif officiel de cette théorie consiste en une entreprise de réduction : la réduction de divers concepts, plus ou moins susceptibles de l’usage scientifique, à certains concepts fondamentaux. En donnant des formulations logiquement claires à ces concepts et en précisant leur rapport à des données empiriques élémentaires, ce travail désire contribuer à la fondation des connaissances scientifiques. Il ne faut pas croire cependant qu’il s’agit d’une réduction touchant les vérités. La réduction dans l’Aufbau se rapporte plutôt aux concepts. Certes, le système qu’il va esquisser est censé être un système formel. Mais il n’est pas un système axiomatique dans lequel des vérités importantes se réduiraient à des axiomes.

Il s’agit d’un système un peu plus modéré ; on y envisage de redéfinir rigidement les concepts importants et de rendre ainsi possible le discours logiquement rigoureux sur ces concepts (sec.2). Selon l’expression de Quine, la recherche de fondements dans l’Aufbau est une recherche conceptuelle et non pas une recherche doctrinale ; la première porte sur la

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signification tandis que la dernière porte sur la vérité (Quine, 1969, fr. p.83)113. Mais, bien entendu, une fondation en tant que recherche conceptuelle est déjà très ambitieuse. De plus, l’ambition s’étend encore plus loin chez Carnap vers l’idéal de « la science unifiée (ein Gesamtwissenschaft) » (Aufbau, Préface de la première édition, sec.179). Il pense à faciliter par sa fondation conceptuelle la collaboration des chercheurs de tous les domaines et l’intégration des sciences particulières dans un ensemble bien organisé. Le système de constitution est censé s’occuper de la partie formelle de cet ensemble unifié de sciences. La logique et les mathématiques, servant de lois du formel, sont présupposées dans ce système et ne constituent pas son sujet propre.

Par ailleurs, on ne peut pas détacher totalement une recherche conceptuelle d’une recherche doctrinale. Un système de concepts touchant la réalité ne servirait à rien s’il ne définissait pas ses concepts de sorte qu’ils reflètent les vérités de base sur la réalité et soient ainsi capables d’exprimer d’autres vérités importantes. De fait, Carnap se préoccupe de formuler les vérités de base importantes dans son système de façon appropriée. Il tente d’exprimer ses « théorèmes » par le langage formel et se confronte, dans cette préoccupation doctrinale, à des questions délicates : celles consistant à introduire légitimement des conceptions scientifiques sur la réalité, notamment, l’idée de la régularité de phénomènes susceptible du traitement mathématique (sec.136). On voit ainsi que la recherche de fondements dans l’Aufbau est très pertinente pour la problématique épistémologique que nous avons appelée la coordination du sensible et du conceptuel. Elle a trait à cette problématique non seulement en tant que théorie de concepts mais aussi en tant que théorie de la fondation doctrinale114.

Comment la réduction se déroule-t-elle alors ? Comme il est question de réduire divers concepts à des concepts fondamentaux, il faut savoir quels concepts doivent être considérés comme fondamentaux. Conformément à l’idée de la « construction logique », Carnap juge que le concept de classe et celui de relation doivent être tenus pour fondamentaux. Naturellement, toute classe et toute relation ont leurs éléments ou membres. Le système de réduction doit donc se baser au final sur certains éléments qu’on pourrait considérer comme données fondamentales. Pour ces éléments, on fixe d’abord les relations et les classes qui sont basiques.

Ces produits logiques servent ensuite d’éléments ou de points de vue pour définir des concepts plus complexes, lesquels sont également classes ou relations. Le système inclut ainsi les concepts de divers niveaux de complexité dans la forme d’un arbre généalogique. Si l’on

113 Cf. Aufbau, sec.179 : « ... seule la formule constitutive de l’objet, en tant que règle de la traduction des propositions portant sur lui en propositions portant sur les objets fondamentaux, c’est-à-dire sur des relations entre vécus élémentaires, donne à ces propositions un sens vérifiables » (Carnap, 1928, p. 253, fr. p. 292).

114 Voir Chapitre 2, sec.2. Ce que nous appelons « la fondation doctrinale » est presque la même chose que ce que Quine appelle « la recherche doctrinale de fondements ». Seulement, tandis que Quine relie cette idée à l’épistémologie empiriste, nous n’excluons pas la possibilité de l’approche rationaliste vers le même problème.

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descend cet arbre dans la direction des concepts basiques, on aura des « réductions » ; les réductions des concepts plus complexes à d’autres moins complexes. Si l’on regarde les

« réductions » dans la direction inverse de l’arbre, on aura des « constitutions » de concepts relativement complexes. Ainsi, le système que l’Aufbau va esquisser, tout en envisageant la réduction, se nomme « le système de constitution ». Or la motivation épistémologique œuvrant dans l’Aufbau exige que les éléments fondamentaux soient empiriques et épistémiquement familiers. Pour cette raison, Carnap choisit pour éléments fondamentaux les données du psychisme propre (das eigenpsychische), qu’il nomme les « vécus élémentaires ». L’arbre généalogique des constitutions commencera alors par celles des objets relevant du psychisme propre et s’étendra ensuite, sur la base de celles-ci et de manière hiérarchique, aux constitutions d’autres types d’objets : les objets physiques, le psychisme d’autrui et les objets spirituels (culturels). De cette manière, l’arbre généalogique de constitutions servira d’ossature conceptuelle reliant tous les domaines scientifiques, dont la totalité est « la science unifiée ».

Deux remarques terminologiques sont à ajouter.

Premièrement, Carnap parle « tantôt des objets tantôt des concepts sans faire de différence essentielle » (sec.3). Il lui est de caractériser la théorie de la constitution comme théorie des concepts ou comme théorie des objets. Cette interchangeabilité de termes tient au fait que, selon l’idée de ce philosophe, tout concept a son propre objet qui lui est unique. Qu’il s’agisse d’un concept particulier ou d’un concept « général », d’un concept de chose ou d’un concept de propriété, un concept désigne un seul objet qui lui correspond et qui se distingue des éléments qui tombent sous lui. L’« objet » d’un concept n’est donc pas nécessairement un objet concret. On peut penser par ce terme « tout ce sur quoi peut porter une proposition (Aussage) » (sec.1), remarque Carnap.

Deuxièmement, « le système de constitution » exposé dans l’Aufbau n’est pas l’unique système possible de la constitution. Il est possible, souligne Carnap, de concevoir différents systèmes ayant le même but. Ceux-ci différeraient selon les bases qu’ils choisissent. La

« base » d’un système de constitution désigne les éléments fondamentaux et les relations fondamentales qu’on suppose pour eux. Toutes ces deux composantes sont ouvertes à notre choix, mais surtout le choix des éléments fondamentaux est décisif pour la nature du système.

Comme nous venons de le dire, le système de l’Aufbau a pour éléments fondamentaux les vécus d’une conscience individuelle, ce qui signifie que ce système a cherché sa base dans le domaine du psychisme propre. Mais il n’est pas impossible de commencer la constitution à partir de bases différentes. Carnap mentionne notamment la possibilité de la base physique et celle du psychisme en général (à savoir l’intersubjectif) (sec.62, sec.63). Quelques années plus tard, il décidera effectivement d’appuyer sa théorie des sciences sur la base du physique en abandonnant l’idée de la base psychique individuelle (Carnap, 1932).

Ce qui nous intéresse, c’est évidemment le fait que Carnap considère sa « constitution »

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comme analogue au procédé cognitif de la « synthèse ». La synthèse est, selon l’Aufbau, « le traitement du donné pour former et représenter les choses, "la réalité" » (sec.100). Plus concrètement, elle inclut « la formation de l’objet, son identification ou sa classification en espèces » (ibid.). D’autre part, nous avons vu que le procédé de la constitution revient à définir les concepts (les objets) d’une façon logiquement éclairante. Mais la définition n’est-elle pas un procédé (ou un jugement) analytique ? Pourquoi la constitution peut-elle être dite synthétique tout en étant un procédé de définition ? La caractérisation paradoxale est cependant peu étrange dans la mesure où Carnap considère la « classification » comme composante du procédé synthétique. La classification des objets est indissociable, d’un côté, de la définition systématique des concepts et, de l’autre, de l’identification des objets moyennant des concepts. Elle implique le déroulement parallèle du procédé sur les concepts et du procédé sur les objets. Par exemple, quand on regarde une maison, on la perçoit comme objet physique et on sait implicitement que les parties cachées existent également même si l’on ne les voit pas (ibid.). Cette identification de l’objet ne pourra se produire si les perceptions ne sont pas unifiées selon le concept de maison. Les procédés cognitifs des scientifiques se déroulent de la même façon. Quand le botaniste observe une plante particulière, il la reconnaît comme un objet physique et, en plus, comme une plante de telle ou telle espèce (ibid.). Lui aussi, il applique des concepts à ses données ; seulement, il sait appliquer des concepts techniques.

Ces exemples montrent que la synthèse (l’élaboration de la représentation d’un objet) ne peut se produire sans classification d’objets, lesquels à leur tour sont indissociables du procédé conceptuel de la définition. Il n’y donc rien d’étrange à ce qu’un système de constitutions (définitions) puisse signifier en même temps un « système de synthèse des objets » (sec.83).

Bien sûr, on ne se réfère pas toujours aux concepts explicitement, ni a fortiori à leurs définitions, lors de la cognition effective des objets. Carnap est bien conscient de ce décalage entre la cognition effective et un système de concepts bien définis. Et il n’en est pas très inquiet, car ce qui lui importe le plus est sûrement l’élaboration du système de concepts. Si donc il considère le système de constitutions comme système de synthèses, ce n’est que dans la mesure où celui-ci n’est qu’une « reconstruction rationnelle (rationale Nachkonstruktion)»

(sec.100) du processus cognitif effectif.

L’analogie avec la théorie de la synthèse continue. Carnap fait remarquer que, tout comme les kantiens parlent des formes et des matériaux de la synthèse, on peut parler des formes et des matériaux de la constitution. En d’autres termes, il y a dans le système des constitutions quelque chose d’analogue à l’opposition des « catégories » et des données empiriques. Mais, dans la poursuite de cette analogie, il faut prendre en compte le fait que la constitution comprenne différents niveaux, à partir du niveau fondamental à des niveaux supérieurs, dont chacun peut également être appelé « constitution ». Le système de constitution se compose de toutes ces constitutions particulières. S’il peut y avoir des « formes de la synthèse » dans ce système, elle devront donc être des formes générales figurant répétitivement dans les

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constitutions particulières. Les formes de cette sorte sont nommées « les formes des niveaux (Stufenformen) ». Nous savons déjà qu’il y a deux concepts fondamentaux, à savoir le concept de classe et celui de relation, et qu’ils entrent en jeu répétitivement dans les constitutions de divers niveaux. Ce sont donc les concepts de classe et de relation qui servent de « formes de niveaux », ce qui veut dire que ce sont ces concepts qui sont les « catégories » du système des constitutions. Mais c’est une conclusion trop vague, ou trop générale. Carnap tente d’approfondir le problème en vue de spécifier les catégories à un sens plus étroit. Dès lors, il juge que seul le concept de relation concerne les « formes » de la constitution, car les classes peuvent se réduire en fin de compte aux éléments fondamentaux, qui sont les matériaux de la synthèse plutôt que des formes. Les formes de la synthèse doivent ainsi être recherchées dans le concept de relation. Mais, en fait, le système se constitue de diverses sortes de relations. Il

constitutions particulières. Les formes de cette sorte sont nommées « les formes des niveaux (Stufenformen) ». Nous savons déjà qu’il y a deux concepts fondamentaux, à savoir le concept de classe et celui de relation, et qu’ils entrent en jeu répétitivement dans les constitutions de divers niveaux. Ce sont donc les concepts de classe et de relation qui servent de « formes de niveaux », ce qui veut dire que ce sont ces concepts qui sont les « catégories » du système des constitutions. Mais c’est une conclusion trop vague, ou trop générale. Carnap tente d’approfondir le problème en vue de spécifier les catégories à un sens plus étroit. Dès lors, il juge que seul le concept de relation concerne les « formes » de la constitution, car les classes peuvent se réduire en fin de compte aux éléments fondamentaux, qui sont les matériaux de la synthèse plutôt que des formes. Les formes de la synthèse doivent ainsi être recherchées dans le concept de relation. Mais, en fait, le système se constitue de diverses sortes de relations. Il

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