Chapitre I : Contexte et objectifs
I.2 Diamant épitaxié par CVD
I.2.2 Choix du substrat pour la croissance CVD du diamant
I.2.2.2 Carburation du silicium
Le caractère carburigène du silicium et les conditions de germinations du diamant très
proches de celle de la carbonisation du silicium par CVD (présence précurseur carboné et
hautes températures), nous ont mené à établir une bibliographie pour identifier les paramètres
dictant la formation de carbure. Le carbure de silicium cubique est intéressant comme couche
de conversion entre le diamant et le silicium car il est isomorphe à ces derniers et présente un
paramètre de maille intermédiaire.
De très nombreuses études ont été réalisées dans l’optique d’optimiser la carbonisation
du silicium par CVD ou MBE, elles ont également permis de mieux appréhender les
mécanismes en jeu.
Pour faire croître des films de SiC de bonne qualité et en épitaxie sur du Si, il est
établit qu’il faut d’abord préparer une couche de conversion (ou « buffer layer ») à la surface
du substrat avant l’étape de croissance. Cette première étape dite de carbonisation peut être
réalisée par CVD, une multitude de précurseurs carbonés peut être utilisée : CH
4, C
2H
2, C
3H
8,
C
2H
4, CH
3Cl, activés ou non par un plasma. Elle est également réalisée par MBE (Molecular
Beam Epitaxy) à partir de sources de carbone gazeux ou solide (graphite pyrolitique)
41ou par
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ablation laser de cibles de SiC (ou alternativement de Si et C)
42. Pendant la seconde étape,
pour faire croitre le film de SiC, une source de silicium, sous la forme de silanes ou
d’organométalliques par exemple, vient s’ajouter à la source de carbone.
Ce sont donc les informations relatives à la couche de conversion qui nous intéressent
compte tenu du mode de synthèse du diamant. Différentes hypothèses ont été émises quant à
son intérêt. Plusieurs explications ont été avancées pour justifier l’intérêt de l’étape de
carbonisation quant à l’amélioration de l’épitaxie du SiC sur Si.
Les défauts structuraux dans la couche de carbonisation relaxeraient les contraintes
dues à l’écart de 8% entre les coefficients d’expansion thermique de Si et SiC et à l’écart des
paramètres de maille de l’ordre 20%
43.
D’autres chercheurs pensent que la composition graduelle de cette couche permet de
minimiser les contraintes liées à l’écart des paramètres de maille
44.
En opposition à cette dernière hypothèse, certains auteurs soulignent l’importance du
contrôle des phénomènes de diffusion à l’interface par l’intermédiaire de cette couche de
conversion. Soigneusement élaborée, elle empêcherait la diffusion du silicium du substrat vers
le film. En effet le coefficient de diffusion du silicium dans un cristal de SiC parfait est
faible
45. Il a été prouvé qu’une couche de conversion stœchiométrique, et donc associée des
gradients de composition abrupts aux interfaces, améliorait sensiblement l’orientation du film
de β-SiC
46. Ainsi la croissance du film de β-SiC ne serait pas perturbée par un excès de
silicium et serait mieux contrôlée.
Le phénomène de diffusion du carbone vers le silicium n’est guère évoqué dans la
littérature. La solubilité du C dans Si est limitée et il est souvent admis que c’est la diffusion
du silicium vers la surface qui est dominante lors de sa carburation
47. Aussi il ne semble pas
y avoir de diffusion importante de C à travers SiC : d’après Ferro et al.
48dans certaines
conditions une couche de carbone se forme en surface de SiC mais aucun phénomène
« d’intermixing » n’est mis en évidence.
Lorsque les atomes de Si diffusent vers la surface du substrat, c’est essentiellement
entre les premiers îlots apparus afin de les faire croître et de former un film de SiC
stoechiométrique. Ce processus non uniforme peut générer des défauts dans le substrat ou
«voids» augmentant la rugosité à l’interface SiC/Si et entraînant la formation de défauts
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microstructuraux dans le film. Cela peut compromettre la réalisation de dispositifs SiC pour la
microélectronique. Cependant d’après Seoet al.
49, les films avec desvoidsprésenteraient une
meilleure cristallinité. Scholz et al.
50ont détecté moins de macles et de fautes d’empilement
au voisinage de ces structures, leur présence permettrait de relaxer ponctuellement les
contraintes de cohérence.
Le mécanisme de formation des voids ainsi que le moment de leur formation font
encore débat tout comme le mécanisme de formation des premières couches de SiC.
Ces cavités dans le silicium sont quasiment toujours observées lors du processus de
carbonisation réalisé avec des gaz hydrocarbonés mais également dans d’autres cas, avec une
source de carbone pur en l’absence d’hydrogène
51. Le recouvrement complet du silicium par
un film de SiC dès les premiers stades semble critique pour supprimer la formation desvoids
comme le montrent Seoet al.
49.
De nombreux facteurs tels que la pression, la température, la vitesse de chauffage, le
type et les flux d’espèces, la dilution du gaz carboné dans l’hydrogène jouent sur la présence
ou non devoidsainsi que la qualité des films de SiC.
On citera l’influence de la pression sur la formation de voids: si on augmente cette
dernière, la croissance latérale du SiC est plus rapide. En effet la couche épitaxiée croît sur les
voidsencore très petits avant qu’ils aient le temps de se développer
52.
Dans la même optique
50, en CVD thermique, à des températures relativement basses
et concentrations de précurseurs carbonés importantes, les densités de germes de SiC sont
plus élevées et la formation devoidsfreinée.
Même si l’importance de certains paramètres a été mise en évidence, les conditions
optimales pour l’élaboration de SiC sur Si ne sont toujours pas établies.
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