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CARACTERISATION DU COMPLEXE AGROALIMENTAIRE ET DES

INDUSTRIES AGROALIMENTAIRES

SECTION I : LE COMPLEXE AGOALIMENTAIRE

Le complexe agroalimentaire est un concept qui émane des travaux de Goldberg et Davis (1957). Ces auteurs ont évoqué la notion d’"agribusiness" qu’ils ont défini comme étant « la somme totale de toutes les opérations impliquées dans la manufacture et la

transformation de l’offre agricole ; les opérations de production dans l’agriculture ; et le stockage, la transformation, et la distribution des produits agricoles et des articles créés à partir d’eux ». Au départ, l’agribusiness s’apparentait à la notion de filière agricole et son

analyse se faisait produit par produit13. Ces auteurs étaient donc en rupture totale avec l’économie rurale classique dont le champ d’analyse portait uniquement sur l’exploitation agricole. Pour eux, le secteur agricole ne peut être compris que dans une analyse globale impliquant les activités d’amont et d’aval de l’agriculture (Rastoin, Ghersi, & Tozanli, 2003, p. 1). La prise en compte de tout le secteur agro-alimentaire et l’avènement de l’analyse systémique ont favorisé la mutation de ce concept en ce qu’il convient d’appeler de nos jours le Système alimentaire ou le Complexe Agro-alimentaire (CAA).

Le complexe agro-alimentaire, tout en constituant la base de l’émergence et du développement de l’économie alimentaire, a suscité un réel intérêt en France où de nombreux travaux ont contribué à son enrichissement dès la années 60 et dont Malassis et Bourdon en sont les pionniers. Ces derniers ont modélisé ce complexe à partir du tableau des entrées/sorties de la comptabilité nationale — tout comme l’avaient fait avant eux Goldberg et Davis dans leurs premiers travaux —. Aussi, de nombreux apports ont été faits grâce aux différents concepts émanant de l’économie industrielle (le comportement stratégique des firmes) et de l’analyse matricielle (matrice de comptabilté sociale et modèles globaux d’équilibre alimentaire). Ces derniers ont permis la mathématisation de l’étude du CAA, l’analyse de la consommation alimentaire et du comportement du consommateur, l’analyse de la création et du partage des gains de productivité etc. (Malassis & Ghersi, 2000, p. 55). Egalement, l’analyse systémique a concouru à l’élaboration d’un cadre de recherche sur le Système alimentaire. Ainsi, ont été étudiés les « structures des entreprises et des secteurs, les

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flux des valeurs qui circulent entre les composantes du système, les mécanismes de régulation qui permettent d’ajuster chaque composante du système à sa fonction, les performances en termes de profit, ou le progrès en termes de gain de productivité et de distribution entre les composantes du système agro-alimentaire, ses fournisseurs et les consommateurs » (ibid.,

2000, p. 56).

Le présent point consistera en une définition du complexe agro-alimentaire et en la présentation de sa composition, que ce soit dans les pays développés ou dans les pays en voie de développement.

I. Définition.

Le Complexe Agro-alimentaire (CAA) fait référence à l’ensemble des activités qui concourent à la fonction alimentaire des hommes. Il s’intéresse à l’organisation de la société pour produire et consommer les aliments. Sa fonction production intègre les activités d’élaboration des produits de base agricole, la transformation, le stockage, le transport, la distribution et la consommation alimentaire via la préparation domestique ou industrielle et la restauration. Le système alimentaire, quant à lui, peut être définit comme « un réseau

interdépendant d'acteurs (entreprises, institutions financières, organismes publics et privés), localisé dans un espace géographique donné (région, Etat, espace plurinational), et participant directement ou indirectement à la création de flux de biens et services orientés vers la satisfaction des besoins alimentaires d'un ou plusieurs groupes de consommateurs localement ou à l’extérieur de la zone considérée » (Rastoin, Ghersi, & Tozanli, 2003, p. 1).

L’agriculture constitue le socle de ce système sur lequel s’établit une « superstructure industrielle et commerciale » jouant de nos jours un grand rôle dans l’approvisionnement alimentaire (Malassis & Padilla, 1986, p. 84). Dans les sociétés occidentales, l’aval de l’agriculture a substitué l’exploitation agricole et les unités artisanales traditionnelles dans lesquelles s’opéraient autrefois les activités de production et de transformation. Ainsi, avant de parvenir au consommateur, les produits alimentaires subissent beaucoup d’opérations techniques et commerciales qui s’intensifient au fur et à mesure que le système alimentaire se modernise (Malassis & Ghersi, 1992, p. 96). La présence de plus en plus dense de réseaux de distribution, de commercialisation et de transformation dans ces sociétés a été possible grâce à la division technique et spatiale du travail, à la spécialisation, et à la répartition des tâches. Les exploitations agricoles ont désormais pour vocation exclusive la production végétale et animale et toutes les activités qui ne dénotent pas du fait agricole sont transférées vers les

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industries et les services. Un nouveau circuit s’est donc mis en place dans lequel l’agriculture s’approvisionne en intrant agricole auprès des industries pour accroître sa productivité et rendre sa production plus intensive. Cela lui permet d’augmenter la fourniture de produits agricoles aux industries alimentaires pour la transformation et aux entreprises commerciales qui constituent le pont entre elle et les consommateurs. Ainsi, la fonction alimentaire n’est plus l’apanage exclusif de l’agriculture mais devient le fait d’un grand nombre d’acteurs, d’unités de production et de commercialisation (ibid., p. 95).

Une formalisation de ce système ou complexe agro-alimentaire a été faite par Louis Malassis et Gérard Ghersi (1992) qui, grâce à deux approches, ont pu donner une bonne représentation de cet ensemble.

A. Première approche du complexe

agroalimentaire.

Cette approche s’est faite sur la base des différentes fonctions constituant le complexe agro-alimentaire et a permis de déceler les 5 sous-ensembles suivants :

- L’agriculture et l’élevage : ils forment la base de la production des aliments. Les biens produits peuvent être l’objet d’une auto-consommation ou être vendu au consommateur soit sur le lieu de production (l’exploitation) soit sur des marchés ruraux, urbains et internationaux. L’industrialisation du système alimentaire d’un pays s’accompagne généralement d’une augmentation des ventes du secteur agricole aux industries alimentaires ou non alimentaire (textile, bois, caoutchouc etc.) et aux unités de transformation artisanales.

- L’industrie agro-alimentaire : il s’agit de la « superstructure industrielle » qui s’est développée sur la base agricole. Elle transforme les matières premières issues de l’agriculture et l’élevage en produits destinés exclusivement à l’alimentation des hommes. Elle détient également cette faculté à adapter ces biens aux différents régimes alimentaires et à les diversifier.

- Le consommateur : c’est à lui que sont destinés les produits alimentaires, et ce, quelque soit leur provenance : l’agriculture pour les produits frais, les industries alimentaires pour les produits plus ou moins élaborés et les plats préparés, la restauration pour les aliments servis. Les différents canaux de distribution jouent un rôle de plus en plus important dans le complexe agro-alimentaire et caractérisent les modèles de consommation alimentaire.

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- La fonction commerciale : il s’agit des différents canaux de distribution des produits alimentaires qui rassemblent l’ensemble des activités mettant ces biens à disposition l’utilisateur final. En plus d’englober le commerce intra-sectoriel et extra-sectoriel, elle est régit par deux types d’opération : matérielles et commerciales. Les opérations matérielles regroupent les activités de pré-commercialisation (triage, calibrage, groupage, normalisation et conditionnement), les activités de stockage permettant de réguler l’offre des produits et leur disponibilité, les activités de transport pour l’acheminement des produits, et les activités de mise en marché (fractionnement, assortiment, emballage etc.). Les opérations commerciales, quant à elles, portent sur les aspects juridiques liés à la vente des produits et englobent le contrat de vente, la publicité, la promotion, le service après-vente, la structure des marchés caractérisant les transactions (marché de gros ou de détail, de production ou de commercialisation) etc.

- Les industries et services liés au secteur agro-alimentaire : elles approvisionnent le CAA en biens intermédiaires et biens d’équipement que ce dernier utilise pour son fonctionnement. Cela le rend ouvert sur le reste de l’économie via de nombreuses relations entretenues avec les autres branches d’activité.

- Des activités d’importations et d’exportations : pouvant être considérées comme un sixième sous-ensemble14, elles sont présentes à tous les niveaux d’opération sous la forme d’importation et d’exportation de produits bruts, partiellement ou totalement transformés.

La figure 1 ci-après illustre les principales opérations qui participent à la fonction alimentation. Comme l’a souligné les auteurs, le schéma n’est pas exhaustif (de nouvelles opérations peuvent être ajoutées) et l’ordre des opérations peut être modifié.

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Figure 1 : Description du complexe agroalimentaire.

Source : Malassis & Ghersi (1992, p. 98).

Première Deuxième Troisième transformation Production agricole et production animale Co m m erce e xté rieu r Opérati o n s d’in scrip ti o n s d ’im p o rt -ex p o rt Au tres ac tiv it és éco n o m iq u es (Ag ro -fo u rn itu re, se rv ic es au tres s ect eurs)

Autoconsommation Consommation hors domicile Consommation au domicile Restauration collective, services alimentaires Précommercialisation Stockage Transport Mise en marché Gros Détail Première Deuxième Troisième transformation Production agricole et production animale Co m m erce e xté rieu r Opérati o n s d’in scrip ti o n s d ’im p o rt -ex p o rt Au tres ac tiv it és éco n o m iq u es (Ag ro -fo u rn itu re, se rv ic es au tres s ect eurs)

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B. Deuxième approche du complexe

agroalimentaire.

Cette approche se base sur le découpage de l’économie en différentes branches d’activité et met en exergue les différents ensembles constituant le complexe agro- alimentaire. Sur la figure 2 ci-après, on remarque que le complexe agro-alimentaire (CAA) n’est qu’une composante du complexe agro-industriel (CAI) qui renferme, outre le CAA, toutes les activités utilisant les matières premières agricoles à des fins non alimentaires (textiles, cuirs, bois caoutchouc, etc.). On note que l’utilisation de plus en plus importante des matières de synthèse à la place des produits agricoles entraîne la diminution progressive de la place de l’agriculture dans les approvisionnements des agro-industries non alimentaires. Le CAI comprend également les industries et services lié (ISL) qui fournissent des intrants intermédiaires et des biens d’équipement aux CAA. Ils approvisionnent également les différents maillons du système alimentaire ainsi que les ménages en biens courants et en équipements ménagers utiles pour la cuisine domestique. Pour ce qui est du CAA, il est constitué des différentes activités portant en partie ou en totalité sur la création des biens alimentaires. Ceci étant, en plus des activités agro-alimentaires de production (CAAP), le CAA renferme des branches dont seule une partie des activités porte sur l’alimentation. C’est le cas des hôtels, des cafés et restaurants (HR) et la distribution des produits agro-alimentaires (DAA)15.

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Les hôtels sont des lieux où l’on peut non seulement manger, mais aussi se loger. Quant à la branche distribution agro-alimentaire (DAA), elle englobe à la fois les activités commerciales des produits alimentaires ou non alimentaires. Cela se voit facilement sur les grandes surfaces.

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Figure 2 : Composantes principales des complexes agro-alimentaires

Source : Malassis & Ghersi (1992, p. 104) Complexe agro- industriel de production CAI Alimentaire CAA De production CAAP De transformation Mise en marché - Agriculture - Pêche - Industrie agricoles et alimentaires IAA - Distribution alimentaire

DAA - Restauration commerciale et collective HR Non alimentaire - Transport - Combustibles - Chimie et parachimie - Industrie mécanique - Matériaux de construction - Biens ménagers

- Autres industries (verre, emballage, matières plastiques, etc.…) - Services liés - Sylviculture - Industrie du tabac - Cuirs et peaux - Textile, habillement - Bois et meubles - Papiers et cartons

Industries et services liés ISL Complexe agro- industriel de production CAI Alimentaire CAA De production CAAP De transformation Mise en marché - Agriculture - Pêche - Industrie agricoles et alimentaires IAA - Distribution alimentaire DAA - Restauration commerciale et collective HR Non alimentaire

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C. Valeurs relatives caractérisant une

typologie alimentaire.

L’importance des activités d’amont et d’aval du secteur agricole augmente au fur et à mesure que le système alimentaire s’industrialise et se modernise. Cela se voit dans la répartition de la valeur marchande finale des aliments entre les différents acteurs de la chaîne alimentaire, chose qui constitue l’une des caractéristiques fondamentales des systèmes alimentaires (Malassis & Ghersi, 2000, p. 4). Partant du constat que les mutations intervenues dans ces systèmes est l’œuvre du processus historique du développement socio-économique occidental, Louis Malassis et Martine Padilla (1986, p. 189) vont établir une distinction entre les systèmes alimentaires en se basant sur cette répartition de la valeur marchande des aliments.

En posant :

- VF = la valeur finale produite dans la chaîne agro-alimentaire ; - VAA = la valeur ajoutée par l’agriculture ;

- VAI = la valeur ajoutée des industries agro-alimentaires (IAA) ; - CI = la consommation intermédiaire totale ;

- CAI = la consommation intermédiaire de l’agriculture ; - CII = la consommation intermédiaire des IAA ;

- MC = les marges commerciales. On obtient :

) ) )

Egalement, si on considère que le coût de transformation et de distribution (CTD) vaut les valeurs formées en dehors de l’agriculture on aura :

) )

Aussi, si :

- CF : la consommation finale alimentaire ;

- CFA : la consommation finale des produits frais de l’agriculture ; - CFI : la consommation finale des produits transformés.

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Ces écritures permettent de calculer des valeurs caractérisant les différents modèles agro-alimentaires ci-dessous :

Tableau 5 : Typologie des économies agroalimentaires

.

Modèle d’économie agro- alimentaire Modèle de production (MPA)(1)

Structure de la chaîne agro- alimentaire (CAA)(2)

Structure de la consommation finale

(3)

VAA VAI CIA VAA CTD CFI CFA

Agricole 90 10 5 75 20 20 80 Intermédiaire 70 30 10 50 30 40 60 Agro- industriel 50 50 15 30 55 80 20 (1) VAA + VAI = 100 (2) CIA + VAA + CTD = 100 (3) CFI + CFA = 100 Source: Malassis (1979, p. 381)

En fonction du poids relatif des éléments de la valeur alimentaire finale, on voit apparaître dans cette typologie trois modèles agroalimentaires : agricole, intermédiaire, agro- industriel. Cela correspond à une évolution historique du système alimentaire qui va du modèle d’économie alimentaire agricole à celui de l’économie agro-industrielle que les pays occidentaux ont atteint grâce à la révolution industrielle qu’ils ont connue. Ainsi, la modernisation des économies favorise la sophistication des produits alimentaires et l’intégration de plus en plus croissante des services, chose qui a pour effet d’accroître la valeur ajoutée des industries alimentaires. Une fois que la valeur ajoutée des IAA atteint celle de l’agriculture, on parle d’une « Economie Agro-industrielle », étape que les pays développés ont connu dans les années 1960-1980.

Après cette période, l’augmentation de la valeur ajoutée des industries alimentaires et des services a continué dans ces sociétés, et cela fut accompagné d’une baisse de l’autoconsommation, de l’expansion de l’économie alimentaire marchande, du développement de la restauration industrielle et commerciale, de l’intégration de plus en plus croissante de l’agriculture (dont les ventes seront presqu’exclusivement destinées aux IAA), et de la baisse relative de la valeur ajoutée agricole. Lorsque cette valeur ajoutée de l’agriculture se situe en- dessous de 50% de la valeur alimentaire totale et lorsque la restauration hors du foyer égalise la restauration domestique, l’on se situe au stade de l’ « Economie Agro-tertiaire ». Ce dernier stade se singularise par une intégration de plus en plus accrue des différentes composantes du

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complexe agro-alimentaire et une part plus importante de la distribution alimentaire et de la restauration hors foyer dans ce complexe. En ce qui concerne la restauration hors foyer, elle a impulsé un grand bouleversement dans les habitudes alimentaires occidentales grâce à l’avènement des fast-foods (pizza, Mc Donald’s, KFC, etc.) qui captent près de la moitié des dépenses consacrés à l’alimentation.

Pendant que tous les pays industrialisés ont atteint cette dernière phase du développement du système alimentaire, les pays en voie de développement se situent à différents stades alimentaires : « pré-agricole (cueillette, chasse, pêche), agricole domestique

(survivance de l’économie de subsistance), agricole commercialisée (en relation avec les phénomènes de colonisation et d’urbanisation) et agro-industrielle (en relation avec les transferts internationaux) » (Malassis & Padilla, 1986, p. 188). En effet, à cause de

l’hétérogénéité de leurs modèles socio-économiques due principalement aux différents chocs qu’ils ont connus depuis la colonisation jusqu’à la pénétration de l’économie agro-alimentaire occidentale, ces pays connaissent la particularité de la coexistence de toutes les formes de l’économie agro-alimentaire.

II. Caractérisation des Complexes

agroalimentaires par les différents types de

complexes agro-industriels.

Comme déjà mentionné, le complexe agro-alimentaire fait partie du grand ensemble que constitue le complexe agro-industriel. L’analyse portant donc sur le complexe agro- industriel, dont il sera fait mention dans ce point, est tout aussi valable pour le complexe agroalimentaire.

A. Le complexe agro-industriel des Pays

Développés.

Pour Malassis et Padilla (1986), la spécificité que présente le CAA dans les PD16 est la « généralisation des rapports marchands, une division sociale du travail très poussée sur la

chaîne alimentaire, une internationalisation et une division internationale croissante du

16 Peuvent être considérés comme Pays Développés les pays de l’occident, le Japon, et les Nouveaux Pays Industrialisés (NPI). Ce dernier terme était anciennement utilisé pour désigner les 4 Dragons d’Asie (Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong) qui ont quitté le peloton des pays émergents pour se retrouver parmi les Pays Développés à la fin des années 90.

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travail » (pp. 195-197). En plus de ces éléments, les auteurs répertorient 6 caractéristiques

fondamentales de ce complexe dans les pays de l’occident :

1- Les hauts revenus dans les PD favorisent une sophistication et une généralisation de la consommation de masse des produits agro-industriels. Par ailleurs, le fort taux d’urbanisation, les conditions de l’activité économique et le genre de vie des populations ont induit une prolifération des grandes surfaces dans lesquelles les industries agro-alimentaires fournissent des produits à haute valeur ajoutée. Une fois la saturation calorique atteinte, l’essor de l’agro-industrie dépend de cette valeur ajoutée des IAA.

2- Le complexe agro-industriel est très intégré à l’économie nationale car il entretient des connexions en amont avec les autres secteurs de l’économie (industrie pour la fourniture des équipements de production et des intrants, les services pour le financement), en aval avec l’économie marchande qui résorbe la demande alimentaire, et en position latéral avec les industries et services liés (ISL). Cette intégration résulte de la diversification des firmes impliquées dans le développement capitaliste et l’évolution technologique. En effet, les nouvelles technologies poussent les firmes à la valorisation de la biomasse (les biotechnologies) aidée par l’apport des firmes énergétiques, chimiques et pharmaceutiques, ce qui complexifie et sophistique les produits élaborés.

3- Le complexe agro-industriel est lui-même intégré à cause de la consommation de masse ayant accru le traitement des produits agricoles par l’industrie alimentaire. Selon le degré de transformation industriel, les produits agricoles représentent une part importante de la valeur marchande des produits des industries agro-alimentaires (cette part est plus importante dans les industries de première transformation et moins importante dans les industries de troisième transformation). Les prix agricoles et le niveau de complexité du traitement industriel des produits agricoles forment les coûts des IAA, et, dans une optique de réduction de ces coûts, l’intégration constitue la formule idoine des IAA. Cela leur permet de contrôler tout le secteur agricole en y favorisant l’élévation de la productivité tout en captant une partie des gains du profit réalisé.

4- Le développement et la maturité du complexe agro-industriel dans les pays occidentaux n’ont été possibles que par le respect de la logique capitaliste qui a

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favorisé la capitalisation, la concentration, la diversification et l’internationalisation des firmes.

5- Le complexe agro-industriel présente une structure de marché de production agricole et de consommation tous deux de type oligopolistique. On y retrouve un grand nombre de vendeurs de produits agricoles et de consommateurs des produits alimentaires faisant face à un nombre restreint de centrales d’achat, de transformateurs et de distributeurs de produits agro-industriels. Toutefois, l’organisation des producteurs en coopératives et des consommateurs en associations permet à ces groupes de lutter efficacement pour la défense de leur droit et la sauvegarde de leur intérêt. Ceci étant, le marché du complexe agro-industriel forme un "oligopole bilatéral".

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